49 DREIF, Claude COTTOUR, septembre 2008 Une brève histoire de l'aménagement de

49 DREIF, Claude COTTOUR, septembre 2008 Une brève histoire de l'aménagement de Paris et sa région La planification à l’échelle de la région parisienne La planification à l’échelle de la région parisienne Le projet de 1934 Depuis sa création en 1928, le CSAORP a déjà beaucoup travaillé sur l’aménagement de la région parisienne. Les équipes constituées autour d’Henri Prost et de Raoul Dautry ont mis à jour les cartes du département de la Seine, recensé les lotissements, préparé la future loi de 1932 en rencontrant les différentes administrations pour connaître leurs projets, en particulier ceux des Ponts et Chaussées. La loi du 14 mai 1932 donne au comité supérieur un délai d’un an pour réaliser le plan d’aménagement de la région parisienne. Toutefois des difficultés d’ordre financier et technique allongent ce délai d’une autre année. Le ministère de l’Intérieur ne disposant pas de service organisé pour effectuer ce travail fait appel à la Ville de Paris ; l’accord est entériné entre l’Etat et la Ville après une délibération du conseil municipal du 13 juillet 1933. Le projet d’aménagement régional est élaboré sous la direction d’Henri Prost, architecte urbaniste en chef du comité supérieur, assisté par Pierre Rémaury et Jean Royer. Participent également M. Jayot, directeur général des transports, de l’extension et de l’inspection générale, le service technique de la ville de Paris, le service géographique de l’armée qui fournit les photographies aériennes et une carte de la région parisienne de grande précision. Le plan est présenté en mai 1934. Les grandes orientations du plan Les orientations du nouveau plan suivent les objec- tifs fixés en 1928 par Albert Sarrault quand il installa le CSAORP. Après la période de développement anarchique des lotissements pavillonnaires de la dé- cennie précédente, l’arrivée de populations déplacées par la guerre et d’une immigration étrangère, la pen- sée des décideurs et réalisateurs du plan est que la population de la région parisienne ne doit plus s’ac- croître et qu’il est nécessaire de dédensifier le cen- tre. « Le centre doit être décongestionné, l’habi- tat insalubre résorbé et l’expansion urbaine con- tenue dans un cercle de 35 km autour de Paris ». Décongestionner le centre La concentration des habitants, des industries des équipements dans le centre de l’agglomération et prin- cipalement de Paris est jugée comme néfaste. Paris accueille 46 % des établissements industriels clas- sés. Dans les communes limitrophes au nord, au sud- est, au sud-ouest ont été rejetés de très nombreux établissements nécessaires à la salubrité mais incom- modes pour les habitants et qui donnent à l’agglomé- ration, lorsque les conditions météorologiques sont « favorables », cette odeur si particulière qualifiée « d’air de Paris ». « Le surpeuplement est condamnable au nom de l’hygiène physique et de l’hygiène morale. Le plan d’aménagement s’efforce de remédier à ce mal dans toute la mesure du possible1 ». 1934 – 1939 Le plan d’aménagement de la région parisienne (PARP) ou plan PROST 1 Mémoire descriptif général du plan, 15 juin 1935. 50 DREIF, Claude COTTOUR, septembre 2008 Une brève histoire de l'aménagement de Paris et sa région La planification à l’échelle de la région parisienne Contenir l’expansion urbaine Conformément à l’article 2 de la loi du 14 mai 1932, les communes faisant partie de la région parisienne à laquelle s’applique le projet régional sont comprises à l’intérieur d’un cercle de 35 km autour de Paris. La liste est fixée par l’arrêté du ministre de l’intérieur en date du 29 juillet 1934. La région parisienne ainsi définie est peuplée d’à peu près 6 300 000 habitants. Elle comprend 6572 communes réparties sur 51 200 hectares dont : - les 81 communes du département de la Seine ; - 386 communes du département de Seine-et-Oise (toutes les communes de ce département ne sont pas intégrées dans cette région en particulier les cantons d’Houdan, Rambouillet, Etampes, Magny- en-Vexin…) ; - 107 communes de Seine-et-Marne (les cantons de Meaux, Melun, Montereau, Provins… n’en font pas partie) ; - 83 communes de 5 cantons du sud de l’Oise. la région parisienne (en orange) définie par la loi du 14 mai 1932 (DREIF/DUSD/ME/CC) 2 Le mémoire descriptif général du plan cite 656 communes. PARP : réglementation de l’utilisation du sol en 4 classes 51 DREIF, Claude COTTOUR, septembre 2008 Une brève histoire de l'aménagement de Paris et sa région La planification à l’échelle de la région parisienne Prescrire des règles d’utilisation du sol Les communes sont réparties, au point de vue de l’utilisation du sol et des règlements de construction, en quatre classes en excluant Paris. (carte p.50) Le projet d’aménagement régional : - détermine pour chaque commune un périmètre d’agglomération, c’est à dire la limite du territoire à urbaniser. En dehors de celui-ci, la zone « non affectée » est réservée plus spécialement à l’agriculture dans laquelle il n’est permis d’édifier que des bâtiments servant à l’exploitation agricole, - affirme des mesures de protection pour certains sites particulièrement remarquables (axe du canal de Versailles, de Sceaux, terrasse de Saint-Germain, de Meudon), - prévoit des réserves pour de nombreux espaces libres publics et pour des grands équipements publics tels que cimetières intercommunaux, aérodromes… Circulation, créer de nouvelles infrastructures routières Le projet d’aménagement définit un programme d’opérations routières important avec la création de cinq grandes infrastructures autoroutières partant de Paris et permettant de desservir l’aéroport du Bourget en service et celui de Trappes en projet, « de gagner toutes les plages de la Manche, de Bretagne et de l’Océan sans croisement dans la région parisienne », d’accéder rapidement aux grandes routes nationales sans traverser la banlieue : Et d’une voie circulaire, rocade de grande ceinture « du noyau parisien, permettant sur une largeur de cent mètres de faire le tour de la capitale et de gagner en pleine campagne ses principaux accès ». Il faut noter que le projet d’aménagement prend en considération un grand nombre de projets déjà étudiés et prêts à être réalisés comme par exemple l’autoroute de l’Ouest dont les travaux débuteront l’année suivante. Les tracés de ces nouvelles autoroutes sont choisis pour être rapidement réalisables en recourant le moins possible à des expropriations. Aussi ils empruntent des terrains du domaine public, principalement les bois et forêts. Ce qui constitue un avantage, toujours dans le contexte de l’époque, d’offrir des voies autoroutières "paysagères" permettant aux automobilistes de circuler dans les plus beaux sites de la région parisienne et de découvrir les grands domaines nationaux de Versailles, Marly, Saint- Germain. Ce projet d’aménagement en traçant les voies rapides à travers des parcs boisés, s’inspire du modèle américain des « park-ways » pour concentrer la circulation sur ces axes et libérer d’une circulation intense les espaces récréatifs proches de Paris. Les nouvelles voies seraient aussi l’occasion de transformer le paysage par la plantation continue d’un rideau d’arbres de chaque côté qui aurait aussi comme objectif de cacher la misère architecturale et sociale de la banlieue. « Les abords de ces voies devront être traités de manière à réaliser pour les touristes ou les étrangers, une sorte de « paysage routier » qui dissimulera à leurs yeux les quartiers si désordonnés qu’ils doivent traverser [...] la malheureuse banlieue parisienne à laquelle 20 années d’extension irraisonnée ont imprimé des marques indélébiles qu’il faudra, avec le temps, s’efforcer d’atténuer ». Zoning Le développement des lotissements pavillonnaires est perçu sous le double aspect de l’esthétisme et des surcoûts que ces extensions misérables font peser aux budgets des collectivités : « La dispersion des lotissements au hasard des spéculations, depuis la guerre, est une lourde charge qui grèvera pendant très longtemps les finances des municipalités de la région parisienne. » Des modestes restrictions au droit de lotir sont énoncées : « il importe que chaque commune délimite les parties de son territoire qu’elle juge susceptibles d’être complètement urbanisées à l’aide des ressources dont elle pourra disposer... » Le programme des servitudes de chaque plan communal prévoit des quartiers d’industries et organise une zone de transition, sorte de quartier mixte, entre ces quartiers et les quartiers d’habitation où ne seraient tolérées que les industries susceptibles de ne causer aucune gêne. Par certaines de ses préconisations, ce plan renforce le déséquilibre sociologique entre l’ouest et le nord- est de l’agglomération : « Certains quartiers industriels existants sont particulièrement mal placés par rapport à l’agglomération parisienne [...] l’aménagement de la rive gauche de la Seine permettrait vraisemblablement une transformation progressive mais assurée de toute la région d’Issy- les-Moulineaux et de Meudon, dont les fumées sont très gênantes pour les quartiers de Passy et d’Auteuil ; en outre, qu’elles salissent le ciel d’un des plus beaux paysages de la banlieue parisienne vue de Meudon ou de Bellevue… » 52 DREIF, Claude COTTOUR, septembre 2008 Une brève histoire de l'aménagement de Paris et sa région La planification à l’échelle de la région parisienne Projet de 1934 : voie triomphale à l’ouest (documentation DREIF) Projet de 1934 : autoroute de l’est (documentation DREIF) 53 DREIF, Claude COTTOUR, septembre 2008 Une brève histoire de l'aménagement de Paris et sa région La planification à l’échelle de uploads/Geographie/ chapitre4-de-breve-histoire-de-amenagement-de-paris-dreif-auteur-claude-cottour-cle05a227.pdf

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