1 LIBERALISATION FINANCIERE, SPECULATION LIBERALISATION FINANCIERE, SPECULATION
1 LIBERALISATION FINANCIERE, SPECULATION LIBERALISATION FINANCIERE, SPECULATION LIBERALISATION FINANCIERE, SPECULATION LIBERALISATION FINANCIERE, SPECULATION ET CRISES BANCAIRES ET CRISES BANCAIRES ET CRISES BANCAIRES ET CRISES BANCAIRES Luis MIOTTI et Dominique PLIHON * Article publié dans Economie Internationale, N° 85, 1er trimestre 2001 RESUME RESUME RESUME RESUME Les crises bancaires sont une des manifestations les plus importantes de l’instabilité financière contemporaine. En effet, les systèmes bancaires des deux tiers des pays membres du FMI et de la plupart des pays émergents ont connu d’importants dysfonctionnements au cours des deux dernières décennies. D’importantes avancées dans la compréhension de ces crises ont été réalisées grâce à des travaux empiriques très documentés, dont certains ont été effectués par des économistes du F.M.I. Ces travaux montrent l’existence d’une relation entre les crises bancaires et financières et les politiques de libéralisation financière, souvent radicales, menées dans les pays émergents. Ils montrent également que les défaillances bancaires sont au centre des crises économiques et financières récentes des pays émergents. La plupart de ces analyses, de nature principalement macro-économique, mettent en avant deux séries d’explications : d’une part, la libéralisation financière rend les banques plus vulnérables aux chocs macro-économiques et, d’autre part, la fragilité financière de ces dernières serait aggravée par l’insuffisance des dispositifs de supervision, particulièrement patente dans les pays émergents. Toutefois, ces approches ont des fondements microéconomiques insuffisants et ne permettent pas d’expliquer les prises de risques excessifs et les défaillances bancaires dans les pays émergents. L’objectif de cet article est, en prolongeant ces travaux récents, de tenter de combler cette lacune et de donner des fondements microéconomiques plus satisfaisants à l’analyse des 2 crises bancaires. Son hypothèse centrale est que les défaillances bancaires à l’origine des crises peuvent être expliquées, en grande partie, par les comportements spéculatifs des banques favorisés par la libéralisation financière. Après avoir présenté une recension critique de la littérature sur les crises bancaires dans les pays émergents, cet article expose le cadre théorique, d’inspiration keynésienne, qui fonde cette approche des crises bancaires fondée sur les comportements spéculatifs des banques. Puis une analyse empirique est proposée, basée sur des faits stylisés ainsi que des tests statistiques et économétriques portant sur les crises bancaires en Argentine et en Corée. Les résultats obtenus ne permettent pas de rejeter l’hypothèse selon laquelle le comportement spéculatif des banques serait à l’origine des défaillances et des crises bancaires. On montre en particulier que, dans ces deux pays, les banques défaillantes sont également celles qui, dans les années précédentes, exhibaient les niveaux de rentabilité les plus élevés allant de pair avec des prises d’importantes risques de nature spéculative. On conclut à la nécessité de renforcer le dispositif de gestion des risques et de contrôle prudentiel des banques dans les pays émergents afin de limiter les comportements spéculatifs. RESUME COURT Les crises bancaires se sont multipliées dans les pays émergents au cours de la dernière décennie. La plupart des travaux sur les crises bancaires sont de nature empirique et macroéconomique et ont des fondements microéconomiques insuffisants. Cet article tente de corriger cette lacune. Son hypothèse centrale est que les défaillances bancaires peuvent être expliquées par les comportements spéculatifs des banques favorisés par la libéralisation financière. Partant d’un cadre théorique d’inspiration keynésienne, cet article présente des tests statistiques et économétriques concernant les crises bancaires en Corée du Sud et en Argentine. Les résultats suggèrent qu’on ne peut rejeter l’hypothèse selon laquelle les défaillances bancaires seraient dues à des prises de risques excessives de nature spéculative. On montre notamment que les banques défaillantes sont également celles qui, avant la crise, exhibaient les niveaux de rentabilité les plus élevés, liés à des opérations spéculatives. 3 MOTS CLES : CRISE BANCAIRE, PAYS EMERGENTS, SPECULATION * Dominique PLIHON est professeur à l’université Paris - Nord et rattaché au Centre d’économie de Paris – Nord (CEPN). Il a été consultant à la Commission bancaire (1995 – 1998). Ses derniers ouvrages sont « Les banques, nouveaux enjeux, nouvelles stratégies » publié à la Documentation Française ( 1999 - séries Etudes) et « La monnaie et ses mécanismes », publié à La Découvertes (2000 – collection Repères). 4 LIBERALISATION FINANCIERE, SPECULATION LIBERALISATION FINANCIERE, SPECULATION LIBERALISATION FINANCIERE, SPECULATION LIBERALISATION FINANCIERE, SPECULATION ET CRISES BANCAIRES ET CRISES BANCAIRES ET CRISES BANCAIRES ET CRISES BANCAIRES Luis MIOTTI et Dominique PLIHON Introduction Introduction Introduction Introduction La montée de l’instabilité financière est l’un des faits marquants de la période récente. Les crises bancaires sont la forme la plus spectaculaire de cette instabilité. Les données disponibles sont éloquentes : les deux tiers des pays membres du F.M.I. ont été frappés par des crises bancaires graves qui ont entraîné des pertes cumulées supérieures à 250 milliards de dollars (Honohan, 1997) ; par ailleurs, plus de 130 pays, ce qui représente les trois quarts des pays membres du FMI, ont connu des dysfonctionnements bancaires significatifs (Lindgren, Garcia, Saal, 1996). Les pays émergents &d’Amérique Latine et d’Asie ont été particulièrement touchés par ces crises bancaires dont le coût a souvent été considérable. Ainsi, la charge à long terme pour le contribuable du sauvetage des banques mexicaines, à la suite la crise du peso de 1994-95, a été estimée à 15% du PIB. Au Venezuela, le coût de la crise bancaire a été également estimé à 15% du PIB. Par comparaison, le coût de la crise des Caisses d’épargne américaines à la fin des années 1980 a représenté 3.5% du PIB, et de 5 à 7% du PIB dans les pays scandinaves lors des crises bancaires de 1991-92. Ces dernières années, d’importantes avancées dans la compréhension de ces crises ont été réalisées grâce à des travaux empiriques très documentés, dont certains ont été effectués par des économistes du F.M.I. Ces travaux montrent en particulier l’existence d’une relation entre les crises bancaires et financières et les politiques de libéralisation financière, souvent radicales, menées dans les pays émergents. Ils montrent également que les défaillances bancaires sont au centre des crises économiques et financières récentes des pays émergents. La plupart de ces analyses, de nature principalement macro-économique, mettent en avant deux séries d’explications aux crises bancaires : d’une part, la libéralisation financière rend les banques plus vulnérables aux chocs macro-économiques et, d’autre part, la fragilité financière de ces dernières serait aggravée par l’inadaptation des politiques publiques et par 5 l’insuffisance des dispositifs de supervision, particulièrement patentes dans les pays émergents. Il apparaît toutefois que ces explications, si elles ne sont pas contestables, ne permettent néanmoins pas d’élucider totalement les raisons profondes qui amènent les banques à constituer un facteur majeur d’instabilité. L’objectif de cette note est, en prolongeant ces travaux récents, de tenter de combler cette lacune. Notre hypothèse centrale est que les défaillances bancaires à l’origine des crises peuvent être expliquées, en grande partie, par les comportements spéculatifs des banques induits par la libéralisation financière. La deuxième section de cette note offre une recension de la littérature récente sur l’explication des crises bancaires dans les pays émergents. La troisième section propose le cadre analytique qui fonde notre interprétation. Les quatrième et cinquième sections présentent respectivement les faits stylisés et les tests empiriques, portant sur les crises bancaires en Argentine et en Corée, qui illustrent et permettent de valider notre hypothèse. 6 1. Les banques au centre de l’instabilité financière dans les pays Les banques au centre de l’instabilité financière dans les pays Les banques au centre de l’instabilité financière dans les pays Les banques au centre de l’instabilité financière dans les pays émergents émergents émergents émergents : revue de la : revue de la : revue de la : revue de la littérature récente littérature récente littérature récente littérature récente Les crises bancaires des pays émergents ont suscité de nombreux travaux. Deux résultats principaux ressortent de ces analyses. En premier lieu, il apparaît clairement que le processus de libéralisation financière (LF), mené dans la quasi-totalité des pays depuis une vingtaine d’années, constitue la cause commune de la plupart des crises bancaires et financières. Deuxièmement, les crises bancaires sont intimement liées aux crises financières et cambiaires, en particulier dans les pays émergents. Ces deux résultats, qui font aujourd'hui l’objet d’un large consensus dans la communauté des économistes, montrent le rôle central des banques dans le processus d’instabilité financière dans les pays émergents au cours de la dernière décennie. 1.1. Les relations entre libéralisation financière et crises bancaires Plusieurs études empiriques, portant sur des échantillons de pays relativement représentatifs, ont montré que les crises bancaires ont généralement été précédées par des politiques de LF (Miotti et alii, 1998). Kaminski et Reinhart (1996) ont ainsi réalisé une importante étude empirique, portant sur 20 pays en Asie, Amérique Latine, Europe, et Moyen-Orient, au cours des années 1970-milieu des années 1990. Leurs principaux résultats, confirmés par des travaux ultérieurs, sont les suivants : (1) les crises bancaires étaient rares et n’avaient pas de liens avec les crises de balances des paiements au cours des années 1970, période ou les marchés financiers étaient encore étroitement contrôlés; (2) à la suite du mouvement général de libéralisation financière dans le monde, le nombre de crises bancaires a fortement uploads/Geographie/ liberalisation-financiere-speculation-et.pdf
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- Publié le Jui 03, 2022
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