La Philosophie de l'Image François Dagognet Vrin 1986 L'auteur François Dagogne
La Philosophie de l'Image François Dagognet Vrin 1986 L'auteur François Dagognet est philosophe (agrégé de philosophie en 1949) et scientifique (docteur en médecine en 1958). Spécialiste de l'étude des méthodes utilisée en neuropsychoatrie, e chimie et en géologie. François Dagognet est un fervent défenseur de la technique et de ses effets libérateurs et créatifs. L'ouvrage Dès l'avant-propos de cette seconde édition, F. Dagognet s'affirme comme un penseur de l'image et de ses changements en se plaçant au-delà des querelles séculaires. Car l'image apporte autre chose qu'une réflexion sur le réel existant. Elle apporte un autre regard sur la conscience de celui qui crée l'image. L'image est communication. L'image est reflet de notre conscience du monde. Dans son introduction, F. Dagognet expose les trois principales questions auxquelles il va tenter de répondre tout au long de son livre : − Quelle est la validité des méthodes utilisées dans le traitement de l'image, tous dommaines confondus ? − Quelle valeur donnons-nous à la répétabilité et à la fidélité d'une image par rapport au modèle original ? − Quelle est la place de notre vision dans la philosophie de l'image ? Chapitre I Le premier chapitre tente de définir ce qu'est l'image en dénonçant la conception platonicienne et négative de l'image sur la pensée des siècles qui ont suivi. « Le platonisme ouvre le chemin au mépris qui tombera sur les simulacres et les reflets. »(p. 25) Les relais ont été mis en place. Au XVIIème siècle, avec Bossuet et le Père Lagrange qui condamnent le théâtre. Au XVIIIème siècle, avec Rousseau qui prône l'authenticité et avoue son aversion pour le théâtre dans la Lettre à d'Alambert. Au XIXème siècle, c'est Baudelaire qui, en parlant de l'image, « insistera sur sa dépravation, sa noirceur et son pouvoir mortifère. »(p. 36) Même chez les modernes tels que Sartre, l'image reste en procès. « L'analyse sartrienne éblouit dans la mesure où elle évité les pires erreurs du passé (l'image comme double minuscule de la chose) : elle refuse de ramener la conscience à un contenu sensible. /.../ Dans la crainte que « l'image » ne garde une quelconque liaison avec le réel (la crainte platonicienne), on la jette dans un irréel hyperbolique. On la déchosifie trop. »(p. 42-43) C'est de Bachelard que F. Dagognet va s'inspirer pour poursuivre sa recherche de la philosophie de l'image. « L'image bachelardienne /.../ inclut du contradictoire, rassemble ce qui exclut /.../, enferme toujours un mouvement, une vibration, et donc loin de restituer un quelconque arrêt, exprime une dynamologie (dépassement ou métamorphose), /.../ est constituée par des mots : elle est verbe. »(p. 43-44) F. Dagognet apporte néanmoins quelques correctifs à la théorie bachelardienne. « On doit éviter la déviation idéaliste, au sens ordinaire du mot, ou même idéalisante /.../. L'imagination « produit », mais achève aussi et souvent se contente même de parachever le perceptible. »(p. 44-45) « L'image réelle se situe toujours à l'entrecroisement de coordonnées spatio-temporelles : elle se déploie dans un espace et un temps nouveaux, dialectisés et simplement libérés de leurs chaînes. »(p. 45) « Enfin l'image ne rejoue pas le perçu – rien n'est plus vrai –, mais elle s'enracine en lui, afin de pouvoir l'allonger selon tel ou tel de ses axes, ou les incliner, ou les emmêler ou les retourner au besoin. »(p. 46) Si le platonisme a condamné l'image, c'est très injustement. La définition de l'image est appauvrie et cela facilite sa condamnation. Or la nature même l'a inventée (ex. : la reproduction naturelle chromosomique). Mais si « le platonisme a ouvert le procès /.../ la technologie moderne l'a émancipée. »(p. 53) Si Baudelaire accusait l'image d'immobilisme, l'invention du cinématographe va prouver le contraire. Si Bergson tente de revenir à l'idée de « fixité » de l'image (« percevoir signifie immobiliser » : la succession des images du cinématographe est une action extérieure à l'image elle-même), pour F. Dagognet, « on n'a pas besoin d'un machiniste extérieur à la scène. Le monde n'est rempli que d'éclats ou de trépidations, plus que de transmissions ou de glissements et c'est nous seuls qui mettons de la « suite » là où il n'y en a pas. »(p. 55) Dans ce premier chapistre, F. Dagognet nous apporte un résumé de l'histoire de la philosophie de l'image et nous permet de constater que notre rapoort à l'image ayant évolué techniquement, la philosophie qui s'y rapporte doit être revue. Si Sartre et Platon ne parlent déjà plus de la même chose quand ils tentent de mettre en lumière notre relation à l'image, c'est que le traitement de cette dernière a évolué. Il ne s'agit plus de nous mettre en garde contre le simulacre (Platon) mais d'aller chercher ce que nous apporte ce double et cet autre qu'est la reproduction de l'authentique. Chapitre II Dans le chapitre 2, F. Dagognet nous relate l'histoire de l'évolution de la géologie. Les géologues cherchent à mettre en image les sous-sols de la terre, c'est-à-dire, ce qui est invisible à l'oeil nu. « La terre profonde n'est donc pas le théâtre de la métamorphose, en tout cas, moins qu'on ne l'a cru : elle enferme toutefois les archives du Monde. Avec elle, si bien étagée et stratifiée, nous entrons dans les rayons de la plus vaste des bibliothèques, à la recherche de l'écriture universelle. »(p. 96) Tout au long de ce chapitre, F. Dagognet raconte patiement, minutieusement l'évolution des techniques employées pour explorer les sous-sols de notre planète. Ainsi nous explique-t-il en quoi consistent la méthode sismique et la méthode gravimétrique. On y apprend que Descartes fut le premier à s'intéresser au monde souterrain qu'il évoque dans ses Principes : − Descartes nous démontre que les métaux n'ont aucun lien avec les influences astrales, mais qu'ils viennent des profondeurs. − Descartes détermine les lieux et précise les modalités de la remontée des métaux à la surface de la terre. − Descartes nous explique qu'il ne sert à rien d'aller creuser en profondeur : il suffit e ragarder ce qui se trouve à la portée de notre vue. Après Descartes, c'est au tour de Werner de nous apporter ses lumières en nous intéressant au géochimique. Puis au XIXème siècle, c'est Elie de Beaumont qui nous invite à passer de l'idée qu'un dieu est à l'origine des sous-sols de la planète et que l'image que nous en avons nous a été soufflée par ce même créateur, à l'idée qu'une mécanique suffit à la produire. F. Dagognet nous rappelle qu'il ne cherche « toujours pas à reproduire ni à connaître l'histoire de la science géologique (tectonique), mais seulement à dégager de quelques-uns de ses fondateurs de quoi fortifier notre dessein : comment a été possible l'intelligence d'un monde qu'on croyait trop abandonné au pèle-mèle des forces et des corconstances. Or, son relief comme ses soubassements obéissent à une incontournable logique. Ne cherchons plus dans la Terre de quoi enraciner l'irrationnel ! »(p. 79) F. Dadognet nous signifie de toujours chercher cette rationnalité jusque dans l'art quand il cite Dubuffet parlant de la peinture : « Il ne faut pas perdre de vue que les couleurs maniées ne sont nullement des chiffres abstraits mais de très concrêtes pâtes ou dilutions formées de matières minérales plus ou moins finement écrasées, liées à de non moins concrêtes matières que sont l'huile extraite de la graine de lin, l'essence de érébenthine, qui est de la résine de pin distillée, toutes autres gommes, colles ou vernis qu'on emploie pour fixer les poudres. Ce n'est pas du rouge que je mets sur les pommetttes, mais de la poudre de sulfure de mercure (donc ce célèbre sel qu'on nomme cinabre ou vermillon) », L'homme du commun à l'ouvrage, Gallimard, 1973, p. 32. Chapitre III Dans le chapitre 3, F. Dagognet entre dans son domaine qui lui est cher : la médecine. Contrairement au titre qui nous l'indique, F. Dagognet n'écrit pas « une histoire de la médecine mais celle de ses techniques picturales ou celle de ses instruments de visualisation qui autorisent les diagnostics sûrs »(p. 122). Il s'agit de l'exploration de l'évolution de l'imagerie médicale, sources de courbes, tableaux, schémas, permettant de rendre visible l'invisible. On y apprend que grâce à Laennec et à l'invention du stéthoscope, « le corps malade devient « lisible » pour et par un autre corps à l'écoute, grâce à la médiation de messages sonores, jusqu'alors délaissés : se levait en quelque sorte, une science du chiffre apparement anodin, en tout cas assez éloigné du « mal » (les bruits), atteindre le signifié, entendons par là le sens de l'évolution morbide et du drame sous-jacent » (p. 103-104). Après l'exploration de l'appareil pulmonaire, F. Dagognet nous invite à découvrir l'évolution technique et technologique de la mesure de la tension artérielle. Et c'est par une image empruntée à E. Hédon dans son livre Précis de Physiologie, que F. Dagognet nous explique le « jeu oscillatoire » : « Une voile gonflée par le vent qui la frappe normalement ne présente que de faibles battements, mais, si uploads/Geographie/ laphilosophiedel-image 1 .pdf
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- Publié le Fev 07, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
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