1 2 3 A la mémoire de : Mohand U Haroun, Lounes Matoub, Lahcene Bahbouh, Idir A
1 2 3 A la mémoire de : Mohand U Haroun, Lounes Matoub, Lahcene Bahbouh, Idir Aït Amrane Mohand Arab Bessaoud, Mouloud Mammeri, Amor Nezzal Mokrane Abbad, Ammar Negadi, Ferhat Abbas Said Hanouz, Cid Kaoui, Tayeb Kabri (dit Salah) Mouloud Feraoun, Slimane Rahmani, Abdelkader Rahmani, Said Boulifa . Cet ouvrage est dédié à : Abdenour Abdeslam, Mokrane Chemime, Saïd Khellil Malika Ahmed Zayed Rabah Kahlouche, Djamel Sabri, Lounis Ait Menguellat, Aux victimes du printemps noir 2001 (mou- vement citoyen). et à toutes les personnes qui ont milité ou œuvré pour l'épanouissement de la langue et culture ma- ziqhes. 4 Dépôt légal : mai 2018 ISBN : 978-9931-511-74-8 Editions Berri 2018 5 M. A. CHERAD Réhabilitation de la langue maziqhe (kabyle). 6 7 M. A. CHERAD Réhabilitation de la langue maziqhe (kabyle). Editions Berri 8 du même auteur : - Tira enegh. 1989. - Etudes de linguistique ta maziqht. 1992. - Pour une écriture moderne et standardisée de la langue maziqhe. éd. Bouchene. 1998. Nous avons tracé le chemin, à présent, c'est aux autres de continuer. Mouloud MAMMERI La langue maziqhe n’est pas un dialecte archaïque qui ne mé- rite, comme on le croit généralement, aucune consideration, mais un chef-doeuvre linguistique qu’il faut, à tout prix, développer et pro- mouvoir…. Haroun Mohamed, (tajêrumt n temaziqht) _____________________ …..si ces tant fameux auteurs se fussent amusés à traduire, eus- sent-ils élevé leur langue à l’excellence et hauteur où nous la voyons maintenant ? Ne pensez donc, quelque diligence et industrie que vous puissiez mettre en cet endroit, faire tant que notre langue, en- core rampante à terre, puisse hausser la tête et s’élever sur pieds. Du Bellay (Joachim), Défense et Illustration de la langue fran- çaise, 1549. 9 PREFACE J’ai reçu le nouvel ouvrage de mon ami et grand frère Cherad, qu’il a intitulé « réhabilitation de la langue maziqhe » avec un mot me demandant de le préfacer. Très gêné et très touché, je me remis tout de suite à parcourir de nouveau le chemin éditorial de ce mili- tant-chercheur de ta maziqht. Les images de l’après octobre 1988 se bousculaient entre livres et lignes. Le chemin parcouru par la re- vendication de notre langue au fil des ouvrages et des manifesta- tions. Progression politique vers la reconnaissance constitutionnelle, mais circonvolutions pédagogiques qui s’enlisent dans d’éternels débats qui ne veulent même pas se reconnaitre pour se dépasser. Pensée unique, encore et toujours, qui nous renvoie à des pratiques moyenâgeuses. Les choses n’ont pas évoluées comme on l’espérait. On ne sait plus s’il s’agit de défendre l’évolution d’une langue ou la promotion d’une région ou d’une personne ; s’il s’agit de choisir les instruments technologiques qui libèrent ou ceux qui enferment. Nous en sommes toujours à nous chamailler autour d’un alphabet dit latin. Faut-il garder le système obsolète surchargé de signes diacri- tiques et de points souscrits, hérité des premiers colons français, pour représenter les 38 sons ou phonèmes identifiés ou se libérer de ces archaïsmes qui freinent notre intégration harmonieuse dans un univers déjà prêt à nous recevoir, en adoptant un sys- tème d’écriture composé uniquement des 26 lettres latines qui garantit l’usage de toutes les technologies existantes, sans réin- venter quoi que ce soit ? Dès 1989 l’alerte à été lancé par plusieurs chercheurs- militants de longue date ! Ait Amrane (président du HCA), Haroun M., Cheradi H., Benchaba M.A., Meziani M., Chertouk B., Bahbouh L., Sahki H. …même au-delà des frontières, au Maroc. Ce courant, qui s’est déclaré moderniste par son ouverture sur l’environnement technologique et la mondialisation, continue à s’élargir et à s’enrichir de nouveaux travaux qu’il est impératif de répertorier et de faire étudier par les instances académiques pour une mise à jour de la richesse de la langue ta maziqht qui ne peut se résumer à l’aune d’une production littéraire dans une graphie imposée par ses promo- teurs qui détiennent les moyens privés et publics, sans aucun impact réel sur la société. 10 A relire la préface du docteur Abad dans l’ouvrage « études linguistique tamazight » du même auteur, édité en 1992, je ne trouve rien à rajouter pour parler des travaux de Cherad ! Ces travaux qui se résument en déductions et amorces de solutions pour faire évoluer l’écriture de ta mazight, se retrouvent par enchantement repris par l’Inalco et autres départements de langue et culture amazighes, sans citer à aucun moment la paternité de Cherad. Son précédent livre (Pour une écriture moderne et standar- disée de la langue maziqhe) a été vendu un peu partout dans le monde (Maroc, Belgique, France, Londres et même aux États-Unis). En Algérie, il a eut un large succès ; la presse en ayant fait un très large écho. Dans ce quatrième ouvrage, en plus du choix ingénieux d’un alphabet débarrassé de ses excroissances, Cherad tire la sonnette d’alarme sur la déperdition du vocabulaire usuel remplacé par des néologismes et des emprunts pléthoriques. Il nous donne de larges lexiques (médical, sport) se réappropriant, ainsi, le vocabulaire ori- ginel de notre langue Choisir les chemins qui mènent vers la société et non ceux qui nous éloignent des locuteurs de la langue. Mhamed Hassani Poète, dramaturge et chroniqueur Aokas le 20 avril 2018 11 Réhabilitation de la langue maziqhe 1 (kabyle). Si, d’une part, nous nous réjouissons de l’usage (bien que mo- déré mais de plus en plus répandu) de néologismes (a selway, ta qhamsa, a neqhlaf, a muli…) et de termes récupérés dans les autres dialectes mazighs, (isalan ; a maynut ; a zâwan ; a trar…), nous déplorons, d’autre part, l’érosion que subit le dialecte kabyle dans le domaine du vocabulaire. Il est bien connu que la plupart des locuteurs Kabyles empruntent sans raison aucune, (à plusieurs langues) et à tort et à travers, des termes étrangers au détriment de termes proprement kabyles et connus de tous. Les emprunts Des vocables d’un usage commun, largement connus, sont remplacés par des emprunts. Exemple du mot emprunté "dewêr " ; il a été substitué à pas moins de cinq (05) verbes authentiques : "enêd" ; "ezi" ; "vren" ; "ettel" ; "etti". Ces derniers expriment tous, bien évidemment, une nuance et une précision qui ajoutent une richesse au langage : - enêd : tourner autour ; tergiverser ; (sens fig.) sinuer ; ("a brid agi y’enêd " : cette route est sinueuse ). - ezi : tourner ; (se ) retourner ; encercler. ("ezin as deg sin yid sen " : ‘ils se sont mis à deux contre lui ). - vren : tordre ; torsader ; se retourner ; endoctriner (sens fig.) (ye vren it : il l’a endoctriné ). Ye vren : (fig. il est bien bâti, musclé). Solide, musclé. - ettel : enrouler ; emmailloter ; emballer. (n’ettel as t’adûdt : on l’a enroulé dans de la laine ). - etti : renverser ; se renverser ; retourner sur l'autre face. (ta charîtt enni t’etti af y idis : la charrette s’est renversée sur le cô- té). Nous noterons que cet emprunt "dewêr " qui a été assimilé (kabylisé) a remplacé «dans la foulée » tous les dérivés (adjectifs ; substantifs…) des verbes auxquels il s’est substitué. Ainsi, le subs- tantif emprunté : "a dewêr " a remplacé les noms : "t’unêda " ; "t’uzzia " ; "a vran " ; t’uttela " ; "t’uttia ". (Nous rappelons que tous 1 Nous tenons à préciser que, bien que nous nous inscrivions dans la politique de la généralisation d’une langue maziqhe (une langue panmaziqhe regroupant tous les dialectes mazighs), la présente étude ne concerne, pour le moment, que le dialecte kabyle. D’ailleurs le même phénomène d’érosion touche tous les dia- lectes mazighs. 12 ces verbes kabyles et leurs dérivés sont connus de tous et utilisés, par commutation*, par toute la population). Certains dérivés de ces mots originels ont été gardés, ex. "ta vernint" (‘toupie’ ou ‘robinet’) de "vren" ; "unûd" (ceinture servant de support, nouet ) ; "unûden" pl. (branchages) de "enêd" ; "t'izin" (les alentours ) de "ezi"; "ti mattalin" pl. (placenta ) de "ettel"; "t’attalt" (langes ) de "ettel"; "On tentera de comprendre l'importance de la contamination dans la formation des emprunts, la généralisation de leur adoption aux divers niveaux de langue, la dérivation qui peut en découler dans un milieu concurremment plurilingue "2. Par cet "a senger "3, nous constatons l’érosion que subit le ka- byle, à l’instar des autres dialectes mazighs. Malheureusement ce vocable "dewêr" n’est pas un cas rare ou unique. Prenons un exemple d'un autre terme emprunté : "lh’adja ", pluriel : "leh’wayedj " qui veut dire, à la fois : chose(s), vêtements et boisson(s), alors que chacun de ces termes est représenté par un mot différent en kabyle : - Lh’adja : ta qhawsa (une chose ). - Leh’wayedj 4: I chêdtiden (des vêtements ) ; [els leh’wayadj inek : "els I chêdtiden inek" : (mets tes vêtements )]. - Lh’adja ou Leh’wayedj : kra n t’isit (des boissons). [an ne sew leh’wayedj : "an5 ne sew kra " : (‘on va uploads/Geographie/ maz-rehabilitation-mai-b.pdf
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- Publié le Sep 14, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
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