Maurice GREVISSE LE FRANÇAIS CORRECT Guide pratique Préface d'André CHAMSON de

Maurice GREVISSE LE FRANÇAIS CORRECT Guide pratique Préface d'André CHAMSON de /'Académie française TROISIÈME ÉDITION FRANCE LOISIRS 1 23, boulevard de Grenelle, Paris Toutes reproductions ou adaptations d'un extrait quelconque de ce livre, par quelque procédé que ce soit et notamment par photocopie ou microfilm, réservées pour tous pays. Édition du Club France Loisirs, Paris, avec l'autorisation des Éditions Duculot © Éditions DUCULOT, PARIS-GEMBLOUX (1982) (Imprimé en Belgique sur les presses Duculot.) D 1982.0035.10 Dépôt légal: juillet 1984 N° ISBN : 2-7242-1574-5 N° Éditeur : 9433 PRÉFACE Si, depuis plus d'un demi-siècle, je me sers quotidiennement de notre langue, comme un potier de l'argile ou comme un peintre des couleurs, je n'ai pas encore épuisé l'attrait que suscite en moi un ouvrage comme ce Guide pratique du français correct que publie, aujourd'hui, Maurice Grevisse. Dans ce petit livre, avec une sorte de trésor du bon usage, qui vient de loin, et plonge au plus profond d'une expérience collective ou, pour mieux dire, d'une expérience commune, au sens premier de ce mot, il y a comme un engagement, ou un jugement sur toutes les nouvelles aventures de notre langue, et sur tous les problèmes que pose sa vie, qu'ils soient de continuité ou de novation. Chaque jugement est appuyé et déterminé par des citations empruntées à quelques-uns des bons ouvriers de notre langue, et chaque arrêt a, derrière lui, une longue juris­ prudence. Que ce soit dans le vocabulaire ou dans les catégories gramma­ ticales, je n'oserais pas prétendre que je suis comme un poisson dans l'eau mais, au contraire, comme un pêcheur au bord d'une mer poissonneuse, un pêcheur qui, jamais, ne jette sa ligne en vain. de l'Académie française. PREMIÈRE PARTIE DANS LE VOCABULAIRE DANS LE VOCABULAIRE 1 ABASOURDIR (de basourdir, tuer; altération argotique de basir, même sens). Prononcez: a-ba-zour-dir. 2 ACCAPARER ne peut pas s'employer à la forme pronomi­ nale. Ne dites pas: Il s'est accaparé de toute la production; ni: Il s'est accaparé toute la production; dites: Il a accaparé toute la production. 3 ACCENTS a) Sans accent (aigu, grave, circonflexe, selon les cas) sur la voyelle en italique gras : appas chenet disgracieux axiome chrome drolatique bailler (donner) cime égout bateau Clemenceau égrener Benoit (Pierre ~) compatir fantomatique besicles compatissant féerie, -ique boiter conifère fibrome boiterie cote (de coter) futé boiteux coteau gaine Bremond (abbé ~) craniologie gelinotte brome cru (vin) gnome bucrane cyclone goitre cela débucher gracier chalet dégainer haler (tirer) Chalon-sur-Saône déjeuner havre, Le Havre chapitre demiurge Heredia Chateaubriand dessouler home chatoyer dévot infamant chebec diplomatique infamie chechia disgracier inversement 10 mater (dominer) Megève miserere momerie otage phylloxera pretentaine pupitre raclée ratisser receler DANS LE VOCABULAIRE receper refréner registre rengainer repartie (réponse) retable rembucher revolver roder (user) secrétaire seneçon senescence senestre senior sorbetière sur (aigre) symptomatique tatillon Valery (Larbaud) Vendryes Venezuela zone b) Avec accent (aigu, grave, circonflexe, selon les cas) sur la voyelle en italique gras: abrégement afféterie aimé-je alêne allégement allégrement antéchrist arène arôme bâiller bâillon barème bohème (vagabond) çà (interj.) chaîne châlit Châlons-sur-Marne châssis châtiment il clôt côlon (intestin) crème crémerie crémier deçà déficit déjà delà détritus diplôme dussé-je écrémer emblème emboîter empiétement eussé-je événement faîte il gît grêlon hâler (brunir) holà icône infâme Liège liséré mémento nivôse pèlerin, -inage pèlerine il plaît pène (de serrure) piqûre pluviôse poème poète poêle puissé-je rébellion réglementer sécréter sécrétion soûl spécimen surcroît symptôme tempétueux ténacité théâtre trêve ventôse voilà DANS LE VOCABULAIRE 11 4 N.B. 1. Littré, le Dictionnaire général, l'Académie, Robert écrivent: assener; - le Grand Larousse encyclopédique et le Grand Larousse de la Langue française: assener ou asséner. 2. Littré, le Dictionnaire général, le Grand Larousse ency­ clopédique écrivent: bélître; - l'Académie: belître; - le Grand Larousse de la Langue française: bélître ou belître. Pour criterium: sans accent (Littré, Ac.), ou avec accent aigu facultatif (Robert, Grand Larousse de la Langue fr.). 3. L'Académie et le Grand Larousse encyclopédique écrivent: faine (fruit du hêtre); - Littré et Robert: faîne; - le Dic­ tionnaire général et le Lexis: faine ou faîne. 4. L'Académie écrit: referendum; - le Grand Larousse encyclopédique et le Lexis: référendum; - Robert: referendum ou référendum. - Prononciation: ré-fé-rin-dom'. 5. À l'élément grec genesis, production, engendrement, Littré, le Grand Larousse encyclopédique, J. Rostand, font corres­ pondre, dans des composés savants, l'élément français -genèse (sans accent aigu sur la 1 rc syllabe) : Parthénogenèse, glyco­ genèse, ovogenèse, etc. - Certains mettent là un accent aigu (qui ne se justifie pas): Parthénogénèse (Ac.; Robert), glyco­ génèse (Robert), ovogénèse (A. Chamson). 6. L'Académie écrit: reviser, revision; - Littré: reviser, mais révision; - le Dictionnaire général, le Grand Larousse ency­ clopédique et Robert: reviser ou réviser; revision ou révision. 7. Dans les mots savants en -iatre (grec iatros, médecin) ou en -iatrie, il ne faut pas de circonflexe sur l'a: pédiatre, pédiatrie, psychiatre, psychiatrie, etc. 8. L'Académie écrit: assidûment, congrûment, continûment, crûment, dûment, goulûment, incongrûment, indûment, nûment. Elle écrit sans circonflexe: absolument, éperdument, ingénu­ ment, résolument, etc. (elle ignore: prétendument); - avec l'ac­ cent aigu : exquisément; - sans accent aigu: intimement, opiniâ­ trement. - L'usage, pour plusieurs de ces adverbes, est flottant; on rencontre: éperdûment, exquisement, ingénûment, opiniâtré ment, prétendûment. - Conseil: s'en tenir à l'orthographe de l'Académie. 9. L'Académie écrit: senescence; - Robert et les divers Larousse: sénescence. 5 ACCEPTATION : le fait d'accepter. Ne pas employer ce mot pour acception, sens particulier d'un mot. On ne dira pas : dans toute l'acceptation du terme; on dira: dans toute !'AC­ CEPTION du terme. - Ce mot a plusieurs ACCEPTIONS (Ac.). 6 ACCIDENTÉ. Sens traditionnel: « présentant des inégalités, des accidents (de terrain), mouvementé»: Région ACCIDEN­ TÉE. Vie ACCIDENTÉE. 12 DANS LE VOCABULAIRE Sens néologique: « qui a subi un accident»: Une voiture ACCIDENTÉE (J. Orieux). - Devant !'ACCIDENTÉ à panser, à recoudre (É. HenrioQ:....--- L'Académie ignore accidenter. Au sens de « blesser par acci­ dent» ou de «endommager», il appartient surtout à la langue familière: En roulant trop à droite, il a ACCIDENTÉ un cycliste (Grand Larousse de la Langue fra9çaise). 7 ACCOUTUMÉ. Avoir accoutumé de+ infin., c'est« avoir pour habitude de (faire qq.ch.) »; ce tour a un peu vieilli: Ce qu'on A ACCOUTUMÉ d'appeler le théâtre du boulevard (Fr. Mauriac). 8 ACHALANDER. Selon l'opinion stricte, achalander, c'est « fournir de chalands, c'est-à-dire de clients »: Ce marchand est fort ACHALANDÉ (Ac.). - Dans l'usage d'aujourd'hui, achalander (surtout au participe passé) s'emploie non seule­ ment au sens de « procurer de nombreux clients », mais aussi au sens de « approvisionner en marchandises »; ce glisse­ ment de sens, condamné par l'Académie (mise en garde du 18 février 1965), paraît bien irréversible : Boutique bien ACHALANDÉE (Petit Robert). - L'épicerie Borange ( ... ) mieux ACHALANDÉE comme papeterie et librairie (M. Proust, dans Robert, Suppl.). 9 ACHEVÉ DE. COMMENCÉ DE + infinitif. - Les tournures dans lesquelles un verbe exprime, avec l'infinitif qui suit, l'idée d'achèvement ou de commencement d'une action (par ex. : achever, finir, commencer de bâtir) admettent la tour­ nure passive: l'idée passive, qui concerne logiquement chacun des deux éléments du bloc verbal, ne se trouve expri­ mée qu'avec le premier: li n'est pas encore ACHEVÉ D'HA­ BILLER (Ac.). - Le petit volume ( ... ) ACHEVÉ D'IMPRIMER le 2 janvier 1670, parut dans le mois (Sainte-Beuve). - Les lettres FINIES DE LIRE (P. Loti). - Une nouvelle petite Fiat qui est juste FINIE DE RODER (J.-L. Vaudoyer). - Ma robe est COMMENCÉE DE GARNIR (F. Brunot). DANS LE VOCABULAIRE 13 10 ACOMPTE/ ARRHES. Un acompte est un paiement partiel à valoir sur une somme due; - « donner des arrhes », c'est donner une somme d'argent au moment de la conclusion d'un contrat, d'un marché, et que l'on perd si le contrat ou le marché vient à être rompu. 11 ACQUIS/ ACQUIT. Bien distinguer entre: avoir de !'AC­ QUIS [ = avoir un capital de connaissances acquises] - et par ACQUIT de conscience ou pour !'ACQUIT de sa conscience, faire qq.ch. par manière d'ACQUIT. [cf. acquitter.] 12 ACTER, mot d'ancien français, est mentionné comme terme de pratique dans Bescherelle (faire des actes), dans La Chàtre (faire, rédiger, signer des actes), dans le Supplément de Littré (prendre acte), dans le Larousse du XX< s. (prendre acte). On le rencontre parfois dans l'usage des journalistes et dans la langue juridique, notamment en Belgique: Les agriculteurs européens ont ACTÉ avec satisfaction la volonté du Conseil européen de Brême d'arriver à une stabilisation monétaire. - [Au Canada: acter= agir; - acter (au théâtre) = jouer (au théâtre).] 13 ACTIVER, à la forme pronominale s'activer, est rebuté par les puristes: « Je sais bien que l'on dit couramment s'activer ou s'affairer; mais le premier est détestable et ne signifie proprement rien; car on active un travail ou le feu, on ne s'active pas soi-même» (A. Hermant, Chroniques de Lance­ lot, t. I, p. 294). - Cependant s'activer est courant aujour­ d'hui : Elle admirait les fondrières oû s 'ACTIVAIENT les ou­ vriers (R. Dorgelès). De même s'affairer (que ni Littré, ni le uploads/Geographie/ grevisse-le-francais-correct-guide-pratique-duculot-1984.pdf

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