1 Les Celtibères Michel-Gérald Boutet, Drummondville, Québec, Canada, novembre

1 Les Celtibères Michel-Gérald Boutet, Drummondville, Québec, Canada, novembre 2016 Un sonneur de corps celtibère d’Osuna, l'ancienne Urso, période romaine. Gravure numérique d’après une photo du Musée national archéologique de Madrid. L’Ibérie celtique, une civilisation oubliée et redécouverte C’est un fait peu connu que, parmi les différentes nations celtiques, les Ibères, Lusitaniens et Tartessiens, apparentés formaient une puissante alliance de nations fédérées qui était une des principales contributrices de la haute civilisation celtique de l’Antiquité. Leur zone d'influence a largement dépassé les limites de la péninsule ibérique et a gagné non seulement la Gaule aquitaine, mais aussi l’Hibernie, la Bretagne et la Calédonie. Loin de n'être qu’une collection isolée de populations mineures mal indo-européanisées, les Ibères celtes étaient à l'avant-garde de la culture méditerranéenne. Avec les Gaulois du Sud, ils étaient en constant contact avec les Phéniciens, les Grecs, et autres sociétés militaires concurrentes aux Romains. Ils n’ont pas seulement commercé avec ces peuples, mais également échangé dans les domaines de la technologie, de la science et de l'art. De tous les pays celtiques, l’Ibérie, en raison de son climat chaud et sec, était la mieux située pour l’observation des astres faisant ainsi avancer les connaissances en astronomie et en astrologie. 2 De plus, les marins ibères, à l’exemple des Vénètes concurrents, possédaient une armada de vaisseaux de toutes sortes. Il n’est pas exagéré de dire que bien avant les pèlerinages à Saint-Jacques de Compostelle, les sentiers des marchands et des érudits convergeaient vers la péninsule ibérique riche en centres d’influence. C’est donc dire que leurs écoles et observatoires astronomiques attiraient de nombreux étudiants et lettrés venus de toutes les contrées celtiques. La permanence de la présence celte dans la péninsule ibérique n’est plus à prouver. Elle était non seulement forte, mais à bien des égards formidable et durable. Encore aujourd'hui, dans de nombreuses régions du Portugal et du nord de l'Espagne en Galice ainsi que dans les Asturies et de la Cantabrie, les traditions celtiques ont survécu et demeurent, à ce jour, vivantes. Si l’on peut dire que les Portugais revendiquent toujours passionnément leur héritage lusitanien, le même est vrai pour les autres peuples jadis celtophones de la péninsule. Bien que très peu considérés par les érudits de la matière celtique moderne, les gens de ces pays surprennent et peuvent maintenant être considérés comme une des branches importantes issues des cultures de Hallstatt et de La Tène. Si vous désirez vous tourner vers la pensée des druides antiques, c’est dans leurs écrits que vous devez alors plonger. Et c’est en Ibérie qu’on retrouve la plus volumineuse collection de leurs textes. Pièce de bronze celtibère imitant l’As romain portant côté face, deux têtes (Janus dieu du commerce) jointes et coiffées d’un trifolié et côté pile, un navire de type ponton avec le mat et la voilure repliée portant l'inscription Amor (Amor « amour », rétrograde Roma « Rome »). Les navires celtibères n’étaient pas très différents des navires armoricains de la Gaule. L’équivalent celtique du dieu romain Janus était sans doute Lugus Toutatis. 3 Un autre fait peu connu est que les Celtes ibériques ont été, non seulement tournés vers la mer, mais ils avaient, comme leurs cousins Vénètes, les capacités de prendre la mer de front, ce que leurs voisins du sud tels les marchands puniques de la nouvelle Carthage et colons philistins de Tartessos hésitaient à faire. Les Irlandais du haut Moyen Âge se souvenaient de ces faits. Le Livre des conquêtes d’Irlande décrit justement la venue d’un important contingent de Celtibères fédérés sous le commandement de Mil Easpain. Ils étaient les derniers d’une série d’occupants arrivés par la mer tels les Belges (Fir Bolg) et les Gaulois (Fir Galion) qui ont forgé l'ethnogenèse gaélique ainsi que l'identité culturelle de l’Irlande. Qui, en fait, était ce Mil Easpain mentionné dans les chroniques Irlandaises et dans quelles circonstances at-il décidé d’occuper l’«île d'émeraude»? L'extrait qui suit, tiré du Livre des conquêtes (chapitre VIII, Les Fils de Mil, verset 13), décrit très bien les capacités de navigation en haute mer ainsi que la démonstration de la puissance navale qu’avait la flotte de guerre des Milésiens. « Par un soir d'hiver, Ith, dos au large, plus loin au nord – arriva de l’est avec trois fois trente guerriers, jusqu'à ce qu'il avait les côtes d'Irlande en vue. Il met le cap sur l'Irlande et atterrit au loin sur une côte incertaine. Ils baissent les mats dans les marais salés et avec Duibne et ses autres frères, débarquent sur la pointe de Corcu afin de discuter de ce qu’ils avaient vu à leur arrivée. Sur ce, Brego fils Breogan, déclare qu'il n’avait perçu aucune terre, mais qu’un épais brouillard venant du ciel qu’il cherchait à éviter. Ceci étant dit, Ith avoua qu'il n’ait pu en aucun temps l’éviter et que cet habile pilote avait décidé de reprendre le large pour lancer son navire sur la mer en contournant la côte d'Irlande. Et c’est avec jusqu'à trois fois cinquante guerriers qu'ils débarquèrent dans le golfe de Mag Itha (Loch Foyle, à l’embouchure de la Foyle, près de l’actuelle Londonderry), sur le côté nord de l'Irlande. » (Traduction de l’auteur) 4 Les principales zones culturelles et linguistiques de la péninsule ibérique vers 200 av. l’è. c. indiquant l'emplacement des principales nations et tribus celtiques avec les autres groupes ethniques y compris les Grecs et les Phéniciens. Liste: les Lusitaniens, les Aquitains, les Grecs, les puniques (sémitiques) et au Nord, les Vascons ou les Basques (Aquitaine). Étymologies des ethnonymes Ibère L’ethnonyme Ibère a été sujet à de nombreuses interprétations et propositions étymologiques et ce, parfois contradictoires. Certains lui accordent une origine non indoeuropéenne alors que d’autres la reconnaissent contraire. Donc, Eber / Iber, de Eber (r) os, Iber-os, le fleuve divinisé a une étymologie complexe qui remonte aux origines du peuplement indoeuropéen dans la région d'où le nom ethnique Iberios ou Eberrios (pl -oi.) pour : « ibérique, de la rivière Ebros ». Iberos ou Ebros, c’est-à-dire l'Èbre, était un fleuve divinisé, il est le plus long et le plus puissant des grands cours d’eau espagnols. Son nom fut donné par les Grecs, puis les Romains, à l'ensemble de la péninsule et accordé à la nation habitant son bassin fluvial avec toutes ses ramifications. Il est généralement déclaré que son nom est d'origine basque 5 issue d’ibai « rivière » ou encore ibar « vallée »). Ce qui ne contredit pas par contre un étymon indoeuropéen, car Ibar est le nom d’une rivière de Serbie et l’Ebrach ou Eberbach un cours d’Allemagne, sans oublier l’Irwell, une rivière d’Angleterre. Ce nom est également très proche du celtique Iber < Iuer, « rapide, preste ». Nation ou Tribu Étymologie et définition Territoire Astures Asturioi « montagnards »; Astura < Adstutaura « haute terre » Asturias et le León (Espagne du Nord) et l’ouest de Trásos Montes (Portugal) Bletonesii Blettonesioi « ceux de la forêt de mélèzes »; Bletto < Mletto « mélèze » Salamanca (Espagne). Bracari Braccares, Braccarioi « ceux de Braccara »; Braccara « des brèches ». Braga (Portugal). Callaici ou Gallaecians Callaicoi / Calloicoi « Callaïque, Galicien »; Gallaicoi / Galloicoi « des puissants ». Gallaecia (Espagne et Portugal). Cantabri Cantabroi / Cantabrenoi « ceux de la lime »; Cantabria « frontière ». Cantabria, Asturias et une partie de Castille- Léon (Espagne). Carpetani Carpetanoi « ceux de la forêt de charmes »; Carpetania > Carpitania « boisé de charmes ». La Meseta centrale d’Ibérie (Espagne). Celtiberi Celtiberoi « les Celtes, gens nobles et élevés »; les Celtes de l’Èbre »; Celt- « noble » + Iberos « l’Èbre divinisé »; Ebros « brutal, violent ». Iberie, Meseta centrale (Espagne). Celtici Celticoi « les Celtiques, de noblesse ». Alentejo et Algarve (Portugal). Coelerni Coelerinoi > Coelernoi / Coilerinoi > Coilernoi « les devins, les prophètes ». Region de Chaves, Braga (Portugal et Ourense en Espagne. Cunetes et Conii, Coniaci Cunetes « chasseurs avec chiens »; Conioi « du recoin »; Coniacoi / Coniscoi « ceux du recoin ». Algarve et Alentejo inférieur (Portugal); probablement de langue protoceltique Tartessienne. Equaesi Equaesoi / Ecuaesoi « les Minho et Trás-os- 6 cavaliers, chevaliers »; Ecuos / Equos « cheval ». Montes (Portugal). Grovii Grouoi > Gruuoi « les graveleux ». Minho (Portugal) et Galice (Espagne) Iburri et Ebores Iburoi / Eburoi « les sangliers » Ebores « d’Ebora (Evora) »; Ebora « prunelier ». Trás-os-Montes (Portugal) Région d’Alentejo, Portugal du Sud Ilergetae Ilergetes < Elergetes < Elercetes « gens des marais »; Ilercos / Elercos / Elarcos / Alarcos « cygne ». Vals du Sègre et du Cinca dans le bassin de l’Èbre (Nord-est de l’Espagne). Interamici ou Tamaricoi Interamicoi < Intamaricoi « ceux de la vallée de la Tambre »; Tamaricoi « ceux du Rio Tambre »; Tamara « qui enfle ». Trás-os-Montes (Portugal), Rio Tambre, province de Coruña, (Portugal). Leuni Leunoi « ceux de pierre ». Minho (Portugal). Limici Limicoi « de Lima »; Limia « terre inondable ». Minho (Portugal) et Galicia (Espagne). Luanqui Luancoi « uploads/Geographie/ les-celtiberes-pdf.pdf

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