1 L’introduction Les sources internes, telles que l'évolution sémantique et la
1 L’introduction Les sources internes, telles que l'évolution sémantique et la formation des mots et de leurs équivalents, le français possède, comme toute autre langue, une source externe de l'enrichissement du vocabulaire - l'emprunt aux autres idiomes. Notons que l'acception du ternie « emprunt » est étendue outre mesure dans certains travaux de linguistique. C'est à juste raison que dans son œuvre capitale sur l'emprunt linguistique L. Deroy remarque qu' « on ne peut logiquement qualifier d'emprunts dans une langue donnée que des éléments qui y ont pénétré après la date plus ou moins précise marquant conventionnellement le début de cette langue » . Toutes les langues font des emprunts à d'autres langues. C'est ainsi qu'elles évoluent et s'enrichissent. Le français a emprunté à l'anglais et l'anglais a aussi pigé dans le vocabulaire du français. Les emprunts de mots peuvent d'ailleurs se produire en nombre illimité, mais, pour autant, la langue dans ses structures n'en serait pas affectée: même si à chacun des mots français se substituait un mot anglais, cette langue resterait du français par sa morphologie et sa syntaxe, les affixes de dérivation et flexionnels. On peut donc considérer les formes grammaticales particulières comme étant à l'épreuve de l'emprunt et, à ce titre, probantes pour la comparaison qui vise à reconnaître les parentés génétiques. Et s'il est vrai que tout mot peut être emprunté, il reste que le vocabulaire fondamental (oeil, nez, tête, jambe) ou les pronoms manifestent une relative résistance au remplacement. Les emprunts sont d'ailleurs faciles à identifier: si l'on repère des similarités entre une langue A et une langue B, alors même que l'on sait que la langue B appartient à une famille de langues (CDEF) et si les similarités ne se retrouvent pas entre les langues A et C, A et D, A et E, etc. on peut en conclure que les similarités ainsi limitées aux deux langues A et B sont des emprunts. Ainsi, les ressemblances qui unissent anglais et français sont plus étroites et plus nombreuses que celles qui tiennent à ce que ces deux langues se rattachent à l'ensemble indo-européen, et de plus, 2 si l'anglais relevait des langues romanes, il manifesterait une connexion tout aussi systématique avec italien ou espagnol, ce qui n'est pas le cas. Matériel théorique Le français a réellement fait des emprunts seulement après s'être' affranchi des caractères essentiels du latin, après avoir acquis les traits fondamentaux d'une langue romane particulière. C'est pourquoi il est incorrect de considérer comme emprunts proprement dits les mots d'origine celtique (par ex : bouleau, bec. tonneau, etc.) et germanique (par ex. :jardin, fauteuil, gare, etc ) introduits à l'époque de la formation du français en tant que langue indépendante L'emprunt à proprement parler se fait à un idiome foncièrement différent de la langue emprunteuse. En ce sens il est abusif de parler d'emprunts faits par le français à l'argot ou à des terminologies diverses, car l'argot et les nombreuses terminologies sont autant de rejetons du français commun. Il est difficile pour la même raison de qualifier de véritables emprunts les mots dialectaux qui ont pénétré dans le vocabulaire commun, les dialectes étant aussi des variétés de la langue française nationale'. Donc, nous appellerons « emprunts » uniquement les vocables (mots et locutions) et les éléments de mots (sémantiques ou formels) pris par le français à des langues étrangères ainsi qu'aux langues des minorités nationales (basque, breton, flamand) habitant le territoire de la France. On emprunte non seulement des mots entiers quoique ces derniers soient les plus fréquents. Les significations, les traits morphologiques et syntaxiques sont aussi empruntables. C'est ainsi que l'acception récente du verbe français réaliser « concevoir, se rendre compte » est un emprunt sémantique fait à l'anglais. Signification du terme anglicisme en France Il importe de préciser que le terme anglicisme n'a pas la même signification en France : il est synonyme d'emprunt à l'anglais et n'est pas péjoratif. Ainsi, la mention « anglicisme » devant un 3 mot d'un dictionnaire français comme le Petit Robert ne doit pas être interprétée comme la marque d'un terme à éviter. Toutefois, certains anglicismes attestés dans les dictionnaires européens ne sont pas recommandés au Canada. Globalisation en est un exemple. On préfère ici mondialisation. L'influence anglaise se manifeste nettement à partir du XVIIe siècle. Mais c'est au cours du XVIIIe et XIXe siècles qu'un nombre considérable de mots anglais pénètre dans le vocabulaire français. Ce fait s'explique par l'intérêt croissant des Français pour le régime parlementaire établi en Angleterre à la suite de la révolution de 1649 ; c'était aussi le résultat de l'influence de la philosophie et de la littérature anglaises. L'anglaisa enrichi le français en termes politiques ; parmi les termes ayant trait au système parlementaire et à la vie politique et publique citons : vote, budget (ancien emprunt à la vieille langue française), club, bill, comité < committee, corporation, jury, opposition (dans son sens politique), ordre du jour (d'après order ofthe day). parlement (dans son sens moderne) < partiament, session. Plus récents sont les emprunts : boycotter < to boycott, interview, leader, meeting, lock-mit, blackbouler, reporter, speaker, trade-union, hold-up. Les termes anglais pénétraient dans le vocabulaire du français durant tout le XIXesiècle par suite de l'essor de l'industrie en Angleterre et des relations commerciales animées avec la France. On constate un afflux de termes techniques et industriels : rail, tender, tramway, tunnel, express, cargo, travelling, coaltar, pipe-line, cameraman, parking, jersey, cheviot(e) < cheviot, shampooing. Ce mouvement est loin de s'affaiblir, ce qui peut être illustré par les emprunts récents transistor, jet [dget], télétex, scanner, supertanker, tuner, spoule, know-how. Les jeux sportifs anglais se sont répandus aussi bien en France que dans d'autres pays et : l'emprunt de tel ou tel sport a amené l'emprunt des termes correspondants : tels sont : sport, sportsman, sportswoman, tourisme < tourism, touriste < tourist, boxe < box, boxer < to box, 4 derby, football, basket-bail, handicap, golf, tennis, match, record, skating, wa-ter-polo, badminton, crawl, roller < ro/lerskater « patineur », supporter (m), partenaire < partner, jockey, starter. L'intérêt excessif à tout ce qui vient de l'Angleterre est devenu depuis le XIXe siècle une vraie anglomanie pour certaines couches sociales ; c'est ce qui explique un grand nombre d'emprunts se rapportant à la vie journalière, par exemple : bar, bifteck < beefsteak, cocktail, grog, pudding, rosbif < roastbeef, sandwich, gin, tonic, cottage, square, stand, smoking, dandy, snob, festival, sketch, star, flirt, spleen, poster (une lettre) < topost, dancing, music-hall, clown, toast, snow-boot, short, pull-over, sweater, standing, shopping, scotch, self-service, tag, cool. Le français compte un nombre considérable d'américanismes qui y pénètrent à partir du XIXe siècle. À l'heure actuelle le prestige de l'Amérique en raison de son essor scientifique et technologique contribue à l'afflux de termes venus d'outre-Atlantique. Ce sont, entre autres : celluloïd, cow-boy, rancho. lunch, bluff, blizzard, gangster, kidnapper, hit-parade, blue-jean, bermuda, sporfwear. hot-dog, surf, squatter, yankee, teenager, tee-shirt, fast-food, pop-corn, électrocuter, bulldozer, internet, big-bang. Une grande partie des emprunts surgissent dans la langue comme termes spéciaux. Les emprunts ont visiblement complété les diverses terminologies : scientifique, militaire, politique, sportive, etc. Cependant beaucoup de ces vocables, plus ou moins francisés, ont franchi par la suite leslimites de la terminologie à laquelle ils appartenaient primitivement et sont devenus d'un usage courant : à l'anglais (vote, club, rail, express, symposium, snack-bar). , Les emprunts peuvent être particulièrement favorisés'dans quelque domaine spécifique. Ainsi, à l'heure actuelle la langue de la publicité qui est la première à refléter l'influence du mode de vie américain (american way of life) abonae'en anglicismes et américanismes (short, coca- cola, drug-store, whisky, walkman - « baladeur » (appareil), Paris by night, etc.) À l'heure actuelle on signale l'intrusion du son [] par l'intermédiaire des mots anglais en -ing, fait qui est déploré par beaucoup de linguistes : aujourd'hui l'articulation de ce son soulève encore des difficultés, son assimilation (si assimilation il y a !) dans l'avenir pourrait porter atteinte au système phonique du français. 5 Le vocabulaire du français moderne compte un assez grand nombre d'emprunts faits aux idiomes étrangers à des époques différentes. Signalons à part certains mots qui, après avoir été pris au français par d'autres langues, sont revenus méconnaissables à leur bercail linguistique : tel est budget emprunté directement à l'anglais et remontant à l'ancien français bougette - « petit sac » ; tennis venu de l'anglais n'est rien autre qu'une altération de la forme française « tenez ». tenue de jeu de paume : humour pris aussi à l'anglais remonte au français humeur au sens de « penchant à la plaisanterie ». Un cas curieux est offert par l'emprunt récent badlands fait à l'anglais qui à son tour est calqué sur le français « mauvaises terres ». Exemples, analyse, classification Les emprunts faits par une langue sont parfois géographiquement limités. Les tenues de football anglais goal, goal-keeper, back, half, shoot, shooter, hands, corner couramment employés en Belgique sont plus volontiers remplacés en France par les traductions françaises correspondantes : but, gardien de but, arrière, demi, tir, tirer, uploads/Geographie/ emprunts-et-variation-lexicale.pdf
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- Publié le Jui 12, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
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