Vendredi 25 décembre 2015 72e année No 22065 2,20 € France métropolitai
Vendredi 25 décembre 2015 72e année No 22065 2,20 € France métropolitaine www.lemonde.fr ― Fondateur : Hubert BeuveMéry Directeur : Jérôme Fenoglio Algérie 180 DA, Allemagne 2,50 €, Andorre 2,40 €, Autriche 2,80 €, Belgique 2,20 €, Cameroun 1 900 F CFA, Canada 4,50 $, Côte d'Ivoire 1 900 F CFA, Danemark 30 KRD, Espagne 2,50 €, Finlande 4 €, Gabon 1 900 F CFA, Grande-Bretagne 1,90 £, Grèce 2,80 €, Guadeloupe-Martinique 2,40 €, Guyane 2,80 €, Hongrie 950 HUF, Irlande 2,50 €, Italie 2,50 €, Liban 6 500 LBP, Luxembourg 2,20 €, Malte 2,50 €, Maroc 13 DH, Pays-Bas 2,50 €, Portugal cont. 2,50 €, La Réunion 2,40 €, Sénégal 1 900 F CFA, Slovénie 2,50 €, Saint-Martin 2,80 €, Suisse 3,50 CHF, TOM Avion 450 XPF, Tunisie 2,50 DT, Turquie 10,50 TL, Afrique CFA autres 1 900 F CFA ▶ La gauche a découvert avec stupeur, au sortir, mercredi, du conseil des ministres, le maintien de la déchéance de nationalité dans le projet de révision constitutionnelle ▶ Martine Aubry, Anne Hidalgo, les Verts et le Front de gauche ont fait part de leur vive opposition. JeanMarie Le Guen estime, lui, que la réforme « ne heurte en rien nos valeurs » ▶ Pour JeanChristophe Cambadélis, le patron du PS, « le président a choisi de respecter ses paroles » ▶ La droite, faute de pouvoir s’opposer à une mesure qu’elle réclamait, concentre ses critiques sur Christiane Taubira et les fractures du gouvernement →LIRE PAGES 7-8 C ofondateur du Parti des travailleurs du Kurdis tan (PKK), dont il est aujourd’hui l’un des prin cipaux chefs, Cemil Bayik a accepté de rencon trer Le Monde dans le massif montagneux isolé du Qandil, à la frontière irakoiranienne, qui abrite le quartier général du mouvement armé kurde. Créé en Turquie en 1978, le PKK se livre à une guérilla contre l’Etat turc depuis 1984, revendiquant la défense des intérêts de la minorité kurde. Après un court cessez lefeu lancé en 2013, les hostilités ont repris cet été, à la suite d’une vague d’attentats, frappant les sympathi sants du mouvement kurde, attribués par le PKK à l’Etat turc, et dans les villes kurdes de Turquie, où le mouvement a déclaré unilatéralement l’autonomie. Les violences, qui ont gagné en intensité cet automne, s’inscrivent dans le contexte d’un conflit régional, dont le PKK est un acteur central. Combattant Ankara, le mouvement kurde est aussi en première ligne face à l’organisation Etat islamique (EI), par l’intermédiaire de ses alliés syriens, qui bénéficient du soutien de la coalition internationale contre l’EI. →LIRE LA SUITE PAGE 2 Le catalogue des Beatles est enfin arrivé, mercredi 23 décembre, à minuit, sur les platesformes d’écoute de musique en ligne : Universal Music, leur distribu teur, a signé avec les neuf plus grandes platesformes de strea ming, qui ont désormais accès aux treize albums studio remas térisés et à quatre compilations. Les Beatles étaient le dernier grand groupe à être absent du streaming, même si 1,1 million de fans suivaient tout de même leur page officielle sur Spotify. p →LIRE PAGE 10 ENTRETIEN « LE PKK NE VA PAS SE RENDRE » propos recueillis par allan kaval (à erbil, irak) Les Beatles désormais disponibles en streaming MUSIQUE LE REGARD DE PLANTU Déchéance : la droite piégée, la gauche divisée, le FN satisfait Chagall et le triomphe de la musique ▶ Marc Chagall, l’auteur du plafond de l’Opéra, avait une passion pour la musique ▶ Deux superbes expositions, à Paris et à Roubaix, lui sont consacrées jusqu’à fin janvier →LIRE PAGE 16 LIVRES LE FLORILÈGE DE FIN D’ANNÉE ET LE REGARD D’ALICE MCDERMOTT →LIRE PAGES 14-15 LA DOUBLE FAUTE DE FRANÇOIS HOLLANDE →LIRE PAGE 20 NOËL PROTECTION RENFORCÉE DANS LES ÉGLISES À LA DEMANDE DE L’INTÉRIEUR →LIRE PAGE 9 Projet de costume pour L’Oiseau de feu, 1945. ADAGP, PARIS, 2015 - CHAGALL® 2| international VENDREDI 25 DÉCEMBRE 2015 0123 suite de la première page Depuis l’effondrement en août du processus de paix entre le PKK et l’Etat turc, plusieurs villes kurdes de Turquie sont plongées dans la violence. Tout espoir d’un retour aux négociations est-il condamné ? L’Etat turc n’est plus dans une logique de né gociation ou de solution, mais d’élimination du mouvement kurde. Le premier accord qui avait été conclu entre le mouvement kurde et le gouvernement au palais de Dolmaba hçe, le 28 février, a été dénoncé par le prési- dent, Recep Tayyip Erdogan. Le choix qu’il nous propose est désormais le suivant : la reddition ou l’éradication. Nous n’allons pas nous rendre. Nous allons résister. Nous me- nons à présent un combat existentiel que nous continuerons à mener avec tous les moyens et toutes les ressources en notre possession. Nous prévoyons d’annoncer prochainement la création d’un Front révo- lutionnaire de résistance avec d’autres orga- nisations venues de l’intérieur et de l’exté- rieur de la Turquie, dont je ne peux pas en- core révéler tous les noms, mais qui parta- gent notre combat et lutteront avec nous contre le régime de M. Erdogan. Les régions kurdes de Turquie se sont transformées en champs de bataille. Les vil- les sont attaquées par des blindés, des forces spéciales, des tireurs d’élite. L’Etat turc y dé- truit des habitations, des monuments histo- riques et tue ouvertement des civils. Ce qui s’est passé dans les villes de Syrie au cours des dernières années se produit maintenant de manière comparable en Turquie. Au nom de la restauration de l’ordre public, l’Etat turc s’apprête à commettre un massacre qu’il veut doter d’une forme légale. Son objectif est de vider les villes kurdes de leurs habi- tants comme il l’a fait des campagnes dans les années 1990 en détruisant des milliers de villages. Aussi, nous nous réservons le droit d’envoyer des combattants supplémentaires prochainement dans les villes kurdes de Tur- quie, car notre devoir est de protéger notre peuple. Recep Tayyip Erdogan est d’ailleurs prêt à utiliser toutes les formes de pression possibles afin que personne n’élève la voix contre sa politique à l’égard des Kurdes. Afin d’acheter le silence des pays européens, il brandit l’arme des réfugiés en menaçant de les laisser passer vers l’Union européenne, sachant que parmi eux se cachent des mem- bres de l’organisation Etat islamique. Des canaux de communication avec Ankara existent-ils toujours ? Tous les canaux de communication avec l’Etat turc sont fermés. Nous n’avons plus aucun contact. Nous avions voulu construire un pont entre les Kurdes et l’Etat au moyen de notre mouvement civil, le Parti démocra- tique des peuples (HDP), qui a participé aux dernières élections législatives et grâce à l’ac- tion de notre président Abdullah Ocalan, qui jouait un rôle dans les négociations depuis sa détention sur l’île d’Imrali. Or, depuis le 5 avril 2014, M. Ocalan est réduit au silence et n’a pas pu rencontrer les représentants de notre mouvement civil. Les résultats des élections du 7 juin [qui ont vu le mouvement kurde obtenir un score historique sur un pro- gramme d’ouverture vers les institutions et la société turques] étaient l’incarnation de notre volonté de paix. Recep Tayyip Erdogan n’en a pas accepté les résultats et nous som- mes revenus à un état de guerre. Abdullah Ocalan a joué un rôle majeur dans le lancement du processus de paix en 2013. S’il était en mesure de prendre la parole à nouveau, pourrait-il œuvrer à une sortie de l’escalade militaire en cours ? Nous connaissons notre chef, il ne ferait jamais un appel au désarmement. Quoi qu’il en soit, c’est à nous que la décision appar- tient. Nous sommes sur le terrain, nous voyons ce qui se passe d’un point de vue pra- tique. Il n’y a aucune raison que nous met- tions fin à la lutte armée dans l’état actuel des choses. Au contraire, dans les mois qui vont venir, la guerre civile qui sévit en Turquie va s’aggraver. Elle s’inscrit dans le contexte d’une guerre régionale où chacun poursuit ses intérêts et dont personne dans la région ne pourra se tenir écarté. Les évolutions en Turquie, en Irak et en Syrie relèvent d’un seul et même conflit. Le Proche-Orient va connaî- tre une nouvelle ère à la suite de cette guerre. Le Kurdistan se trouve au centre du Proche- Orient, entre la Turquie, la Syrie, l’Irak et l’lran. C’est la raison pour laquelle nous con- sidérons que le cœur de la guerre régionale en cours est au Kurdistan et que cette guerre ne cessera de s’y intensifier avant de débou- cher sur une situation nouvelle. A ce titre, comment le PKK, qui est pré- sent au nord de l’Irak, se positionne-t-il par rapport à la volonté apparente d’An- kara d’y jouer un rôle militaire accru ? Nous considérons que l’Etat turc a pour am- bition de dominer le nord de l’Irak en consti- tuant un front sunnite qu’il pourra substi- tuer à l’Etat islamique. Il prétend soutenir les forces qui combattent l’EI dans cette région, mais souhaite en réalité faire avancer ses pro- pres intérêts. Dans ce projet, uploads/Geographie/ le-monde-du-vendredi-25-decembre-2015.pdf
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- Publié le Apv 22, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
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