COLLECTION D'ESTHETIQUE Sous la direction de Mikel DUFRENNE _ — . 8 _ _ _ _ _ _

COLLECTION D'ESTHETIQUE Sous la direction de Mikel DUFRENNE _ — . 8 _ _ _ _ _ _ Déjá parus dans la méme Collection : 1. Mikel DUFRENNE. — Esthétique et philosophie. 2. P.A. MICHELIS. — Etudes d'esthétique. 3. Christian METZ. — Essais sur la signification au cinema (2C tirage). Tome I. 4. Jean LAUDE. — La peinture frangaise (1905-19U) et V « Art Négre » (2 volumes). 5. Michel ZERAFFA. — Personne et personnage. Le romanesque des années 1920 aux années 1950 (2e tirage). 6. Jean-Pierre MARTINON. —. Les métamorphoses du désir et l'ceu- vre. Le iexte d'Eros ou le corps perdu. 7. Jean-Francois LYOTARD. — Discours, Figure. 8. Pierre SANSOT. — Poétique de la ville. 9. L'année 1913. Les formes esthétique s de l'amure d'art á la veille de la premiare guerre mondiale. — Textes et docu- ments réunis et presentes sous la direction de L. BRION-GUERRY. 10. Margit ROWELL. — La peinture, le geste, l'aclion. 11. Louis MARÍN. — Eludes sémiologiques. 12. Christian BRUNET. — Braque et l'espace, langage et peinture. 13. Stefan MORAWSKI. — L'absolu et la forme. L'Esthétique d'An- dré Malraux. 14. Christian METZ. — Essais sur la signification au cinema, tome II. ' i 15. Qlivier REVAULT D'ALLONNES. — La création artistique et les promesses de la liberté. 16. Marc LE BOT. — Peinture et Machinisme. 17. L'année '1913, tome III. Manifestes et Témoignages. — Textes et documents réunis et presentes sous la direction de L. BRION- GUERRY. 18. Gilbert LASCMJLT. — Le Monstre dans í'art occideníaí, un pro- bléme esthétique. Pierre SANSOT POÉTIQUE DE LA VILLE Vreface de Mikel DUFRENNE Nouveau tirage EDITIONS KLINCKSIECK P A R Í S 1973 « La loi du 11 mars 1957 n'autorisant, aux termes des alineas 2 et 3 de l'article 41, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées á l'usage privé du copiste et non destinées á une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'cxemple et d'illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale, ou partidle, faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite » (alinea 1er de l'article 40). « Cette représentation ou reproduction, par quelque procede que ce soit, constituerait done une contrefagon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code Penal. » I.es citations et documents de cet ouvrage demeurent la propriété de leurs éditeurs respectifs. © 1973, by Editions Klíncksieck, París Printed in Frunce PREFACE Voici — dira-t-on : enfin ? — un livre sur la ville oü n'ap- paratt nul discours á prétention scientifique, oü rien n'est sug- géré aux technocratcs de Vurbanisme ! Un livre oü c'est la ville qui parle, librement, á voix claire ! Certes elle ne dispose pas d'une langue, d'une batterie de signifiants linguistiques ; mais elle est elle-méme ce signifiant, et qui porte en lui son signifié : elle s'exprime ; et quelqu'un qui a appris a parler et á écrire exprime á son tour cette expressivité. Sans doute faut-il que Fierre Sansot ait choisi pour cela une méthode, la plus simple et la plus difficile a pratiquer : la deseription (et il s'en explique assez pour donner satisfaction á tous les censeurs). Mais il faut aussi qu'il soit inspiré par cet amour de la ville qu'il evoque lon- guement ; il ne se fait l'interpréte de la ville, docile et fidéle, que parce qu'il en est le dévot et le cómplice. Mais s'il exerce son droit de parler de la ville, il ne le revendique pas comme un privilége : tous ceux qui vraiment habitcnt la ville, la ville les fait parler. Davantage, elle les fait étre. Car elle n'est pas seulement expressive, elle est naturante. Les hommes — ses hommes — ne tiennent pas seulement le lan- gage que les lieux leur inspirent : langage du bistrot, langage de la rué, langage du Prisunic. lis soni, dans leurs gestes ou leurs démarches, ce que la ville attend d'eux. Qu'ils descendent dans la rué pour aller á leur travail ou pour se promener, ou pour y dresser des barricades, qu'ils se cachent pour échapper á la pólice ou qu'ils se montrent pour participer á un défdé, la ville inspire leur comportement. Et méme leurs revés ; car elle semble aussi gouverner l'imagination humaine ; ou plutót elle secrete elle-méme l'imaginaire dont elle s'auréole et par lequel elle se signifié. Lorsque Sansot écrit : « Pour distinguer sérieusement deux lieux réels, ne faut-il pas d'abord chercher ce qui les dis- tingue imaginairement, se demander de quels prolongements oniriques ils sont capables », il se garde de diré que l'imaginaire est le fait de la subjectivité : il est au contraire le fait du réel, et ce sont les images de la ville, on oserait diré ses fantasmes, qui s'animent dans les réves des hommes. Ainsi les citadins sont-ils vraiment á l'image de leur ville. Mais comment l'entendre ? Faut-il invoquer ici un condition- nement, comme de l'animal mu par un tropisme, ou de l'enfant 4 PRÉFACE dressé par l'éducation ? Nullement; ce n'est pas de détermi- nisme qu'il s'agit, mais de réciprocité et de connivence : les hommes produisent leur ville comme la ville produit ses hom- mes, sans qu'aucun des partenaires puisse se targuer d'une ini- tiative ou d'une priorité. Mais ce que Sansot entend justifier, c'est une « approche objectale » de la ville. Objectale, et non objective : car l'objectivité est réductrice, elle est le propre d'un appareil conceptuel qui determine arbitrairement son champ d'investigation, qui substitue l'objet de connaissance á l'objet réel. Violence du concept ; et Sansot est toute douceur : il laisse étre la ville ; et s'il lui faut choisir les éléments, les objets, les parcours, les hauts-lieux et les hauts-moments de la ville qu'il décrit, on verra avec quelle prudence il elabore les « critéres » de ce choix, et comment en quelque facón il en laisse la respon- sabilité a la ville elle-méme. Mais selon cette approche objectale, le sujet n'est nullement revoqué, comme il l'est, allégrement, dans tant de philosophies á la mode : nulle philosophie n'est moins parisienne que celle de cet amoureux de París. Sansot n'oublie jamáis que si l'homme est á l'image de sa ville, la ville est tout autant á Vimage de Vhomme : édifiée par lui, marquée en tous ses lieux par son tra- vail, ses peines et ses joies, tout ce que la présence humaine dépose sur les pierres. Et c'est pourquoi les critéres qui permet- tent de déterminer les parcours et les lieux, s'ils sont objectifs, sont aussi subjectifs. Mais la subjectivité á laquclle se refere la description n'est pas une subjectivité souveraine, qui s'afprme- rait dans le régime de la séparation ; c'est la subjectivité de Y étre au monde, engagé, pris et compris dans le monde de la ville ; et pareillement tout melé aux autres, á ees hommes « qui, tout comme nous, ne peuvent refermer leur prise sur ce monde qui en appelle, spontanément, á d'autres regarás, á d'autres pas ». Subjectivité fraternelle encoré, en-decá de l'institution et de la lutte, subjectivité naissante. Mais quel est le lieu de cette naissance, qui est aussi la nais- sance de l'objet ? « Nous avons parlé selon le langage du dua- lisme, mais ce chiasme déplie, dans sa parfaite symétrie, l'unité sans laquclle il ne se comprendrait pas. » La phénoménologie de Sansot vise done á se situer en ce point oú l'homme et la ville — le sujet et l'objet — ne sont pas encoré separes, et n'existent que l'un par l'autre. Certes, on peut comprendre la ville comme l'ceuvre d'un homme qui a pris ses distances pour la construiré, pour maítriser et modifier le milieu : c'est á quoi s'efforce le géographe. Mais « nous avons l'ambition, dit Sansot, de des- cendre plus bas, avant que l'homme ne se separe de son ceuvre ». Plus bas : vers l'origine, vers cette co-naissance de l'homme et du monde. Mais une origine qui n'est pas préhistorique comme Z'olim des fables ou le paradis perdu des mythes, qui est toujours présente, qu'une description assez fine, assez penetrante, peut nous donner au moins á pressentir : a lire Sansot, vous vous étonnerez de découvrir la ville dans sa vérité premiére, une vé rite familiére que pourtant nous vivons sans en preñare conscience. El pourquoi retarder votre lecture ? A quoi bon rediré, et de f<i(y>n si sommaire, ce que Sansot dit et montre infiniment PRÉFACE 5 mieux ? Le seul objet de ees ligues, c'est de justifier l'insertion de ce livre dans une coUection d'esthétique. Certes, ce travail ferait honneur á n'importe quelle coUection, et c'est avec joie qu'on l'accueille ici. Mais cette coUection est bien son lieu natu- rel ; car ce livre est une « poétique » : pour dévoiler cette ville premiére, á la fois surréelle et connaturelle á l'homme, la poétique se substitue á la phénoménologie, et devient « la seule approche possible uploads/Geographie/ la-poetique-de-la-ville.pdf

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