Belgeo Revue belge de géographie 4 | 2005 Miscellaneous Développement de la vil

Belgeo Revue belge de géographie 4 | 2005 Miscellaneous Développement de la ville, découpage et appropriation des territoires urbains au Gabon : le cas de Libreville City expansion, breakdown and appropriation of urban land in Gabon: the Libreville case Rano-Michel Nguema Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/belgeo/12167 DOI : 10.4000/belgeo.12167 ISSN : 2294-9135 Éditeur : National Committee of Geography of Belgium, Société Royale Belge de Géographie Édition imprimée Date de publication : 31 décembre 2005 Pagination : 481-498 ISSN : 1377-2368 Référence électronique Rano-Michel Nguema, « Développement de la ville, découpage et appropriation des territoires urbains au Gabon : le cas de Libreville », Belgeo [En ligne], 4 | 2005, mis en ligne le 29 octobre 2013, consulté le 30 avril 2019. URL : http://journals.openedition.org/belgeo/12167 ; DOI : 10.4000/belgeo.12167 Ce document a été généré automatiquement le 30 avril 2019. Belgeo est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution 4.0 International. Développement de la ville, découpage et appropriation des territoires urbains au Gabon : le cas de Libreville City expansion, breakdown and appropriation of urban land in Gabon: the Libreville case Rano-Michel Nguema Cinq décennies de difficile production des territoires urbains 1 La question de la production des territoires urbains au Gabon ne date pas d’aujourd’hui. L’organisation des communes s’est réalisée progressivement depuis la fin de la période coloniale. A cette époque Libreville, comme Port-Gentil, était une commune de plein exercice, c’est-à-dire disposant d’un conseil municipal et d’un maire élu. Auréolée par le boom pétrolier, la capitale gabonaise, dans sa dynamique de croissance, déborde rapidement son site initial pour conquérir les espaces ruraux environnants. Les politiques d´aménagement urbain menées, dans un contexte de croissance démographique difficile à maîtriser, n’ont pas donné au tissu urbain la cohésion socio-spatiale qui lui est nécessaire. De la commune mixte à l’agglomération de Libreville 2 Dans l’année 1950, la « commune mixte » de Libreville, comme plusieurs villes d’origine coloniale d’Afrique noire, avait développé une organisation spatiale de type bipolaire avec, d’un côté, les quartiers du gouvernement et de l’administration où on trouvait des bâtiments administratifs, des villas et un ordonnancement des rues en trames orthogonales et, de l’autre, les quartiers et groupes de quartiers africains (tableau 1) Développement de la ville, découpage et appropriation des territoires urbains... Belgeo, 4 | 2013 1 administrés par un chef de groupe qui servait de relais entre l’administration coloniale et les populations locales. Tableau 1. Les groupes de quartiers de Libreville dans les années 1950. Sources : Gilles Sautter, 1951 3 Ces entités territoriales coloniales ne correspondaient pas véritablement à une réalité spatiale bien précise. Elles étaient destinées essentiellement à assurer des fonctions d’autorité et d’encadrement du territoire. Mais on note qu’il y a au départ une préférence pour les collines et le bord de mer, où les administrateurs coloniaux ont établi leurs résidences, alors que « les quartiers africains, situés dans la plaine évoluaient dans un milieu suffocant et humide » (M’Bokolo, 1992). C’est précisément dans les terres basses de Nombakélé et la Loubila M’batavéa, que se sont étalés les quartiers africains où les populations vivaient dans des conditions hygiéniques douteuses. C’est pour dire que : « Le modèle colonial apparaît comme un urbanisme à l’état pur puisqu’il peut se développer sans ses vertus, sans avoir à composer avec l’histoire, la propriété et le populaire. Pour une raison simple : la colonisation, par décret, nie l’histoire indigène, refuse de conforter juridiquement la propriété des occupants des sites à urbaniser et enfin de la structure urbaine précède le peuplement » (Tribillon, 1995). 4 En 1960, l’accession du Gabon à l’indépendance consacre le début d’un processus d’explosion urbaine qui abouti à la modification de la mosaïque territoriale. La distinction « ville blanche » et « villages africains » disparut de fait. Libreville devient le lieu d’une double stratégie spatiale. La première consistait à perfectionner le legs colonial en tentant d’étoffer le maillage administratif afin de mieux gérer l’espace urbain qui commence à s’étaler de manière anarchique suivant trois modes d’extension : • Extension par agglutination où on avait un noyau central autour duquel venaient s’agglutiner les villages M’pongwé, les communautés autochtones de Libreville ; Développement de la ville, découpage et appropriation des territoires urbains... Belgeo, 4 | 2013 2 • Extension dite polynucléaire. Dans la logique de ségrégation spatiale imposée par l’administration coloniale, les deux noyaux, qui sont mal articulés, se développent séparément ; • Extension par « saute-mouton ». Cette forme d’extension consiste à contourner la zone non aedificandi (vallée Ste-Marie, Plaine Orety et Quaben) pour s’installer sur des hautes terres (Nkembo, Sainte-Anne au Nord, London, Lalala au sud et Mont-Bouet à l’est de la ville). 5 La deuxième stratégie avait pour objectif de renforcer l’emprise sur les contours du périmètre urbain, en dotant la ville d’un plan d’urbanisme qui intègrerait toutes les composantes administratives. Compte tenu de cet objectif, deux plans d’urbanisme ont été initiés par l’Etat au cours de cette période. 6 Le premier plan, réalisé par l’architecte français Henri Pottier en 1962, avait pour objectif de mettre fin aux implantations anarchiques de la période coloniale et donner au tissu urbain la cohésion qui lui était indispensable sur le plan spatial et social. Ce plan proposait la construction des voies de liaisons inter-quartiers, le regroupement des activités urbaines et la création des équipements de quartiers. Le développement devait se faire par la récupération de tous les terrains inutilisables après l’aménagement. Défini en dix ans (1962-1972), le cadre de développement de Libreville devait se limiter aux vallées marécageuses qui sont au Nord, la rivière Gué-Gué et, au sud, la zone marécageuse d’Oloumi. Le plan Pottier n’a été appliqué que partiellement. Il fut rejeté à cause de l’introduction de l’ambitieux projet de construction du port en eau profonde à Owendo, car ce projet était trop coûteux, selon les autorités publiques gabonaises. Le deuxième plan, préparé par le groupe italien d’Olivo Prass et adopté en 1965, définissait les surfaces indispensables à l’installation des équipements collectifs. L’originalité de ce projet résidait dans la définition du périmètre urbain du « grand Libreville » (Nziengui Mabila, 1981). En effet, ce plan prévoyait l’intégration de la banlieue Nord (Cap Estérias) à Libreville, la construction de la rocade Est, la création d’une demi-douzaine de nouveaux quartiers devant recevoir entre 5 et 10 000 habitants, l’aménagement d’une zone industrialo-portuaire, au sud de Libreville, pouvant contenir, outre les unités de production et les équipements collectifs, mais aussi une population de 22 000 habitants. 7 Les deux plans d’urbanisme furent appliqués dans leurs grandes lignes dans certains secteurs (regroupement des fonctions administratives et des affaires au centre-ville), mais, ils n’ont pas été mis complètement en application pour quatre raisons principales : • le surdimensionnement financier et technique par la bureaucratie institutionnalisée alors que les moyens d’exécution des travaux étaient très limités ; • le privilège accordé au plateau, en négligeant l’intégration des quartiers africains dans les projets d’aménagement de la ville ; • le désordre dans l’exécution des plans, dont les phases de réalisation n’étaient pas clairement indiquées ; • la non maîtrise du patrimoine foncier par les autorités publiques. 8 Toutefois, au cours de cette période quelques lotissements furent réalisés. En effet, dans le but de répondre à une demande de logements de plus en plus importante, les pouvoirs publics ont initié un ambitieux programme de construction de cités planifiées dans certains quartiers, aussi bien par l’Etat que les sociétés immobilières privées (SGI, SGAEI). Ces cités planifiées résultent de la rénovation urbaine qui s’est faite en tache d’huile à partir du centre-ville. La première phase de construction a affecté les quartiers les plus voisins de la « ville européenne ». Ce fut un remodelage qui transforma progressivement l’ancien « village » d’aspect semi-rural en un quartier d’aspect moderne. C’est ainsi que Développement de la ville, découpage et appropriation des territoires urbains... Belgeo, 4 | 2013 3 965 logements seront réalisés : 15 à Akébéville (1960) ; 475 à Likouala (1964) ; 175 à Awendjé (1970) ; 300 à Avéa (1974) et la construction de la « cité du 12 mars ». Ce programme s’est poursuivi en 1980, à Nomba-domaine et Nzeng-Ayong. Aujourd’hui, celui-ci concerne les zones périphériques d’Agondjé et Minkolongo, au nord de Libreville. Figure 1. Plan de Libreville en 1939. Recomposition de la mosaïque urbaine 9 La période post-indépendance est considérée comme celle des premières grandes réformes portant réorganisation des entités administratives du pays. Il s’agira en réalité de réaménager les unités territoriales coloniales afin de les adapter aux nouveaux besoins d’aménagement urbain et régional. Par rapport au découpage antérieur, les groupes de quartiers sont fusionnés – sans grande cohésion – en des entités beaucoup plus vastes dénommées arrondissements ; à en juger par la configuration du 3e arrondissement qui rassemble les quartiers des groupes Nombakélé et Montagne-Sainte. Ainsi, par décret n ° 289/PR-MI-RA.SVPG du 20 mars 1974, Libreville est divisée en cinq arrondissements. Le quartier subsista aussi en tant que circonscription administrative, mais n’a pas de définition territoriale précise et son statut n’en fait pas une structure d’intervention de base. 10 uploads/Geographie/ belgeo-12167.pdf

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