LA FORET AMAZONIENNE : UN PAYSAGE FORESTIER, UN PAYSAGE NATUREL ? Par Marie Fra
LA FORET AMAZONIENNE : UN PAYSAGE FORESTIER, UN PAYSAGE NATUREL ? Par Marie Françoise FLEURY, docteur en géographie, professur au collège de Gasny Cette mise au point répond à plusieurs objectifs - Démystifier l’Amazonie. - Montrer que l’Amazonie n’est pas qu’une forêt équatoriale. - Etre amener à découvrir l’hétérogénéité de la forêt amazonienne. - Faire comprendre que la forêt est loin d’être détruite partout mais essentiellement le long des axes routiers et que sans cesse les fronts pionniers progressent vers l’Ouest. - Réaliser que l’exploitation économique de l’Amazonie n’est pas seulement forestière. - Montrer que l’Amazonie est un centre d’enjeux géopolitiques, économiques, écologiques. Elle peut répondre à différentes questions des programmes de géographie 6 ème : un paysage de faible occupation humaine, la grande forêt amazonienne 5 ème : le Brésil 2de : la transformation des milieux par les hommes ; le rôle des frontières Terminale : agriculture et développement en Amérique latine Elle comprend trois parties - une mise au point scientifique - un résumé en deux pages - un recueil de cartes thématiques 1 PLAN INTRODUCTION . Amazonie : le stéréotype de la forêt vierge. . Amazonie : pas seulement une forêt équatoriale. . Amazonie : une frontière. A . MISE AU POINT SCIENTIFIQUE I - L’AMAZONIE 1.Un espace qui n’est pas qu’une forêt. 2.De la frontière morte à l’arrière-pays et au front pionnier. 3.La diversité forestière ou l’hétérogénéité de la forêt amazonienne. 4.La destruction de la forêt. II - LA COLONISATION ET L’EXPLOITATION DE L’AMAZONIE 1. Les motivations géopolitiques, économiques et sociales. 2. De l’Amazonie des fleuves à l’Amazonie des routes. 3. Les types de colonisation et d’exploitation. 4. L’exploitation forestière et l’organisation de l’espace en Amazonie. CONCLUSION . Amazonie : le monde de l’extractivisme. . Amazonie : un espace colonisé et convoité. . Amazonie : un espace au centre d’enjeux géopolitiques, économiques et écologiques. B . RESUME C. RECUEIL DE CARTES LA FORET AMAZONIENNE : UN ESPACE FORESTIER : UN PAYSAGE NATUREL ? INTRODUCTION - Amazonie : le stéréotype de la forêt vierge. Le mot suffit à évoquer la touffeur, l’ombre, la torpeur et les bruissements non identifiables d’un monde qui paraît immobile mais qui foisonne sous toutes les formes de la vie. Par son mystère et sa luxuriance, l’Amazonie apparaît comme un monde anachronique, propice au rêve et à l’évasion. Ces forêts appellent au respect mais aussi à la fascination. L’Amazonie apparaît à la fois réelle et inaccessible et sa luxuriance en fait un monde de l’excès où tout semble proliférer. L’Amazonie captive et émerveille les européens en quête d’Eldorado. C’est à juste titre, sans doute, que le mot désigne dans le langage courant une contrée “ imaginaire ” aux richesses surabondantes. D’ailleurs la quête fiévreuse de ce mythe amazonien a attiré à la fois les explorateurs, les commerçants, les soldats et les missionnaires qui ont permis l’exploitation du bassin de l’Orénoque, de l’Amazonie et d’une grande partie de l’Amérique du Sud. La conquête de cet espace s’est faite par le fleuve et les hommes se sont de plus en plus profondément enfoncés dans la forêt pour découvrir un monde nouveau qui leur paraît d’une richesse extraordinaire. - Justification des mythes. Aborder l’Amazonie paraît extrêmement difficile tant il faut lever les mythes et combattre les idées reçues, véhiculées, pourtant lointaines de la réalité. • L’Amazonie fait rêver. Dès les premières approches la notion d’Eldorado transparaît. Le mythe amazonien était né. L’inimaginable quête d’Eldorado était atteinte par les explorateurs et le paradis devenait terrestre. Mais mythes et symboles ont toujours deux faces : l’une attirante et l’autre repoussante, l’une rose et l’autre noire. Les mythes anciens, roses, font référence à l’extrême fertilité de la terre prouvée par la luxuriance de la végétation, par l’ampleur de la biodiversité végétale, la richesse du sous-sol, l’extraordinaire éventail de la faune où se cotoient une multitude de mammifères, poissons, insectes et oiseaux ; le plus grand fleuve du monde, l’Amazone, impérial, qui draine des étendues immenses qui n’en finissent pas, a des ressources inépuisables : un paradis terrestre, un véritable Eldorado. En parallèle à cette vision idyllique apparaissent également des mythes plus récents, noirs qui dénoncent un milieu où la touffeur équatoriale, difficile à vivre engendre un climat des plus insalubre avec son cortège de fièvres et maladies redoutables et redoutées, la présence d’une faune dangereuse et agressive dont les attaques peuvent entraîner la mort, l’hostilité des populations locales indiennes qui n’hésitent pas à massacrer les conquistadores les plus zélés : un monde terrible, un Enfer Vert. Entre les potentialités rêvées et espérées de l’Amazonie il est possible de lever les mythes anciens et récents liés à une méconnaissance totale de ce milieu. L’Amazonie est en fait un monde hétérogène que la forêt vierge ne résume pas. Ses richesses ne sont pas inépuisables. 3 • L’Amazonie n’est pas qu’une forêt équatoriale. Trop souvent l’utilisation du mot “ Amazonie ” se restreint à la forêt tropicale sempervirente. L’Amazonie est une région, un espace convoité, exploité et peuplé qui s’aménage et s’urbanise sous le nom de région Nord. La région Nord est une des cinq grandes régions administratives du Brésil, se différenciant des quatre autres et du reste du pays. L’Amazonie possède une situation géographique précise et n’est pas seulement une forêt sempervirente. • L’Amazonie : une frontière. L’Amazonie est une frontière ouverte à la colonisation voulue ou spontanée. D’ambitieux projets et programmes ont attiré des milliers de colons d’origines différentes, de niveaux différents, tous venus dans le même but : s’enrichir et connaître une ascension sociale. La frontière amazonienne peut être décrite comme une région de bonheur ou de malheur, de joie ou de tristesse tant la réussite des colons est difficile et aléatoire. C’est une zone qui aspire à se développer et à s’intégrer au territoire national sous l’impulsion de colons motivés. A - MISE AU POINT SCIENTIFIQUE I - L’AMAZONIE 1. Un espace qui n’est pas qu’une forêt. L’Amazonie n’est pas qu’une forêt et l’Amazonie n’est pas le Brésil. Le bassin amazonien occupe 7 millions de km2 dont presque 60 % reviennent au seul Brésil. Mais d’autres Etats se partagent l’Amazonie comme le Pérou, la Bolivie, l’Equateur, la Colombie, le Vénézuéla, les Guyanes (carte n° 1 : les forêts dans le monde). La forêt appartient donc à plusieurs Etats même si le Brésil en détient la plus grande part. Cette région brésilienne trop souvent associée à l’unique image de la forêt est une région géographique à part entière. Les statistiques brésiliennes montrent que la région administrative “ Nord ”, en 1992, date du recensement de l’I.B.G.E., institut brésilien de géographie et de statistiques, rassemble plus de 10 millions d’habitants et connaît un taux de croissance de sa population de l’ordre de 2 à 3 fois celui de la population brésilienne. Par ailleurs, les migrations inter-régionales révèlent que la région Nord est très attractive et connaît un solde migratoire positif (carte n°6 : la destination des migrations). La région Nord est dynamique et ses habitants mettent en valeur cette région qui n’est pas exclusivement forestière. La meilleure preuve réside dans le fait que 58 % des amazoniens sont aujourd’hui des urbains et que le pourcentage de population rurale en Amazonie diminue régulièrement depuis plusieurs décennies. En 10 ans, la population urbaine de la région Nord a presque doublé ce qui nous permet d’affirmer que l’Amazonie connaît une véritable explosion urbaine, phénomène étrange si l’Amazonie n’était qu’une forêt (carte n° 7 : la distribution de la population totale urbaine et rurale par micro régions en 1980). Cependant la forêt amazonienne fait toujours autant rêver, et les migrations ont été le moteur du développement et le moteur de la croissance démographique importante qu’a connu la région Nord. Pourtant même avec plus de 10 millions d’habitants la région Nord reste presque vide d’hommes (carte n° 8 : les densités de population en 1980)... C’est encore un espace sous peuplé, immense où réside 7 % de la population totale sur 46 % du territoire national soit 7 Etats (Amazonas ; Para, Rondonia, Acre, Roraima, Amapa et Tocantins). Il ne faut pas confondre Région Nord et Amazonie légale, qui fut le théatre des opérations publiques et privées et qui profita des nombreux avantages fiscaux offerts par l’Etat fédéral pour intégrer l’Amazonie à l’économie nationale. L’Amazonie légale représente 59 % du territoire brésilien ; elle inclut les 7 Etats de la région Nord, plus le Nord du Mato Grosso, le Nord du Goias et l’Ouest du Maranhao. Elle regroupe aujourd’hui 20 millions d’habitants. (carte n° 4 : les états du Brésil, montrant la région Nord et l’Amazonie légale, en page précédente). Deux “ capitales ” se taillent une part importante en Amazonie, avec plus d’un million d’habitants : Manaus et Belem, respectivement dans les états de l’Amazonas et du Para. Dans ces deux grandes villes, l’image de la forêt semble bien éloignée. 2. De la frontière morte à l’arrière-pays et au front pionnier. L’Amazonie évolue et se transforme. La “ frontière ” connaît une expansion différente régionalement. Les anciennes zones de colonisation, les premières, c’est-à-dire celles uploads/Geographie/ foret-amazonienne.pdf
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- Publié le Oct 10, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
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