I. SITUATION GEOGRAPHIQUE DU FAUTA DJALON La Moyenne Guinée représente 1/3 de l
I. SITUATION GEOGRAPHIQUE DU FAUTA DJALON La Moyenne Guinée représente 1/3 de la surface de la Guinée. De par son climat, cette zone offre de grandes possibilités au développement de la culture de la pomme de terre qui représente une grande source de revenu aux paysans producteurs. La pomme de terre est principalement produite au Fouta Djallon. Compte tenu de l’engouement qu’a suscité cette culture, la production est passé de 200t/an en 1992 à 35000 t/an en 2017. Le Fouta Djallon est situé entre les 10° 10’ et 12° 30’ de latitude Nord et les 11°30’ et 13°30’ de longitude Ouest et couvre une superficie d’environ 65000 km2 soit 25 % de la superficie de la Guinée. Le Fouta Djallon est limité au Nord par les Républiques de Guinée Bissau, du Sénégal et du Mali, au Sud et à l’Ouest par la Basse Guinée et à l’Est par la Haute Guinée. Fouta-Djalon (ou Fouta Djallon) est une des quatre régions naturelles de la Guinée. C'est un massif montagneux de la Moyenne-Guinée à la pluviométrie importante, région réputée productrice de pommes de terre. La Sous-préfecture de Timbi-Madina, située à 30 km de Pita et à 450 km de Conakry, produit à elle seule 70% de la production nationale. La culture de ce tubercule s’est développée grâce à l’effort des groupements de producteurs de la pomme de terre rattachés à une structure mère appelée Fédération de paysans du Fouta-Djalon Le Fouta-Djalon (République de Guinée) dispose d’une image forte digne d’une image d’Epinal. Il est le “ château d’eau de l’Afrique de l’Ouest ” dégradé et menacé par des pratiques agropastorales prédatrices. Nous identifierons et caractériserons tout d’abord les représentations usuelles qui le fondent ce discours “ officiel ”. Puis l’analyse de deux campagnes du Fouta-Djalon nous permettra de nuancer cette image et d’en montrer les limites, en tant qu’état de référence. Enfin nous dégagerons les dynamiques sociales et environnementales actuelles qui animent le Fouta - Djalon et engagent à reconsidérer les fondements mêmes de ses représentations II. MOUVEMENT MIGRATOIRE DES PEULS Les Français disent le « peul » ou « poular » pour désigner ce groupe humain qui se désigne lui-même par « pullo » au singulier et « fulbhè » au pluriel et ils disent parler du « pular ». Il semblerait que le mot « peul » leur aurait été attribué par les Wolof avant d’être repris par les français. Il n’y a pas de consensus entre les chercheurs sur la date exacte de la première migration des Peuls au Foutah Djalon. Les documents historiques disponibles notent deux vagues migratoires de Peul en Guinée. Ces deux vagues sont venues en des périodes éloignées les unes des autres dans le temps et à plusieurs endroits. Les premiers Peul non islamisés nommés puuli[29] auraient migré sur le territoire actuel de la Guinée en de petites vagues à partir du IXème siècle. DIALLO (1975 : 30) affirme que c’est vers le XIIIème siècle que la migration des Peuls animistes prendra de l’ampleur pour devenir massive autour du XIVème siècle. Du Sahara, ils auraient atteint le Bambouk à partir duquel le groupe se scinde en deux : les premiers se dirigèrent vers le Ouassoulou et les seconds longèrent les vallées du Tinkisso et du Bafing pour atteindre le Foutah Djalon. Pour certains historiens comme ES SADI, dans son « Tarrech es sudan », Tenguella, père de Koli, avait rallié à son bord les « arbe » (pluriel de ardo) « feroobe, wolarbe et uururbe et tous les yaalalbe » (pluriel de jaalaalo) de son clan pour se tailler un empire dans le Kingi (le Fuuta Kingi) au nez et à la barbe des Askia Sonray. L’armée de l’Askia, commandée par, son frère Amar, marcha contre Tenguela le père et le poursuivit jusqu’à Diâra, où elle le défit et le tua en 1512. C’est après la mort de son père que Koli Tenguela[30] va récupérer les troupes qui restaient de son père pour rappliquer à l’Ouest au Tekrur, en passant par le Foutah Djalon. Dans cette contrée, il va mettre en place un Etat avec une capitale située dans l’actuelle préfecture de Télimélé. C’est de là qu’il va lever une armée et remonter vers l’Ouest entrainant avec lui une armée dans laquelle étaient incorporés des Dialonké, des Malinké, des Köniagui, des Baga, des Nalou, des Diola, des Serère, bref tous les peuples trouvés sur le chemin du Tekrur qu’il rebaptisera du nom de « Foutah Tooro »[31]. Le territoire de Tekrur qu’il annexa, il lui donna le nom de Fouta en souvenir du Fuuta Kingi de son père et auquel il adjoignit Tooro, une des provinces du Fouta (KANE, 2004). Cette remontée et la prise du pouvoir dans le Tekrur en 1552 aura pour conséquence d’imposer sa dynastie (Denyankobé[32]), sa langue (le pular) et la culture Peul à toutes les populations du Royaume. Ce serait ainsi que toute la région du Fouta Tooro devenue majoritairement « foulaphone » Halpulaar’en (ceux dont la langue est le Pular avec une forte dominance Toucouleur). Plusieurs siècles plus tard (XIXème siècle), El hadj Omar TALL fera le même chemin, mais en sens inverse. Du Foutah Tooro, il descendra au Foutah Djalon, traversera Dinguiraye pour remonter vers le Fouta Kingi pour affronter Hamadou-HAMADOU, et le tuer en 1862, le fils de Sékou HAMADOU et petit-fils de Sékou HAMADOU fondateur de la dynastie des BARRY du MASSINA. Selon le professeur KANE (2004), auteur du livre : « La première hégémonie Peule : Le Fuuta Tooro de Koli Tenguella à Almaami Abdul », l’assimilation Peul des ethnies du Tekrur aurait commencé avant l’avènement de Koly Tenguela, mais atteindra son point culminant et la plus parfaite intégration ou la « foulanisation » des descendants de la tribu du Tekruri, que sont les Toucouleur (Ly, Sy, Kane, Wane, Tall, Aw, etc.). La seconde vague migratoire des Peuls en direction du territoire actuel de la Guinée est celle de la fin du XVIème siècle jusqu’au XVIIIème siècle. Païens, puis islamisés, des Peuls et des Toucouleurs quittent les territoires actuels du Mali, du Sénégal et de la Mauritanie à des périodes de désordre, de guerres avec désormais une nouvelle foi : l’Islam. Les Peulhs musulmans du Foutah Djalon auraient donc suivi deux voies principales et ce, à des périodes plus ou moins différentes pour arriver, s’installer et se sédentariser et fonder l’Etat théocratique du Foutah Djalon: La voie du Nord venant du Fouta Tooro et du Bundu (essentiellement) et la voie de l’Est venant principalement du Macina. Ils arrivèrent par groupes et par étapes, les uns passant par les contreforts des montagnes de la Préfecture de Mali, les autres en traversant la Préfecture de Koundara avant de rejoindre les montagnes qui surplombent le fleuve Komba en direction de Lélouma et de Labé et par l’Est en pénétrant dans le Dinguiraye pour rejoindre les vallées de Mamou. Ils vont se fixer en plusieurs points du Foutah Djalon poussant devant eux leurs nombreux troupeaux de bœufs et de talibé (élèves et étudiants). Ils s’y fixaient à leur tour en faisant ce que d’autres avaient fait avant eux : refouler certains et absorber d’autres. Selon Cheick Sidy Mohamed DIALLO (1970)[33], ces différentes vagues migratoires se faisaient en famille et en clan. De l’Est, principalement du Macina vont arriver les Dayèbhè[34] (BARRY) qui vont s’installer en lignage : les Seydiyanke à Timbo (Préfecture de Mamou) et les Seriyankebhè à Fougoumba (Préfecture de Mamou). Les Férobhè (SOW) vont s’installer dans Kébali non loin de Fougoumba et de Timbo. Certaines de ces vagues se seraient installées elles dans l’actuelle préfecture de Tougué (ce sont les Koulounnanké Balla et Simpé). Les Ururbhè vont s’installer dans deux endroits différents en fonction des clans : les Koulounnabhe à Koïn (Préfecture de Tougué) et les Helâyâbhe à Timbi-Touni (Préfecture de Dalaba). Les Irlabhé (DIALLO) et une partie des Ururbhé, quant à eux sont arrivés par le nord. Les DIALLO vont se repartir en lignage. Les Khaldouyabhè vont occuper région du Nord de Labé, un autre lignage « Diâlobhe » va s’installer dans le Kolladhe (Préfecture de Tougué), Kankalabé (Préfecture de Dalaba) et Timbi-Madina (Préfecture de Pita) et un troisième lignage « Thimbobhè » va s’installer dans Bhouria (Préfecture de Mamou). Parmi cette vague, d’autres, après avoir séjourné dans le Foutah Djalon, l’ont quitté pour continuer leur chemin vers d’autres localités et dans d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest. C’est le cas des Peuls du Nigéria dont certains seraient partis de Sokoto dans la Préfecture de Mamou pour se retrouver après une très longue migration dans l’actuelle République Fédérale du Nigéria. III. INFORMATION SUR LA SITUATION DES PEULHS, L'HISTORIQUE DE LEUR ORIGINE : Les origines de l'ethnie peulh demeurent peu claires, mais certains indices portent à croire que les Peulhs sont un peuple du Moyen-Orient qui s'est installé avant le xie siècle au Sénégal, où il a adopté un des parlers locaux (ibid.; Encyclopaedia Britannica s.d.d.; Johnston 1967, ch. 2). Par la suite, les Peulhs se sont installés dans la région du Fouta- Djalon entre le xvie uploads/Geographie/ fouta-djallon 1 .pdf
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- Publié le Oct 29, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
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