Mîlcu Anastasia-Maria, Anul I,LCDI La grande peur dans la montagne De Charles-F

Mîlcu Anastasia-Maria, Anul I,LCDI La grande peur dans la montagne De Charles-Ferdinand Ramuz La littérature francophone se fonde sur le partage de la langue française. Étant donné qu’une langue se renouvelle grâce à des écrivains que la montrent sous tous ses aspects, venant de partout, on constate « qu’il n’y a plus une littérature française, mais une polyphonie de voix littéraires. »1 qui coexistent et l’enrichissent sans cesse. Charles-Ferdinand Ramuz est souvent considéré comme « le plus grand auteur de la Suisse romande »2 d’autant plus qu’il a contribué à la naissance de la littérature romande moderne et que son œuvre a constitué, dans le temps, une source d’inspiration pour d’autres artistes. Malgré certaines critiques visant quelques aspects de son écriture, ses textes continuent d’être publiés, traduits et analysés e cela grâce aux qualités particulières de la langue, aux techniques narratives modernes et à son style. La réception de la création ramuzienne a été assez contrastée, en France comme en Suisse. Les premières études prennent en considération surtout la thématique des textes ramuziens. Dans la Collection littéraire Lagarde & Michard, Ramuz est intégré au chapitre L’homme devant la nature: « Choisissant ses héros parmi les êtres prétendus simples, il trouve son inspiration essentielle dans l’amour d’un terroir et fait de la Nature non un décor mais un vrai personnage. »3 Il est analysé à côté d’autres écrivains considérés régionalistes mais on apprécie que c’est un écrivain beaucoup plus complet car il souhaitait, dans son étude L’exemple de Cézanne « un art de milieu en même temps qu’universel. »4 « Il n’exprime pas une philosophie précise ni une croyance déterminée. Mais le jeu constant de la vie et de a mort, l’opposition des deux principes du Bien et du Mal, l’étonnement devant les forces cosmiques, le sentiment d’un au-delà presque cosmiques cernant le monde des vivants appellent la réflexion et donnent autant de 1 Littérature-francophone. Anthologie, Nathan, Paris, 1992, p.3. 2 Kila Noémi, Dynamismes et structures de la perception dans l’œuvre de Charles Ferdinand Ramuz, Textes et cultures EA 4028, Ed. Arras, p.29. 3 Collection Littéraire Lagarde & Michard, Bordas, 1973, p.506. 4 Ibidem., p.508. 1 profondeur que de puissance à ses réflexions. »5 C’est toujours au régionalisme que l’auteur suisse est rattaché par Paul Vernois qui lui a consacré un chapitre intitulé L’épanouissement du roman rustique mystique- C.F. Ramuz dans son ouvrage « Le roman rustique de Georges Sand à Ramuz. Ses tendances et son évolution. »6 C’est toujours le critère de la thématique qui a conduit d’autres analystes à placer Ramuz parmi les écrivains considérés régionalistes : « Sa primordiale source d’inspiration est la nature suisse qui conditionne la vie de tout habitant aussi bien par sa beauté que par son caractère effrayant. Passant de nombreux séjours en Valais, Ramuz explore les montagnes et s’imprègne des beautés et des secrets qui l’entourent. Pourtant, sa vision de la montagne et des sommets ne correspond pas à celle d’un alpiniste émerveillé ; Ramuz la regarde par des yeux de ses paysans. »7 La langue utilisée par Ramuz dans ses écrits a fait souvent l’objet de contestations. Le plus indigné des particularités de cette langue française semble être Auguste Bailly « Écrivain français !... S’il veut l’être, qu’il apprenne notre langue! Et s’il ne veut pas l’apprendre, qu’il en emploie une autre! »8 Si le droit de Ramuz de donner un emploi personnel à la langue française a été longtemps contesté, des études plus récentes considèrent que l’écart par rapport aux normes académiques doit être converti en plus- value-artistiques : « Sans doute y a-t-il à l’origine une certaine défiance envers le langage. Mais cette défiance, cette gêne, qui sont imposées à tant d’hommes de l’extrême périphérie du domaine linguistique français, il faudra savoir leur faire jouer un rôle salutaire. »9 Ramuz lui-même prend la défense de la langue qu’il a utilisée dans ses écrits : « J’ai essayé de me servir de la langue-geste qui continuât à être celle dont on se servait autour de moi, non de la langue-signe qui était dans les livres. […] Mais […] je vois aussi que cette langue-geste (c’est un autre encouragement) que cette langue suite-de- gestes, où la logique cède le pas au rythme même des images, n’est pas très loin de ce que cherche à réaliser avec ses moyens à lui le cinéma. » 10 5 Collection Littéraire Lagarde & Michard, op.cit., p.508. 6 Kila Noémi, op.cit, p.53. 7 Alzbeta Juranková, L’univers mystérieux de Charles-Ferdinand Ramuz, analyse basée sur l’explication des œuvres choisies, Brno, 2009 8 Kila Noémi, op.cit., p.58. 9 Ibidem, p.58. 10 C.F.Ramuz, Lettre à Bernard Grasset, apud Kila Noémi, op.cit., p.59. 2 La critique plus récente veut prouver la richesse esthétique ramuzienne due à la présence d’emprunts à différents arts : le problème de la perspective sur les phénomènes dont il parle dans ses écrits semble influencé par la peinture ; on lui a trouvé des similitudes avec les cubistes où les impressionnistes (tel Césanne) : l’abondance des termes de la couleur et des termes géométriques ainsi que la fréquence des verbes de perception. D’autres études sont consacrées à la relation avec le cinématographe, quand on parle des techniques narratives ou du point de vue ; Jean Pierre Portmann constate: « Ramuz fut obsédé par les problèmes et les techniques de simultanéité…Nous pensons qu’il fut aussi préoccupé par le mouvement, par le déroulement des événements. Ramuz fut, assurément, sensible aux images, à des séries d’images, à des images non-figées, qui se relaient qui se chevauchent. »11 Parmi les procédés cinématographiques propre au style ramuzien, une autre chercheuse, Sylvie Villelm, identifie : « les gros plans, les plans d’ensemble, la vision en plongée et en contre-plongée, les changements de lieux, le montage parallèle ou alternant. Toujours en relation avec le cinématographe est considéré l’usage ramuzien des temps verbaux : l’effet d’irruption déclenché par l’apparition du présent au milieu d’autres formes verbales modifie la situation d’énonciation ; les ruptures temporelles traduisent la mobilité du récit dans ses dimensions temporelles et spatiales. Le roman La grande peur dans la montagne est considéré par la plupart des critiques littéraire comme l’œuvre représentative de la création ramuzienne tant en ce qui concerne la thématique qu’en ce qui concerne les techniques narratives ou la problématique de la langue et du style e général. À l’occasion des longs séjours dans les montagnes vaudoises, Ramuz a écouté des histoires que l’on racontait au coin du feu ; mais il a certainement lu de telles histoires dans les recueils de légendes qui ont paru à l’époque ; dans ce roman il raconte, à sa manière, une tragédie qu’ont reçu les habitants d’un petit village montagnard : la communauté des villageois est partagée entre le désir des jeunes de profiter de la richesse d’un pâturage alpin, situé dans la haute montagne et la réticence, l’opposition des personnes plus âgées qui, une vingtaine d’années plus tôt, avaient vécu une véritable tragédie. Les arguments des jeunes sont plus forts: ils ont besoin d’herbe fraîche pour leurs troupeaux des vaches, car ils sont pauvres, la vie est 11 Jean Pierre Portmann, Ramuz, créateur des images, apud Kila Noémi, op.cit., p.71. 3 dure dans la haute montagne, ils n’ont aucune autre source de revenues ; et puis ils ne croient pas, comme les vieux, que la haute montagne soit un lieu maudit care ils ne sont pas superstieux, ils s’imaginent que la tragédie précédente a eu une motivation réelle, positive. Les jeunes sont confiants dans leurs forces et dans leur capacité à surmonter les obstacles rencontrés dans la montagne. Parmi les sept villageois qui se décident à monter vers le glacier situé à deux mille trois cents mètres d’altitude il y a Clou, un homme étrange et solitaire, Barthélémy, un survivant du malheur arrivé une vingtaine d’années plus tôt, qui se croit protégé par un talisman porté autour du cou, et Joseph, un jeune homme pauvre qui n’a pas la possibilité de se marier à Victoire ; il espère obtenir le peu d’argent nécessaire pour leur mariage. Pour explorer la haute montagne, on organise une première montée pendant laquelle quelques villageois découvrent un paysage sauvage et inquiétant mais ils ignorent les craintes et organisent le deuxième auquel participent plusieurs pour transporter les bagages et conduire les troupeaux de vaches. Restés seuls, les sept hommes organisent leur séjour à la Sasseneire et se réjouissent de l’abondance de l’herbe et de la beauté du paysage. Mais, très vite, les mauvais signes s’accumulent: les vaches tombent malades, une à une ; pendant la nuit ils ont l’impression d’entendre des pas sur le toit sans savoir qui c’est ; obligés de traire les vaches et épuisé de fatigue, ils commencent à jeter le lait par terre ce qui est considéré une offense apporté à la nature car le lait, comme le pain, nourrit l’homme et il faut le respecter. Les sept hommes deviennent nerveux et suspicieux, ils ne se parlent que très peu, s’isolent chacun avec ses obsession et la peur s’installe. Un médecin appelé du village constate uploads/Geographie/ la-grande-peur-dans-la-montagne-eseu.pdf

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