Université Catholique de Louvain (UCL) Faculté de philosophie, arts et lettres
Université Catholique de Louvain (UCL) Faculté de philosophie, arts et lettres MISE EN INTRIGUE ET NARRATIVITÉ Approche comparative de Congo de David Van Reybrouck et de La Belgique et le Congo de Guy Vanthemsche Mémoire réalisé par Martin Van Breusegem Promoteur : Geneviève Warland Co-promoteur : Anne Roekens Année académique 2014-2015 « Jérusalem, tu es bâtie comme une ville où tout se tient ensemble. » Psaume 122, verset 3. J’aimerais remercier ici les personnes qui m’ont permis de mener à bien ce mémoire. La réalisation de ce travail n’aurait pas été possible sans madame Geneviève Warland, ma promotrice, qui m’a entraîné et guidé sur le terrain de l’épistémologie de l’histoire. Son infatigable présence et son enthousiasme intellectuel m’ont beaucoup enrichi ainsi que ce mémoire J’ai également pu compter sur l’encadrement de madame Anne Roekens, ma co- promotrice qui, après avoir marqué mon parcours namurois, m’a de nouveau fait profiter de ses précieux conseils et encouragements. Je tiens aussi à remercier monsieur Guy Vantemsche de m’avoir reçu et de m’avoir fait partager, l’espace d’un entretien, sa passion pour l’histoire. Avec lui, de très nombreuses personnes ont nourri, de près ou de loin, cette réflexion. Qu’ils en soient chaleureusement remerciés. Enfin, à Marie et Vincent Van Breusegem pour leurs relectures attentives, à ma famille et mes co-koteurs pour leur soutien et leur patience, merci. TABLE DES MATIÈRES INTRODUCTION 9 PARTIE I. PRODUCTION 25 CHAPITRE 1. CONTEXTE SOCIOCULTUREL ET POLITIQUE 26 CHAPITRE 2. LES AUTEURS 30 1. David Van Reybrouck 30 2. Guy Vanthemsche 34 CHAPITRE 3. CONTEXTE HISTORIOGRAPHIQUE 38 1. Bilan historiographique 39 2. Inscription des deux œuvres 43 PARTIE II. MISE EN INTRIGUE 51 CHAPITRE 1. CAUSALITÉ 52 Introduction 52 1. La causalité dans Congo et La Belgique et le Congo 54 2. L’imputation causale singulière et le rôle de l’imagination 61 3. Deux outils : le concept et l’analogie 66 Conclusion 70 CHAPITRE 2. ACTEURS 71 Introduction 71 1. L’auteur 72 2. L’acteur 75 3. Le témoin et l’expert 85 4. Le lecteur 88 Conclusion 90 CHAPITRE 3. TEMPORALITÉ 91 Introduction 91 1. Période couverte et bornes 92 2. La périodisation 97 3. Les jeux avec le temps 105 4. L’utilisation des temps verbaux et la présence de l’auteur 110 Conclusion 113 PARTIE III. RÉCEPTION 115 CHAPITRE 1. DESTINATION ET RÉCEPTION 117 1. Le lecteur « inscrit » 117 2. Le grand public 121 3. La profession historienne 125 4. Rencontrer un public : les traductions 127 CHAPITRE 2. REFIGURATION 132 1. Renouvellement historiographique 132 2. Enrichissement de la conscience historique et impact politique 135 CONCLUSION 141 BIBLIOGRAPHIE I ANNEXES XI 9 INTRODUCTION Thème de la recherche Le mot histoire est ambigu. Il peut, en effet, désigner plusieurs réalités qui, bien qu’elles soient en contact et même irréductiblement liées, n’en recouvrent pas moins des espaces distincts. L’histoire, c’est d’abord le passé et les évènements tels qu’ils sont advenus. L’histoire désigne ensuite « la science possible de cette réalité [passée] »1, c’est- à-dire l’enquête historique, avec sa démarche, ses possibilités et ses limites. L’histoire est enfin le produit de cette enquête : la reconstruction du passé qui est proposée au lecteur ou à l’auditeur, et ce, traditionnellement, sous la forme d’un récit2. L’histoire est à la fois une discipline, son objet et son produit. Le produit de l’histoire, et, à travers lui, la démarche historienne, est ici mon objet d’étude. Le présent mémoire se propose donc de réfléchir au processus de la reconstruction historique plutôt que de le mettre lui-même en œuvre. Au sein de l’opération historiographique, qui comprend plusieurs étapes, j’ai choisi de me focaliser sur « la phase représentative de mise en forme littéraire ou scripturaire »3, autrement dit l’écriture de l’histoire en tant que telle. Paul Ricœur note qu’« elle [l’écriture de l’histoire] ne constitue pas une opération secondaire, […] d’ordre simplement rédactionnel »4. Philippe Carrard ajoute qu’« "écrire", de toute évidence, constitue une part essentielle du "métier" de l’historien […]. »5 Étudier cette dimension de la pratique historienne semble donc non seulement légitime, mais également utile. En effet, c’est par le texte que les résultats de la recherche sont communiqués et que l’histoire, comprise comme reconstruction du passé, se donne au public. Le texte dit quelque chose du passé ; c’est pourquoi il est lu. Il dit aussi quelque chose du présent, de l’historien et de sa démarche ; il s’agit de ce pourquoi il est étudié ici. 1. JARAN François, « De la différence entre l’histoire comme évènement et l’histoire comme science chez Heidegger », dans PERRIN Christophe, « Später Heidegger », dossier thématique, Klēsis, 15, 2010, p. 105. 2. MARTINEAU Robert, Fondements et pratiques de l’enseignement de l’histoire à l’école. Traité de didactique, Montréal, Presses universitaires du Québec, 2010, p. 35. 3. DELACROIX Christian, « De quelques usages historiens de Paul Ricœur », dans MÜLLER Bertrand (éd.), L’histoire entre mémoire et épistémologie. Autour de Paul Ricœur, Lausanne, Payot, 2005, p. 105.) 4. RICŒUR Paul, Temps… op. cit., t. 1 : L’intrigue et le récit historique, p. 287. 5. CARRARD Philippe, Le passé mis en texte. Poétique de l’historiographie française contemporaine, Paris, Armand Colin, 2013, p. 13. 10 Introduction Se concentrer sur l’écriture de l’histoire ne signifie pas que les autres « moments méthodologiques »6 du travail de l’historien sont négligés, notamment parce que la mise par écrit ne peut être totalement isolée. En effet, « "l’écriture de l’histoire" […] n’est pas extérieure à sa conception »7, souligne Paul Ricœur. L’opération historiographique entrecroise plusieurs phases qui ne se succèdent pas chronologiquement, mais qui sont toutes soumises, y compris la phase de représentation, à « la contrainte de la preuve documentaire »8. Cette exigence permet de rencontrer le projet de réalité – de vérité – qui est celui de la discipline historique Dans Temps et Récit, Paul Ricœur se propose de montrer que l’histoire appartient à la classe des récits, au même titre que la fiction. Néanmoins, l’historiographie se distingue dans le champ narratif, par sa "fidélité" à un passé qui est réellement advenu : « l’histoire est un roman vrai »9, écrit Paul Veyne. Face à certaines thèses narrativistes10, Paul Ricœur reste attaché à la coupure épistémologique qui subsiste, selon lui, entre l’histoire et la fiction, comme l’écrit François Dosse : « Ricœur maintient la tension interne à l’écriture historique qui partage avec la fiction les mêmes figures rhétoriques, mais qui se veut aussi et surtout un discours de vérité, de représentation d’un réel, d’un réfèrent passé. »11 Toutefois, dès lors que « la question du rapport de l’histoire au passé n’appartient plus […] au même niveau d’investigation que celle de son rapport au récit […] »12, cette question n’est pas ou peu traitée dans le mémoire. Cadre disciplinaire Ce mémoire se situe à la croisée de l’histoire et de la philosophie. L’objectif qu’il se donne est, en effet, d’analyser deux livres d’histoire, essentiellement à l’aide des outils 6. DELACROIX Christian, « De quelques… », op. cit., p. 105. 7. RICŒUR Paul, Temps…, op. cit., t. 1 : L’intrigue et le récit historique, p. 287. 8. Paul Ricœur distingue trois « moments méthodologiques » enchevêtrés dans le travail de l’historien : « […] la phase documentaire de travail critique sur les sources, la phase d’explication/compréhension des phénomènes étudiés et la phase représentative de mise en forme littéraire ou scripturaire […] » (DELACROIX Christian, « De quelques… », op. cit., p. 105.) 9. VEYNE Paul, Comment on écrit l’histoire. Essai d’épistémologie, Paris, Le Seuil, 1971, p. 11. 10. Certains représentants du linguistic turn américain, dont Hayden White, ne font plus de différence entre le récit historique et celui de fiction. Paul Ricœur maintient, quant à lui, cette coupure épistémologique. Sans pour autant adhérer aux thèses d’Hayden White et des tenants les plus radicaux du narrativisme, il faut reconnaître un de leurs apports majeurs : avoir mis au jour l’importance de la disposition argumentative et des figures de style dans la communication de l’histoire. Ces structures peuvent être étudiées ainsi que le rôle qu’elles jouent dans le récit historique. 11. DOSSE François, « Paul Ricœur révolutionne l’histoire », dans « Le temps réfléchi. L’histoire au risque des historiens », dossier spécial, Espaces Temps, 59-61, 1995, p. 9. 12. RICŒUR Paul, Temps…, op. cit., t. 3 : Le temps raconté, p. 13. Introduction 11 conceptuels que la philosophie offre. Dans Temps et Récit, Paul Ricœur prend « à bras-le- corps un certain nombre d’œuvres historiques [...] pour les intégrer dans une réflexion philosophique sur l’histoire »13. Je souhaite prolonger modestement cette réflexion. Contrairement à Paul Ricœur, c’est en tant qu’étudiant en histoire, et non comme philosophe, que je me propose de mener cette enquête. Quels sont les champs du savoir qu’elle couvre ? Quels sont ceux qui ne sont que traversés ? Avant tout, il convient de préciser que si l’histoire et la philosophie entrent effectivement en dialogue, ce mémoire ne relève toutefois pas de l’histoire de la philosophie, ni de la philosophie de l’histoire au sens auquel on l’entend traditionnellement. Comme cela a déjà été mis en évidence, uploads/Geographie/ ise-en-intrigue-et-narrativite-approche-comparative-de-congo-de-david-van-reybrouck-et-de-la-belgique-et-le-congo-de-guy-vanthemsche.pdf
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- Publié le Sep 16, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
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