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L’investissement étranger, moteur de la réindustrialisation au Royaume-Uni ? Louisa Toubal, L’investissement étranger, moteur de la réindustrialisation au Royaume- Uni ?, Paris, Presses des Mines, 2018. ISBN : 978-2-35671-498-5 © Presses des MINES - TRANSVALOR, 2016 60, boulevard Saint-Michel - 75272 Paris Cedex 06 - France presses@mines-paristech.fr www.pressesdesmines.com © La Fabrique de l’industrie 81, boulevard Saint-Michel - 75005 Paris - France info@la-fabrique.fr www.la-fabrique.fr Couverture : la Battersea Power Station est une des premières grandes centrales électriques au charbon d’Angleterre. Elle fait partie du paysage londonien depuis les années 1930. Sa production a été arrêtée en 1983, c’est aujourd’hui un bâtiment historique londonien. Crédit photographique : © Cheoh Wee Keat Gettyimages Direction artistique : Franck Blanchet Infographies : Cécile Chemel Mise en pages : Sandra Rodrigues Dépôt légal 2018 Achevé d’imprimer en 2018 - Imprimeur Chirat - 42540 Saint-Just-la-Pendue Tous droits de reproduction, de traduction, d’adaptation et d’exécution réservés pour tous les pays. L’investissement étranger, moteur de la réindustrialisation au Royaume-Uni ? par Louisa Toubal 4 L’investissement étranger, moteur de la réindustrialisation au Royaume-Uni ? Préface 7 Résumé 11 Introduction 17 CHAPITRE 1 Désindustrialisation et choix politiques britanniques 19 Un choix politique : une économie fondée sur les services et très ouverte au monde 19 Les conséquences de la désindustrialisation 26 Le retour de la politique industrielle suite à la crise de 2008 et au Brexit 32 COMMENTAIRE Désindustrialisation et politiques publiques : France et Royaume-Uni, deux modèles opposés ? 44 CHAPITRE 2 Les IDE, moteur des transformations de l'économie britannique ? 47 L'impact des IDE sur l'industrie britannique 47 Les facteurs d'attractivité des IDE 55 Intégration des IDE dans l'économie régionale britannique : une réalité hétérogène 60 Études de cas : impacts géographiques et sectoriels des IDE 67 5 Sommaire COMMENTAIRES Une expérience française d'accueil d'investissements étrangers : Toyota à Valenciennes 84 Pourquoi et comment attirer des centres de décision ? 90 Le Royaume-Uni restera-t-il une destination privilégiée pour les investisseurs étrangers ? 94 Conclusion 97 Bibliographie 101 Remerciements 109 ANNEXES Annexe 1. Définition des IDE 111 Annexe 2. Le recensement des implantations internationales et des créations d'emplois 112 Annexe 3. Carte des régions britanniques 114 Annexe 4. Zones assistées 115 Annexe 5. Liste des personnes auditionnées 116 7 Préface La décision du peuple britannique en faveur du « Brexit », en juin 2016, a provoqué une onde de choc politique dans toute l’Europe. Depuis, de nombreux analystes ont tenté de comprendre ce choix d’une sortie de l’Union européenne : la désindustrialisation conti- nue du pays pendant plusieurs décennies est l’un des premiers facteurs explicatifs mis en avant. C’est indéniable : les pouvoirs publics britanniques ont pris conscience trop tard de l’im- portance de l’industrie pour la performance et la stabilité de leur économie. Il aura fallu la crise financière de 2008 pour que soient révélées les limites d’un modèle économique fondé principalement sur les services et que soient posés les premiers jalons d’une nou- velle stratégie industrielle. Ce changement de cap, qui doit être confirmé dans les années à venir, n’est pour autant pas un virage à 180 degrés. Pragmatiques, les pouvoirs publics britanniques capitalisent sur les atouts historiques du pays, et notamment sur l’attrait de nombreux investisseurs étrangers pour participer à la reconquête industrielle du pays. Le Royaume-Uni est donc un « terrain » de choix pour tenter de répondre à une question qui nous occupe depuis longtemps en France : qu’est-ce qui, du patriotisme économique ou de l’ouverture franche au capitalisme mondial, offre les meilleures garanties d’une prospérité durable ? Comme le montre cet ouvrage, les effets des investissements étrangers (IDE) au Royaume- Uni sont complexes. D’un côté, il est clair que le rachat de fleurons nationaux par des entreprises à capitaux étrangers a ralenti (et non précipité) le mouvement de désindus- trialisation du pays. D’un autre côté, les IDE ne sont pas une recette miracle, un outil qui suffirait à lui seul à enclencher une phase de ré-industrialisation durable, même à l’échelle d’un territoire ou d’un secteur industriel. Comme le montrent les études de cas relatées dans les pages qui suivent, attirer des entreprises étrangères ne suffit pas, il faut encore savoir les retenir et les inciter à investir davantage. Certains territoires exemplaires montrent la voie, en rivalisant d’ingéniosité pour exploiter au mieux les gains liés à ces implantations étrangères. 8 L’investissement étranger, moteur de la réindustrialisation au Royaume-Uni ? Mettant en exergue des choix politiques et réglementaires différents entre le Royaume-Uni et notre pays, cet ouvrage apporte un éclairage bienvenu dans le débat sur la nationalité des entreprises et le contrôle des investissements. En outre, il permet au lecteur de mesu- rer l’ampleur des défis auxquels l’économie britannique est maintenant confrontée dans le contexte du Brexit et auxquels une politique industrielle intelligente et moderne devra savoir répondre. Pierre-André de Chalendar Coprésident de La Fabrique de l’industrie 11 Résumé Depuis des décennies, le Royaume-Uni fait de l’attraction d’entreprises étrangères un élément-clé de sa politique industrielle. Les pouvoirs publics ont en effet eu très tôt la conviction que la pénétration des capitaux étrangers se traduisait par des retombées posi- tives sur le tissu économique national. L’économie britannique montre, à ce titre, que l’on peut soutenir l’industrie nationale sans chercher à préserver coûte que coûte les champions locaux. Il serait cependant naïf de penser que cette ouverture internationale suffit à elle seule à garantir une industrie dynamique et résiliente. Les investissements directs étran- gers (IDE) ne sont qu’un des ingrédients nécessaires à la réindustrialisation des territoires. Pour produire des effets durables, la politique de promotion des IDE doit s’accompagner de mesures de développement économique local (infrastructures, soutien aux entreprises et aux compétences, etc.). Par ailleurs, la renaissance du secteur automobile au Royaume-Uni ou la timide reprise de l’emploi industriel ne doivent pas occulter une réalité nationale plus contrastée, sur fond de paupérisation des actifs et d’accroissement des disparités régionales. Si le Royaume- Uni a prouvé par le passé sa forte capacité de rebond, son avenir dépendra beaucoup de l’issue des négociations sur sa sortie de l’Union européenne (UE). Une désindustrialisation rapide mais qui semble endiguée depuis 2011 Beaucoup d’observateurs considèrent que le Royaume-Uni n’est plus une grande nation industrielle mais un pays qui a « fait le choix des services » et notamment des services financiers1. De nombreux champions industriels britanniques ont disparu ou été rachetés par des concurrents étrangers. Le déclin a été rapide : en 1970, le secteur manufacturier contribuait à hauteur de 25 % à la richesse nationale mais, en 2015, il n’en représentait plus que 8,7 %. En France, sur la même période, cette part est passée de 20 % à 10 %2 . 1 - Le président Sarkozy, dans un discours télévisé le 5 février 2009, avait heurté le gouvernement britannique en déclarant : « La Grande-Bretagne n’a plus d’industrie, à la différence de la France. Parce que l’Angleterre, il y a vingt-cinq ans, a fait le choix des services, et notamment des services financiers. » 2 - Le Royaume-Uni est toujours derrière la France si l’on inclut le secteur énergétique et les industries extractives dans l’industrie. Le secteur industriel, dans cette acception élargie, représentait 11,8 % du PIB britannique en 2015 et 12,6 % en France. 12 L’investissement étranger, moteur de la réindustrialisation au Royaume-Uni ? De même, la part de l’emploi manufacturier britannique s’est presque réduite de moitié, passant de 15,5 % en 1995 à 8 % en 2015 et de 14,8 % à 9,7 % en France sur la même période. Pour autant, le Royaume-Uni n’est pas seulement une économie de services. Le pays a su conserver de nombreux atouts dans des secteurs tels que la pharmacie, l’automobile ou encore l’aéronautique. De plus, depuis 2011, l’industrie britannique semble connaître une période moins sombre : les destructions d’emplois dans le secteur ont cessé, à l’inverse de notre pays ; 23 000 emplois manufacturiers ont même été créés entre 2011 et 2016, donnant l’espoir d’une reprise industrielle. Les investissements directs étrangers au service du développement des territoires industriels À l’inverse de ses concurrents, le Royaume-Uni s’est ouvert très tôt aux investissements directs étrangers (IDE), les dirigeants britanniques étant convaincus de l’apport positif de ces derniers à l’économie. L’attractivité du pays pour les IDE s’appuyait sur sa tradi- tion marchande, sa langue et ses relations commerciales historiques avec les États-Unis. La mise en place dans les années 1980 de politiques de libéralisation et de dérégulation massives par le gouvernement Thatcher a renforcé cette attractivité au moment où une politique favorable au développement des services contribuait surtout à la prospérité de Londres. Les pouvoirs régionaux et locaux ont attiré les IDE par des incitations, parfois conditionnées à la création d’emplois dans les régions d’implantation. Résultat : en 2016, le Royaume-Uni est la destination privilégiée, tous secteurs confondus, des investisseurs en Europe et se classe au deuxième rang européen pour l’accueil de pro- jets industriels. Les IDE ont contribué au développement économique des régions et limité le déclin de certains vieux territoires industriels. Le rachat d’entreprises emblématiques (comme Jaguar et Land Rover) par des entreprises uploads/Geographie/ experience-erangere-france-et-g-bretagne.pdf

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