Fiche 21 : De l’état-nation aux états-régions, Kenichi Ohmae Pensée économique.
Fiche 21 : De l’état-nation aux états-régions, Kenichi Ohmae Pensée économique. XXe siècle 100 Fiches de lecture : Les livres qui ont marqué le XXe siècle 00h00.com/Bréal Fiches 18 à 29 Reproduction interdite 1 De l’état-nation aux états-régions KENICHI OHMAE Ce livre de Kenichi Ohmae, spécialiste japonais de stratégie et géopolitique des affaires, paru en 1995 aux États-Unis, a été publié en France en 1996. Dans cet ouvrage (Dunod, 200 p.), l’auteur s’interroge sur le rôle des états- nations dans une économie mondialisée, sur l’émergence de nouvelles entités, les états-régions, et les conséquences de cette nouvelle donne pour les entrepri- ses. Le traducteur de K. Ohmae écrit délibérément « état » avec un « é » minuscule pour « mettre l’orthographe en accord avec la thèse centrale du livre ». SOMMAIRE 1. LE DÉCLIN DES ÉTATS-NATIONS A. Les états-nations sont devenus des unités artificielles B. Des politiques économiques inappropriées 2. L’ÉMERGENCE DES ÉTATS-RÉGIONS A. Les états-régions sont des unités économiques efficaces B. La réorganisation nécessaire des entreprises C. Le rôle du centre Fiche 21 Fiche 21 : De l’état-nation aux états-régions, Kenichi Ohmae Pensée économique. XXe siècle 100 Fiches de lecture : Les livres qui ont marqué le XXe siècle 00h00.com/Bréal Fiches 18 à 29 Reproduction interdite 2 1. Le déclin des états-nations A. Les états-nations sont devenus des unités artificielles • La fin de la guerre froide a facilité les remises en cause des états- nations traditionnels. Les états-nations sont des constructions arti- ficielles héritées des XVIIIe et XIXe siècles dont l’érosion est rendue visible par l’apparition au grand jour d’aspirations politiques répri- mées durant la guerre froide. L’échec du centralisme politique se manifeste par la montée de l’autonomisme local, de l’irrédentisme ethnique, racial ou même tribal ou encore par des phénomènes de fusion, par exemple avec le traité de Maastricht. Les aspirations poli- tiques ne sont pourtant pas les seules forces qui effritent les états- nations. • Le monde est devenu une économie sans frontières. « Quatre I » caractérisent cette économie. L’investissement — le premier des « quatre I » — circule librement. « En n’importe quel point du monde, si une opportunité est attrayante, l’argent viendra à elle. » Actuel- lement les flux de capitaux internationaux sont essentiellement des capitaux pri- vés, à l’inverse de ce qui se passait voici dix ans. Les pouvoirs publics n’ont donc plus à intervenir. L’industrie — le second des « quatre I » — est, elle aussi, bien plus planétaire dans son orientation qu’il y a une dizaine d’années. Les stratégies des multinationales actuelles ignorent la raison d’État. Quand elles s’implantent sur un marché, elles apportent des capitaux, du savoir-faire mais elles suscitent aussi la confiance de tout le monde développé en ce marché. Le troisième des « quatre I » — les technologies de l’information — a largement facilité la mondialisation des capitaux et de l’industrie. Les entreprises peuvent fonctionner partout dans le monde sans devoir créer localement à chaque fois une organisation entière. « Les participations internationales et les alliances stratégiques sont devenues moins difficiles ». Les individus, le dernier des « quatre I », se préoccupent enfin de moins en moins de l’origine nationale des produits qu’ils consomment. Ils veulent les produits les meilleurs et les moins chers, quelle que soit leur provenance. • Les états-nations ne sont plus des unités significatives de l’économie plané- taire. La mondialisation des marchés de capitaux rend les états-nations moins capables de contrôler les taux de change ou de défendre leur monnaie. Ils se voient imposer une discipline en raison de choix économiques « [….] faits ailleurs par des hommes et des institutions sur lesquels ils n’ont en pratique aucune prise ». Les exem- ples de spéculation contre diverses monnaies ou l’inutilité des relances japonaises le prouvent. Les états-nations sont par ailleurs composés d’ensembles trop hétéroclites. Les sta- tistiques ayant les pays pour cadre d’analyse le dissimulent. Elles ne reflètent pas les flux réels de l’activité économique et sont inutilisables pour les dirigeants du secteur privé ou du secteur public. Les biens et services échangés dans le monde comme les entreprises qui les produisent ne peuvent plus être rattachés de façon satisfaisante à un pays. L’étiquette nationale sur un produit flatte plus un nationa- lisme facile qu’elle ne garantit une amélioration de la qualité de vie. Comme les consommateurs sont de mieux en mieux informés, le nationalisme économique OHMAE KENICHI Économiste japonais, K. Ohmae étudie surtout la place et la stratégie de l’entreprise dans le con- texte actuel de mondialisa- tion. — La Triade, 1985 — De l’état-nation aux états-régions, 1995* Fiche 21 : De l’état-nation aux états-régions, Kenichi Ohmae Mondialisation 100 Fiches de lecture : Les livres qui ont marqué le XXe siècle 00h00.com/Bréal Fiches 18 à 29 Reproduction interdite 3 perd de l’importance. Les marques planétaires de blue jeans, de boissons gazeuses ont déjà fait apparaître une économie planétaire, une californisation du marché ! Actuellement, les attitudes, les mentalités commencent aussi à converger du fait des nouvelles technologies. « Dans les sociétés ouvertes aux influences du multimédia, enfants et adolescents sont en train de devenir, à des niveaux profonds de sensibilité et de vision du monde, bien plus semblables à leurs homologues d’autres sociétés soumis aux mêmes influences qu’aux générations antérieures au sein de leur propre culture. » Les états-nations peuvent donc de moins en moins dicter les choix économiques individuels. B. Des politiques économiques inappropriées Les choix économiques opérés par les états-nations le sont en fonction de leurs conséquences politiques et non de leurs conséquences économiques. • Les états-nations sont de plus en plus au service d’intérêts particuliers. La libre circulation de l’information est fondamentale dans toute économie de mar- ché. Quand le PNB par habitant atteint la barre des 5 000 dollars, le renforcement des liens avec l’économie planétaire exige un relâchement du contrôle étatique sinon les progrès deviennent hésitants. À ce stade, la question de l’efficacité des dirigeants commence donc à se poser. Les pouvoirs publics sont tentés « d’acheter » des groupes sociaux de plus en plus variés dont les revendications sont pressantes. S’installe alors une mentalité d’assistés car les gouvernants peu- vent difficilement répudier le principe des aides. Quand les moyens manquent se développe une zizanie interne qui érode le tissu de l’état-nation. « Les systèmes politiques en place deviennent de plus en plus les émanations de groupes de pression et des circonscriptions géographiques pauvres, qui marchandent constam- ment leur soutien en échange de leur protection et de leurs largesses. » Ils ne peuvent plus adopter des politiques conformes à l’intérêt général. • L’état-nation n’est plus un mécanisme suffisant face aux menaces et aux opportunités de l’économie planétaire. Il était efficace quand il s’agissait de pro- téger le territoire, les ressources naturelles, de contrôler leur emploi mais désor- mais « dans un monde sans frontières, l’intérêt national au sens traditionnel qui aujourd’hui n’est plus guère qu’un prétexte à subventions et protections, n’a plus vrai- ment sa place. » Les facteurs clés de la réussite naissent de la capacité des responsables d’entreprise à tisser des liens avec l’économie planétaire ; une politique économique intelli- gente d’un gouvernement central ne peut donc jouer qu’un rôle marginal. L’état- nation reste prisonnier des demandes d’aides et de protection. Les grandes déci- sions y relèvent de juristes, fonctionnaires et de groupes de pression qui ont du mal à faciliter de façon systématique et continue l’ouverture sur l’économie plané- taire. Les états-régions constituent par contre « des points d’accès » efficaces à cette économie. Fiche 21 : De l’état-nation aux états-régions, Kenichi Ohmae Mondialisation 100 Fiches de lecture : Les livres qui ont marqué le XXe siècle 00h00.com/Bréal Fiches 18 à 29 Reproduction interdite 4 2. L’émergence des états-régions A. Les états-régions sont des unités économiques efficaces • Les états-régions sont des unités géographiques de taille restreinte mais avec une forte influence économique. Le Nord de l’Italie, la région Rhône-Alpes, celle du Languedoc-Roussillon en liaison avec la Catalogne, la Chine méridionale, la Silicon Valley par exemple constituent des marchés suffisamment grands pour les principaux produits de consommation, de l’ordre de cinq à vingt millions de per- sonnes, mais suffisamment petits pour qu’un intérêt commun existe encore. Leur taille doit permettre de rentabiliser les infrastructures nécessaires pour participer à l’économie planétaire (aéroport international, port…) • Ce sont les infrastructures de services qui délimitent les états-régions et non les distinctions religieuses, ethniques, raciales. Le marché ne doit pas nécessiter la création de différents systèmes d’exploitation pour la logistique, le marketing des marques qui doivent pouvoir s’y faire connaître efficacement. • Dans le cadre des états-régions, des politiques économiques efficaces peu- vent être instaurées. Sans les contraintes des états-nations, les états-régions peu- vent stimuler la flexibilité des entreprises, attirer les ressources de l’économie planétaire. Ceci ne se fait d’ailleurs pas au détriment des territoires limitrophes. « Quand une région prospère, sa bonne fortune déborde sur les territoires adjacents, à l’intérieur et à l’extérieur de la fédération politique dont elle fait partie. » Les gouvernements centraux ne doivent donc pas considérer les états-régions comme uploads/Geographie/ de-l-x27-etat-nation-aux-etats-regions.pdf
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- Publié le Jan 21, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
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