Collection de la Maison de l'Orient méditerranéen. Série géographique et préhis
Collection de la Maison de l'Orient méditerranéen. Série géographique et préhistorique Les côtes de la Tunisie. Variations du niveau marin depuis le Tyrrhénien Travail réalisé dans le cadre de l'ERA 345 du CNRS Roland Paskoff, Paul Sanlaville Citer ce document / Cite this document : , . Les côtes de la Tunisie. Variations du niveau marin depuis le Tyrrhénien. Travail réalisé dans le cadre de l'ERA 345 du CNRS. Lyon : Maison de l'Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux, 1983. pp. 3-192. (Collection de la Maison de l'Orient méditerranéen. Série géographique et préhistorique, 14); https://www.persee.fr/doc/mom_0243-2439_1983_mon_14_1 Fichier pdf généré le 10/09/2019 COLLECTION DE LA MAISON DE L'ORIENT MÉDITERRANÉEN N° 14 SÉRIE GÉOGRAPHIQUE ET PRÉHISTORIQUE, 2 LES CÔTES DE LA TUNISIE VARIATIONS DU NIVEAU MARIN DEPUIS LE TYRRHÉNIEN Travail réalisé dans le cadre de l'ERA 345 du CNRS par Roland PASKOFF Professeur à l'Université de Tunis et Paul SANLA VILLE Maître de recherche au C.N.R.S. Ouvrage publié avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique Maison de l'Orient 1 rue Raulin F-69007 Lyon Lo Gai ite & 2 Bizerte 27 lOOkr Carte générale de la Tunisie (Les cartons de repérage renvoient aux figures dans le texte) AVANT PROPOS Etendus et riches en faune, les dépôts tyrrhéniens de la Tunisie sont connus depuis la seconde moitié du XIX° siècle et, dans certains secteurs, ils ont déjà fait l'objet d'études détaillées, surtout au cours de la décennie qui a suivi la fin de la deuxième guerre mondiale. Les recherches se sont ralenties pendant un temps au lendemain de l'indépendance du pays. Nous les avons reprises depuis 1974, au rythme d'environ trois semaines d'investigation sur le terrain chaque année, en y associant des étudiants du Département de Géographie de l'Université de Tunis, Raouf Karray, Mongi Bourgou, Hédi Ben Ouezdou et Samir Mathlouti, qui ont préparé sous notre direction des thèses de troisième cycle et des mémoires de maîtrise. Ameur Oueslati mérite une mention particulière : il a étroitement participé à nos recherches pendant les trois dernières années et sa thèse sur l'île de Jerba et l'archipel des Kerkennah est maintenant un ouvrage de référence fondamental pour la stratigraphie du Quaternaire récent. L'organisation, en 1979, sous l'égide de la Sous-commission Méditerranée- Mer Noire des lignes de rivage de l'INQUA et sous notre direction scientifique (Paskoff et Sanlaville, 1979), d'une excursion consacrée au Tyrrhénien de la Tunisie, a permis de regrouper pendant une semaine sur le terrain de nombreux spécialistes venus des divers horizons des Sciences de la Terre. Les discussions qui ont eu lieu au cours d'une table ronde finale nous ont été très utiles en nous incitant à préciser nos points de vue et en nous ouvrant des perspectives nouvelles. A deux reprises, en 1976 et en 1982, l'un de nous (P.S.) a séjourné en Tunisie à l'invitation des autorités de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l'Université de Tunis, auxquelles il tient à exprimer ses remerciements. Les déplacements nécessités par nos recherches ont été exclusivement financés par VE.R.A. 345 du C.N.R.S.. A son responsable, le professeur André Guilcher, qui ne nous a jamais ménagé ses encouragements, nous sommes heureux de dédier ce travail. Composition, T. Monloup, C. Rey et R. Vergnieux, Maison de l'Orient. Mise au net des figures : Y. Montmessin, d'après des dessins de R. Paskoff et P. Sanlaville. RECHERCHES RAPPEL HISTORIÇUE DES RECHERCHES SUR LE TYRRHÉNIEN DE LA TUNISIE Les côtes de la Tunisie sont riches en dépôts marins et éoliens du Pleistocène supérieur qui ont depuis longtemps retenu l'attention des chercheurs. Déjà, dans sa relation de voyage en Afrique du Nord, publiée en 1851, Overweg mentionne l'existence de Strombus mediterraneus {^trombus bubonius) dans des terrains récents entre Hammamet et Sousse. C'est là, semble-t-il, la première référence à des couches à Strombes en Tunisie (Morin, 1972). Issel, qui devait créer le terme de Tyrrhénien en 1914, visite l'île de la Galite en 1877: la présence de Strombes lui échappe mais il note l'existence d'un conglomérat marin quaternaire à Purpura haemasto- ma. Il y a maintenant plus d'un siècle que des scientifiques français prennent une part essentielle dans le progrès des connaissances sur le Tyrrhénien de la Tunisie. La fin du XIX0 siècle voit le développement des recherches pionnières. Dans le rapport, imprimé en 1884, de sa mission dans la Régence de Tunis en 1877, Pomel consacre plusieurs pages au Quaternaire marin. Les environs de Monastir retiennent particulièrement son attention ; il en donne des coupes et y observe la présence du Strombe, qu'il a également rencontré à Hergla et au sud-ouest d'Hammamet. Ce Gastéropode est aussi signalé à Jerba et dans l'archipel des Kerkennah par Doûmet-Adanson (1888) qui visite ces îles en 1883-1884. Aubert, auteur de la première carte géologique d'ensemble de la Tunisie au 1 : 800 000 (1892), décrit les dunes et les dépôts de plage anciens des environs de Bizerte et de la péninsule du Cap Bon. Il attire l'attention sur l'existence d'un cordon littoral fossile à Strombes qui peut se suivre sur de longs secteurs de la côte des Golfes d'Hammamet et de Gabès. Avec le début du XX" siècle, l'attention des chercheurs se concentre sur le plateau de Monastir, site remarquable par l'extension de ses dépôts marins quaternaires, riches en faune, tout particulièrement en Strombus TYRRHÉNIEN DE TUNISIE bubonius et autres représentants du cortège sénégalien. La première étude précise est due à Flick et Pervinquière (1904) : ces auteurs donnent une liste détaillée des espèces recueillies et ils émettent l'idée que les formations de plage qui les contiennent sont déformées par la tectonique. Presque à la même époque, de Lamothe (1905), après une prospection attentive accompagnée de levers topographiques, exprime un point de vue différent : deux niveaux, tous deux caractérisés par des Strombes, l'un culminant à 30-32 m, l'autre à 15-20 m, peuvent être distingués à proximité de l'agglomération de Monastir ; ils ont une origine eustatique et ils ne sont pas déformés. Quelques années plus tard, Depéret (1918) rattache le premier niveau au Tyrrhénien et considère que le second est le produit d'un cycle marin indépendant auquel il donne le nom de Monastirien. Ce nouvel étage est inséré sans difficulté dans la chronologie classique du Quaternaire marin et utilisé même en dehors de la Méditerranée. Par la suite, Zeuner (1945) distingue un haut Monastirien (15-20 m) et un bas Monastirien (6-8 m). L'entre-deux-guerres est dominé par les recherches géologiques de Soli- gnac dont l'œuvre scientifique, remarquable par son étendue et sa variété, ne néglige pas le Quaternaire marin. Sur les cartes au 1 : 200 000 qu'il lève et publie entre 1924 et 1935, dans sa thèse (1927) sur la Tunisie septentrionale et dans la notice de la nouvelle carte au 1 : 500 000 de la Tunisie (1931), cet auteur mentionne de nombreuses plages anciennes, qu'il rapporte au Pleistocène supérieur. Dans la dernière publication, il reconnaît que la distinction entre le Tyrrhénien et le Monastirien, qu'il avait d'abord admise, n'a pas lieu d'être car, pour lui, il n'y a, à Monastir, qu'une seule plage à Strombes d'âge tyrrhénien. Un regain d'intérêt pour le Quaternaire marin se manifeste dans les années qui suivent la deuxième guerre mondiale. Il est illustré essentiellement par les travaux de Castany qui étudie de nombreux sites tyrrhé- niens entre Bizerte et Zarzis. En collaboration avec Gobert et Harson (1956), il a le grand mérite de trancher le débat qui, à propos du plateau de Monastir, opposait depuis le début du siècle les tenants de deux niveaux à Strombes d'origine eustatique, et ceux qui suspectaient l'occurrence de déformations tectoniques importantes et récentes. Des recherches minutieuses apportent la démonstration que le plateau correspond à un seul niveau à Strombes, d'âge tyrrhénien, bombé et faille. Castany propose donc d'abandonner le terme de Monastirien qui, de fait, disparaîtra progressivement de la littérature scientifique. Par la suite (1962), il publie un article de synthèse dans lequel il distingue, à propos du Tyrrhénien de la Tunisie, deux pulsations transgressives, séparées par une régression. La première (Tyrrhénien I) a laissé sur la côte orientale du pays, immédiatement en arrière du rivage actuel, un cordon littoral, qualifié de « dune an- 8 RECHERCHES cienne », généralement constitué par des grès calcaires oolithiques. La seconde (Tyrrhénien II) est attestée par une plage à Strombes qui butte contre le bourrelet du Tyrrhénien I, vers 8-10 m au-dessus du niveau actuel de la mer, sauf là où des déformations se sont traduites par des soulèvements ou des affaissements. Cette plage, riche en faune qui inclut plusieurs représentants du cortège sénégalien, présente souvent un faciès grossier. Elle peut être recouverte par des formations dunaires grésifiées, mises en place lors de la régression qui a suivi son dépôt. Jauzein (1967), qui assimile la plage à Strombes au Néotyrrhénien de la Méditerranée et à l'Ouljien du Maroc, complète ce schéma en signalant sous la dune ancienne, et associée à elle, l'existence d'une plage, apparemment à faune banale, qui culmine à 12-15 m et qu'il rapporte à l'Eutyrrhé- nien. Dans la péninsule du Cap Bon, sous cette plage et uploads/Geographie/ kerkennah.pdf
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- Publié le Nov 16, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
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