CONVERSATIONS INTIMES AVEC LE BOUDDHA Toucher la Terre Thich Nhât Hanh Sommaire
CONVERSATIONS INTIMES AVEC LE BOUDDHA Toucher la Terre Thich Nhât Hanh Sommaire INTRODUCTION.....................................................................................................3 LIVRE I : LE BONHEUR EST ICI ET MAINTENANT............................................6 LIVRE II : DE LA BOUE POUSSE UNE FLEUR DE LOTUS..............................24 LIVRE III : UNE PRATIQUE PROFONDE CONTRIBUE À UN MONDE MEILLEUR............................................................................................................43 LIVRE IV : LA PRATIQUE DE LA VISION PROFONDE TRANSCENDE LA NAISSANCE ET LA MORT .................................................................................55 ANNEXE ..............................................................................................................61 INTRODUCTION La pratique du Nouveau Départ « Au pied de la montagne, Coule un ruisseau. Son eau lave et guérit Toute sorte de maladie. » Ces vers font partie d’une cérémonie traditionnelle au Vietnam, celle du « Nouveau Départ ». Ils furent composés sous la dynastie Tang par le Maître Zhi Xuan, également connu comme l’Enseignant National Wu Da (811-883 de l’ère chrétienne). Le terme vient du chinois « chan hui », qui désigne l’expression du regret pour des erreurs commises dans le passé, associée à l’aspiration profonde de se transformer et de changer désormais de comportement ; la conscience de cette capacité de transformation permet de ne pas nous sentir coupable. L’eau de ce ruisseau est le nectar de la compassion, capable de laver toute mauvaise action du passé afin de laisser revenir la joie de vivre. Cette cérémonie vise principalement à utiliser la bonté aimante et la compassion, par une pratique du regard profond évoquée dans le chapitre « Porte universelle » du Soutra du Lotus1. Il s’agit de focaliser l’attention sur la bonté aimante et la compassion de manière à faire naître et à développer l’énergie de ces deux qualités. L’énergie de la pleine conscience et de la concentration peut aussi faire jaillir de ces deux éléments tout un courant de nectar grâce auquel tout acte mauvais peut être purifié. D’où cette appellation donnée par Maître Wu Da de « Nouveau Départ par la Bonté Aimante et la Compassion », que les pratiquants simplifient couramment en « Nouveau Départ par l’Eau »2. Ce recueil présente plutôt une pratique de Nouveau Départ par la Terre : en touchant la Terre, nous nous mettons en contact avec elle, nous prenons refuge en elle, nous recevons son énergie de densité et de solidité. Dans ce geste, nous nous laissons embrasser par elle, afin qu’elle transforme notre ignorance, notre souffrance et notre désespoir. La Terre est partout. Où que nous soyons, nous pouvons la toucher pour recevoir son énergie de stabilité et de non-peur. Et quand nous pouvons entrer dans un contact profond avec elle, en suivant notre respiration, la paix regagne notre cœur. Le titre complet de cette pratique pourrait être « Nouveau Départ par la Concentration sur la Densité et la Solidité de la Terre, et par les Touchers de la Terre », mais pour simplifier, nous l’appelons « Nouveau Départ par la Terre ». La solidité et la densité sont les deux caractéristiques de la Terre. Dans la préface du Soutra de Ksitigarbha, le Bodhisattva3 est loué ainsi : « Comme la Terre, Ksitigarbha est solide, dense, et doté d’une grande capacité à embrasser tous les êtres. »4 L’énergie de la pleine conscience et de la concentration suscitée pendant le contact avec la Terre a le pouvoir de 1 Discours, enseignement du bouddhisme mahayana. 2 Le titre complet de cette pratique de purification est « Pratique du Nouveau Départ par l’Eau, et par la Concentration sur la Bonté Aimante et de la Compassion ». 3 Toute personne qui suit le chemin de l’Eveil, pour sa propre libération et pour aider les autres à se libérer. nous éveiller, de nous transformer, de nous purifier et de nous apporter immédiatement joie de vivre, aussi bien pendant la pratique qu’après celle-ci. Chaque méditation proposée ici est une petite conversation avec le Bouddha, dont chacun peut bénéficier en trouvant un passage qui correspond à sa propre situation. Chaque méditation peut être pratiquée seule ou bien comme faisant partie des cérémonies de Toucher de la Terre pour le Nouveau Départ. Cette pratique peut être individuelle ou collective. Seul, nous pouvons utiliser le CD sur lequel les méditations sont lues par des moines et des moniales du Village des Pruniers. En groupe, une personne dotée d’une voix expressive et animée par une forte énergie de pleine conscience et de concentration pourra lire le texte pendant que les autres écouteront. Pendant la lecture, nous pourrons nous tenir debout ou bien agenouillés en joignant les mains. Nous pouvons préférer lire « nous » et « nous-mêmes » au lieu de « je » et « moi-même ». Après la lecture de chaque passage, la personne qui lit le texte invite la cloche5 et chacun touchera la Terre en s’allongeant dans la position de prosternation, ou en s’agenouillant et en se penchant vers l’avant afin que le front et les avant-bras touchent le sol. Après au moins trois respirations profondes, tout le monde se relève quand un demi son de cloche est invité6. Les personnes qui ne peuvent pas se prosterner complètement sont invitées à simplement joindre les mains et à s’incliner légèrement vers l’avant. Nous touchons la Terre en silence et demeurons dans cette position pendant toute la longueur de trois respirations au moins, ou plus longtemps, afin d’avoir assez de temps pour contempler profondément. Durant ce moment, nous confions complètement tout notre corps et notre esprit à la Terre, la laissant nous embrasser et transformer en nous la souffrance et les obstacles. Si nécessaire, nous pouvons répéter la lecture d’un même passage et toucher la Terre une deuxième fois. Pratiquer ainsi nous procurera un sentiment de joie. Nos difficultés seront transformées, notre corps et notre esprit deviendront plus légers. Les présentes méditations visent à aborder les questions et les difficultés réelles d’une quadruple communauté de pratiquants, incluant moines, moniales, laïcs hommes et femmes. Ce qui nous met tous en relation, c’est notre aspiration profonde à vivre une vie éveillée, en paix et en harmonie avec nous-mêmes et les autres ; c’est notre désir de guérir les blessures qui ont marqué en profondeur notre corps et notre esprit ; c’est aussi notre engagement à servir la société. Certaines parties des méditations s’adressent aux moines et aux moniales, alors que d’autres sections visent plutôt les pratiquants laïques. Quelle que soit notre place, il se peut qu’au premier abord certains passages des méditations ne s’appliquent pas directement à notre situation présente ; et pourtant, en regardant profondément, nous pourrons trouver le moyen d’établir un lien avec chaque partie du texte. Que nous pratiquions seul ou en tant que communauté, ces méditations 4 Soutra mahayana dans le Canon Chinois, il tire son origine de l’Asie Centrale et fut traduit de sanskrit en chinois. Il décrit les vies passées du Bodhisattva Ksitigarbha, son vœu et ses pratiques, ainsi que les bénéfices qui échoient à ceux qui lui rendent hommage. 5 Dans notre tradition, la cloche est comme le Bouddha qui nous rappelle de revenir au moment présent. Pour cette raison, nous préférons dire « inviter » la cloche à sonner en signe de respect. 6 Pour inviter un demi son de cloche, on pose le bâton à la fois légèrement et fermement sur le rebord de la cloche et en le tenant là, ce qui permet de produire un son court et relativement sourd. guidées peuvent nous aider tout doucement à guérir les divisions et le malaise que nous entretenons au-dedans de nous-mêmes. Nous pouvons très bien, quelques jours après une session de pratique, désirer avoir une discussion avec d’autres pratiquants afin de partager les expériences et les compréhensions profondes qui apparaissent avec le Toucher de la Terre. Si vous appréciez cette pratique, vous pouvez vous y consacrer une fois toutes les semaines, tous les mois, ou au moins deux fois par an. La Terre est là partout, et quand vous êtes en contact avec elle, vous pouvez être en paix. LIVRE I : Le bonheur est ici et maintenant 1. Visualiser mon maître, le Bouddha Sakyamuni Cher Bouddha, je me mets en contact avec toi. Je te vois jeune homme à Kapilavastu7. Je te vois aussi ascète qui médite dans les forêts sauvages8. Je te vois assis en méditation au pied de l’arbre de la Bodhi9, bien solidement. Je te visualise et te vois maître noble et respectueux qui instruisait ses disciples sur le Pic des Vautours10 ou dans le monastère d’Anathapindika11. Je te vois moine errant dont les pas en pleine conscience laissent encore des traces dans les royaumes de la vallée du Gange. Je te vois aussi vieux maître âgé de quatre-vingts ans, allongé entre deux arbres shalas dans la posture du lion, vivant tes derniers instants dans ce monde12. Cher Maître, tu avais un corps en très bonne santé. Tu as vécu jusqu’à quatre- vingts ans à une époque où la médecine n’était pas aussi avancée et efficace qu’aujourd’hui. Je m’incline avec toute ma sincérité et mon respect devant ton corps de transformation Sakyamuni, et devant le roi Suddhodana et la reine Maya13, envers lesquels je suis plein de reconnaissance pour avoir donné la vie à un maître aussi extraordinaire. Silence pendant quelques respirations uploads/Geographie/ conversations-intimes-avec-le-bouddha-thich-nhat-hanh.pdf
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- Publié le Aoû 24, 2022
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