La Liste rouge des espèces menacées en France Contexte, enjeux et démarche d’él

La Liste rouge des espèces menacées en France Contexte, enjeux et démarche d’élaboration 2 - La Liste rouge des espèces menacées en France La Liste rouge mondiale des espèces menacées S elon le constat désormais établi par la communauté scientifique, notre planète traverse une crise majeure, alors même que l’on prend de plus en plus conscience que notre avenir est étroitement lié à celui de la biodiversité. On estime que le taux d’extinction des espèces est aujourd’hui 100 à 1 000 fois plus élevé que les taux d’extinction relevés au cours des temps géologiques passés, en raison des impacts multiples des activités humaines. Depuis plus de 50 ans, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) évalue l’état de conservation des espèces à travers le monde, grâce au travail des 9 000 experts de sa Commission de sauvegarde des espèces (CSE). Ces scientifiques s’attachent à réunir les informations les plus complètes et les plus détaillées possibles, pour évaluer le risque d’extinction des plantes et des animaux de la planète et élaborer des solutions pour répondre à ces enjeux. Qu’est-ce que la Liste rouge ? La Liste rouge de l’UICN constitue l’inventaire mondial le plus complet de l’état de conservation global des espèces végétales et animales. Elle s’appuie sur une série de critères précis pour évaluer le risque d’extinction de milliers d’espèces et de sous-espèces, sur la base des meilleures connaissances scientifiques disponibles. Son but essentiel est d’identifier les priorités de conservation et de fournir des bases cohérentes pour orienter les politiques et les stratégies d’action. Elle permet de mobiliser l’attention du public et des responsables politiques sur l’urgence et l’étendue des problèmes de conservation, et d’inciter tous les acteurs à agir en vue de limiter le taux d’extinction des espèces. La Liste rouge de l’UICN est une base de données en ligne actualisée chaque année, présentant la situation mondiale de plus de 74 000 espèces parmi les 1,8 millions d’espèces connues, ainsi que de nombreuses informations sur chacune d’entre elles. La Liste rouge permet de répondre à des questions telles que : • Dans quelle mesure telle espèce est-elle menacée ? • Par quoi telle ou telle espèce est-elle spécialement menacée ? • Combien y a-t-il d’espèces menacées dans telle région du monde ? Le système mis au point pour son établissement est le résultat d’un vaste processus de concertation, d’élaboration et de validation de plusieurs années, mené par les experts de la CSE. Toutes les informations décrivant le fonctionnement et l’utilisation du système sont réunies dans le guide intitulé « Catégories et critères de la Liste rouge de l’UICN ». De plus, pour permettre l’application de la méthodologie à l’échelle de pays ou de régions du monde, l’UICN a développé des « Lignes directrices pour l’application des critères de la Liste rouge aux niveaux régional et national ».  Chevêchette d’Europe (Glaucidium passerinum), espèce “Vulnérable” sur le territoire métropolitain © Yvan Orecchioni / ONF  Site internet de la Liste rouge mondiale des espèces menacées (www.iucnredlist.org) Quelques résultats clés Grâce à la Liste rouge de l’UICN, nous savons aujourd’hui qu’une espèce de mammifères sur quatre, plus d’un amphibien sur trois et plus d’un oiseau sur huit sont menacés d’extinction au niveau mondial. C’est également le cas pour près d’un tiers des requins et raies, un tiers des coraux constructeurs de récifs et plus d’une espèce de conifères sur trois. Contexte, enjeux et démarche d’élaboration - 3  Pique prune (Osmoderma eremita), un coléoptère classé “Quasi menacé” à l’échelle mondiale © Olivier Vinet / ONF  Laîche de Buxbaum (Carex buxbaumii), une espèce végétale rare et protégée en France © Mario Klesczewski / CEN-LR Comment la Liste rouge est-elle établie ? Avec le système de la Liste rouge de l’UICN, chaque espèce ou sous-espèce est classée dans l’une des onze catégories suivantes : •  Eteinte au niveau mondial (EX), Eteinte à l’état sauvage (EW) ou Disparue au niveau régional (RE), •  En danger critique (CR), En danger (EN) ou Vulnérable (VU) : regroupant les espèces menacées de disparition, • Quasi menacée (NT) : espèce proche du seuil des espèces menacées ou qui pourrait être menacée si des mesures de conservation spécifiques n’étaient pas prises, • Préoccupation mineure (LC) : espèce pour laquelle le risque de disparition est faible, • Données insuffisantes (DD) : espèce pour laquelle l’évaluation n’a pas pu être réalisée faute de données suffisantes, • Non applicable (NA) : espèce non soumise à évaluation car introduite dans la période récente (en général après 1500) ou présente dans la région considérée uniquement de manière occasionnelle ou marginale, • Non évaluée (NE) : espèce n’ayant pas encore été confrontée aux critères de l’UICN. Le classement de chaque espèce s’appuie sur cinq critères d’évaluation qui reposent sur différents facteurs biologiques associés au risque d’extinction, tels que la taille de la population de l’espèce, son taux de déclin, la superficie de sa répartition géographique ou son degré de fragmentation. En confrontant la situation de chaque espèce aux différents seuils quantitatifs fixés pour chacun des cinq critères, on définit pour chacune d’elles, sur la base des données disponibles, si elle se classe ou pas dans l’une des catégories d’espèces menacées (CR, EN et VU). Figure 1 : Présentation des catégories de l’UICN utilisées pour classer les différentes espèces ou sous-espèces EX EW RE CR EN VU NT LC DD NA NE Eteinte au niveau mondial Eteinte à l'état sauvage Disparue au niveau régional En danger critique En danger Vulnérable Quasi menacée Préoccupation mineure Données insufsantes Non applicable Non évaluée De plus, lorsque la méthodologie est appliquée à l’échelle d’un pays ou d’une région particulière du monde, l’évaluation prend en compte l’influence des populations de chaque espèce situées à l’extérieur de la zone considérée, en particulier les migrations éventuelles à travers les frontières de la zone étudiée. Devenu un outil scientifique et décisionnel de référence à l’échelle mondiale, le système de la Liste rouge est aujourd’hui adopté par un nombre croissant de pays. 4 - La Liste rouge des espèces menacées en France La France en première ligne au niveau mondial D’ après les données de la Liste rouge mondiale de l’UICN, la France se place parmi les pays hébergeant le plus grand nombre d’espèces animales et végétales mondialement menacées. Cette situation est principa­ lement due aux espèces présentes dans les collectivités françaises d’outre-mer, qui abritent une très forte biodiversité. Etat des lieux Avec 1 048 espèces mondialement menacées présentes sur son territoire, la France a une responsabilité majeure dans la lutte contre l’érosion de la biodiversité qui frappe la planète. Elle se situe parmi les 10 pays les plus concernés par ce phénomène avec l’Equateur, les USA, la Malaisie, l’Indonésie, le Mexique, la Chine, l’Inde, le Brésil et l’Australie. Les principales menaces pesant sur les espèces sont la destruction et la dégradation des milieux naturels, le braconnage et la surexploitation, l’introduction d’espèces envahissantes, les pollutions et le changement climatique. Ce sont les collectivités françaises d’outre-mer, Nouvelle- Calédonie et Polynésie française en tête (avec respectivement 493 et 172 espèces menacées), qui placent la France dans cette position. Elles sont en effet quasiment toutes situées dans des points chauds de la biodiversité mondiale, c’est-à-dire des régions très riches en espèces, mais également très menacées, car ayant perdu au moins 70 % de leurs habitats naturels originels (Caraïbes, Océan Indien, Polynésie- Micronésie, Nouvelle-Calédonie). De nombreuses espèces menacées sont également présentes en Guyane et dans les Terres australes et antarctiques françaises.  Corail champignon (Fungia fungites), espèce trouvée au sein des récifs du Pacifique et de l’Océan Indien, “Quasi menacée” d’après la Liste rouge mondiale © Te mana o te moana Une responsabilité mondiale La France porte ainsi une responsabilité de premier plan aux niveaux mondial et européen pour enrayer l’extinction de la biodiversité. Elle doit donc renforcer son action au niveau national (protection des espèces, plans d’action pour les espèces les plus menacées, développement des aires protégées et du réseau écologique national, réduction des impacts des politiques agricoles et d’aménagement…) et international (application des accords internationaux, coopération avec les pays du Sud…). Afin de disposer d’un état des lieux précis et actualisé des espèces menacées en France, le Muséum national d’Histoire naturelle et le Comité français de l’UICN ont lancé la réalisation de la Liste rouge nationale sur la base des critères de l’UICN.  Tortue olivâtre (Lepidochelys olivacea), une espèce présente en particulier en Guyane et dans les Caraïbes, évaluée “Vulnérable” au niveau mondial © Mael Dewynter / Kwata Dans le contexte européen, la France métropolitaine apparaît parmi les 5 pays abritant le plus grand nombre d’espèces mondialement menacées (230), après l’Espagne, la Grèce et l’Italie. Tout comme pour les collectivités d’outre-mer, cette situation est à corréler avec la richesse biologique de ces pays localisés en Méditerranée, autre point chaud de la biodiversité mondiale. Contexte, enjeux et démarche d’élaboration - 5  Vertigo de Des Moulins (Vertigo moulinsiana), un escargot présent en France métropolitaine, classé “Vulnérable“ à l’échelle mondiale © Olivier Gargominy  Perruche d’Ouvéa (Eunymphicus uvaeensis), une espèce endémique de Nouvelle-Calédonie, uploads/Geographie/ liste-rouge-france-contexte-enjeux-et-demarche.pdf

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