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HAL Id: halshs-00393848 https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00393848v2 Submitted on 21 Jun 2009 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Le Japon Natacha Aveline To cite this version: Natacha Aveline. Le Japon. 2004. halshs-00393848v2 MANUSCRIT DE L'AUTEUR Référence: Natacha Aveline, Le Japon, géographie, collection mémento, Paris, Belin, 2004, 186 p NATACHA AVELINE LE JAPON,GEOGRAPHIE COLLECTION MEMENTO EDITIONS BELIN PARIS, 2004 1 Préambule Le Japon ne cesse décidément de nous surprendre. Sa miraculeuse croissance avait fait couler beaucoup d’encre, de même que la spectaculaire crise dans laquelle il s’était enlisé au début des années 1990. Puis, au moment où l’on commençait presque à le considérer comme un pays « normal », voilà qu’il fait son come-back là où on ne l’attendait pas : dans le domaine de la culture populaire. Alors que le J-sense (« le sens japonais ») est devenu une référence incontournable dans notre culture de masse et que les produits manufacturés nippons continuent de se déverser sur les marchés mondiaux, cette superpuissance qui cumule à elle seule la production de la France, de l’Allemagne et du Royaume-Uni, est singulièrement restée jusqu’ici un « nain diplomatique ». En témoignent les derniers événements en Irak, au cours desquels le Japon ne s’est pas départi de son suivisme discret à l’égard des Etats-Unis. Curieuse combinaison, donc, que l’hypertrophie économique (depuis peu également culturelle) et l’atonie diplomatique de ce petit archipel dont la superficie – faut-il le rappeler ? – n’excède pas 70% de celle de l’Hexagone ; un archipel de surcroît exposé à une haute sismicité et pauvrement doté en ressources naturelles. L’approche géographique apporte un éclairage à cet apparent paradoxe. Il est indéniable que l’insularité du Japon, sa faible emprise territoriale et sa position excentrée dans les « cartes géopolitiques » des XIX et XXe siècles, ont favorisé l’émergence d’un modèle de développement original, tout en maintenant l’archipel à l’écart des grands centres de décision. Ces traits singuliers ont été encore grossis par les choix internes de gouvernements : la fermeture du pays sous les Tokugawa (du XVIIe au XIXe) pour préserver l’archipel de la convoitise des puissances occidentales ; l’expansion coloniale nipponne, suivie de la mise sous tutelle militaire américaine, dans un contexte régional fortement marqué par la Guerre Froide; enfin, les politiques industrielles de l’après-guerre, qui ont concentré l’essentiel des activités et des hommes sur une étroite bande littorale. Mais, à l’aube du XXIe siècle, le Japon connaît une mutation radicale de son environnement. Le déplacement du centre de gravité économique vers l’Asie a induit un actif mouvement de recomposition politique qui commence déjà à infléchir la posture diplomatique du Japon. En parallèle, le fameux « modèle » productif nippon donne des signes d’essoufflement depuis que l’économie a atteint un stade de maturité avancée. Son organisation spatiale est partiellement responsable des maux actuels de la société japonaise, en butte aux déséquilibres territoriaux et aux disfonctionnements urbains. De toute évidence, la société japonaise, qui atteint elle aussi un niveau de maturation élevée, devra se forger de nouveaux repères identitaires et spatiaux dans le nouveau contexte mondialisé. 2 Plan de l’ouvrage I. La civilisation japonaise, le milieu et les hommes Chapitre 1. L’archipel de l’Orient extrême Chapitre 2. Un environnement hautement instable Chapitre 3. Des ressources inégales Chapitre 4. Une civilisation du riz et de la mer Chapitre 5. L’illusion d’un peuple homogène II. Le Japon, seconde puissance mondiale Chapitre 6. Aux origines de la puissance industrielle Chapitre 7. Une longue période de croissance Chapitre 8. La « décennie perdue » Chapitre 9. Les recompositions industrielles Chapitre 10. Le Japon et les Etats-Unis : vers une redéfinition du partenariat Chapitre 11. La nouvelle place du Japon en Asie Chapitre 12. Le Japon et la construction européenne III. Territoire et société Chapitre 13. Inégalités du développement régional Chapitre 14. Le barycentre de la Mégalopole Chapitre 15. Les nouveaux enjeux urbains à Tôkyô Chapitre 16. Districts industriels et équilibres territoriaux Chapitre 17. Kyûshu, porte de l’Asie Chapitre 18. Hokkaïdô, un territoire demeuré marginal Chapitre 19. La transition démographique Chapitre 20. Le plein-emploi menacé Chapitre 21. Craquellement et réveil de la société japonaise 3 Première partie La civilisation japonaise, le milieu et les hommes 4 Chapitre 1. L’archipel de l’Orient extrême Terre des confins de l’Orient, le Japon est longtemps resté une sorte de bout du monde, qu’une réclusion volontaire, du XVIIe au XIXe siècles, a épargné du joug colonial et doté d’une solide identité nationale. L’isolement géographique de cet archipel éparpillé et cloisonné a néanmoins été compensé par l’influence du grand voisin chinois, les échanges avec l’Asie du sud-est et les contacts avec l’Occident. I. Aux confins de l’Eurasie 1. Une guirlande insulaire 2. Un relatif isolement II. les apports de l’étranger 1. L’influence sino-coréenne 2. L’ambivalence des apports occidentaux III. Fragmentation de l’espace 1. Les effets de l’éparpillement insulaire 2. Le rôle aggravant du relief Mots-clés : Extrême-Orient : désigne la région qui recouvre la Chine, la Corée, le Japon et la péninsule indochinoise. Ce toponyme est symptomatique des représentations coloniales du XIXe siècle, qui plaçaient l’Europe au centre du monde. Archipel des Ryû Kyû : arc insulaire se déployant sur 1 300 km et comprenant 70 îles habitées, de Kyûshû à Taiwan. Cet ancien royaume, qu’un florissant commerce entre l’Asie du sud-est et du nord-est avait rendu prospère, fut rattaché au territoire japonais en 1879, sa partie méridionale devenant préfecture d’Okinawa. Territoires du nord : expression japonaise désignant la partie méridionale des îles Kouriles, annexées par le Japon en 1875 et occupées depuis 1945 par l’Union Soviétique. Les revendications nipponnes sur ces territoires ont empêché jusqu’ici la normalisation officielle des relations russo-japonaises. 5 I. Aux confins de l’Eurasie 1. Une guirlande insulaire L’archipel japonais appartient à la série de guirlandes insulaires qui bordent la façade orientale de l’Asie et marque la limite des plaques de l’écorce terrestre. Sa forme convexe en direction du Pacifique, reproduisant le tracé du rivage continental, témoigne de son rattachement antérieur au continent asiatique, avant l’ère primaire. Le territoire se compose principalement de quatre grandes entités : du nord au sud, Hokkaïdô (83 520 km2), l’île principale de Honshû (230 862 km2), Shikoku (18 792 km2) et Kyûshû (40 073 km2). À cela s’ajoute une myriade d’îles, dont certaines se regroupent en arcs insulaires : archipel des Ryû Kyû au sud-ouest, Izu-Bonins au sud-est, Kouriles au nord d’Hokkaïdô. Avec un dénombrement officiel de 8 645 îles, le Japon présente un effritement territorial comparable à celui de l’Indonésie ou des Philippines (respectivement 13 700 et 7 100 îles). Mais il se distingue de ses voisins par deux traits marquants : la concentration des hommes et des activités sur les quatre îles principales, unifiées par de gigantesques infrastructures; l’éparpillement des autres entités insulaires sur des distances considérables. Avec sa périphérie insulaire, l’archipel se déploie ainsi sur quelque 3 000 kilomètres du nord au sud et d’est en ouest, de la latitude de la région lyonnaise à celle du nord du Niger (île de Okinotori, 20°25’ N). 2. Un relatif isolement L’archipel est éloigné de 900 kilomètres du continent dans sa partie centrale, mais il s’en rapproche à ses extrémités : 180 kilomètres séparent Kyûshû de la péninsule coréenne et 300 kilomètres Hokkaïdô de la Sibérie. En dépit de ces faibles distances, la navigation difficile dans ces détroits a longtemps fait obstacle aux contacts avec les pays voisins. Le Japon a donc été considéré comme une sorte de bout du monde aux confins de l’Extrême-Orient, comme en témoigne le toponyme de Nihon, « Pays du soleil levant », ou plus exactement « origine du soleil ». Faiblement doté par ailleurs en richesses naturelles, il est resté relativement isolé jusqu’au XIXe siècle, échappant aux invasions continentales (notamment mongole, au XIIIe siècle) et aux mouvements d’expansion coloniale européens. Il fut même le seul pays d’Asie, avec la Thaïlande, à conserver son indépendance. De son côté, il ne s’embarqua pas non plus dans une aventure coloniale avant la fin du XIXe siècle, si l’on fait abstraction des tentatives d’invasion de la Corée au XVIe siècle. Au contraire, il ferma ses portes à l’étranger pendant deux siècles et demi (de 1639 à 1854), sous le gouvernement des shôgun Tokugawa. Ce n’est qu’à partir de 1853, date de l’ouverture forcée du Japon au commerce par une escadre américaine, que l’archipel prit véritablement une place dans les échanges mondiaux. 6 II. Les apports de l’étranger 1. L’influence sino-coréenne L’isolement du Japon n’a jamais impliqué un total repli insulaire, loin s’en faut. Si la violence des courants et la forte occurrence des typhons protégeait l’archipel des fléaux émanant du kaigai (l’Etranger, littéralement « l’outre-mer »), ce dernier uploads/Geographie/ le-japon 1 .pdf
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- Publié le Jul 18, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
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