Dr Immanuel VELIKOVSKY Mondes en Collision Traduction Stock intégralement revue

Dr Immanuel VELIKOVSKY Mondes en Collision Traduction Stock intégralement revue et corrigée par Carole Hennebault d'après le texte original du Dr Immanuel Velikovsky (c) 2003 Le jardin des Livres Paris 1 ~ Vénus I~ La plus incroyable des histoires La plus incroyable histoire de miracles est racontée à propos de Josué, fils de Noun, qui, poursuivant les rois de Canaan à Beth-Horon, supplia le Soleil et la Lune de s'immobiliser. « Il dit, en présence des Israélites : "Soleil arrête-toi sur Ga- baon, et toi, Lune, sur le val d'Ajalon". Et le Soleil s'arrêta et la Lune se tint immobile, jusqu'à ce que le peuple se fût vengé de ses ennemis. Cela est écrit dans le livre du Juste. Le Soleil s'arrêta au milieu du ciel et ne se hâta pas de se coucher pendant presque un jour entier 1 » Cette histoire paraît incroyable, même aux personnes les plus pieuses ou les plus imaginatives. On pourrait admettre qu'une mer dé- chaînée ait anéanti une armée, et en ait épargné une autre ; que la terre se soit ouverte, engloutissant des êtres humains ; que le cours du Jour- dain se soit trouvé bloqué par l'effondrement d'une partie de sa rive ; que les murs de Jéricho aient été abattus, non par la clameur des trom- pettes, mais par un tremblement de terre. Mais que le Soleil et la Lune aient interrompu leur course à tra- vers le firmament, voilà qui est pur produit de la fantaisie, image poéti- que, métaphore2, monstrueuse invraisemblance, qui défie le sens com- mun3, invention méprisable qui peut-être même trahit une sorte d'irrespect à l'égard du Créateur. Pour la science de notre temps, et non pour celle de l'époque où furent écrits le Livre de Josué et le Livre du Juste, pareil événement impliquerait que la Terre cessât, un certain temps, de tourner, sur sa route assignée. Une telle perturbation est-elle concevable ? On ne dé- couvre pas le moindre indice de désordre dans les annales actuelles de la Terre. Chaque année comprend 365 jours 5 heures et 49 minutes. 1 Livre de Josué 10-12, 13. Note de l'époque du traducteur Morisset: « presque toutes les citations de la Bible sont empruntées à la version des moines de Maredsous. Cependant, certaines expressions, points de dé- part à des développements importants, ont été directement traduites de l'anglais ». 2 « Il est certain qu'on n'aurait pu imaginer fiction plus efficace ni plus propice à étayer une grande compo- sition héroïque et lyrique » - G. Schiaparelli, Astronomy in the Old testament (1905), p. 40. 3 W. Whiston a écrit dans sa Nouvelle théorie dela Terre (6e éd. 1755) pp. 19-21, sur ce miraculeux arrêt du Soleil : «Les Ecritures ne se proposaient pas d'enseigner la philosophie aux hommes, non plus que de s'accorder avec la représentation pythagoricienne de l'Univers», et, plus loin : « Les prophètes écrivains sa- crés, peu ou point philosophes, étaient incapables de représenter ces choses autrement qu'ils ne les compre- naient, eux et le vulgaire» . 2 L'abandon par la Terre de sa rotation régulière est impensable, sauf dans le cas très improbable où notre planète rencontrerait un au- tre corps céleste d'une masse suffisante pour interrompre la trajectoire éternelle de notre monde. Il est bien vrai que des aérolithes ou météorites tombent conti- nuellement sur notre Terre, quelquefois par milliers et dizaines de mil- liers. Mais on n'a jamais perçu le moindre désordre dans la rotation de la planète elle-même. Cette dernière remarque n'exclut pas la possibili- té d'un heurt entre un corps plus grand ou plus petit - isolé ou en groupe - et la Terre. Le grand nombre d'astéroïdes qu'on distingue en- tre les orbites de Mars et de Jupiter suggère aussi qu'à une époque indé- terminée une autre planète y était présente. Il est possible qu'une co- mète soit entrée en collision avec elle et l'ait fracassée. Maintenant ces météorites suivent approximativement la trajectoire que suivait la pla- nète détruite dans sa révolution autour du Soleil. Il n'est guère proba- ble qu'une comète puisse entrer en collision avec notre planète ; cepen- dant l'idée n'est pas absurde. Le mécanisme céleste fonctionne avec une précision presque absolue. Mais dans le ciel errent par milliers, par millions, des comètes qui ont perdu leurs trajectoires, et leur interfé- rence peut perturber l'harmonie céleste. Quelques-unes de ces comètes appartiennent à notre système. Périodiquement elles reviennent, mais à des intervalles assez irréguliers, à cause de l'attraction des grandes planètes, au moment où elles s'en approchent trop. Mais d'autres co- mètes, innombrables, et décelables au seul télescope, arrivent à très grande vitesse des espaces incommensurables de l'Univers, et disparais- sent, peut-être à jamais. Certaines comètes ne sont visibles que quel- ques heures, d'autres des jours, des semaines ou même des mois. Se pourrait-il que la Terre, notre Terre, se rue, au risque d'une collision pleine de périls, vers une énorme masse de météorites, une traînée de pierres tournant à une vitesse vertigineuse à travers notre système solaire ? Cette hypothèse a été analysée avec passion au cours du siècle dernier. Depuis l'époque où Aristote avait affirmé qu'un météorite avait été soulevé de terre par le vent, emporté dans les airs, et qu'il s'était abattu à Aegospotamos ( alors qu'une comète brillait dans le ciel ) , jusqu'en 1803 ( 26 avril ) , où de nombreux météorites tombè- rent à L'Aigle en France et furent examinés par Biot, représentant l'Académie des Sciences, tout le monde scientifique, les Copernic, Ga- lilée, Képler, Newton et Huygens, jugeait absolument impossible qu'un seul bloc pût s'abattre sur la Terre : tout cela malgré les nom- breux cas de pierres tombées sous les yeux mêmes de la foule. Ainsi un météorite s'abattit en présence de l'empereur Maximilien et de sa cour 3 à Ensisheim*, en Alsace, le 7 novembre 14924. Juste avant 1803, l'Académie des Sciences de Paris refusait en- core d'ajouter foi à un phénomène similaire. La chute de météorites, le 24 juillet 1790, dans le Sud-Ouest de la France, fut déclarée « un phéno- mène physique impossible »5 . Depuis 1803, cependant, les scientifiques admettent que des pierres tombent du ciel. Si une ou plusieurs pierres peuvent entrer en collision avec la Terre, une comète entière pourrait- elle faire de même ? On a calculé que cette possibilité existe, mais qu'elle est improbable6. Si la tête d'une comète passait suffisamment près de notre tra- jectoire pour dévier la course de la Terre, un autre phénomène, outre la perturbation de la trajectoire terrestre, se produirait sans doute : une pluie très dense de météorites frapperait la Terre ; des blocs incandes- cents, après avoir traversé l'atmosphère, frapperaient leur but en pleine violence. Dans le Livre de Josué, deux versets avant le passage où il évo- que l'arrêt du Soleil pendant plusieurs heures, nous trouvons ces mots : « comme ils [ les rois de Canaan ] fuyaient devant Israël, à la des- cente de Beth-Horon, le Seigneur lança sur eux du ciel une averse "de gros- ses pierres" jusqu'à Azéca ; et ceux qui moururent sous cette averse de grêle [ pierres de barad ] furent plus nombreux que ceux que les Israélites firent périr par l'épée » ( Josué 10-11 ) . L'auteur du Livre de Josué ignorait certainement la relation en- tre les deux phénomènes. On ne peut prétendre qu'il ait possédé la * Note JdL: chaque année au mois de juin est organisé à Ensishem ( en Alsace ) un salon des pierres cé- lestes ou on peut acheter des météorites... La confrérie des gardiens de la météorite de l'empereur est toujours là... 4 C.-P. Olivier, Meteors (1925), p.4. 5 P. Bertholon, Publicazioni della specola astronomica Vaticana (1913). 6 D.F. Arago a un jour calculé qu'il y avait une chance sur 280 millions pour qu'une comète entre en collision avec la Terre. Néanmoins, il existe dans l'Arizona un cratère de 1.500 mètres de diamètre, produit par la collision d'une petite comète ou d'un astéroïde avec la Terre. Le 30 juin 1908, un bloc de fer de 40.000 tonnes s'abattit en Sibérie par 60 degrés 56' latitude nord et 101 degrés 57' longitude est. En 1946, la petite comète de Giacobini-Zinner passa à moins de 211.000 Kms du point de passage de la Terre huit jours plus tard. Tandis que je recherchais si la collision Terre-comète avait été l'objet de discussions antérieures, je découvris que W. Whiston, successeur de Newton à Cambridge et con- temporain de Halley, tentait déjà de prouver, dans sa « Nouvelle théorie de la Terre » (première édit. 1696) que la comètede 1680 à laquelle il attribuait (inexactement) une période de 575 ans et demi pro- voqua le déluge biblique lors d'une lointaine rencontre avec la Terre. Cuvier, qui était incapable d'of- frir une explication personnelle des causes des grands cataclysmes, se réfère à la théorie de Whiston en ces termes : «Whiston s'étonnait que la Terre eût été créée de l'atmosphère d'une comète et qu'elle eût été inondée par la queue uploads/Geographie/ nobiru-mondes-en-collision-immanuel-velikovsky.pdf

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