Archives Scientifiques du Centre de Recherches Océanographiques de Dakar - Thia

Archives Scientifiques du Centre de Recherches Océanographiques de Dakar - Thiaroye Le Conseil des pêches de Joal Fadiouth : une institution de recherche, de gestion et de développement intégrés en partenariat par Moussa BAKHAYOKHO, Alassane DIENG, lbou NDIAYE et Marna FAYE ARClllVES SCIENTIFIQUES ==========================!J CEN"rRE DE RECI-IERCHES OCEANOGRAPHIQUES DE DAKAR· THIAROYE * INSTITUT SENEGALAIS DE RECHERCHES AGRICOLES * décembre 1999 LE CONSEIL DES PECHES DE JOAL FADIOUTH : UNE INSTITUTION DE RECHERCHE, DE GESTION ET DE DEVELOPPEMENT INTEGRES EN PARTENARIAT par Moussa BAKHAYOKHO, Alassane DIENG, Ibou NDIAYE et Marna FAYE /SRA, Centre de Recherches. Océanographiques de. Iitikar-1'hiaroye, RF. 2241- DAKAR INTRODUCTION Le centre de pêche de Joal est situé sur la Petite Côte du Sénégal ('fig. 1) au coeur d'une zone où d'importants phénomènes d'upwelling (remontées d'eaux froides riches en sels minéraux) se développent en saison froide (Rebert, 1983) et où les apports en matièresorganiques des estuaires du Saloum et du fleuve Gambie abondent notamment en saison des pluies (Anonyme, 1985). Cette zone se caractérise en conséquence par une haute productivité. Son littoral, plat et constitué de fonds meubles, a une grande richesse spécifique (Anonyme, 1985) et les espèces se concentrent tout le long de l'année dans cette frange maritime peu agitée. La Petite Côte apparaît donc comme une zone favorable à la pêche artisanale à partir du port de Joal, port moins excentré que celui de Djifère et plus proche des zones productives que le port de Mbour. Cette pêche artisanale sénégalaise va se développer très rapidement au cours des décennies 1970 et 1980 pour atteindre en 1987 quelques 1151 pirogues dont 1107 actives parmi lesquelles 425 sont basées à Joal (Soceco-Pêchart, 1983 ; 1990). Sa complexité sera si grande et sa dynamique si forte que les gestionnaires et les chercheurs vont éprouver de grandes difficultés à accompagner le mouvement, les pêcheurs à poursuivre leur développement et l'environnement de la pêche à s'adapter à la situation. La nécessité d'une collaboration, voire d'un partenariat entre les acteurs se fera sentir. C'est dans ce contexte que nous avions * proposé l'idée de mettre sur pied le Conseil des pêches de Joal-Fadiouth ; elle a été favorablement accueillie par les autorités du développementet de la recherche. Le présent document analyse le contexte qui prévalait dans les pêcheries artisanales et particulièrement dans le port de Joal à la fin des années 1970, au début et au milieu des années 1980, et qui a donné naissance au Conseil. Il présente ensuite la composition et le fonctionnement de cette organisation avant d'évoquer ses résultats et ses perspectives d'avenir. ."... . ~...-_.... "'.... .... GAMBIA SENEGAL c o T E P E T 1 T E 30' \ 1 30' 17°{,/ .. r, ~ SAlr-l OUIS i•. sj J (' ..~ < il ) .p r:=»...: r 1 rr 1II ' 1-- ~ . ~ S . E • f t . • T r) { .> ../' /. 0 /" (;j ·.c fi .5 (;' E ~~ • ) i 0 / i / ; /,.... N ~ (...-r: ./l~: RA / ., • G 'l"'~ \.. ft.··..· 1.. ~/.S'..-. MYAR ( (~.--:::' .;.~ :' \ j <\ ...~"... RUFISQUE "" / .......... . ...".: .: \ . \\ .... (t "\ \ ':\ t , M~.OUR \ "'~ 7 \ :)\ .: ---.... '» ? . ,~\. ...--....,' \ '., ~ ..' < . '. \ ( \'" \ \ : '\ o ( ,~f ' ; . / . 1 t; \ 1 .\ ~.r / \, '~:.,~") ') ( .. / . ~ '. 1 1 / ( ,f' . ))! J {, ,,> .. r: i \ I~ f ( .) f: i : "} 2(: l, ~.. ,~IJ ~~ "'" ••••• r' ,", '-;.'1. :"', ; 1"7 ~(. ~" '. M v~ \ --, ":. \ \ ~"" l, ~" ../ ._c. RO~O \ \ •••••• ;.> 1 30' 30' 30' 30' fig. 1.- La côte sénégalaise et la position du port de Joal 1. LE DEVELOPPEMENT DE LA PECHE A JOAL ET LES BESOINS DE COLLABORA TION DES INTERVENANTS DANS LA GESTION Les pêcheurs artisans connaissent bien l'environnement ci-dessus décrit et vont s'installer temporairement puis définitivement dans le port, par suite de la raréfaction progressive des prises d'espèces démersales traditionnelles sur la côte nord (Laloé et Samba, 1990) ; et en raison des difficultés de commercialisation des sardinelles capturées par les pêcheurs des îles du Saloum (Fréon et Weber, 1985). Joal devient un pôle d'attraction. En 1976, les saint-Iouisiens de Guet Ndar inventent la caisse à glace qu'ils installent à bord de grandes pirogues pêchant à la ligne pour leur permettre d'augmenter leur autonomie en mer et d'exploiter des lieux éloignés (Fall, 1984). II~ trouveront dans le centre de Joal un port d'accueil saisonnier pour exploiter les mérous. Réputés bons pêcheurs de soles au filet maillant calé au fond (filet dormant à sole), ils s'adonnent aussi à cette activité de décembre à mai, puis toute l'année avec une interruption pendant les fêtes religieuses de la Tabaski et de la Korité (Laloé et Samba, 1990). Les pêcheurs du Cap-Vert et de Ndayane trouveront aussi dans le centre de pêche de Joal un endroit indiqué pour l'exploitation de la sole d'octobre à mai (Soceco-Pêchart, 1990). Ceux des 'Iles du Saloum, spécialisés dans la capture de la sardinelle (plate surtout) au filet maillant encerclant se rendront à Joal d'octobre à mai (Chaboud et Laloé, 1983). Ils rencontreront dans ce port un débouché à leurs fortes captures, leurs épouses qui les accompagnent participant à la transformation des produits de la pêche non mareyés en frais. Elles traiteront aussi les Cymbium (yeet) capturés en abondance par leurs époux et les pêcheurs du Cap-Vert qui opèrent au filet dormant à yeet. Joal, apparaît aussi comme le centre principal de pêche à la senne tournante coulissante dirigée sur la sardinelle ronde, la courbine, les carpes blanches et les carangues (Anonyme, 1987a). La quasi-totalité du parc de pirogues à la senne tournante évolue à partir de ce port (Soceco-Pêchart, 1990). Ces pirogues ont quitté le centre de Djifère avec l'arrêt de l'usine de fabrique de farine de poisson pour rejoindre Joal afin de trouver un débouché à leurs produits et continuer à travailler. La réputation de Joal sera également le fait de la pêche à la seiche au casier et à la turlutte (Bakhayokho, 1980; Bakhayokho et Drammeh, 1986). Le prix très incitatif de ce mollusque sur le marché japonais permettra le développement tr~~ rapide de cette pêcherie encadrée par les sociétés sénégalo-nippones de la SOPAO" et de la SENEPESCA'" (Mizuishi, 1977). Société de Pêche de l'Afrique de l'Ouest. ... Sénégalaise de Pêche, Surgélation et Congélation des Aliments. 4 Avec la pêche de la seiche, la vente à la pesée sera introduite dans le mareyage. Les mareyeurs vont utiliser de la glace pour conserver les seiches. Ils pourront ainsi attendre les pêcheurs qui ne seront plus contraints comme auparavant de rentrer avant la tombée de la nuit pour écouler leurs produits. En conséquence, des lieux de pêche plus lointains sont de plus en plus visités pour poser les casiers et les filets dormants. L'explosion du poulpe (Octopus vulgaris) en 1986 (Caverivière, 1990) viendra compliquer le paysage de la pêche à Joal, attirant tous les pêcheurs de ligne, de casier voire de filet. Les pêcheurs des îles du Saloum utilisant le filet dérivant de fond, exploitent les barracudas en saison des pluies au niveau de l'estuaire et vendent leurs captures à Joal. De nombreux filets dormants quadrilleront toute la frange côtière de la Petite Côte pour pêcher les mâchoirons, les raies, les plexiglas, les otolithes, les courbines (Anonyme, 1985). Désormais, de nouveaux engins apparaissent (filet à Rhynobatos et palangres de fonds en 1986). De nouvelles techniques comme la mixité se pratiquent. Celle-ci consiste pour des pêcheurs d'une même pirogue en l'emploi de plusieurs engins au cours d'une même marée. Plusieurs sorties s'effectuent dans la même journée voire dans la même nuit (Gérard, 1985). L'expansion rapide des activités halieutiques à Joal au début des années 198Cl n'a pas manqué de poser d'énormes problèmes de gestion à l'administration .. locale et aux professionnels de la pêche. Les conflits en mer se multiplient entre les pêcheurs artisans utilisant des engins fixes (casiers et filets dormants) et ceux utilisant des engins mobiles (filets dérivants, sennes tournantes et filets maillants encerclants). Il en est de même aussi entre les chalutiers (surtout les glaciers) et les pirogues qui partagent les mêmes aires de pêche et recherchent les mêmes espèces. Les agents de l'administration, charqés aussi de la police des pêches, éprouvent beaucoup de difficultés à résoudre les problèmes et sollicitent l'appui de la gendarmerie, de la recherche et des pêcheurs (Bakhayokho et Diouf, 1990). Les vols de casiers créent doutes et SUspicions entre les pêcheurs et exacerbent les tensions sociales au sein des communautés d'exploitants. Les dépôts de plaintes au service des pêches et à la gendarmerie ne se comptent plus et posent d'énormes difficultés, d'autant que les jeunes pêcheurs (mineurs pour la plupart) uploads/Geographie/ joal-fadiouth.pdf

  • 19
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager