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Sommaire Document précédent 3-1 | 2005 : Vol. 3, n° 1 Problématique des grands groupes et didactique du français au Cameroun David Ngamassu RÉSUMÉS Français English Le problème de la pédagogie des grands groupes a été posé pour la première fois en mars 1984, lors de la réunion à Khartoum, de l’Association des Professeurs de Français en Afrique. Plus de deux décennies plus tard, la loi du grand nombre continue à s'imposer, comme une fatalité, dans les classes en Afrique noire, aussi bien aux niveaux primaire, secondaire, que supérieur. A partir de l'analyse cette problématique au Cameroun à l'aube du XXIe siècle la présente étude suggère une refondation du système scolaire camerounais en particulier, afin de l'adapter au contexte socioéconomique et politique actuel. Haut de page ENTRÉES D’INDEX Mots-clés : classes à effectifs pléthoriques, didactique des langues, enseignement différencié, évaluation, évaluation différencié, grands groupes, groupes hétérogène, petits groupes Haut de page PLAN 1. Prolégomènes 2. Genèse de la pédagogie des grands groupes 2.1 Définition de la pédagogie des grands groupes 2.2 Le grand groupe : une fatalité ? 2.3. Une solution provisoirement définitive 3. Recherche d’unicité en didactique du français. 3.1. Pédagogie des grands groupes et pédagogie différenciée 3.2. L’enseignement mutuel 3.3. Fondements pour une pédagogie des petits groupes 3.4. L’évaluation dans les grands groupes 4. Pour une refondation de l'école et les implications métadidactiques Conclusion Haut de page TEXTE INTÉGRAL PDFSignaler ce document 1. Prolégomènes 2 Conférence des Ministres de l'éducation des pays ayant en commun le français 1La Déclaration finale des travaux de la 45e session de la CONFEMEN2tenue à Yaoundé en 1994, après avoir dressé un tableau sombre et alarmant de la situation de l’école en Afrique noire francophone : programmes scolaires inadaptés, savoirs décontextualisés et mal maîtrisés, sous-scolarisation, mal-scolarisation, déscolarisation, mauvaises politiques scolaire, etc., recommande formellement une réorientation de ses objectifs et finalités, si l’on veut que dans les décennies à venir, elle continue à remplir sa mission de formation de la jeunesse, et partant de diffusion de la langue française. Plus d'une décennie s’est écoulée depuis ces assises, et l’on peut constater que la situation de l’école et de l’enseignement du français en Afrique et donc au Cameroun n'a pas évolué de manière positive. 2La présente étude, qui est une réflexion critique sur la situation de l’enseignement du français au Cameroun soulève quelques-uns des problèmes majeurs qu'il pose en ce début du XXIe siècle : à quels types de problèmes spécifiques est-il confronté ? Face à son acclimatement en Afrique noire et partant, à l’émergence des normes endogènes, l’institution scolaire classique pourra-t-elle continuer à assurer son rôle de vecteur exclusif de sa diffusion et de gardienne de la norme linguistique ? A l’heure de la mondialisation linguistique, quelles politiques scolaires des langues mettre en place au Cameroun, afin d’assurer aux générations futures un enseignement efficace du français et une amélioration durable de la qualité de cet enseignement ? Quelle stratégie adopter pour permettre à l'école moderne d'offrir à une population scolaire en constante croissance un enseignement du français de qualité ? Telles sont quelques-unes des interrogations que soulève la présente étude, dont le but n'est pas d’épuiser le questionnement méthodologique en didactique des langues, mais de réfléchir sur les voies et moyens d'une refondation de l'école et donc, de l'enseignement du français au Cameroun en particulier. La didactique du français est un champ pluridisciplinaire, tellement vaste qu’on ne saurait avoir l’ambition d’en explorer tous les aspects dans cette étude ; nous limiterons donc volontairement à l'un des problèmes majeurs auxquels elle est confrontée au Cameroun depuis plusieurs décennies : les classes à effectifs pléthoriques et les problèmes que pose sa gestion quotidienne. L’examen de toute réalité pluridimensionnelle implique deux démarches scientifiques possibles : l’une, analytique, consiste à en distinguer, séparément, les différents éléments, et à les considérer comme des entités autonomes ; l’autre, holistique, cherche à établir des liens de causalité entre les différents éléments de l'ensemble. La deuxième démarche, encore appelée approche systémique, analyse toute situation comme un système constitué d’éléments différents en interaction réciproque les uns sur les autres, et dont l'interdépendance assure la cohésion et l’unité de l’ensemble. En effet, la réussite ou l’échec de l’enseignement du français au Cameroun dépend de la conjonction de plusieurs facteurs inter-reliés et d’une multitude d’intentions, de pratiques et d’attitudes. La recherche de solutions aux problèmes de la didactique du français au Cameroun ne saurait donc s’appuyer sur un modèle de causalité unidirectionnelle, c'est pourquoi l'approche systémique, démarche à la fois descriptive et prospectiviste, semble à l’heure actuelle l'une des voies les plus fécondes pour une analysediachronique et synchronique de l'école au Cameroun. 3 op. cit., p.13. 4 Ministère de l'Education nationale, La Réforme de l'enseignement primaire au Cameroun,Yaoundé, 26 (...) 5 Henry Tourneux, Olivier Iyebi-Mandjeck,L’école dans une petite ville africaine, Maroua, Cameroun, (...) 6 Aline Cook, "Francophonie au Cameroun indépendant: discours politique et mise en pratique au Camero(...) 3Parmi les problèmes auxquels elle est confrontée au Cameroun, figure la croissance démographique exponentielle, dont le corollaire est l'augmentation constante des demandes en matière d’éducation. En effet, depuis trois décennies, la croissance des populations scolarisables constitue un casse-tête pour les responsables éducatifs camerounais, qui font face à des difficultés de plus en plus insurmontables. Les salles de classe prévues pour accueillir une trentaine d’élèves il y a vingt ans en accueillent aujourd'hui deux, voire trois fois plus. Quelques chiffres illustrent mieux la situation : en 1961 la population scolaire au niveau primaire était de 421000 élèves, en 1968-69 elle est passée à 938 000 élèves, puis à 2 400 000 en 90-91; en 2003-2004, elle se situait à 3 500 000 élèves. Dans le même temps le nombre de maîtres est passé de 13407 en 1970 à 38 429 en 1990, et se situe en 2004-2005 à moins de 50 000, dont plus des deux tiers constitués de maîtres vacataires. Quant à celui des salles de classe, il n’a pas suivi cette croissance. Déjà en 65-66, sur les 4954 salles que comptait l’enseignement primaire officiel, 390 avaient plus de 70 élèves, et 761 comptaient plus de 80 élèves. Raymond Lallez constate en 1974 que"c’est au niveau de la Section d’initiation que les effectifs d’élèves par classe dépassent souvent la centaine"3. La première conséquence de cette surpopulation scolaire est évidemment le faible rendement interne de l'institution scolaire. En effet d'après une étude sérieuse, publié en 1973, 43% des élèves abandonnaient l'école à la fin de la quatrième année, tandis que 31% redoublaient eu que seulement 15% passaient le certificat de fin d'études primaires élémentaires4. Dix ans plus tard, Engilbert. Mveng constate qu'en 1985 que "sur mille enfants entrés au Cours d’initiation, un seul arrive au baccalauréat"1.Une autre décennie après une étude réalisée par Henri Tourneux et Olivier Iyebi-Mandjeck à Maroua (Province de l'Extrême-Nord) révèle que seulement 42% des élèves qui sont entrés à la Section d’Initiation en 92-93 sont arrivés au Cours moyen deuxième année, et moins de 14% ont obtenu le Certificat d’études primaires. D’après cette étude, "86% des élèves entrés à la SIL en 1992 n’auront jamais passé leur certificat d’études primaires, 90% n’entreront jamais en secondaire"5. Trente ans après l'indépendance, ni le nombre d'élèves par classe, ni les rendements internes et externes de l'école n'ont connu une amélioration qualitative subséquente. Aline Cook note qu'au Cameroun le ratio élèves- professeurs est loin de l’idéal, car en 1990 "la norme officielle prévoit 40 élèves par professeur. Or on voit parfois jusqu’à 200 élèves pour un seul professeur"6. Ces chiffres illustrent bien l'une des tristes réalités auxquelles est confrontée l'école, et partant l’enseignement du français au Cameroun : les grands groupes ou classes à effectifs élevés. Alors que dans la plupart des pays industrialisés, où les taux de natalité sont en constante décélération depuis plusieurs années, la tendance est à une réduction de la taille des groupes-classes, au Cameroun, comme dans la plupart des pays africains, elle connaît une croissance vertigineuse ; d'où la problématique des classes à effectifs pléthoriques, qui couplée aux autres problèmes épineux : insuffisance de ressources humaines et financières, inadaptations et inadéquation des programmes et des outils pédagogiques, inertie du système scolaire engluée dans la tradition, et réticente, voire réfractaire à toute transformation radicale rendent l'école inefficace et inapte à la diffusion du français. 2. Genèse de la pédagogie des grands groupes 4La problématique de la pédagogie des grands groupes a été posée pour la première fois en mars 1984, lors de la réunion à Khartoum de l’APFA,(Association des Professeurs de Français en Afrique). En juin 1985, en marge des journées ‘Pratique du dialogue des cultures pour les échanges éducatifs’ organisées au CIEP (Centre International d’Etudes Pédagogiques) de Sèvres par la FIPF (Fédération Internationale des Professeurs de Français), les professeurs de français en Afrique noire francophone décident de se réunir en atelier spécialisé, pour jeter les bases de la réflexion sur l’enseignement du français dans les classes à effectifs pléthoriques, phénomène très répandu dans la plupart des grandes villes africaines. Il se dégage des travaux de cet atelier que, compte tenu de la croissance uploads/Geographie/ groupessss.pdf

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