L’impact en Europe des délocalisations vers les pays méditerranéens NOTES ET ET

L’impact en Europe des délocalisations vers les pays méditerranéens NOTES ET ETUDES ANIMA n°8 Janvier 2005 Charles-Albert Michalet L’impact en Europe des délocalisations vers MEDA 3 Table des matières 1. La problématique des délocalisations......................... 7 Le constat.............................................................................................. 9 Les réactions....................................................................................... 12 La logique des délocalisations........................................................ 16 Les quatre facettes de la délocalisation au sens strict ................ 17 Les stratégies de délocalisation ...................................................... 21 L’attractivité des territoires ............................................................. 24 2. L’impact des délocalisations : quelques résultats empiriques.......................................................................... 28 L’impact des délocalisations sur les exportations du pays d’origine.............................................................................................. 29 Le cas des multinationales américaines...........................................................30 Le cas des multinationales suédoises ...............................................................30 Le cas des multinationales japonaises..............................................................31 Le cas australien..............................................................................................31 Le cas des investissements directs français à l’étranger ..................................31 L’impact des délocalisations sur l’emploi dans les pays d’origine.............................................................................................. 36 La question de la concurrence entre salariés......................................... 37 La question de la qualification du travail.............................................. 42 Bilan..................................................................................................... 43 3. Les délocalisations horizontales ................................ 51 La stratégie de marché ................................................................................52 Rationalisation des portefeuilles d’activités et délocalisation............54 Attractivité territoriale et délocalisation horizontale.................... 57 4 L’impact de la délocalisation horizontale..................................... 58 4. Les délocalisations verticales de substitution......... 67 La rationalité de la délocalisation de substitution...................... 69 Délocalisation de substitution et cycle international du produit .............................................................................................................. 71 Attractivité territoriale et délocalisation verticale de substitution .............................................................................................................. 77 L’impact de la délocalisation verticale de substitution ............. 79 5. Les délocalisations verticales de complémentarité 89 Attractivité territoriale et délocalisation de complémentarité.. 96 L’impact de la délocalisation verticale de complémentarité..... 97 6. L’impact des délocalisations dans la région MEDA sur les pays d’origine...................................................... 104 Le constat : la faible attractivité de la région MEDA................ 106 La stratégie des investisseurs étrangers...................................... 114 Turquie ............................................................................................... 116 Liban................................................................................................... 117 Algérie................................................................................................. 117 Maroc.................................................................................................. 118 Tunisie................................................................................................ 119 Les délocalisations, une nouvelle tendance pour le futur ?.... 122 Conclusions...................................................................... 133 Bibliographie ................................................................... 139 L’impact en Europe des délocalisations vers MEDA 5 Références Ce document a été réalisé dans le cadre de la mission confiée par la Commission Européenne à lʹAgence Française pour les Investissements Internationaux (AFII), assistée de l’ICE (Italie) et DI (Maroc), pour développer un Réseau Euroméditerranéen des Agences de Promotion des Investissements de la Méditerranée (« ANIMA»). Le n° du contrat est : ME8/B7-4100/IB/99/0304. ISBN : © AFII-ANIMA 2004. Reproduction interdite sans autorisation de l’AFII. Tous droits réservés Auteurs Ce document a été réalisé par Charles-Albert Michalet (consultant pour l’Agence Française pour les Investissements Internationaux), avcec l’assistance de l’équipe ANIMA. Acronymes ƒ ANIMA : Réseau Euro-Méditerranéen d’Agences de Promotion de l’Investissement ƒ API : Agence de Promotion de l’Investissement ƒ IDE : Investissement Direct Etranger ƒ MEDA : Ensemble de 12 pays partenaires de l’Union Européenne : Algérie, Chypre, Egypte, Israël, Jordanie, Liban, Malte, Maroc, Autorité Palestinienne, Syrie, Tunisie, Turquie ƒ MIPO : Mediterranean Investment Project Observatory (ANIMA) 6 Remerciements Nous voudrions remercier très sincèrement Bénédict de Saint Laurent et Michel Delapierre pour leurs précieux commentaires concernant une première version de ce texte. La photographie de couverture est issue de la photothèque Friend de l’AFII. L’impact en Europe des délocalisations vers MEDA 7 1. La problématique des délocalisations Depuis le début de 2003, le thème des délocalisations fait la une de la presse économique et financière et provoque une multiplication des déclarations des hommes politiques. La délocalisation est présentée comme la nouvelle « grande menace industrielle»1. Cette inquiétude touche la plupart des économies les plus industrialisées. L’inquiétude s’intensifie à la suite d’une série de constats. La montée en puissance de l’industrie manufacturière chinoise qualifiée d’atelier du monde, une formule qui avait déjà été utilisée pour la Grande Bretagne au milieu du XIXe siècle. La délocalisation des services en Inde inquiète encore davantage. L’attraction de plus en plus forte exercée par les pays du centre et de l’est de l’Europe (PECO) sur les nouveaux investissements des entreprises matures de la « vieille » Europe. La reprise de la croissance aux Etats-Unis, tant attendue, mais qui ne s’est pas accompagnée d’une croissance parallèle des emplois (« jobless growth »). L’annonce quasi quotidienne de la fermeture d’usines en Europe et aux Etats-Unis. Les déclarations spectaculaires de certains dirigeants de grandes firmes qui prédisent l’arrivée imminente des « entreprises sans usines ». La dégradation de plus en plus accentuée de la balance commerciale des Etats-Unis et les résultats en baisse de celle de certains pays de l’Union Européenne sont attribués conjointement à l’augmentation des importations en provenance d’Asie et à la désindustrialisation supposée de l’économie américaine et européenne entraînée par le phénomène de délocalisation. 1 C. Stoffaes, La grande menace industrielle (Pluriel, 19878) 8 Comme tout mouvement d’opinion, la « grande menace» de la délocalisation amalgame des phénomènes différents comme la baisse de compétitivité, l’innovation et les progrès très rapides de la productivité, qui en résultent, surtout aux Etats-Unis. Cependant, depuis le second trimestre de 2004, le mouvement d’inquiétude semble s’inverser. D’abord, la croissance soutenue de l’économie américaine se remet à créer des emplois. Ensuite, en Europe, plusieurs rapports se veulent rassurants : la DATAR soutient par exemple que l’industrie française n’est pas en danger. Un rapport à l’Assemblée Nationale présenté par M. Max Roustan en Mai 2004 va dans le même sens. Selon lui, « le débat sur la désindustrialisation se nourrit largement de fantasmes.2 ». Il est de plus en plus largement admis que les progrès de la productivité constituent une variable beaucoup plus importante que les délocalisations. Elle a été la cause principale de la perte de 1,5 million d’emplois dans l’industrie (hors énergie) entre 1978 et 2002. Mais elle a permis simultanément à l’industrie de maintenir sa place dans la création de richesses. Le rapport du Boston Consulting Group (juin 2004) part de la même constatation pour démontrer que c’est la délocalisation de certaines activités des grandes entreprises françaises du CAC 40 qui leur a permis de créer des emplois. Elles ont compensé de cette manière les effets normaux que les gains de productivité auraient du avoir sur leurs effectifs. Selon le BCG : « En participant à la mondialisation, ces entreprises ont créé plus d’emplois que si elles étaient restées sur leur marché national »3. On verra plus loin, en détail, les 2 Cité dans « Le Monde » du 9 juin 2004 3 Cité dans « Le Monde « du 15 juin 2004. L’impact en Europe des délocalisations vers MEDA 9 explications qui peuvent être fournies pour rendre compte de ces résultats apparemment paradoxaux, car contre intuitifs. L’excès d’optimisme que manifeste aujourd’hui ce retournement d’analyse est trop symétrique de l’excès de pessimisme d’hier pour être complètement convaincant. Il ne peut effacer la masse des données factuelles qui montrent que la structure de la production des biens et services et de l’emploi se transforme rapidement dans les économies de la Triade et que la délocalisation, si elle est certainement loin de tout expliquer, doit y être pour une part. Dans un premier temps, nous allons reprendre des événements récents en France qui sont les plus significatifs à cet égard, sans prétendre à l’exhaustivité, avant de présenter rapidement, dans un second temps, les réactions des gouvernements et des entreprises. Le constat Dans le cas de l’économie française, beaucoup de données vont dans le sens d’une accélération de la délocalisation des entreprises : ƒ La comparaison des flux d’investissement direct à l’entrée et à la sortie montre une nette supériorité des seconds sur les premiers. En 2003, les investissements à l’entrée ont baissé de 36% par rapport à 2002 s’établissant à 36,6 milliards d’euros (dont 4 milliards pour la reprise de Péchiney par Alcan), tandis que, de leur côté, les flux à la sortie, 48,6 milliards d’euros, ont diminué aussi mais dans des proportions moindres (-26%). Le montant des investissements directs à la sortie reste largement supérieur à celui à l’entrée. En 2000, année faste pour les délocalisations, les entrées avaient atteint 48 milliards tandis que les sorties s’élevaient à 170 milliards. ƒ D’après une étude de l’INSEE consacrée à l’internationalisation 10 des 32 sociétés industrielles qui font partie du CAC 40, entre 1997 et 2000, le montant des immobilisations corporelles à l’étranger (c’est à dire les investissements) a augmenté de 45% tandis qu’en France la croissance était nulle pour la majorité des sociétés du CAC 40 et négative pour onze d’entre elles. Simultanément, les effectifs mondiaux ont cru de 43%, pour s’élever à 3,6 millions de salariés tandis qu’ils ne croissaient que de 5% en France. Enfin, le chiffre d’affaires mondial des firmes s’est accru de 52% contre 6,5% en France. L’examen de l’évolution de différents secteurs confirme la tendance à une délocalisation apparemment inexorable : ƒ Dans la chimie, l’emploi a diminué de 1,5% en 2003 par rapport à 2002 et l’investissement de 12%. Rhodia a annoncé son intention de réduire de 10% le nombre de ses sites, y compris en France. Total a récemment fermé son site de production de PVC près de Grenoble. Deux ans et demi après la fusion, le groupe a supprimé 1700 postes dans la chimie. En revanche, il projette de faire des investissements nouveaux en Corée, au Qatar et aux Etats-Unis. A la fois pour suivre ses clients et pour uploads/Geographie/ delocalisation-impact-pdf.pdf

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