LE MAL AFRICAIN Diagnostic et thérapie !Q L'Harmattan, 2009 5-7, rue de l'Ecole

LE MAL AFRICAIN Diagnostic et thérapie !Q L'Harmattan, 2009 5-7, rue de l'Ecole polytechnique; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan I@wanadoo.fr ISBN: 978-2-296-09973-9 EAN : 9782296099739 Garga Haman Adji LE MAL AFRICAIN Diagnostic et thérapie TESTAMENT POLITIQUE DÉDIÉ AUX ETATS-UNIS D'AFRIQUE L'Harmattan Introduction Un diplomate suisse qui a séjourné en Afrique s'étonne de « l'incroyable capacité des peuples d'Afrique à s'adapter à la souffrance pour survivre ». Pris de désarroi, il s'interroge pathétiquement: « Comment un pays aussi riche que le Cameroun peut-il gaspiller ses immenses ressources naturelles et humaines en une seule génération et devenir l'un des plus mauvais gestionnaires des projets de développement et de deniers publics au point de risquer d'être déclaré paria financier? La soi-disant élite s'est-elle réellement préparée à continuer de sacrifier le bien-être du pays pour les intérêts personnels? Le mécontentement qui couve ne se transformera-t-il pas un jour en violence?» Et il conclut: «Il importe de savoir qui est responsable d'une telle situation et il ne doit y avoir l'ombre d'aucun doute pour nous non-Africains, que cela doit changer bien vite pour le meilleur. »1 Les réflexions de ce diplomate représentent le meilleur miroir que l'on puisse placer devant la face de chaque Africain pour l'amener à prendre conscience de la gravité de la situation qui prévaut chez lui et de sa part de responsabilité dans la déconfiture de son pays. Face à l'incapacité, à l'irresponsabilité, voire à la désinvolture de certains dirigeants africains dans la gestion des affaires publiques, il est en effet difficile d'admettre, de comprendre ou encore moins d'expliquer le manque de réactions des citoyens des pays en cause, si tant est qu'ils en sont eux-mêmes conscients. C'était dans le même esprit que Jean Jaurès cherchait à comprendre « comment tous ces êtres acceptaient l'inégale répartition des biens et des maux. Par quel Prodige, ces milliers d'individus souffrants et dépouillés subissent-ils tout ce qui est? [...] Le système social avait façonné ces hommes, il était en eux, il était en quelque façon devenu leur substance même, ils ne se révoltaient pas contre la réalité parce qu'ils se confondaient avec elle [...] »2 1 Propos tirés d'une lettre datée à Dublin du 03 janvier 1996, adressée à l'auteur par un de ses amis diplomates. 2 M. Bataille: Demain Jean Jaurès; in Jean Ziegler: Main basse sur l'Afrique- Seuil- 1978, p.278. S'agissant du même mystère, François Mitterrand, en captivité en 1940/1941, écrit: «l'étais tout de même étonné de la facilité avec laquelle les hommes s'accoutumaient à la vie de troupeau. C'étaient pourtant ceux [là] mêmes qui, nourris d'idées de liberté et de progrès, avaient tant promené et si fièrement, leur qualité d'individus; « à notre époque», disaient-ils [...] et ces mots impliquaient toutes les vertus d'intelligence maîtresse du monde, de la raison arbitre des luttes ».3 Refusant quant à lui la résignation à rester prisonnier, il eut l'audace de quitter le « troupeau» et de s'évader. L'étonnement de François Mitterrand tout autant que l'interrogation de Jean Jaurès semblent recouper les raisons de la révolte du diplomate. L'explication de ces comportements indignes tiendrait plus de la psychologie des foules, des natures individuelles et de la spécificité des situations que de la nature humaine elle-même. Autrement, toutes les réactions et les actions individuelles ou collectives seraient identiques; il n'y aurait alors de par le monde ni brave, ni chef, ni héros; mais non plus ni paria, ni incapable, ni irresponsable. En réalité, les réflexions qui précèdent effleurent à peine les contours et le contenu des situations aussi dramatiques que paradoxales que vivent l'Afrique et les Africains. Ce continent, reconnu pour être "le berceau de l'humanité", semble en être si fier qu'il serait devenu amoureux de son passé; il donne même l'impression de se plaire à s'y mirer de façon très assidue; aussi, se rend-il à peine compte que ses cadets Amérique, Asie et Europe ont pris sur lui plusieurs longueurs d'avance. Sorti de son hibernation à l'image du poussin de l'œuf, il ne considéra cependant qu'un seul aspect de cette avance; celui des performances sportives. Alors il se lança dans tous les champs de courses avant de comprendre que ce n'est ni du marathon, ni de la course de vitesse ou de fonds, ni même d'autres loisirs qu'il s'agit; mais d'un championnat universel toutes catégories en performances économiques, scientifiques, technologiques, démocratiques, infrastructurelles, informatiques, ... Tous domaines où il ne voit que dalle; où il occupe un classement peu honorable qui contraste étrangement avec le rang qu'il devrait mériter d'occuper; où il ne vit que des futilités de son époque; où il fait douter de ses capacités à s' autogérer, à bien se gouverner. La raison en est que l'irresponsabilité, le déficit du sens de l'Etat, le mépris de l'intérêt 3 François Mitterrand: Politique - Fayard - 1977, p. 12. 6 général, le manque de foi et de volonté politique affirmée des dirigeants d'une part; l'inconscience, le manque de maîtrise organisationnelle et d'initiatives dignes d'intérêt, l'absence d'objectifs et de projets programmés et classés par ordre d'effets d'entrainement, le narcissisme, la gabegie, le népotisme des autorités d'autre part, caractérisent la gestion des affaires publiques de la majorité des Etats africains. La passivité ou la résignation des populations, le tribalisme, le fatalisme, l'apathie et la léthargie, les esprits sectaires parachèvent l'édification du mal. De tout cela il se dégage un aperçu général sur la conception et la perception du pouvoir politique en Afrique et une esquisse d'explication de la confiscation caractérisée du pouvoir entre les mains de quelques nababs, en mal de réussite politique. Tout cet arsenal de malheurs, conjugué à un faisceau des menées néocolonialistes ou impérialistes, constitue « Le Mal africain». La question est de savoir comment faire pour que les Africains comprennent qu'ils doivent s'arracher à ce « Mal» sans nécessairement prendre le chemin de l'exil politique ni de l'émigration économique. Il leur revient d'y réfléchir, de diagnostiquer ce « Mal» et de lui trouver des thérapeutiques idoines, urgentes et définitives. Le présent ouvrage est une modeste contribution à cette réflexion qui se voudrait collective et continentale. Car, il s'agit d'une problématique qui doit inciter sinon exciter les penseurs, philosophes et autres altruistes à se pencher sur les problèmes de leur époque et de leurs sphères géographiques respectives et à participer à leur solution. A cet égard, tout doit procéder de la recherche des sources de motivations et de déclic de l'initiative, de l'action et des stratégies de réussite. Après tout, libéralisme, « étatisme, collectivisme, socialisme, etc. ne sont en réalité que les divers modes d'envisager le même problème: comment empêcher l'homme de mordre son prochain (ou peut-être comment l'y encourager) ». Evoquer sans arrière pensée manichéenne la lourde hypothèque qui pèse sur le continent noir du fait du «Mal africain », c'est laisser entrevoir une heureuse hypothèse alternative. Mais c'est aussi situer l'Afrique dans le monde, avec pour conséquence inévitable sa relativisation, c'est-à-dire la comparaison intuitive de chacune de ses propriétés spécifiques à celles des quatre autres continents tant au niveau historique, politique, économique, scientifique, social que culturel. L'étendue des observations et révélations qui en résultent est à la dimension des analyses et réflexions qui en découlent. Les premières 7 mettent en lumière les contrastes et les complémentarités sociologiques, climatiques et géologiques qui les distinguent les uns des autres, ou qui caractérisent chacun d'eux pris isolement. n n'y a rien à redire: c'est la. volonté et l' œuvre du Créateur! Les secondes mettent en perspective historique l'épopée et l'odyssée de l'Homme; elles sont faites tout à la fois de mystères et de mystifications, d'admiration et de narcissisme; mais aussi d'égoïsme et de dénonciation. Toutes les deux modèlent les réactions que commande la marche boiteuse d'un monde en mal d'équité, et modulent la pensée que suscite la problématique de la vocation cachée des peuples et des nations. Or, malgré ses imperfections ou à cause d'elles, le monde d'aujourd'hui reflète l'état d'avancement des performances intellectuelles et imaginatives de l'humanité. A force de persister à se chercher, à vouloir encore et toujours davantage satisfaire sa curiosité et sa passion pour les découvertes ou asseoir sa suprématie hégémonique, I'Homme est en passe de croire en sa capacité de maîtriser les composantes de l'univers et de percer tous ses mystères. Et il s'y emploie. Les techniques et les méthodes qu'il déploie et développe sont variées, parfois disparates sinon contradictoires, souvent intuitives, mais de plus en plus rationalisées. Elles portent souvent la marque du passé et des épreuves traversées en même temps qu'elles épousent les contours des situations et des circonstances du moment et des lieux. L'évolution du monde à plusieurs vitesses s'expliquerait ainsi tout autant qu'elle peut aussi trahir les effets des différences des modes et techniques de gestion politique et socio-économique des Etats et des nations. L'homme entreprenant, rationnel et visionnaire aura progressivement identifié, recensé et actionné les leviers efficaces de motivation, d'émulation et de progrès, individuels ou collectifs. Il aura finalement compris la nécessité de circonscrire les limites de la chance et de la malchance, de pénétrer le sens de la prédestination et de tourner résolument le uploads/Geographie/ le-mal-africain-diagnostic-et-therapie-testament-politique-dedie-aux-etats-unis-dafrique-by-garga-haman-adji-pdf.pdf

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