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See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.net/publication/323178548 L'épistémologie de la Géographie Déchiffrer l'espace Conference Paper · February 2018 CITATION 1 READS 17,472 1 author: Some of the authors of this publication are also working on these related projects: L'organisation spatiale, l'aménagement de l'espace et le développement territorial en Tunisie View project Amor Belhedi Université de Tunis 90 PUBLICATIONS 108 CITATIONS SEE PROFILE All content following this page was uploaded by Amor Belhedi on 14 February 2018. The user has requested enhancement of the downloaded file. L’épistémologie de la Géographie. Déchiffrer l’espace Amor Belhedi, AGT, Ecole Normale supérieure, 14 février 2018 à 14 h 1 L’épistémologie de la Géographie Déchiffrer l’espace Amor Belhedi Professeur Emérite, FSHS, Université de Tunis Membre Correspondant à l’Académie Tunisienne des Sciences, des Lettres & des Arts amorbelhedi@yahoo.fr http://amorbelhedi.unblog.fr Communication de présentation de l’ouvrage : « Epistémologie de la Géographie. Déchiffrer l’espace ». Amor Belhedi. Centre de Publication Universitaire (CPU), Tunis, 297p. Association des Géographes Tunisiens, Ecole Normale Supérieure, mercredi 14 février 2018 à 14 h. On pourrait se demander à quoi sert la géographie, à part la connaissance des lieux et servir de guide pour la découverte des lieux et des voyages ? N’est-elle pas une culture des lieux, des contrées et des paysages dans leur diversité, leur originalité et leur exotisme ? C’est l’image mentale qu’on trouve chez la plupart des gens qui ont quitté la géographie avant ou avec le Bac1. L’évolution a été très lente entre sa naissance au V° siècle avant J.C avec Hérodote, surtout Eratosthène (276-194 avant J.C) qui lui donne le nom de Geographia comme description (graphien) de la Terre (geo), et la fin du XIX°. Mais depuis Vidal de La Blache qui considérait que « la géographie est la science des lieux et non des hommes » (1922) et la géographie actuelle considérée plutôt comme l’« étude du territoire » (Ferrier J-P 1983), la science du territoire « La géographie est la science du territoire. Elle est la forme territoriale de l’action sociale » selon A Turco (1988) qui propose le terme d’Homo geographicus, la Géographie a connu de grands bouleversements en moins d’un siècle. Dans l’ouvrage, une idée directrice, la géographie est devenue au cours du XX° siècle une science plus humaine, sociale dans la mesure où elle ne s’occupe pas seulement de l’Homme en général, mais de la société, de l’homme social dans sa dimension spatiale. Il s’agit de l’homme spatial, de la base et de l’action territoriales de la société. 1- Une présentation simplifiée sans être réductrice L’ouvrage est organisé sous la forme d’un texte, suivi de citations et de textes de références permettant au lecteur de retrouver des textes originels. Le chapitre 7, intitulé « La géographie au pluriel. Des définitions et des textes », regroupe 147 définitions et 47 textes originels qui n’ont pas été analysés en détail pour laisser au lecteur la liberté de réflexion. L’ouvrage se termine par un lexique succinct et simple des termes basiques utilisés. Nous avons pensé à une rubrique « commentaire de texte », exercice très familier dans des disciplines comme la philosophie, la sociologie ou l’histoire, mais guère en géographie. Nous y avons 1 Un extrait du livre Le Petit Prince, d’Antoine de Saint Exupéry, Gallimard, 1ère édition, 1945 : – Quel est ce gros livre ? dit le petit prince. Que faites-vous ici ? – Je suis géographe, dit le vieux monsieur. – Qu’est-ce qu’un géographe ? – C’est un savant qui connaît où se trouvent les mers, les fleuves, les villes, les montagnes et les déserts. – Ça, c’est bien intéressant, dit le petit prince. Ça, c’est enfin un véritable métier ! L’épistémologie de la Géographie. Déchiffrer l’espace Amor Belhedi, AGT, Ecole Normale supérieure, 14 février 2018 à 14 h 2 renoncé pour éviter de dépasser un certain volume de l’ouvrage. L’analyse du contenu, discours sur le discours, est très instructive pour celui qui s’attache au sens. L’exercice est très instructif et on y apprend beaucoup mais nécessite une maîtrise de la langue pour pouvoir dégager les nuances, les détours de style et déceler « le voilé » derrière les mots qui paraissent à première vue, linéaires et simples. Le propre de l’épistémologie, n’est-il pas de dévoiler le caché, le sous- jacent, le non-dit contrairement à l’idéologie dont le but est de voiler ce qui est évident ? Ce courant s’est développé très récemment en Géographie, depuis les années 1980, à travers l’analyse des textes de géographes2 alors qu’au début cet exercice était considéré comme une hérésie disciplinaire pour ceux qui considèrent que l’objet de la géographie est seulement l’espace concret, mais l’objet est-il suffisant pour définir une science ? 2-Un souci conceptuel constant : la veille épistémologique L’ouvrage répond à la carence théorique et conceptuelle et à la prééminence de l’empirisme, estimant que s’occuper de l’espace concret nous dispense de la réflexion théorique et épistémologique. Cette carence a été bien relevée par Schaeffer dès 1953 et Ullmann en 1941 mais surtout dans les années 1960 avec Bunge (1962, 1966) ou Harvey (1969) dans le monde anglosaxon bien avant la Géographie européenne, notamment francophone qui va suivre le mouvement vers la fin des années 1970 et surtout les années 1980, Paul Claval présentait en 1977 la nouvelle Géographie, un acte déjà accompli de l’autre côté de l’Atlantique, elle ne faisait que commencer en France. Dans le reste du monde, il fallait attendre un peu plus pour commencer à reconnaitre le statut théorique de la discipline. Je me rappelle très bien des débats suscités au début par la volonté d’introduire l’épistémologie dans le Master à la Faculté des Sciences Humaines & Sociales de Tunis d’abord, dans la Licence fondamentale de Géographie dans les années 2010 par la suite. Cet ouvrage est aussi le fruit d’un long parcours personnel qui n’a pas été facile, ni linéaire. Il a été le produit du contact avec le terrain et la réalité « expérientielle »3 à travers l’enseignement qui, bien que contraignante, a été fort instructive. Le souci de précision des termes et des concepts utilisés contribue parfois à remettre en question le discours véhiculé qu’on croyait évident, se mettre en question ce qui est parfois déstabilisant mais nécessaire. La pertinence des résultats obtenus dépend toujours de celle des idées formulées, des outils employés et des méthodes utilisées pour les obtenir, les concepts constituent un de ces outils fondateurs et opératoires de toute science. Le souci constant de pertinence fait qu’une véritable veille épistémologique, sécuritaire contraignante mais salvatrice, s’instaure au fil du temps. Elle est contraignante dans la mesure où on perd parfois les pédales lorsque rien n’est acquis pour une vérité absolue, ce qui est fatiguant à la longue ; on a souvent besoin d’illusions et de sécurité. Elle est salvatrice dans la mesure où elle permet d’éviter les multiples écueils, de s’ouvrir sur l’autre, d’utiliser les termes les plus appropriés aux idées à exprimer tellement le langage que nous utilisons est souvent imprécis, ambivalent et polysémique. Le problème se pose encore plus pour les concepts disciplinaires basiques qui fondent une discipline dans la mesure où le concept est un terme qui véhicule une représentation de la réalité, exprime une 2 De nombreux travaux ont porté sur les textes de géographes de la fin du XIX et début XX° siècle comme Paul Vidal de La Blache, Elisée Reclus ou plus récemment sur certains textes de Raffestin ou Di Méo. Cf les travaux de Paul Claval notamment : « Pour le cinquantenaire de la mort de Paul Vidal de La Blache. Presses Univ Franche- Comté, 1968, 130), « Autour de Vidal de la Blache : la formation de l’école française de géographie. CNRS éditions, 1993, 159p », ou « Géographies et géographes, L’Harmattan, 386p, 2007, Coll. Géographie en liberté, 386p », le dictionnaire électronique Hypergeo : www.hypergeo.eu pour la définition de certains concepts comme le territoire, à travers les textes de trois géographes (Di Méo, Raffestin, Le Berre) : http://www.hypergeo.eu/ spip.php?page=recherche&recherche=territoire, Mémoires de géographes (Gould P, Bailly A, 2000, 290p, Anthropos), Elisée Reclus : Géographe, anarchiste, écologiste (Vincent J-D, 2011, Groupe R Laffont, 412p)… 3 Terme emprunté à Bédard M (2017) qui utilise le terme « expérientiel » pour le différencier de l’expérimental. L’épistémologie de la Géographie. Déchiffrer l’espace Amor Belhedi, AGT, Ecole Normale supérieure, 14 février 2018 à 14 h 3 théorie et une vision du monde (Belhedi A 1998), le concept constitue la limite de l’empirie (Raffestin C et Lévy B 1978). C’est ainsi lorsqu’on parle par exemple d’espace, d’organisation spatiale ou de géographie. Toute science se fonde sur un nombre fini, plus ou moins important, de concepts4, sa précision et sa pertinence en dépendent et la distinguent de la culture générale. La veille épistémologique est nécessaire, la Géographie a connu en moins d’un siècle un glissement de son objet, un élargissement de son terrain et une diversification de ses problématiques. On nous dit souvent, certains d’entre nous l’ont aussi répété à leurs étudiants, qu’« en Géographie il suffisait d’ouvrir les yeux et le uploads/Geographie/ epistmologiedelagographie-dchiffrerlespace-pdf.pdf
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- Publié le Mar 27, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
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