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HEGEL ou DE LA RAISON INTÉGRALE VI, li -:;» -z; /.9.-- r qrrt ~' l r- Ji1-(r1"";" 1.,C Jean-Luc Gouin HEGEL ou DE LA RAISON INTÉGRALE suivi de «AIMER PENSER MOURIR» Hegel, Nietzsche, Freud en miroirs Préface de Jacques Dufresne BELLARMIN Cet ouvrage a été publié grâce à une subvention de la Fédération canadienne des sciences humaines et sociales, dont les fonds proviennent du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. En couverture: « L'Ancien des jours», William Blake approx. 1794; gravure reprise à la plume et à l'aquarelle; H. 0,23 m x L. 0,17 m Données de catalogage avant publication (Canada) Gouin, Jean-Luc, 1956­ Hegel ou de la raison intégrale suivi de « AIMER PENSER MOURIR»: Hegel, Nietzsche, Freud en miroirs Comprend des réf. bibliogr. et un index. ISBN 2-89007-883-3 1. Hegel, Georg Wilhelm Friedrich, 1770-1831. Et la raison. 2. Raison. 3. Réalité. 4. Idéalisme. 5. Liberté. 6. État. 7. Amour. 8. Nietzsche. 9. Freud. 10. Mort. \. Titre. II. Titre: De la raison intégrale. B2949.R25G67 1999 193 C99-940817-S Dépôt légal: 1" trimestre 1999 Bibliothèque nationale du Québec © Éditions Bellarmin, 1999. Les Éditions Bellarmin remercient le ministère du Patrimoine canadien du soutien qui leur est accordé dans le cadre du Programme d'aide au développement de l'industrie de l'édition. Les Éditions Bellarmin remercient également le Conseil des Arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC). Pièce française de résistance à l'angloïsation de l'humanité À vous Jaclène, Reconnaissance Tikhone à Stavroguine: « Vous avez soif de souffrance et de sacrifice. Eh bien, surmontez aussi ce désir. » DoSTOïEVSKI, Les Possédés « Du kannst, weil du soUs!.» HEGEL, Wissenschajr der Logik u.1"'-<- li;. ci-- 5­ J Préface Dans l'introduction de ce livre, Jean-Luc Gouin nous avertit qu'il va nous parler de Hegel à la manière de Hegel. Voilà pourquoi sans doute il a de­ mandé une préface à un an-hégélien, plein de méfiance et de réserve à l'égard du grand penseur allemand, obscur à ses yeux; plein de préjugés aussi. 1'iégativité @ige. Préjugés! Hegel, fils de Kant, père de Marx et par là responsable de l'un des plus grands malheurs de l'histoire: celui des peuples opprimés par o (un Staline ou un Pol Pot au nom de l'idéal communiste. Hegel, ce solitaire y allemand à qui il manquera toujours d'avoir fait subir à ses pensées l'é reuve des salons français, gui les auraitclarifiéëS. Hegel, ce mont Blanc q~'il faut sans cesse réescalader pour en voir la blancheur. Gz-t:A e:rf ~ CC'" Mais je n'ai jamais douté de la grandeur de Hegel. 0 ist, c'est ains,i, ",'11•..­ ( aurait dit ce penseur devant le mont Blanc, affirmant par là que la conscience G:.-G.. ' d~.Y homme - qui se réconciliait avec la Chose, qui se fondait en elle après f~ t':;;' en avoir nié la caricature - était un sommet encore plus tragiquement soli­ . taire... et beau, et réel et vivant. Hegel ne dit pas: «Je pense,' donc je ~uis. » c....e,. rf"l ~ L;'seule ma~ière à ses yeux de dire je pense, c'est de dire cela est, c'est \ --" -J~ ( ainsi. Cet idéaliste pensait que l'au-delà du monde esJ-le monde lui-même, CaL ~ 1­ parce que le monde est à lui-même son au-delà. Cet idéaliste était un pas- 1(;- J.) '-... sionné, que dis-je, UI~JOU du réel, du_ rée.!Je lus concret. - -- - ~ 1 Hegel devant le mont Blanc et Jean-Luc Gouin devant Hegel me rap- lE.... pellent ces vers de Novalis, compatriote et contemporain du Maître: fJ""" \ HJ' . ('t:v-.,. Près de la mer, la mer nocturne et déserte, Un jeune homme est debout, Le cœur plein de chagrin, l'esprit plein de doute; 'f~~:~(~~\ J- ...... "'-'< ) ~ b-­ Sombre et triste, il interroge les flots: l __ ~ 1 ~ t --y--. ~ 1 ~ tE... i t,.::;::;7/', . [6;+ .... 1 r,. ~ 14 HEGEL OU DE LA RAISON INTÉGRALE Oh! Expliquez-moi l'énigme de la vie L'antique et douloureuse énigme Sur laquelle tant d'hommes se sont penchés: Savants à calottes hiéroglyphiques, Magiciens en turban et barrettes noires, Têtes coiffées de perruques et mille autres Pauvres fronts humains baignés de sueur. Dites-moi, la vie humaine a-t-elle un sens? D'où vient l'hmnme? O~ va-t-il? ...--.--, Qcihabitè là-haut dan~ étoiles d'or? Les flots murmurent leur éternelle chanson, Le vent souffle, et les nuages s'enfuient, Les étoiles scintillent, indifférentes et froides, Et un fou attend une réponse. ' J'étais moi-même ce fou, près d'une mer intitulée Hegel ou de la raison intégrale. Pour me rassurer, je suis allé tout-de suite vers l~hapitre ( qui offrait quelque prise au Riètre escalad!u~.L§!lis: «Aimer penser <Êf) mourir». Je me souvenais d'avoir lu dans Hegel ou sur Hegel des passages qui m'invitaient à voir en lui le penseur de l'amour. «La montagne et l'œil ui la voit sont l'objet et le sujet, mais entre l'homme et Dieu, entre l'esprit ( . et l'esprit, il~~ cette faille _de l'obje..ctivité [...] C'est seulement par l'amour qu'on peut briser la pujssance de l~bjectif.» Je serai toujours reconnaissant à l'égard de Jean-Luc Gouin de m'avoir donné de solides [ raisons de penser que l'amour est le mot de l'énigme hégélien~e. ­ 1/ -- Quand l'Autre est-il A~ da~;t~; sa ~ouYèfàineté? Dans l'amour A~u~.Rur où, dégagé de la gangue d'abstractions, d'idées figées -qui le tenaient enfermé hors de lui,' evient moi, qui suis rentré en moi-même, '11 emporté par le même désir. Cet amour est la p~ée: «L'acte de ~cU<indre ~ ~utre av~c soi-même.» Il est aussi la mort: le dernier abandon. Dans une simple pomme, nous rappelle Jean-Luc Gouin, Newton, signe de son génie, voyait la gravitation. En toute chose, ajoute-t-il, si je l'ai bien compris, Hegel,~ne d'un énie encore plus grand, voyait la dialectique, -~ ­ dont l' accompliss~e~~l' am~ ! ' {cfL...kIlWd'-, <..... c;....p-c- é ~ (p.. (tJ; J'ai trouvé dans ce dernier chapitre, inspiré, la force d'escalader les ( autres. J'y ai appris que la pensée est un combat toujours à recommencer: ) contre le même esprit d'abstraction au service du même penchant vers l'illu­ sion, contre le faux infini, contre le faux absolu, contre le faux Dieu, le Dieu objet, par lequel on se Ïaisse aliéner, assujettir pl~tôt que de l'aimer, ~arrt ) \ que sujet libre, dans et à travers le concret du monde. Jean-Luc Gouin n'explique pas Hegel. Il !!!Q!!.te~i 'assaut des b~~ades de l'illusion. Il nous le montre au c~bat. On apprend ainsi ce -- --- 15 PRÉFACE que Hegel n'est pas: un panthéiste, au sens où tout est divin a~~t le combat de la pensée; on apprend ce que n'est pas ~.9n: morte et froide. Elle est au contraire chaleu~e. On apprend ce que n'est pas la dialectique: thèse, antithèse, synthèse... un tour de passe-passe logique qui n'engage à rien; on apprend ce que n'est pas l'État: « le plus froid de tous les monstres froids». Nietzsche condamne par ces mots le penseur de l'État que fut Hegel, i! justifie aussi par là une certaine abdication de la pensée, bien contemporaine, 1 par-l;quelle on laisse l'État se réduire à sa caricature autoritaire sinon tota- litaire. Mais Hegel veillait: « La représentation s'imagine souvent que c'est f'/rj -, laforee qui assure la cohésion de l'État; mais ce qui maintient l'État c'estk f sentiment de l'ordre, partagé par tous. » - L'o;:d~~-d~ilestqueStion ici est voisin de l'harmonie et le sentiment { qu'il suscite est voisin de I:~ur; occasion de rappeler l'admIratIOn de Hegel pour I~é grecque antique, étape fondamentale de l'humanité sur le ~ ~,... X;'. sentier de l' apprivoisemel}t de la liberté. Liberté dont il rêvera p~ur l' Allema- NiS - gne, dont ~n::.Luc_G0!:Iin rêve PEur le Qu~bec, peuple sans Etat véritable JI (wirklieh) comme l'était l'Allemagne au temps de Hegel. --- Nous fuyons l'histoire, à défaut de pouvoir la faire. Historicité! Si Hegel était devant le mont Blanc, il était dans l'histoire, dans l'histoire de son temps et de son lieu. Cet engagement était une loi de son être comme de sa pensée. Autre à tant d'égards, Jean-Luc Gouin est, en un autre temps et un autre lieu, le même acteur-témoin de l'histoire que Hegel. Et il cite les chansonniers-poètes qui l'ont lancé sur le sentier de l'Absolu comme Hegel ( \ citait ses amis de collège, HOlderlin, Schelling. Plus on répète ~escalades, plus elles sont instructives. À une troi- sième lecture j'ai compris,-un peu plus et un peu mieux, cette pensée de Spinoza, adoptée à jamais par Hegel: toute détermination est négation.. DeN y. Omnis determinatio est negatio. Indétenniné, vous êtes tout etrien à la fois. D'où le caractère prophétique de ce mot du poète Pierre Emmanuel: « Voyez ( ces êtres qui essaient de se rendre originaux avec ce qu'ils ont de plus indétenniné.» L,! perfection consiste à retrancher. Cette vérité s'applique à l'art, certes, mais parce qu'elle s'applique d'abord au monde et à l'homme. Î-':'r/~ Elle s'applique à l'âme aussi, elle est mysti ue. La négativité hégélienne, _ t31J v ,- ~mp!.einte de la voie uploads/Geographie/ jean-luc-gouin-hegel-ou-de-la-raison-integrale-quebec-1999.pdf

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