TAL BEN-SHAHAR L’APPRENTISSAGE DU BONHEUR Principes, préceptes et rituels pour
TAL BEN-SHAHAR L’APPRENTISSAGE DU BONHEUR Principes, préceptes et rituels pour être heureux Préface de Christophe André Traduit de l’américain par Hélène Collon Titre originalþ: HAPPIERþ: LEARN THE SECRETS TO DAILY JOY AND LASTING FULFILLMENT publié par McGraw-Hill, New York Si vous souhaitez recevoir notre catalogue et être tenu au courant de nos publications, vous pouvez consulter notre site internet, www.belfond.fr ou envoyer vos nom et adresse, en citant ce livre, aux Éditions Belfond, 12, avenue d’Italie, 75013 Paris. Et pour le Canada, Interforum Canada Inc., 1055, bd René-Lévesque-Est, Bureau 1100, Montréal, Québec, H2L 4S5 ISBNþ: 978-2-7144-4420-2 ©þTal Ben-Shahar 2007. Tous droits réservés. Et pour la traduction française © Belfond, un département de , 2008. 35 1 La question du bonheur Derrière chaque difficulté il y a une opportunité. Albert EINSTEIN À seize ans, j’ai remporté le championnat israélien de squash. Un événement qui a soudain fait passer au premier plan la question du bonheur dans ma vie. J’avais toujours pensé qu’en décrochant ce titre je serais enfin heureuxþ: cette victoire viendrait combler le vide que je ressentais. Pendant les cinq années où je me suis entraîné, j’avais l’impression qu’il manquait quelque chose d’important dans ma vie – une chose que ne m’apportaient ni les kilomètres de course à pied, ni les séances de musculation ni les paroles d’encouragement que je me répétais inlassablement. Mais ce n’était pour moi qu’une question de tempsþ: bientôt, ce «þmanqueþ» finirait par être comblé. Car, en toute logique, les épreuves physiques et mentales que je m’imposais étaient à mes yeux indispensables si je voulais arriver en tête du championnat, comme la victoire était la condition de mon accomplissement 36 personnel, et cet accomplissement personnel la condi- tion du bonheur. C’est ainsi que je raisonnais. De fait, le jour où j’ai gagné, j’ai connu l’extaseþ; une félicité que jamais je n’aurais imaginé ressentir. Une fois la compétition achevée, je suis sorti en ville avec mes parents et amis, et nous avons dignement fêté l’événement. L’effort considérable, la souffrance physique et affective pendant ces cinq années de pré- paration avaient porté leurs fruits, je n’en doutais pas un seul instant. Cette victoire allait me procurer le bonheur. Après cette soirée de réjouissances, je me suis retiré dans ma chambre. Impatient de savourer une der- nière fois avant de me coucher cette sensation de béa- titude suprême, je me suis assis sur mon lit. Et là, sans préambule, le bonheur d’avoir concrétisé mon vœu le plus cher, le plus idéalisé, a disparu d’un coup. La sensation de vide intérieur est revenue. Je me suis retrouvé désorienté, assailli de craintes. Les larmes de joie versées quelques heures plus tôt sont devenues des pleurs d’amertume et de désespoir. En effet, si je n’étais pas heureux en cet instant, alors que tout s’était déroulé à la perfection, comment espérer atteindre un jour le bonheur durableþ? J’ai bien tenté de me convaincre que je passais par une phase dépressive de courte durée, consécutive à un pic d’exultation. Mais les jours, les mois ont filé, et je n’étais toujours pas plus heureux qu’avant. En fait, j’étais même de plus en plus abattu, car je com- mençais à entrevoir que me fixer un nouvel objectif (remporter le championnat du monde, par exemple) ne me conduirait pas davantage au bonheur. Les étapes à suivre ne me sont plus apparues comme évidentes. 37 PAUSE À quelle(s) occasion(s) avez-vous constaté qu’avoir at- teint un objectif donné ne vous avait procuré aucune récompense sur le plan affectifþ? J’ai fini par comprendre qu’il fallait envisager le bonheur différemment – approfondir ou modifier l’idée que je m’en faisais. Alors m’a obsédé une seule interrogationþ: comment trouver le bonheur durableþ? Cherchant la réponse avec ferveur, j’ai observé des gens qui me paraissaient heureux, et leur ai demandé où ils puisaient leur bonheurþ; j’ai lu tout ce que je pouvais me procurer sur la question, d’Aristote à Confucius, de la philosophie antique à la psycho- logique contemporaine, des publications savantes aux ouvrages de vulgarisation. J’ai décidé d’entamer des études supérieures de philosophie et de psychologie afin de poursuivre ma recherche de manière plus raisonnée. J’ai rencontré des gens brillants, auteurs, chercheurs, artistes ou enseignants qui avaient voué leur existence à l’étude des «þgrands conceptsþ». J’ai appris à lire les textes de manière fouillée, à porter sur eux un regard analy- tiqueþ; j’ai assisté à des cours sur la motivation intrin- sèque ou la créativité. Je me suis inspiré de Platon pour sa conception du «þbienþ» et d’Emerson pour sa réflexion sur l’«þintégrité de l’espritþ»… Tout cela m’a permis, en quelque sorte, de porter de nouvelles lunettes grâce auxquelles ma vie et celle de mon entourage me sont apparues plus nettement. Je n’étais pas seul dans mon malheurþ; un certain nombre de mes camarades de cours me semblaient 38 également connaître le stress et manquer de sérénité. Et j’étais frappé de constater qu’ils ne consacraient que peu de temps à ce qui, pour moi, était la «þGrande Questionþ». Ils s’efforçaient d’obtenir de bonnes notes, de réaliser des exploits sportifs, de décrocher un emploi prestigieux… mais la poursuite – et la réalisation – de ces objectifs ne leur apportait pas de sensation de bonheur sur le long terme. Même si leurs objectifs changeaient une fois diplô- més (une promotion dans leur nouveau travail rem- plaçait la réussite aux examens, par exemple), ils continuaient à vivre selon la même logique. Bien des gens semblaient accepter que leur faillite affective aille de pair avec la réussite professionnelle. Thoreau avait-il donc vu juste en disant que la plupart des individus vivent dans un «þdésespoir tranquilleþ»þ? Possible, mais, pour ma part, je refusais que cette sombre assertion soit une fatalité, préférant chercher la réponse aux questions suivantesþ: comment allier bonheur et réussiteþ? bonheur et ambitionþ? Peut-on faire mentir la maxime selon laquelle «þon n’a rien sans rienþ»þ? Dans ma quête de solutions, j’ai vite compris qu’il me faudrait tout d’abord définir le bonheur. S’agit-il d’une émotionþ? Est-ce l’équivalent du plaisirþ? l’absence de souffranceþ? la sensation d’euphorieþ? On substitue fréquemment au mot «þbonheurþ» ceux de bien-être, béatitude, extase ou contentement, mais aucun d’entre eux n’évoque ce que moi j’entends par «þbonheurþ». Ce sont là des émotions fugaces instan- tanées, et, même si elles sont plaisantes et non dénuées de sens, elles ne sont pas les piliers du bonheur. On peut ressentir de la tristesse à certains moments tout en continuant à s’estimer globalement heureux. 39 Si j’identifiais clairement les termes et les défini- tions inadéquats, il m’était beaucoup plus difficile d’isoler ceux susceptibles d’exprimer précisément la nature même du bonheur. Tous, nous parlons du bonheur, et, en général, quand nous le trouvons, nous en avons conscienceþ; mais il nous manque une définition cohérente permettant d’en isoler l’origine. En français, «þheurþ» vient du latin augurium, «þpré- sageþ», qui a fini par signifier «þbonne fortuneþ». En anglais, le mot happiness a ses origines dans la racine islandaise happ, «þchanceþ» ou «þhasardþ», qui a éga- lement donné dans cette langue le mot haphazardþ: «þau petit bonheur la chanceþ». Tout cela comportait un élément aléatoireþ; or, je répugnais à laisser le bon- heur au hasardþ; j’ai donc entrepris de le définir et de l’analyser. PAUSE Quelle est votre définition du bonheurþ? Que signifie le bonheur pour vousþ? J’ai eu beau lire, réfléchir, faire des recherches, des observations, je n’ai pas découvert la recette secrète, «þle bonheur en cinq étapes facilesþ». Le but de mon livre est plutôt de susciter chez le lecteur une prise de conscience des principes généraux qui constitueraient les fondements d’une existence placée sous le signe du bonheur et de l’épanouissement. Ces principes ne sont certainement pas une pana- cée, et ils ne peuvent pas s’appliquer à n’importe qui dans n’importe quelle situation. Je me suis concentré sur la psychologie positive, laissant volontairement de côté certains obstacles «þinternesþ» à même d’empêcher 40 la poursuite du bonheur, comme la dépression aiguë ou l’anxiété majeure. Mes propositions ne s’appliquent pas non plus dans le cas des nombreux obstacles «þexternesþ» susceptibles de nous barrer le chemin de l’épanouissement. Il peut être impossible, pour les individus vivant dans une région en guerre, sous un régime autori- taire, ou dans des conditions de pauvreté extrême, d’appliquer ne serait-ce que les prémices des théo- ries exposées dans ces pages. Si l’on vient de perdre un proche, par exemple, il sera très difficile de se sentir concerné par ma «þGrande Questionþ». Mais même dans un contexte moins extrême – une décep- tion, une période pénible à son travail ou dans son couple –, il paraît difficile de demander aux gens de se focaliser sur la quête du bonheur. Dans ces cas-là, la meilleure solution est sans doute de ne pas refou- ler ses émotions douloureuses, de les laisser suivre leur cours naturel. Aucune existence n’est exempte de souffrance, et multiples sont les barrières – internes ou externes – qui nous séparent de la félicité, et que ne saurait faire tomber la simple lecture d’un livre. Toutefois, en comprenant mieux l’essence même du bonheur et, plus important encore, uploads/Geographie/ bonheur.pdf
Documents similaires










-
30
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jul 28, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
- Taille du fichier 0.9708MB