UNIVERSITÉ D’AIX-MARSEILLE ED 355 - IDEMEC Thèse pour l’obtention du grade de d
UNIVERSITÉ D’AIX-MARSEILLE ED 355 - IDEMEC Thèse pour l’obtention du grade de docteur en Ethnologie Carole BROUSSE Ethnobotanique et herboristerie paysanne en France Anthropologie de la relation des hommes au végétal médicinal (deuxième moitié du XXe siècle - première moitié du XXIe siècle) Sous la direction de Valérie FESCHET Soutenue le 13 juillet 2017 Composition du jury : Nicolas ADELL Maître de conférences HDR LISST, Université de Toulouse II Le Mirail Examinateur Serge BAHUCHET Directeur de recherche Éco-anthropologie et Ethnobiologie, CNRS Rapporteur Élise DEMEULENAERE Chargée de recherche Éco-anthropologie et Ethnobiologie, CNRS Examinatrice Valérie FESCHET Maître de conférences HDR IDEMEC, Université d’Aix- Marseille Directrice de thèse Jean-Paul GAUDILLIÈRE Directeur de recherche et directeur d’études INSERM-CERMES3, EHESS Rapporteur Cyril ISNART Chargé de recherche IDEMEC, CNRS Examinateur 2 3 Résumé L’herboristerie, activité consacrée à la préparation et à la vente de plantes médicinales, se renouvelle depuis les années 1970 autour d’acteurs aux pratiques techniques et approches scientifiques divergentes. Parmi eux, des paysans-herboristes cultivent, cueillent puis transforment eux-mêmes les espèces végétales qu’ils commercialisent tout en mobilisant les usages de la médecine végétale populaire transmis par l’ethnobotanique pour qualifier leurs qualités thérapeutiques. L’ethnobotanique est une discipline vouée à l’étude des relations flore-société investie notamment par des acteurs non-académiques qui travaillent sur le recueil des savoirs naturalistes populaires. La thèse met en lumière les ressorts de la relation que les paysans-herboristes tissent avec le végétal et la façon dont ils utilisent l’ethnobotanique pour asseoir la légitimité de leurs pratiques. En échangeant des savoirs sur les propriétés médicinales du végétal, il apparaît que les institutions de la recherche et du patrimoine d’une part, les paysans-herboristes et les ethnobotanistes d’autre part, participent à un processus de production collective de connaissances sur les plantes orienté vers le développement de l’autonomie thérapeutique. La thèse met également en évidence l’attention particulière des paysans-producteurs aux vulnérabilités humaines et végétales et la prise en compte de l’intentionnalité des plantes qui caractérise leur pratique de l’herboristerie. Les données de terrain ont été recueillies dans différents contextes entrelacés : les institutions patrimoniales et scientifiques (séminaires de l’ethnopôle de Salagon, collections ethnobotaniques du musée du quai Branly et du Muséum national d’Histoire naturelle), les arènes de l’herboristerie française et les fermes des paysans- herboristes. Mots clés : ethnobotanique – herboristerie – plantes médicinales – paysan-herboriste – musée de Salagon – collections ethnobotaniques – médecine végétale – savoirs naturalistes populaires – autonomie – ontologie – construction des savoirs – France. 4 Summary Herbalism, or the activity of preparing and selling medicinal plants, has been going through a phase of renewal since the 1970’s, thanks to the actions of various participants whose technical practices and scientific approaches markedly differ. Among them, are the farmer-herbalists, who grow and pick medicinal plants, which they transform and commercialise, mobilising the traditions of popular plant medicine relayed by ethnobotany in order to describe their therapeutic properties. Ethnobotany, a field of study which focuses on the relationships between plants and societies, is being invested by new players who, independently from academic institutions, work to collect popular naturalistic knowledge. This doctoral thesis proposes to shed light on the dynamics underlying the relationship that farmer-herbalists establish with the plant world, and on their use of ethnobotany as an argument to legitimise their practices. It appears that, through an exchange of knowledge about the medicinal properties of plants, institutions of research and conservation on the one hand, farmer-herbalists and ethnobotanists on the other hand, both contribute to the constitution of a collective body of knowledge on plants which promotes therapeutic autonomy. The thesis also emphasizes that the farmer-producers are particularly attentive to the vulnerabilities of both humans and plants, and that they take the plants’ intentionality into consideration – a defining characteristic of their herbalistic practices. The field data was collected in an array of varied, though intermingled, contexts: conservation and scientific institutions (the seminar of the centre for ethnology of Salagon, the ethnobotanical collections of the musée du quai Branly and the Muséum national d’Histoire naturelle), the various arenas of French herbalism, and the farms of the farmer-herbalists. Keywords : ethnobotany – herbalism – medicinal plants – farmer-herbalist – museum of Salagon – collections in ethnobotany – plant medicine – popular naturalistic knowledge – autonomy – ontology – knowledge construction – France. 5 Remerciements Je remercie les membres du jury d’avoir accepté d’évaluer mon travail. J’adresse de sincères et chaleureux remerciements à ma directrice de thèse, Valérie Feschet. La bienveillance patiente, les encouragements sensibles, les conseils utiles égrenés tout le long du terrain ont contribué à faire de ces presque soixante mois de recherche une expérience toujours réjouissante. Merci d’avoir défendu avec moi la place de l’ethnobotanique dans le champ des recherches anthropologiques et merci d’avoir cru en mon travail. Je remercie également l’IDEMEC pour son accueil et son accompagnement. Merci de m’avoir fait bénéficier d’une tutelle institutionnelle très précieuse. Cette thèse a été partiellement financée par le Ministère de la Culture et le musée du quai Branly. Je souhaite ici remercier plus spécifiquement mes interlocuteurs privilégiés, Christian Hottin et Frédérique Servain-Riviale, qui ont été d’une gentillesse et d’un secours très appréciables lors de la réalisation de mes différents terrains de recherche. Ce travail a également été rendu possible grâce à Danielle Musset qui a accepté de me donner accès aux archives du séminaire d’ethnobotanique du musée de Salagon. Je remercie également les producteurs du syndicat SIMPLES qui m’ont permis de consulter les archives de la structure. Je remercie plus spécialement Armelle Tricot qui a tout à la fois accompagné et soutenu mes recherches sur l’histoire du syndicat. Cette thèse doit beaucoup aux acteurs de l’herboristerie française et à la confiance qu’ils m’ont tous accordée. Je remercie très chaleureusement les paysans-herboristes dont il est question dans cette recherche. La générosité de leur accueil, l’intelligence de leurs réflexions et l’amour du végétal qui les habite m’ont très profondément touchée. Merci pour toutes les tisanes que vous m’avez préparées et offertes, pour les plants, les graines, les livres et les confitures que vous m’avez donnés. Merci aussi à toutes les herbes folles. 6 Pierre Lieutaghi a accepté d’être au cœur de cette recherche, à la fois comme référence prioritaire et informateur privilégié. Sa gentillesse, son écoute attentive et bienveillante, ses remarques toujours riches ont été d’un secours précieux. Merci Pierre d’avoir été là. Grâce à sa connaissance du terrain et à sa formation de botaniste, Lucie Benoît a pu m’apporter une aide précieuse lors de la construction analytique de certaines parties de cette recherche. J’ai également eu la chance de bénéficier des conseils avisés du pharmacien et producteur de plantes médicinales Jean-Baptiste Gallé. Merci à tous les deux pour votre exigence intellectuelle et pour vos relectures attentives. Enfin je souhaiterais adresser des remerciements affectueux à mes amis et plus particulièrement à Anne-Lucie Kargul, Mélanie Congretel et Mélanie Lucciano, qui ont posé un regard attentif sur mon travail. Je remercie également ma famille pour son soutien constant. Merci Ludovic de m’avoir accompagnée tous les jours dans les sentiers tortueux de la recherche. 7 Sommaire Résumé ............................................................................................................................. 3 Summary ......................................................................................................................... 4 Remerciements ................................................................................................................ 5 Note au lecteur .............................................................................................................. 11 Liste des acronymes et abréviations utilisés ............................................................... 15 Glossaire des termes scientifiques et techniques ........................................................ 17 Sommaire ......................................................................................................................... 7 Prologue ......................................................................................................................... 21 Introduction .................................................................................................................. 23 Le recueil des données et les caractéristiques de l’enquête ...................................... 31 1. Les sources bibliographiques .................................................................................. 31 2. Les terrains consacrés à l’ethnobotanique et à l’herboristerie................................. 35 3. Les observations participantes chez les paysans-herboristes .................................. 43 4. Les matériaux archivistiques ................................................................................... 49 5. Les parcours de vie des paysans-herboristes ........................................................... 51 Première partie. L’ethnobotanique – de laboratoire, de terrain et de Salagon. Le végétal médicinal comme objet muséal .................................................................... 59 Chapitre 1. L’ethnobotanique au laboratoire. Les rapports hommes-plantes sous le microscope ......................................................61 1. L’ethnobotanique, terra incognita .......................................................................... 65 2. Les concepts et les outils de l’anthropologie des rapports flore-société ................. 74 Chapitre 2. L’ethnobotanique de terrain. Les collections et les pratiques de collecte d’objets à caractère végétal ...................91 1. Les caractéristiques des collections ethnobotaniques.............................................. 95 2. Les pratiques de collecte des ethnologues de terrain............................................. 106 Chapitre 3. Le berceau d’une nouvelle forme d’ethnobotanique. Le séminaire du musée de Salagon ............................................................................119 1. Un lieu de savoir consacré aux relations flore-société .......................................... 123 2. L’ethnobotanique salagonnaise ............................................................................. 132 8 Chapitre 4. L’entrelacs des savoirs et de la sociabilité. L’école de Salagon .......................................................................................................149 1. La communauté des participants au séminaire ...................................................... 153 2. Le cercle et la lignée .............................................................................................. 165 Deuxième partie. L’herboristerie paysanne. Le végétal médicinal comme partenaire de production.............................................. 179 Chapitre 5. Un siècle d’herboristerie paysanne. De l’agonie à la relance ...............................................................................................181 1. L’herboristerie paysanne au XXe siècle.................................................................. 185 2. Un syndicat pour les producteurs-cueilleurs de plantes médicinales .................... 201 Chapitre 6. Mille ans d’herboristerie paysanne. L’appropriation du passé............................................................................................231 1. Herboriste certifié et thérapeute populaire : la construction généalogique ........... 235 2. Pharmacopée locale et plantes exotiques : la construction géographique ............. 247 Chapitre 7. Deux types d’herboristerie paysanne. La matérialité des modes de production ...................................................................259 1. L’appropriation matérielle de la nature ................................................................. 263 2. L’appropriation uploads/Geographie/ brousse-2017-ethnobotanique-et-herboristerie-paysanne-en-france.pdf
Documents similaires










-
36
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Dec 07, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
- Taille du fichier 8.6655MB