HAL Id: hal-03090794 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03090794 Submitted on

HAL Id: hal-03090794 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03090794 Submitted on 30 Dec 2020 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Copyright ””Hydrodynamique de la Lettre et Poétique du Littoral” Paul Carmignani To cite this version: Paul Carmignani. ””Hydrodynamique de la Lettre et Poétique du Littoral”. Master. Approches hétérologiques du monde anglophone, Université de Perpignan-Via Domitia, France. 2017, pp.53. ￿hal-03090794￿ 1 P. CARMIGNANI Pr. de Littérature américaine Université de Perpignan-Via Domitia MASTER II Domaine : Arts, Lettres, Langues Mention : Arts, Lettres et Civilisations Spécialité : Études anglophones “APPROCHES HÉTÉROLOGIQUES DU MONDE ANGLOPHONE” SÉMINAIRE : “HYDRODYNAMIQUE DE LA LETTRE ET POÉTIQUE DU LITTORAL” (H. D. THOREAU) I. Justification du séminaire Avec Walden, A Week on the Concord and Merrimack Rivers et Cape Cod, œuvres faisant partie des “great aquatic works of the American canon”, car chacune est placée sous le signe d’une eau spécifique (Walden→ l’étang du même nom ; A Week on the Concord and Merrimack Rivers→fleuves et rivières ; Cape Cod→l’Océan), H. D. Thoreau, chantre d’un univers où tout serait flux, fluement et circulation infinie, met en jeu (et en œuvre) une autre conception – dominée par une dynamique aquatique – du travail de la Lettre et de la création littéraire. Entre l'Univers, le Verbe et le Sujet, il existerait une même propriété commune, la fluence, et une même aspiration à la confluence. Walden et A Week, œuvres pionnières, inaugurent un nouveau millénarisme se traduisant par l’espé- rance d’un règne non pas terrestre ni céleste mais aquatique : le règne de l’eau où s’ac- complirait la dissolution de l’ordre et de l’homme anciens dans la confluence extatique (“liquid joy”, Walden) de l’eau originelle, qui est en nous, et de l’eau vive qui sous-tend la création. Cape Cod, pour sa part, met l’accent sur “le littoral”, zone de rencontre de deux éléments – l’océan et la terre –, représentant deux dynamiques et deux physiques hétéro- gènes, interzone propice aux transitions et aux métamorphoses, au jeu fécond de l’ordre et du chaos mais aussi à ce que P.-Y. Pétillon appelle joliment « la théâtralisation voire la carnavalisation du langage ». A) Hydrodynamique Hydrodynamique : Science des écoulements des liquides Hydraulique : science, technique des liquides en mouvement Concept de « liquid modernity » dans laquelle seraient dissoutes les institutions (J.- F. Dornier, Histoire des Sciences Humaines, 305) + réseau→réorientation de l’analyse des rapports sociaux en termes de communication, d’échange, de flux, plutôt que de hié- rarchie, d’autorité ou d’institutions (Ibid., 297) Si l’on considère avec P. Valéry que « La Vie n’est guère que l’Eau organisée » (Œuvres, Vol. I, 203), alors « nous avons autant à apprendre des fluides que des solides » et il convient alors, comme nous y invite G. Bachelard, « [d]’apprendre à penser les soli- des à partir de l’expérience primitive des fluides ». 2 Nous vivons dans une société et une culture où l’inscription, la trace, la marque et donc Lettre – au sens large de toute forme de graphe, glyphe, entaille, encoche, enco- dage, etc. – joue un rôle déterminant (Cf. texte sur “L’Inscription) car elle permet de repé- rer, de fixer, d’archiver et de durer – Scripta manent, verba volant. Nous allons dans ce séminaire défendre une autre conception, une autre thèse (mot qui renvoie d’ailleurs à la notion de “stabilité” ; il vient du grec thesis, « action de poser »), à savoir qu’il existerait un autre régime ou mode de fonctionnement de la Lettre, lié au notions de flux, de fluence, d’écoulement, de remous, de tourbillons et de vortex, que nous subsumerons sous la notion de Rhèse (du grec, rhéin/couler ; rhoè/ courant). La rhèse, c’est entre autres, la Parole de l'eau, « l'eau [comme] maîtresse du lan- gage fluide, du langage sans heurt...». Entre l'eau et la parole il existerait une même pro- priété commune, une même aspiration à la liquidité, désir du langage qui veut couler …de source : « La liquidité est un principe du langage ; le langage doit être gonflé d'eaux » (Bachelard, L’Eau et les rêves, 258). Intuition renforcée par l'existence des “consonnes liquides” (après la pluie « le ruis- seau rigole et la rigole ruisselle », 257). Le ruisseau, la rivière, la cascade, l’étang, l’océan etc. ont donc un parler, sont un parler, « une musique d'humanité » (Wordsworth, G. B. 260) et la source nous fait assister au miracle du « Verbe se faisant eaux » (Paul Fort, 257). Plus qu'aucun autre élément peut-être, « l'eau est [donc] une réalité poétique com- plète ». Dans L'Eau et les rêves : essai sur l'imagination de la matière (Paris, J. Corti, 1942), G. Bachelard fait en outre remarquer que la lettre A qui inaugure l'alphabet, source de toute expression, est aussi « la voyelle de l'eau. Elle commande aqua, apa, wasser. C'est le phonème de la création par l'eau » (253). Il existerait donc une poétique de l'eau, que nous nous proposons d’étudier B) Henry David Thoreau (1817-1862) Pourquoi Thoreau ? Il fait partie avec Emerson, Hawthorne, Melville et Whitman, de ce groupe d’écrivains issus de la Nouvelle Angleterre qui, en l’espace d’une vingtaine d’années (1840-1860), – période connue dans l’histoire littéraire des USA sous le nom de The American Renaissance – ont produit quelques-uns des plus grands classiques de la littérature du Nouveau Monde. Mais surtout son œuvre est sous-tendue par un imaginaire aquatique primordial, parfaitement approprié à l’objet de ce séminaire. Nous ne nous intéresserons qu’à 3 œuvres de Thoreau, chacune placée sous le signe d’une eau spécifique : Walden→ l’étang du même nom A Week on the Concord and Merrimack Rivers→fleuves et rivières Cape Cod→ l’Océan et le littoral C) De la méthode : dérives et digressions En raison de la visée encyclopédique de l’œuvre de Thoreau et pour les besoins de la démonstration de notre propos (puisque thèse il y a !), nous serons amené à évoquer entre autres choses : la philosophie antique (Thalès, l’Atomisme), le Transcendantalisme de R. W. Emerson, les théories de Saussure, Benveniste, Lacan, et alii, sur le signe lin- guistique, le Cratylisme, le rôle de la Lettre dans la littérature américaine, l’imaginaire aquatique (le Verbe des eaux) et surtout une autre vision de l’Amérique, etc. →Bibliographie en fin de section 3 D) Une autre vision de l’Amérique « L’insularité essentielle de la terre » (C. Richard) L'espace étant « la réalité centrale de l'homme né en Amérique » (Olson, Pétillon, 109) et la « donnée fondamentale » de la civilisation américaine, le Nouveau Monde sus- cite traditionnellement l’image d’une masse continentale évoquant immensité, solidité, permanence et fixité. Dès sa découverte, cette vaste étendue apparaîtra comme un appel à la conquête et suscitera un premier mode de relation à l’espace – l'effraction – caractérisé par un dynamisme agressif → Appropriation, domestication du continent ; possession, exploita- tion→mainmise sur l’espace : c’est, naturellement, la Conquête de l’Ouest. Mais, contrebalaçant celui-ci, on verra également s’instaurer un deuxième mode qui relève de la pénétration rêveuse et voluptueuse de l’espace ; aucune idée de mainmise et d’appropriation. Ce mode prendra la forme de : – l’errance et du vagabondage (“Walking”) – ou de la dérive paresseuse au fil de l’eau (2 exemples canoniques : A Week on the Concord and Merrimack Rivers de Thoreau ; The Adventures of Huckleberry Finn de Twain). À cette Amérique terrestre – chthonienne – qui s’impose d’emblée à la vue et à l’imagination par sa masse et son étendue, l’œuvre de Thoreau nous permettra d’opposer une autre Amérique, terre flottante, quasi insulaire, marquée par la mouvance et la fluence où l’eau et l’imaginaire aquatique jouent un rôle prépondérant. Inversion des principes élé- mentaires où l’eau deviendrait la substance première ; invitation à imaginer une Genèse qui débuterait par « Au commencement régnaient les Eaux, et la Terre flottait sur les Eaux » : “The earth is not continent but insular” [Walden, 340] / “The belief that New England was an island” [Cape Cod, 188]. Cf. également la première vision de l’Amérique évoquée par F. Scott Fitzgerald à la fin de The Great Gatsby : « L'île antique qui avait fleuri jadis aux yeux des matelots hollandais—le sein vert et frais d'un monde nouveau... l'instant fugitif et enchanté [où] l'homme retint sans doute son souf- fle en présence de ce continent [...] qui égalait sa faculté d'émerveillement. » Cette l’Amérique placée sous le signe de Thalès,* c’est celle de la rhèse, qui va nous intéresser au premier chef. *Vers 600 avant J.-C., Thalès de Milet, l'un des Sept Sages de la Grèce, fondateur de l'école ionienne, propose une cosmologie où l'Eau était l'élément primordial de l'Uni- vers. Plutôt uploads/Geographie/ hydrodynamique-amp-littoral.pdf

  • 26
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager