Ruben Um Nyobe : Discours devant l'ONU en 1952 Détails Catégorie : NjanguiP
Ruben Um Nyobe : Discours devant l'ONU en 1952 Détails Catégorie : NjanguiPress Documents Créé le mercredi 1 février 2012 10:53 Publié le mercredi 1 février 2012 10:53 Écrit par Ruben Um Nyobe Affichages : 2821 Index de l'article Ruben Um Nyobe : Discours devant l'ONU en 1952 Réunification du Cameroun Le Cameroun et l'Union Française Toutes les Pages Page 1 sur 3 Mon parti a demandé à être entendu sur les trois points que j'ai mentionnés en réponse à la question posée par le représentant de la Belgique, car nous estimons que ces points sont de la plus haute importance pour que notre pays puisse progresser vers l'indépendance. Je voudrais remercier la Quatrième Commission de m'avoir autorisé à prendre la parole devant elle. Je sais que je dois être bref, mais comme certains membres ont fait des objections à ce que je sois entendu par la Quatrième Commission, j'estime que je dois donner quelques explications. L'Assemblée territoriale a essayé d'user d'un subterfuge en protestant contre moi personnellement, à un moment où je n'avais pas encore été désigné pour représenter l'Union des populations du Cameroun. L'Assemblée territoriale a prétendu que l'U.P.C. n'était pas représentative, parce qu'aux dernières élections elle n'a obtenu aucun siège à l'Assemblée, que du fait que la Quatrième Commission entendrait un représentant de l'U.P.C., le prestige de ce parti au Cameroun se trouverait renforcé; et enfin que mon parti a violé les règles normales de procédure en présentant sa demande directement à la Quatrième Commission au lieu de passer par l'intermédiaire de l'Autorité chargée de l'administration et de la Mission de visite. Comme l'ont reconnu les différentes Missions de visite et le représentant de la France, l'U.P.C. est le seul parti politique qui représente vraiment l'ensemble des populations du Cameroun. En outre, je parle au nom de l'Union des Syndicats Confédérés du Cameroun, qui est le syndicat le plus représentatif (15 000 membres) et qui est reconnu par le Gouvernement; au nom de la Solidarité Babimbi qui compte 60 000 adhérents ; au nom de l'Association camerounaise des Anciens combattants, de l'Association des Étudiants camerounais de France, qui a déclaré que toute personne qui contredirait mes déclarations ne parle pas au nom du Cameroun ; au nom de l'Union démocratique des Femmes du Cameroun, qui ne compte pas un grand nombre d'adhérents, mais qui est la seule organisation féminine du Territoire ; au nom d'un certain nombre d'autres secteurs de l'opinion publique qui ne sont pas encore organisés, et enfin au nom d'un mouvement d'indépendance du Cameroun sous administration britannique, le Kamerun United National Congress qui est sans aucun doute représentatif dans ce Territoire, La Quatrième Commission a reçu un certain nombre de communications réaffirmant le fait que je représente une fraction importante de la population. L'Union des populations du Cameroun, pour prouver sa force, a organisé une réunion publique à Douala, le 1er novembre 1952, et elle a invité la Mission de visite à y assister. Cette réunion, pour laquelle une autorisation préalable avait été obtenue, a pourtant été interdite par les Autorités françaises. Je peux le prouver par des photographies que je tiens à la disposition des membres de la Commission. Mon voyage à New York a été rendu possible grâce à une souscription publique. L'U.P.C. a en mains tous les reçus, qu'elle pourra communiquer aux Nations Unies. Permettez-moi de citer un passage du magazine Paris-Match, qui montre que je suis le seul représentant dont le voyage ait été financé par souscription publique. « Um Nyobè, leader de l'Union populiste du Cameroun, est attendu à New York où la Commission de tutelle présidée par son frère de race, Ralph Bunche, l'admettra au débat sur le mandat, en accusateur des puissances mandataires. Cinquante protestations sont d'ailleurs arrivées à Manhattan pour dire que les soussignés ont autant besoin d'être entendus qu'Um Nyobè, mais qu'ils n'ont pas, comme lui, l'argent nécessaire. L'OJV.tf. réfléchit aux moyens de faire disparaître cette inégalité. Elle paierait les voyages qu'il n'y aurait pas lieu d'en être surpris. » Questions sur lesquelles porte l'audition : 1. Réunification du Cameroun 2. Position du Cameroun vis-à-vis de l'Union française 3. Fixation d'un délai à la durée de tutelle En novembre 1949 lors du passage de la première Mission de visite au Cameroun, l'Union des populations du Cameroun souleva dans ses différentes pétitions, toutes les revendications générales, intéressant les populations du pays. L'U.P.C. a poursuivi le même effort à la longue en envoyant aux Nations Unies toutes les revendications du même ordre, elle a eu notamment à élever à plusieurs reprises, des véhémentes protestations contre la politique réactionnaire suivie par le Gouvernement français à l'égard des populations autochtones. Plusieurs cas de mesures répressives, d'expropriations et surtout la pratique de la discrimination raciale comme la violation de nos droits les plus élémentaires ont été dénoncés avec précision et souvent sinon toujours, avec preuves à l'appui. Notre organisation a pu remarquer en prenant connaissance des débats du Conseil de tutelle, avec quelle légèreté pour ne pas dire avec quel cynisme le représentant de l'Autorité administrante réfutait maladroitement nos affirmations. Cette situation imposait au gouvernent national camerounais, l'obligation de faire le point sur tous les problèmes d'ordre politique, économique, sociaux et culturels soulevés par les pétitions antérieures. Nous avons cependant décidé de concentrer nos efforts sur les trois questions mentionnées sur lesquelles notre organisation a demandé à être entendue par votre Commission. Comme tout le monde le sait, les pays d'Afrique Noire ont vécu sous l'arbitraire le plus absolu depuis la pénétration des colonisateurs européens jusqu'à la fin de la Deuxième Guerre mondiale qui a donné lieu, du moins théoriquement au remplacement du Pacte colonial par le Droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Pour le cas particulier du Cameroun, le vague régime du Mandat était remplacé par le régime international de Tutelle qui ouvre à notre peuple la perspective d'accéder à son indépendance, Mais la lacune fatale dans ces réformes d'après-guerre repose sur le fait que des populations depuis longtemps habituées à une soumission inconditionnelle devant les colonisateurs alors considérés comme des êtres supérieurs en raison même de leur origine et la couleur de leur peau allaient parler des droits de citoyens, de liberté, d'émancipation et d'indépendance devant leurs maîtres de jadis. C'est là qu'il faut rechercher l'origine du malaise qui règne aujourd'hui dans tous les pays colonisés. On comprendra qu'il est de nécessité impérieuse pour les Camerounais de s'organiser dans un vaste mouvement de masse, ne tenant compte que du seul désir des populations de lutter pour hâter l'émancipation du pays et son accession à l'indépendance, conformément au régime international de tutelle dont bénéficie le Cameroun. Les buts poursuivis par notre mouvement, formé en dépit des entraves de toutes sortes et qui fonctionne merveilleusement en dépit de la répression violente que les pouvoirs publics exercent sur ses militants et responsables, sont clairement définis dans nos statuts dont le texte remanié par le dernier Congrès a été remis à la Mission de visite. Des commentaires développés d'une part dans le journal de PU.P.C. « La Voix du Cameroun » et d'autre part dans une brochure intitulée « Conditions historiques du mouvement de libération dans les pays coloniaux », documents que je tiens à la disposition de votre Commission si vous en éprouvez la nécessité, font la lumière sur la clarté de notre programme comme sur l'indépendance organique et l'orientation de l'U.P.C. Contrairement à certaines affirmations dénuées de tout fondement d'ailleurs, l'U.P.C. a été constituée et mène son action dans l'indépendance absolue vis-à-vis des partis politiques métropolitains. Son adhésion au Rassemblement Démocratique africain était dictée par des raisons impérieuses basées sur le fait que les populations d'Afrique Noire avaient des aspirations et qu'en dehors de notre situation particulière de pays sous tutelle, nous avions des revendications communes avec d'autres territoires dépendant comme nous de l'Autorité française et du ministère des Colonies par surcroît. Dans son rapport pour l'année 1951, le Gouvernement français prétend que l'U.P.C. est en « froid avec le R.D.A. depuis la séparation de ce dernier du parti communiste français ». Il s'agit là d'une affirmation tendancieuse pour ne pas dire calomnieuse. Les militants du R.D.A. comme de toute autre organisation ont le droit de porter des jugements sur la conduite de tel ou tel dirigeant ou responsable. La section camerounaise du Rassemblement Démocratique Africain a donc estimé que le président du R.D.A. Houphouët-Boigny avait fait fausse route en accordant sa confiance au Gouvernement, alors que des milliers de nos camarades notamment ceux de la propre circonscription d'Houphouët languissaient dans les bagnes de la répression et en faisant ainsi, nous ne ramenons pas la personne d'un homme, fut-il député et président du R.D.A., sous la même toise que le magnifique mouvement d'émancipation africaine. Voilà notre position et nous tenons des documents à la disposition de qui voudra les consulter. Nous en avons remis à la Mission de visite. Ce que veut l'U.P.C. a) Objectifs immédiats 1- Grouper les populations du Cameroun en menant une lutte résolue contre les divisions tribales, contre le racisme, uploads/Geographie/ chap-6-annexe-ruben-um-nyobe-discours-devant-l-onu-en-1952.pdf
Documents similaires
-
20
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jul 03, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
- Taille du fichier 0.3229MB