Hougoumont Une clé de la bataille de Waterloo Michel Damiens 2 Mes remerciement

Hougoumont Une clé de la bataille de Waterloo Michel Damiens 2 Mes remerciements tout particuliers s’adressent à Claude Van Hoorebeeck dont les patientes re- cherches ont permis à ce texte d’aboutir. Les études de Claude Van Hoorebeeck peuvent être consultées sur http://www.freepub.be/ On consultera aussi avec profit le site du Cercle d’Histoire et de Généalogie de Braine-l’Alleud http://www.brania.be/site/ ©2012 Michel Damiens 3 Hougoumont Une clé de la bataille de Waterloo De l’avis général des auteurs, les combats qui ont entouré le château-ferme d’Hougoumont le 18 juin 1815 auraient constitué une diversion destiné à forcer le duc de Wellington à dégarnir son centre pour venir au secours de son aile droite. Est-ce possible ? Et qu’en est-il exactement ? Le Goumont (avril 2011) Le domaine Un peu de généalogie C’est, nous dit-on, en 1777, lors de la parution de la carte de Ferraris, que l’on vit apparaître le nom de Hougoumont. Avant cela, on disait Goumont ou Gomont. Cette modification serait due aux arpenteurs de Ferraris qui, interrogeant les habitants sur le nom de la propriété, auraient transcrit « château d’Hougoumont »pour « château du Goumont ». Depuis 1984, tous les auteurs se sont engouffrés comme un seul homme dans cette explication donnée par Jacques Logie 1. Reprenons les choses à la base. D’après Jacques Logie, qui, malheureusement ne cite pas ses sources, on rencontre le terme « Gomont » en 1358 dans un acte de la cour allodiale de Bra- 1 J. Logie – Waterloo, l’évitable défaite – Paris-Gembloux, Duculot, 1984, p. 102-103. 4 bant. En 1386, il est fait mention de la « tenure et maison » de Gomont, sise à sart2 dans la seigneurie de Braine-l’Alleud. Tarlier et Wauters3 nous disent qu’en 1474, l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem (l’ordre de Malte) procéda à la cession de 12 bonniers4 de bois, dits le Goumont, et de 12 bonniers de bruyères contiguës pour la somme de 100 couronnes d’or. Il n’est pas question de la maison dans cet acte. L’acquéreur aurait été un certain Jean del Tour dit le Hyaumet, originaire de Bruxelles. Avant 1536, le bien passa aux mains du père de Pierre du Fief, procureur général du Conseil de Brabant de 1523 à 1554, qui donna une extension notable au domaine. En 1562, le domaine appartenait à Pierre Quarré et resta dans sa famille jusqu’en 1637 quand il fut acquis par Arnold Schuyl, sire de Walhorn 5. Ce doit être à cette époque qu’a été cons- truit le château. Après 1671, il passa à Juan d’Arazola de Oñate. D’après l’État de la noblesse de Bourgogne et des Pays-Bas, cette famille est originaire de la province de Guipùzcoa, dans le pays basque espagnol. Juan (I) Arazola doit être arrivé dans nos provinces avec l’archiduchesse Isabelle dont il était repostero de camas (gentilhomme de la bouche). De son mariage avec Marie d’Arrechevalata sont issus trois enfants dont l’aîné, Jean (II), qui fut se- crétaire de la chambre des archiducs. En 1611, ce dernier, né en Espagne et venu avec ses parents dans les Pays-Bas, épousa Beatrix Heath, une jeune anversoise d’origine anglaise. De ce couple, inhumé à Sainte-Gudule à Bruxelles, naquirent trois enfants dont l’aîné,Jean (III) de Arazola de Oñate, seigneur de Gomont, conseiller et commis des domaines et finances du roi aux Pays-Bas et son surintendant du Hainaut. Tarlier et Wauters, suivis par Logie, af- fublent ce Jean Arazola du prénom de Jacques, on ne sait trop pourquoi. Or il s’agit bien de Jean puisque, mort le 15 septembre 1688, à l’âge de 73 ans, il est inhumé à Sainte-Gudule et que son épitaphe portait : « …Hic jacet corpus terrae datum D. Joannis Arazola de Ognate, cui paternae nobilitatis originem Biscaia, Maternae Anglia dedit… Obiit anno 1688, mense septembri, die 15. » Jean (III) Arazola fut fait chevalier par lettres patentes en 1661. Ce Jean (et non Jacques) épousa en premières noces, Jeanne-Angélique de Maerselaer, dont il semble qu’il ait eu deux enfants6, puis en secondes noces Anne-Isabelle de Renialmé, dite de Cordes, fille de Jean-Charles, seigneur de Wichelen, Klerskamp, Reet et Waarloos, adopté en 1607 et 1615 aux nom et armes de Cordes, et d’Isabelle de Robiano. De ce second mariage sont issus sept enfants dont l’aîné, Jean-Philippe Arazola de Oñate, seigneur de Gomont, conseiller et maître de la chambre des comptes du roi, mort le 29 décembre 1729, épousa Françoise-Virginie de Ryckewaert, morte le 12 septembre 1746. De ce mariage sont issus 2 Remarquons, au passage, que ce mot « Wérissart » ne revient plus jamais dans la toponymie locale. Même si, tel quel, le nom « Wérissart » fait penser qu’il pourrait s’agir d’un lieu défriché (sart) appartenant à un certain Wéry (nom de personne), il est impossible de ne pas le rapprocher du terme ancien de « werixhas » qui dési- gnait à l’époque féodale un terrain vague laissé en libre pâture. Un peu bizarre quand on voit, en 1474, l’ordre de Saint-Jean vendre plusieurs hectares de bois et de bruyères au même endroit. 3 Jules Tarlier et Alphonse Wauters – La Belgique ancienne et moderne. Géographie et histoire des communes belges. Province de Brabant. Arrondissement de Nivelles, t. 2 – Bruxelles Decq & Duhent, 1859-1873, p.104 et sq. 4 Rappelons que le bonnier est une mesure de surface qui représente 1 ha 2166. 5 Cette vente donna lieu à une contestation. 6 Les sources se contredisent : la Suite du Supplément au Nobiliaire des Pays-Bas, années 1630 à 1661, dit que Jean de Arazola n’eut pas d’enfant de ce premier mariage alors que les Fragments généalogiques lui en don- nent deux : Léopold, mort sans alliance, et Béatrix-Angeline, épouse de Philippe-Michel de Marotte. 5 quatre enfants dont l’aîné Philippe-Joseph Arazola de Oñate, seigneur de Tiberchamps, lieu- tenant au régiment des dragons de Ligne, mort célibataire. C’est donc son puîné Jean-André Arazola de Oñate, seigneur de Gomont, qui hérita du domaine à la mort de son père en 1729. Il épousa Anne-Eugénie-Josèphe de Vicq, fille de François-Philippe-Joseph de Vicq, baron de Cumptich, seigneur de Vissenaeken, Meulevelt, etc. Jean-André Arazola mourut sans enfant en 17917 et laissa le château à sa femme qui épousa en secondes noces, Philippe Gouret de Louville, major au service de l’Autriche. C’est ce dernier qui, en 1771, avait cons- truit à Nivelles, la maison appelée depuis « hôtel d’Hougoumont »8 et qui a longtemps été le siège de la FGTB. Le chevalier de Louville n’habitait pas le château d’Hougoumont en 18159 ; la ferme était exploitée par Antoine Dumonceau tandis que le beau jardin à la française, au- quel le chevalier semblait fort attaché, était entretenu par Guillaume Van Cutsem10. Après la bataille, faute de moyens, le chevalier de Louville, qui était âgé de 86 ans, fut dans l’impossibilité de restaurer son château et préféra le vendre, le 7 mai 1816, pour la somme de 40.000 francs, au comte François-Xavier de Robiano qui mit un point d’honneur à préser- ver les restes de la bâtisse. Par le jeu des héritages successifs, le domaine appartint jusqu'en 2003 à une branche de la famille d’Oultremont qui le céda à l'intercommunale Bataille de Waterloo 1815, présidée depuis octobre 2008 par la comtesse Thierry du Parc Locmaria, née comtesse Nathalie d'Ursel, conseiller communal à Braine-l'Alleud. Cette Intercommunale entama une campagne de restauration du domaine en commençant par la chapelle. Malheu- reusement, à cause de ces travaux, l'exploitation agricole cessa et la maison du jardinier - où l'exploitant résidait - fut abandonnée par ses occupants. Le domaine devint inaccessible au public. Les mesures de sécurité disposées pour empêcher le vandalisme se révélèrent tota- lement insuffisantes puisqu'entre novembre 2010 et janvier 2011, le christ de la chapelle fut volé, sans qu'on ait grand espoir de le retrouver... 7 C’est du moins ce qu’affirme Jacques Logie (Evitable défaite, p. 103). Le chevalier de Louville était né en 1729, il aurait donc eu 62 ans lors de son mariage… Cette date, 1791, nous semble bien tardive. Notre opinion, que nous ne pouvons malheureusement pas étayer avec certitude, est qu’il faut lire « 1771 », date à laquelle Gou- ret de Louville vient s’installer à Nivelles. 8 Rue de Namur au numéro 24. A noter qu’on a toujours connu cet hôtel sous le nom d’hôtel d’Hougoumont et jamais par celui « de Gomont » ou « de Goumont ». On ne peut évidemment pas être affirmatif, mais voilà qui met une bonne dose de plomb dans l’aile de la théorie qui consiste à attribuer le nom de « Hougoumont » aux géomètres de Ferraris. 9 Tarlier et Wauters, p. 104 écrivent : « En 1815, Goumont et ses dépendances appartenaient à M. de Louville- Gomont, major pensionné au service de d’Autriche, qui descendait par sa mère des Arazola ». En parcourant la généalogie des Arazola, nous n’avons pas pu trouver cette dame. Il semble donc bien que, pour une fois, Tarlier et Wauters se soient trompés. 10 Victor Hugo dans « Les Misérables » écrit « Guillaume Van Kylsom » (V. Hugo – Les Misérables – Verviers, Gérard & uploads/Geographie/ hougoumont-une-cle-de-la-bataille-de-waterloo.pdf

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