La pensée cartographique des images Teresa Castro La pensée cartographique des

La pensée cartographique des images Teresa Castro La pensée cartographique des images ALÉAS Aléas cinéma Collection dirigée par Rémi Fontanel et Luc Vancheri ISBN 978 2-84301-297-6 © ALÉAS ÉDITEUR, mars 2008 Siège social : Aléas Éditeur, 15 Quai Lassagne - 69001 LYON Direction : Maurice GLAYMANN et Pascal VERCHERY www.aleas.fr l’Ami duLivre, l’ÉditeurAudacieux et Sagace Sommaire Introduction Première Partie La raison et les formes cartographiques d l’image. Chapitre I Des cartes à la « raison cartographique » des images. I.1. Définir la carte. Entre langage et dispositif visuel. Les objets de la carte et la question du référent. La carte dans le tableau : coïncidence ou décalage représentationnel ? Quelques conclusions. I.2. Aux origines de l’expression « raison cartographique ». I.3. De la « raison graphique » à la « raison cartographique ». I.4. La « raison cartographique » et l’histoire. I.5. Une définition de la « raison cartographique ». Un mode de pensée. L’historicité des formes de rationalité. Un champ épistémologique. Chapitre II Cinéma, cartographie et formes cartographiques. II.1. Le « géographique » du cinéma : quelques jalons d’analyse. II.2. Gilles Deleuze et la « méthode cartographique ». II.3. Giuliana Bruno et l’« atlas de l’émotion ». II.4. Tom Conley et le « cinéma cartographique ». II.5. Bilan II.6. Les formes cartographiques. Le panorama, ou le déroulement de la vision. L’atlas, ou le désir de mouvement. La vue aérienne, ou le paradigme zénithal. Pour une théorie des formes cartographiques. Deuxième partie Formes cartographiques et cinéma. Chapitre III Les Panoramas. III.1. Du siècle des panoramas à l’âge des panoramiques. Le siècle des panoramas. Le Cinéorama de Raoul Grimoin-Sanson. Photographie et panoramisme au XIXe siècle. III.2. Panoramique, stratégies descriptives et montage. Entre topographie et pittoresque, des ruines aux archives. Arpentages. Poésie des foules et « montage horizontal ». III.3. Panoptisme. Questions de genre : Laura Mulvey, Peter Wollen et Chantal Akerman. III. 4. L’ « effet panorama ». Un cinéma sans cadre ? Un cinéma des virtualités ? III.5. Conclusions. Chapitre IV Les Atlas. IV.1. Le monde à portée de main et du regard. IV.2. Des atlas géographiques aux atlas en tant que mécanisme de pensée. Le XIXe siècle et les « atlas scientifiques ». L’« atlas cinématographique » d’Aby Warburg ? IV.3. Les Archives de la Planète [1912-1931] d’Albert Kahn. L’architecte et le maître d’œuvre. Le « grand livre du monde » est un atlas. L’art de décrire ou savoir « épier la nature ». IV.4. Images du monde (d’)après les Archives de la Planète. Le cinéma colonial serait-il un genre cartographique ? Godfrey Reggio et la trilogie Qatsi. IV.5. Formes contemporaines de l’atlas. Un atlas de Milwaukee : James Benning. L’Atlas Group et Walid Raad. Patrick Keiller : cinéma cartographique et atlas filmiques. Remerciements L’idée de ce travail est née en 2004, lors d’une visite au Musée Albert Kahn. Mes remerciements vont tout d’abord à Philippe Dubois, qui, dès le début, a cru dans cette recherche, ainsi qu’au personnel du Musée, pour leur générosi- té sans réserve. Merci à Jacques Aumont, Giovanni Careri, Christian Jacob et aussi Sylvie Lindeperg : leurs commentaires et réflexions m’ont beaucoup appor- té. À Luc Vancheri et à l’équipe d’Aléas, toute ma reconnaissance pour la confian- ce qu’ils m’ont accordée. Chantal Benedetti m’a offert son aide pour les traductions de l’anglais et Martine Floch pour celles de l’allemand. Sans ses lec- tures attentives et amicales, ce travail n’existerait pas dans sa forme actuelle. Je tiens, par ailleurs, à saluer mes parents, ainsi que tous les amis et compagnons de recherche, trop nombreux pour être cités ici. Un mot, enfin, et pas le moindre, pour Aldo Benedetti. La publication de cet ouvrage a bénéficié du généreux soutien de la Fundação para a Ciência e Tecnologia, Portugal. Publié avec la concours Centre National du Livre. 4 5 INTRODUCTION À première vue, rien ne semble plus éloigné que cartogra- phie et cinéma. Se fondant sur une panoplie d’opérations d’essen- ce mathématique, la première se veut science exacte et rigoureuse. Affaire de mensuration, de modélisation, de projection, la carto- graphie est devenue une question de gestion et de contrôle des territoires, voire de surveillance satellitaire. Le cinéma, pour sa part, oscille, dans le sens commun, entre l’art et l’industrie, l’oeuvre et le marché. Qu’on l’imagine attaché à une spécificité précise (comme celle de la projection dans le noir d’une durée imposée), ou qu’on le veuille démultiplié (diffusé en ligne, expo- sé dans des galeries, projeté sur les murs des villes, etc.), il n’en reste pas moins une question de création et de divertissement. Et pourtant. À y regarder de plus près, les choses ne sont pas ce qu’elles semblent. Loin de se limiter aux opérations techniques visant à dresser des cartes, la cartographie est aujourd’hui large- ment reconnue comme un phénomène culturel complexe, qui recouvre une multiplicité de formes et d’expressions. Pouvant désigner des expressions picturales remplies de scènes imagées [Fig. 1], mais aussi des maquettes réalisées avec des coquillages et des baguettes de bois (voire des récits oraux) [Fig. 2], la carte est irréductible à un modèle unique 1. Elle nourrit des récits, sti- mule la fantaisie et a définitivement colonisé l’imaginaire litté- raire et artistique. À l’aube du XXIe siècle, entre cartographie de Mars et celle du génome, elle s’affirme comme un principe d’expli- 7 IV. 6. Conclusions. Chapitre V Les Vues Aériennes. V.1. Les légendes d’un siècle. Au début était le ballon. Images de la guerre (1914-1918) : photographie et cinéma aériens. V.2. « Ciné-sensations » du monde (1919-1939). Les vues aériennes dans la culture visuel- le occidentale (1918-1939). « Ciné-sensations » urbaines : Chicago, New York. V. 3. L’« ornement de la masse » à Hollywood : de Siegfried Kracauer à Busby Berkeley. « L’ornement de la masse » selon Siegfried Kracauer. Les comédies musicales de Busby Berkeley des années 1930. Ornementation et « Berkeleyesque ». V.4. De « l’œil en dehors de l’œil » aux « mille yeux du Docteur Mabuse » ? V. 5. Conclusions. Troisième partie Enjeux de la raison cartographique des images. Chapitre VI De la description au diagramme : cinéma, régimes de visibilité et rationalités cartographiques. VI.1 Décrire et diagrammatiser le réel. Stratégies descriptives. Descriptions organiques et descriptions cristallines. Diagrammes. Régimes descriptif et diagrammatique des images. VI.2. Cinéma et rationalités cartographiques. Visibilité cinétique. Surfaces d’inscription. VI.3. Bilan, pistes et ouvertures. Conclusion. Bibliographie. Index. Noms Films. Table des figures. 6 1 Pour ce qui est de ces cartes moins conventionnelles (dont les « stick charts » des Îles Marshall, dans le Pacifique ou certaines cartes « orales » africaines ), cf. le deuxième volume, livre 3, de The History of Cartography. Cartography in the Traditional African, American, Arctic, Australian, and Pacific Societies (ed.) David Woodward and G. Malcolm Lewis, Chicago, Chicago University of Chicago Press, 1998. Les différents volumes de cette vaste histoire de la cartographie constituent, avec le travail de Christian Jacob, L’Empire des cartes. Approche théorique de la cartographie à travers l’histoire (Paris, Albin Michel, 1992), l’ouvrage cartographique de référence du présent travail. Bruno semblent faire écho à une thèse de Christian Jacob (dont le travail sur la cartographie est une des grandes références du pré- sent ouvrage) : [La carte] invite son lecteur à se projeter dans la représentation, à la focaliser et à en être non seulement le spectateur passif, mais aussi l’architecte, le constructeur. Elle annihile en fait l’écart constitutif de la représentation, en projetant le spectateur à l’inté- rieur même de ce qui est représenté, sous la forme d’un investis- sement imaginaire, d’un regard et d’une mobilité incorporels. Elle instaure une réalité qui est de l’ordre du simulacre et de la simu- lation, et invite à vivre une vie, des passions, des émotions et des désirs par procuration. 5 Conçu comme une étude d’analyse et de culture visuelle, ce travail souhaite marquer sa différence : c’est moins à la dimension spectatorielle qu’à celle d’image qu’il s’intéresse. Au lieu de pen- ser la figure de la carte dans le film, ou le rapport entre le film et le spectateur, c’est une idée centrale qu’il s’agit de défendre ici : le cinéma, et au-delà de celui-ci le monde des images en général, sont traversés par une pensée de l’espace qui trouve dans la carte géographique son modèle théorique. L’intention de cet ouvrage n’est donc pas de discuter des applications potentielles du cinéma à la cartographie et à la géographie, celle-ci étant entendue comme science de l’espace à laquelle la cartographie se rattache. L’objec- tif général vise davantage à créer un cadre susceptible de penser théoriquement et historiquement les relations entre les images cartographiques et les images cinématographiques. Si la carto- graphie et la géographie jouent un rôle certes essentiel dans cette histoire d’images, c’est surtout leur dimension épistémique et inventive qui m’intéresse. Comme le signale le philosophe Jean- Marc Besse, il faudrait envisager la géographie comme une « manière d’être dans l’espace et de le penser » 6. La cartographie devient dès lors non pas une affaire d’information géographique, mais d’imagination géographique. 9 cation spatial (et uploads/Geographie/ la-pensee-cartographique-des-images-cin-pdf.pdf

  • 26
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager