Université Mohamed Premier Faculté des sciences juridiques, économiques et soci
Université Mohamed Premier Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales - Oujda – Option : MASTER ECONOMIE, FINANCE ET DEVELOPPEMENT Module : THEORIES DU DEVELOPPEMENT LOCAL Réalisé par : Encadré par : MR. EL OUDRI ABDELKADER Ouachani Anas Années universitaire 2019/2020 ESPACE ET THEORIE ECONOMIQUE Introduction Situer dans le temps le début de réflexion sur l’espace n’est pas une tache évidente. Néanmoins, on sait que durant l’antiquité, la pensée économique fait des relations ville/campagne la base de l’organisation de l’espace et qu’au Moyen Age, la justice spatiale est au centre des préoccupations des auteurs. Elle est souhaitable entre les régions, les royaumes et seigneuries et entre villes et campagnes. En étudiant la mobilité des hommes, des capitaux et des entreprises, les auteurs préclassiques du XVIe et XVIIIe siècles cherchaient, quant à eux, à comprendre les processus conduisant à la formation des équilibres et des déséquilibres spatiaux. Ils intègrent dans leurs analyses trois types de circuits possibles : le circuit international, le circuit interrégional et le circuit ville/campagne. L’apparition de déséquilibre ou de l’équilibre spatiale dépend de rapports (coopération/domination) qu’entretiennent les différents points d’un circuit donné. Le XIXe siècle marque une période de déclin de l’intérêt qu’accordent les économistes aux problématiques spatiales. En effet, du début du XIXe siècle jusqu’aux années 1950, période correspondant à la prédominance du paradigme néoclassique dans la science économique, l’espace occupe une place marginale et ambiguë dans la pensée économique. Cette négligence donne l’impression que les activités économiques se déroulent sur une tête d’épingle et que l’économie est une sorte de « wonderland of no spatial dimensions ». En parallèle à ce marginalisme économique en vogue dans le monde anglo-saxon, se développe en Allemagne un ensemble de courants de pensée qui rejettent les thèses a-spatiales néoclassiques et dont les travaux portent essentiellement sur les problématiques de l’organisation de l’espace. Cependant, Si les travaux des cameralistes sont réputés pour avoir tenté de structurer économiquement les territoires allemands durant le XVIIe et le XVIIIe siècles, et ceux des spatialistes allemands pour avoir jeté les bases de l’analyse spatiales durant le XIXe et le XXe siècles, leur impact demeure largement interne et méconnu à l’étranger. Ce mouvement est vite relayé à partir du début des années 1950 par les travaux de l’école américaine, la Regional Science Association (RSA) et dans les années 1960 par les différents courants de la Science Régionale de l’Europe occidentale, entre autres l’Association de Science Régionale de Langue Française (ASRDLF). La Science régionale est perçue en Europe, en URSS et aux USA comme un outil permettant un aménagement du territoire sur des bases scientifiques. Le retournement des hiérarchies spatiales durant les années 1970 a apporté une approche différente dans l’analyse des dynamiques spatiales. La capacité d’un milieu territorial à endogénéiser son développement grâce aux jeux combinant marché et proximité devient l’hypothèse principale des différents courants scientifiques qui s’intéressent désormais aux problématiques du développement régional. L’intérêt de ce document est de dresser d’une part, un Panorama et un survol de la littérature concernant la prise en compte de la dimension de l’espace dans les théories économiques, et d’autre part, d’analyser les différentes manières dont il est appréhendé depuis les préclassique à nos jours. SOMAIRE Introduction Chapitre 1 : LES INTUITIONS THEORIQUES SUR L’IMPORTANCE DE LA DIMENSION SPATIALE DANS L’ANALYSE ECONOMIQUE Section 1 : L’espace dans la pensée économique préclassique 1- William Petty et la concentration urbaine 2- Richard Cantillon et le déséquilibre spatial 3- Stueart et le renforcement de l’urbanisation par la compagne Section 2 : l’espace dans la pensée économique classique 1- Adam Smith et les espaces nationaux 2- David Ricardo et la prise en compte du facteur terre 3- La conception de l’espace chez J Baptiste Say Chapitre 2 : RACINES ET PROLONGEMENT INTELECTUELLES DE L’ECONOMIE SPATIALE Section 1 : Précurseurs et théories pionnières de l’analyse économique de l’espace 1- Von Thunen et Alfred Weber : distance et organisation de l’activité économique 2- Marshall : effets d’agglomération, atmosphère industrielle et districts industriels, éléments fondateurs d’une lecture économique de l’espace 3- La loi de Hotelling ou la concurrence en ligne droite (effets d’agglomération et rapports de concurrence) 4- W. Cristaller et A. Lösch : La théorie des lieux centraux Section 2 : prolongement théorique et la naissance d’une discipline (l’économie spatiale) 1- La théorie de la causalité cumulative 2- Le modèle monocentrique de William Alonso 3- Les pôles de croissance de Perroux 4- Les Paradigmes de Claude Ponsard CHAPITRE 3 : LES THEORIES CONTEMPORAINES DE L’ECONOMIE SPATIALE ET TERRITORIALE 1- Le District italien 2- Le milieu innovateur du GREMI 3- Krugman et la Nouvelle économie géographie 4- La théorie de la proximité ou la stratégie des acteurs CONCLUSION Chapitre 1 : Les Intuitions théoriques sur l’importance de la dimension de l’espace dans l’économie Les théories économiques spatiales modernes ne sont pas de création ex nihilo, leurs fondements s’appuient sur des travaux qui leur sont antérieurs et qui ne cessent de les alimenter et de les enrichir constamment. A ce propos Dockès (1969) écrit « La théorie spatiale d’aujourd’hui et celle des XVIIe et XVIIIe siècles se développement autour de concepts voisins ». Section 1 : L’espace dans la pensée économique préclassique Durant la période préclassique, les réalités de l’espace économique sont analysées en termes de moyens et de voies de communication, de courants commerciaux et des centres de négoce, de la répartition des villes et de la localisation des implantations industrielles, de l’occupation du sol dans l’agriculture, d’obstacles à la mobilité des hommes, des marchandises et des capitaux, etc. 1- William Petty et la concentration urbaine Très influencé par la philosophie libérale de Hobbes et convaincu de la supériorité des lois naturelles sur les lois positives. Petty, est partisan d’une inégale répartition de richesses entre les nations, les régions, les hommes, la ville et la campagne, la capitale et les provinces, etc. Pour lui, ce sont ces inégalités spatiales qui conduisent à l’échange et à la prospérité, elles paraissent donc légitimes et naturelles. Une telle organisation favorise d’une part ; la division du travail qui permet une production abondante, moins coûteuse et de meilleure qualité : « Dans une grande cité, il sera aisé de diviser le travail […], les industries s’y engendreront l’une l’autre, et chaque industrie sera divisée en autant de parties que possible, afin que le travail de chaque artisan soit simple et facile » (Petty, 1905). Et d’autre part, l’avènement de la concurrence qui pousse à la baisse des prix et à l’amélioration de la qualité « nous voyons de même que dans les villes et dans les rues d’une grande ville où tous les habitants font le même commerce, le produit spécial à ces endroits est mieux fait et moins coûteux qu’ailleurs » (Petty, 1905). En étudiant le cas de Londres et le rôle capital de River Thames (Tamise) sur son expansion, il montre le rôle important des voies de communications et des moyens de transport sur l’apparition et le développement des villes. Les avantages d’une grande ville résident dans sa capacité à raccourcir les circuits économiques en concentrant en un lieu peu étendu les populations, les artisans, les marchands, etc. Si la concentration urbaine occupe la grande partie des travaux de Petty, l’espace rural n’est pas exclu de ses analyses. Plus d’un siècle avant von Thünen, il étudie les rapports entre villes et campagnes, en s’intéressant principalement à la localisation des activités agricoles et à la formation de la rente foncière. Il schématise le lien entre la ville et la rente comme suit : l’accroissement de la demande agricole de la ville provoque la hausse des prix des denrées alimentaires qui engendre à son tour l’accroissement de la rente dont dépend le prix de la terre. 2- Richard Cantillon et le déséquilibre spatial Quelques années plus tard, les travaux de Petty inspirent ceux de Cantillon. En revanche, ces deux auteurs, s’opposent radicalement sur la perception de l’organisation de l’espace et surtout sur les relations entre villes et campagnes. Si Petty est partisan des inégalités spatiales et de la concentration, Cantillon prône la justice spatiale et la dispersion. Dans « Essai sur la nature du commerce en général », Cantillon donne une vue d’ensemble de la vie économique en étudiant la répartition des populations et de leurs activités ainsi que les relations interrégionales. Pour lui, la structuration de l’espace résulte de la contrainte des coûts de transport croissants avec la distance, d’où l’emboîtement hiérarchique des villages, des bourgs, des villes et de la capitale. Le groupement d’un ensemble d’aires de dimension inférieure donne naissance à une aire de dimension supérieure. En effet, le village naît de la nécessité des cultivateurs de vivre tout près de leurs terres. Le besoin de s’approvisionner en outils et d’écouler leurs denrées fait naître un marché où plusieurs petits entrepreneurs, marchants et artisans sont encouragés à s’y établir, le village s’agrandit pour se transformer ainsi en bourg. Ce dernier devient à son tour une ville après s’y installer les seigneurs et les grands propriétaires terriens. Les relations ville-campagne sont structurellement déséquilibrées en faveur de la uploads/Geographie/ espace-et-theorie-economique-anas-ouachani.pdf
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- Publié le Jui 07, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
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