Espace géographique Les théories de l'organisation de l'espace urbain (6 fig.,
Espace géographique Les théories de l'organisation de l'espace urbain (6 fig., tabl M. Antoine S. Bailly Résumé Les théories classiques de l'organisation de l'espace urbain (Burgess, Hoyt) et du gradient de densité (Clark) ont donné naissance à de multiples travaux sur l'organisation interne de la ville. Certains auteurs insistent sur le comportement économique de l'individu (Alonso, Herbert et Stevens) alors que d'autres se consacrent au comportement social (Ress, Murdie). Les analyses de l'écologie factorielle, qui enrichissent notre connaissance de la structure urbaine interne, semblent les plus séduisantes, mais les modèles sont encore loin d'être opérationnels et ne peuvent pas servir de base à un aménagement prospectif. Abstract Urban space organization theories. — For several decades, urban ecologists and geographers have been working with models of the city which describe its structure in terms of zones and sectors (Burgess, Hoyt) and in terms of density gradient (Clark). Recently, theories dealing with the individual economic behavior (Alonso, Herbert and Stevens) and with the individual socio- economic status (factor analysis by Rees and Murdie) have been developed. These theories have been assessed against reality in detail, but the results are not conclusive enough to be used in prospective city planning. Citer ce document / Cite this document : Bailly Antoine S. Les théories de l'organisation de l'espace urbain (6 fig., tabl. In: Espace géographique, tome 2, n°2, 1973. pp. 81-93. doi : 10.3406/spgeo.1973.1384 http://www.persee.fr/doc/spgeo_0046-2497_1973_num_2_2_1384 Document généré le 23/09/2015 Tome II N° 2 1973 L'Espace géographique, n" 2, 1973, 81-93. Doin, 8, place de l'Odéon, Paris- VIe. Villes et banlieues LES THEORIES DE L'ORGANISATION DE L'ESPACE URBAIN Antoine S. BAILLY Université de Besançon RESUME. Les théories classiques de l'organisation de l'espace urbain (Burgess, Hoyt) et du gradient de densité (Clark) ont donné naissance à de multiples travaux sur l'organisation interne de la ville. Certains auteurs insistent sur le comportement économique de l'individu (Alonso, Herbert et Stevens) alors que d'autres se consacrent au comportement social (Ress, Murdie). Les analyses de l'écologie factorielle, qui enrichissent notre connaissance de la structure urbaine interne, semblent les plus séduisantes, mais les modèles sont encore loin d'être opérationnels et ne peuvent pas servir de base à un aménagement prospectif. ABSTRACT. Urban space organization theories. — For several decades, urban ecologists and geographers have been working with models of the city which describe its structure in terms of zones and sectors (Burgess, Hoyt) and in terms of density gradient (Clark). Recently, theories dealing with the individual economic behavior (Alonso, Herbert and Stevens) and with the individual socio-economic status (factor analysis by Rees and Murdie) have been developed. These theories have been assessed against reality in detail, but the results are not conclusive enough to be used in prospective city planning. Quoique relativement récents, les modèles de l'organisation de l'espace urbain sont très nombreux et variés. Diverses approches ont été utilisées pour représenter la réalité probable ou concrète des villes. C'est vers 1920 que les écologistes urbains élaborent les premières théories morphologiques de la ville. Or, loin d'être un aboutissement, ces théories n'ont été que les points de départ de multiples analyses de la; structure urbaine. Cet article traitera de l'enrichissement des méthodes de recherche et des modèles. Les modèles se présentent sous trois formes (1) : — les modèles descriptifs (ou morphologiques) constatent la régularité et la structure d'un phénomène. Les travaux de Burgess et de Hoyt, que nous allons analyser, entrent dans cette catégorie; — les modèles explicatifs (comme ceux de Park et Hurd par exemple) s'attachent à l'explication des régularités décelées dans l'organisation urbaine. Ces (1) Pour une définition précise des modèles, il est bon de se référer à Jean Zeitoun, Modèles en urbanisme. Paris, C.R.U., 1971, 225 p. «La plupart du temps, les deux termes, modèle et théorie, désignent le même contenu, à ceci près que le modèle désigne le plus souvent dans la problématique urbaine la formalisation et l'expression d'une situation concrète, d'un cas précis, en accord avec des principes généraux qui relèveraient de la théorie» (p. 87). modèles utilisent des techniques mathématiques variées (modèles analytiques, itératifs, probabilistes, de simulation) ; — enfin, les modèles normatifs ou futuristes présentent ce qui semble le meilleur pour la société (par exemple les villes- jardins de E. Howard). Dans le cadre de cette étude, nous n'analyserons que les modèles des deux premiers types. I. LES MODÈLES CLASSIQUES. Ces modèles, de loin les plus connus, ont été maintes fois exposés (2). Nous nous contenterons donc ici d'en résumer les traits majeurs. (2) Le n° 7 des Resource Papers de la Commission on College Geography, The spatial expression of urban growth, 1969, p. 23-28, présente ces théories en détail. On peut également trouver des exposés dans M. Mayer et C. Kohn, Readings in urban geography, Chicago, 1959 et F. Chapin, Urban land use planning, New-York, 1957. En France, la présentation de ces théories est moins détaillée : le Traité de géographie urbaine de J. Beaujeu-Garnier et G. Chabot (Paris, 1963) n)y consacre que les pages 283-286. 82 A. S. Baiîly 1. La théorie des zones concentriques. L'école de sociologie et de géographie de Chicago tire son inspiration des modèles biologiques de Darwin pendant les années vingt. Park (3) voit la société comme un « organisme social », dont la balance biotique se traduit dans l'équilibre des villes (4). La théorie des zones concentriques, formulée à propos de Chicago par Burgess (5), s'apparente à celle, plus ancienne, des ceintures agricoles de von Thûnen (6). A partir d'études empiriques, l'auteur dégage des régularités : c'est autour du centre des affaires, lieu de rencontre des voies de communication, que se trouve une zone de logements surpeuplés où vivent les immigrants récents et certaines minorités ethniques. Cette auréole, appelée « zone de transition », est ceinturée par des zones de résidences de plus en plus aisées en direction de la périphérie (fig. 1). Cette théorie, loin d'être uniquement descriptive, tient compte d'éléments économiques dynamiques. L'ascension sociale se traduit par une migration géographique. Les groupes sociaux favorisés, représentant souvent la bourgeoisie urbaine ancienne, se font construire de nouvelles résidences dans le cadre plus agréable de la périphérie de la ville. Ils sont remplacés dans leurs anciennes maisons par des gens moins aisés, qui à leur tour cèdent la place à d'autres, plus pauvres. Ce processus est qualifié par les sociologues d' « invasion » et de « succession ». Une classe sociale prépare la voie à celle qui suit, l'organisme urbain formant un tout. Chaque type de fonction urbaine, chaque mode d'utilisation du sol et chaque groupe humain, caractérisé par son statut culturel, racial et socio-économique, se réunissent par suite du besoin d'interaction économique et sociale qui est facilité par la minimisation de la distance. Ce processus aboutit à une ségrégation très marquée. Mais, en même temps, cette succession d'invasions, lors de la croissance de la ville, entraîne une augmentation de la densité. La série de vagues d'expansion urbaine à différentes périodes, représentée sur la figure 2, montre l'étalement de la crête de haute densité. Toutefois, si l'on accepte la réalité du gradient de densité (7), les zones ne peuvent plus être limitées de manière très nette. Il pourrait y en avoir 5 ou 10, avec des frontières différentes, alors que pour Burgess les zones étaient distinctes (8). La théorie des cercles concentriques, simple dans ses principes, est donc très critiquable. Elle ne peut, de plus, tenir compte des multiples anomalies existant dans la plupart des villes. Il est vrai que E.W. Burgess l'avait précisé : « toutes les villes américaines que j'ai observées ou étudiées ont une structure plus ou Fig. 1. — Le modèle de Burgess dans le cas de Chicago. I. Centre (The Loop) . — II. Zone de transition. — III. Résidence des travailleurs. — IV. Résidence des classes plus aisées. — V. Zone des migrations. Source : M. E. Park et E.W. Burgess, The City, p. 51. (3) Robert E. Park, Ernest W. Burgess et Roderick D. McKenzie, The City. Chicago, 1925. (4) Ces idées ont donné naissance à la « néo-écologie » (Hawley, Human ecology, 1950). La culture est une extension complexe du caractère organique de l'homme. Des géographes connus comme L. Schmore et P. Duncan défendent ce point de vue, sorte de déterminisme biologique. (5) Ernest W. Burgess, The growth of a city : an introduction to a research project. The urban community, Chicago, 1926. (6) Théorie exposée par exemple dans E. Dunn, The location of agricultural production. Chicago, 1953. Fig. 2. — Evolution du gradient de densité. D'après Commission on College Geography, The spatial expression of urban growth. (7) Nous présenterons la théorie des densités urbaines dans la deuxième partie de cet article. (8) Pour J. Q. Stewart et W. Warntz, Physics of population distribution. Journal of Regional Science, 1, 1958, p. 99- 123, la zonation est une représentation grossière de ce qui devrait être situé sur un gradient. Théories de l'espace urbain 83 FiG. 3. — Modèle des zones concentriques modifié par la présence d'axes de transport. moins proche de la construction idéale; aucune cependant... n'est un exemple uploads/Geographie/ bailly-1973.pdf
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- Publié le Mar 15, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
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