BTS BLANC 4 heures CULTURE GENERALE ET EXPRESSION PREMIÈRE PARTIE : SYNTHÈSE (

BTS BLANC 4 heures CULTURE GENERALE ET EXPRESSION PREMIÈRE PARTIE : SYNTHÈSE ( / 40 POINTS) Vous ferez une synthèse concise, objective et ordonnée des documents suivants : • David LE BRETON, Marcher. Eloge des chemins de la lenteur, 2012. • Anne-Laure GANNAC, « Le jour où j’ai décéléré » in Psychologies, 5 avril 2018. • Oxmo PUCCINO, Slow life, 2015. • POl BURY, Lenteur et esthétisme, 1878. https://www.youtube.com/watch?v=Nv437LWI2jU DEUXIÈME PARTIE : ÉCRITURE PERSONNELLE ( / 20 POINTS) Pourquoi est-il nécessaire de faire une pause dans nos sociétés modernes ? Vous répondrez à cette question dans un développement organisé en vous appuyant sur les documents du corpus, les connaissances acquises et des références personnelles. 5 10 15 20 25 30 Echappée hors du temps ou dans un temps ralenti, la marche n’est pas une recherche de performance ou une quête de l’extrême sponsorisée par des marques commerciales, elle est un effort à la mesure des ressources propres du marcheur. En musardant au fil des chemins et du temps il décide seul de son emploi du temps. Rien ne l’empêche de faire une sieste au bord de la route ou de discuter avec ses compagnons. Le marcheur réinvente la flânnerie, le fait de prendre son temps. Il ne va pas plus vite que son ombre. Milan Kundera regrette la disparition des flâneurs dans nos sociétés et il rappelle un proverbe tchèque à leur propos : ”ils contemplent les fenêtres du bon Dieu.” Un tel homme est heureux. Dans notre monde, l'oisiveté s'est transformée en désoeuvrement, ce qui est tout autre chose : le désoeuvré est frustré, s’ennuie, est à la recherche constante du mouvement qui lui manque” (Kundera 1995 ). Affirmation tranquille que le temps n’appartient qu’à soi. La marche déjoue les impératifs de vitesse, de rendement, d’efficacité elle n’en a même rien à faire. Elle ne consiste pas à gagner du temps mais à le perdre avec élégance. Il ne s’agit plus d’être pris par le temps mais de prendre son temps. En cela elle est une subversion radicale dans une société qui a fait loi de la terrible parole de Taylor dans les usines Ford des années 20 qui ne supportait pas de voir les ouvriers cesser un seul instant de travailler : “ Guerre à la flânnerie.” La frénésie de la vitesse, du rendement, appelle en réaction la volonté de ralentir, de calmer le jeu. La marche est une occupation pleine du temps, mais dans la lenteur. Elle est une résistance à ces impératifs du monde contemporain qui élaguent le goût de vivre. Aujourd’hui les forêts, les sentiers sont remplis de flâneurs qui marchent à leur guise, à leur pas, en leur temps, en conservant paisiblement ou en méditant le nez au vent. Seule la lenteur permet d’être à la hauteur des choses et dans le rythme du monde. Elle est l’évidence du cheminement, elle implique une progression attentive, voire contemplative, la possibilité de la halte pour profiter d’un lieu où se reposer. Elle est un mouvement de respiration. La lenteur plonge au coeur de l’environnement. Elle met à hauteur des sens les particularités du parcours et elle donne les moyens de se les approprier aussitôt. Une longue marche est une suspension du temps, une indifférence à tout ce qui n’est pas le cheminement.… La lenteur du cheminement fait de toute marche une pérégrination. La marche est retour à l’élémentaire : l’aube, le coucher du soleil, la nuit, la terre, les pierres, les collines, les montagnes, l’eau, la pluie, le vent, elle nous rappelle notre humanité essentielle immergée dans un monde qui nous dépasse et nous émerveille ou nous inquiète. David LE BRETON, Marcher. Eloge des chemins de la lenteur, 2012. Habituée à vivre vite, notre journaliste a tenté l’expérience et a découvert, à sa grande surprise, les bienfaits de la décélération. Confessions d’une ex-femme pressée. 5 10 15 20 25 30 35 40 45 Au bureau, ma chef m’appelle Lucky Luke, et ce n’est pas pour mes paires de bottes ou mes gros ceinturons. J’ai toujours tenté de dégainer plus vite que mon ombre, je n’y peux rien, je suis née pressée. Enfant, je voulais être adulte. Comme tous les enfants, bien sûr. Mais un peu plus, sans doute. À 2 ans, je me levais tôt pour préparer mon petit déjeuner seule, raconte-t-on en famille : « Toujours tout fait plus vite, plus tôt que tout le monde. » Qui préférerait s’entendre dire qu’il a toujours tout fait plus lentement, plus tard que les autres ? La vitesse parle de précocité, d’autonomie puis d’efficacité, de rentabilité… Elle soulage les parents, satisfait les employeurs, arrange les amis qui n’ont jamais à attendre aux rendez- vous. Aussi n’est-ce pas sans une pointe de fierté que j’admets être du genre rapide. Pour moi, être en avance, c’est être à l’heure et, être à l’heure, c’est déjà être en retard. « Avez-vous une idée du retard que vous cherchez à rattraper ? » me demande un jour une psychanalyste. « Retard » ne m’évoque rien d’autre que le lapin d’Alice au pays des merveilles. Toujours pressé…. « Il y a toujours quelque chose à faire », répétait ma grand-mère, et « Ne flânent que les bons à rien ». Dotée de cet héritage, je suis en effervescence dans Paris, ce « refuge pour les infirmes du temps présent » (in L'homme pressé, de Paul Morand - Gallimard), et dans cette époque, qui a fait de l’urgence un mode de vie. Dans une société qui confond vitesse et précipitation, les plus lents et les moins réactifs sont suspectés de freiner la marche du progrès. « Derrière le mythe de l’urgence, il y a la garantie du dépassement, de l’extrême limite, de l’excellence, de la performance, et pour ainsi dire de l’héroïsme », remarque la sociologue et psychologue Nicole Aubert. Alors j’accélère, et joyeusement. Un sentiment de puissance m’étreint : je tiens mon temps par les rênes, je le dompte et le maîtrise. Pour un peu, je pourrais le compresser, l’écraser… le tuer. Pierre Niox, l’« homme pressé » de l’écrivain Paul Morand, se plaignait de ne pouvoir faire qu’une seule chose à la fois, « ce qui nous retarde tellement ». C’était dans les années 1940. Moi, j’ai mon téléphone portable, mon ordinateur, mes messageries…, technologie mise au service de mes fantasmes de démultiplication. Me voici dans la peau d’une sorte de Vishnou spatio-temporelle, capable de réaliser de multiples tâches dans l’instantanéité, ou presque, de mes désirs. Pouvoir tout faire, ne renoncer à rien, jouir du maximum : je ne doute pas que des fantasmes de toute-puissance sous-tendent mes pics d’accélération. Le désir de vitesse est devenu l’hymne de l’individu moderne dans toute sa prétention à profiter de l’existence à la puissance mille. (…) Un travail de révision des priorités s’impose, une sélection des désirs devient indispensable. L’heure est aux renoncements nécessaires. Tout cela, je le savais, au fond, j’en connaissais la nécessité. Mais, grâce à la découverte du ZAZEN, à cette « voie de l’action », désormais, je le ressens. Cela ne passe plus par la tête, mais par le corps, et la nuance est radicale. Par un retour sur le ressenti et sur la respiration, tous ces choix, à ma grande surprise, se font presque d’eux-mêmes. Souvent, la tentation du « toujours plus » me reprend. Ma cadence s’accélère pour se caler sur celles des autres et, bientôt, pour tenter de les dépasser. La différence, c’est qu’à présent je m’en rends compte. Et je sais qu’il ne tient qu’à moi de retrouver mon rythme. Ralentir. Bien faire ce pas. Puis ce pas. Tout reprendre à zéro. Ne pas me dépêcher de faire la cuisine pour passer rapidement à table, pour aller me coucher tôt… Non : aimer préparer le repas, vivre chaque geste, savourer. La lenteur est sensuelle, rappelle Milan Kundera. Sur le chemin de l’école, ne plus dire à ma fille : « Vite, dépêche- toi, on va être en retard. » Non, vivre ce moment avec elle. Quitte à partir plus tôt pour pouvoir oublier l’heure. Et relire Montaigne : « Quand je danse, je danse ; quand je dors, je dors ; voire et quand je me promène solitairement en un beau verger, si mes pensées se sont entretenues des occurrences étrangères quelque partie du temps, quelque autre partie je les ramène à la promenade, au verger, à la douceur de cette solitude, et à moi. » Et à nous. À ce qui est là. La sensation d’urgence cède tout naturellement la place au plaisir. Anne-Laure GANNAC, « Le jour où j’ai décéléré » in Psychologies, 5 avril 2018. 5 10 15 20 25 30 35 40 Dorénavant j'suis dans la slow life Au prix d'la chair humaine prendre son temps n'a rien de trop naïf Tellement d'enfoirés foncent droit vers le mur Qu'il va falloir en construire un autre moins dur Afin de n'pas comparer son malheur au suivant Il faut décider d'être heureux de son vivant Le boulot fini, honoré la quittance Pense à l'horizon uploads/Geographie/ bts-blanc.pdf

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