Gobierno del Perú (1567) Juan de Matienzo Guillermo Lhomann Villena (ed.) DOI:
Gobierno del Perú (1567) Juan de Matienzo Guillermo Lhomann Villena (ed.) DOI: 10.4000/books.ifea.3104 Editor: Institut français d’études andines Año de edición: 1967 Publicación en OpenEdition Books: 27 abril 2015 Colección: Travaux de l'IFEA ISBN electrónico: 9782821845671 http://books.openedition.org Edición impresa Número de páginas: lxix + 366 Referencia electrónica MATIENZO, Juan de. Gobierno del Perú (1567). Nueva edición [en línea]. Lima: Institut français d’études andines, 1967 (generado el 27 janvier 2020). Disponible en Internet: <http://books.openedition.org/ ifea/3104>. ISBN: 9782821845671. DOI: 10.4000/books.ifea.3104. Este documento fue generado automáticamente el 27 enero 2020. Está derivado de una digitalización por un reconocimiento óptico de caracteres. © Institut français d’études andines, 1967 Condiciones de uso: http://www.openedition.org/6540 Avant-propos François Chevalier 1 C’est une œuvre de premier plan, en très grande partie inédite, que l’Institut Français d’Etudes Andines offre maintenant aux historiens, ethnologues, hispanistes et américanistes. 2 Lorsque mon ami Guillermo Lohmann Villena me dit un jour qu’il tenait prêt pour l’édition le texte intégral du Gobierno del Perú, je lui demandai aussitôt s’il pourrait le publier dans la collection des « Mémoires et Travaux » de notre Institut. Personne n’était aussi qualifié que lui pour faire l’étude préliminaire de cette œuvre essentielle de Juan de Matienzo, terminée, on le sait, vers 1567. 3 Bien que très déficiente et tronquée à près de 40 % — on le voit maintenant — l’édition de 1910 à Buenos Aires avait attiré depuis longtemps notre attention sur la valeur de ce document comme source historique pour le Pérou du XVIe siècle — et même, ajouterons-nous, pour un Pérou presque contemporain à travers ses survivances dans le monde indigène. 4 Lohmann a magistralement situé l’œuvre dans son contexte péruvien, cette inquiétante décennie 1560-70 où tout est remis en question dans une floraison d’ouvrages, eux-mêmes de premier plan, que, grâce à lui, nous connaîtrons mieux maintenant. Il s’agit bien d’une époque exceptionnellement importante, celle qui, au-delà des désordres de la conquête, puis des inquiétudes et des interrogations, annonce déjà dans le Gobierno del Perú l’organisation nouvelle, voire la refonte d’une société, sous le vice-roi Francisco de Toledo (1569-81). Mais cette restructuration politique, sociale et économique, n’est évidemment pas l’œuvre d’un seul homme et d’un moment : la vaste et minutieuse législation de Toledo codifie, ou guide, plus souvent qu’elle ne les crée, de profondes transformations, en partie spontanées dans un certain milieu, en partie aussi imposées ou dirigées selon des normes, fruit de l’expérience, des idées ou des intérêts d’une cohorte de religieux et de fonctionnaires — parmi eux, et peut-être en première place, Juan de Matienzo, dont s’est directement inspiré le vice-roi, on nous le montre. 5 A cette époque, les idées généreuses de Las Casas n’ont plus, certes, leur influence d’antan, même en métropole : après la rébellion pizarriste, le Roi n’a rétabli son autorité au Pérou qu’au prix d’un compromis qui a consacré leur abandon, comme l’a bien vu Marcel Bataillon1, tandis que se manifestent déjà les premiers symptômes de la mentalité des « Espagnols américains », fils ou héritiers des conquérants, et qu’on va bientôt assister à la naissance d’une « conscience créole » en Amérique espagnole. Tout en défendant, de par ses fonctions, les intérêts de la Couronne, 1 Matienzo croit à la nécessité de composer avec le milieu et ne laisse pas d’être influencé par les points de vue des Espagnols des Indes — lorsqu’il recommande par exemple l’implantation de seigneuries (aux droits limités, bien sûr) et la perpétuité des encomiendas, ou bien qu’il défend et tend à faire reconnaître telles prérogatives que se sont arrogées les mineurs et nouveaux propriétaires. 6 A vrai dire, si la seconde partie du Gobierno del Perú a une valeur historique, politique et juridique, justement soulignée, en nous faisant mieux connaître la mise en place de la solide administration vice-royale, la première partie de l’œuvre est peut-être plus originale, voire plus profonde. Elle traite, en effet, de l’organisation du monde indigène au niveau des communautés villageoises, paroisses et encomiendas, en particulier dans leurs rapports avec les grandes mines ou les domaines (chácaras) des Espagnols, c’est-à-dire d’institutions locales et cadres sociaux si solidement structurés vers cette époque qu’une partie d’entre eux, résistant aux transformations de plus en plus rapides des XIXe et XXe siècles, sont bien reconnaissables aujourd’hui pour l’ethnologue et même le simple observateur. 7 Les projets de réglementation de cette première partie, loin d’être théoriques, comme certaines lois des Indes élaborées dans des bureaux, sont au contraire adaptés de très près au milieu, toujours évoqué ou décrit dans les propositions de l’oidor, qui cherche habituellement à mieux contrôler des états de fait. Car Matienzo connaît bien les régions vitales du pays, depuis sa résidence de l’Audience des Charcas ; lorsqu’il rédige, il a déjà enquêté sur le travail des Indiens à Potosí et Porco ; il a instruit un « jugement de résidence » à Cuzco ; il a habité ou parcouru les zones les plus peuplées de la sierra, et il a même eu des entretiens avec le descendant à demi insoumis de l’Inca, dans les montagnes de Vilcabamba... 8 C’est ainsi que nous avons, souvent de première main, une joule de renseignements sur le fonctionnement des encomiendas, sur les diverses sortes de mitas — ces services de travail principalement dans les mines — sur les tributs et redevances, l’implantation du système de tutelle des Indiens considérés comme mineurs d’âge, les différentes catégories de travailleurs indigènes, hatunrunas, tindarunas, yanaconas... etc., utilisés et organisés plus ou moins spontanément par les conquérants en fonction de leurs nouveaux besoins. 9 Pour prendre le bref exemple des yanaconas employés par les maîtres et propriétaires espagnols, nous constatons que Matienzo décrit et propose de légaliser en le contrôlant un système de travail qui existe encore très souvent dans les haciendas du haut Pérou (notamment dans la sierra de Trujillo, où nous l’avons reconnu sous le même nom, troqué ailleurs pour celui de colonos... etc.). L’Indien yanacona est astreint à cultiver une partie de la semaine les terres du propriétaire, sur lesquelles il a l’obligation de résider ; en échange, il reçoit à perpétuité dans le domaine un lopin de terre qui ne peut lui être enlevé et il jouit d’une certaine protection de la part du maître - situation assez semblable à celle des « serfs chasés » du Moyen Age. Matienzo reconnaît au maître le droit de punir « modérément » ses yanaconas, qui restent attachés au domaine lorsqu’il est vendu, comme en Espagne les vasallos solariegos, précise notre oidor (chap. VIII). 10 De même, les populations du haut Pérou ont été habituellement regroupées en villages, bâtis, comme nos anciennes « villes neuves » et « bastides » de l’Europe méridionale, autour d’une place centrale qui, aujourd’hui encore, offre souvent la disposition préconisée par Matienzo dans un curieux dessin : église, maison du conseil, prison... etc. (chap. XIV). Cette « urbanisation »- type n’est d’ailleurs que la forme extérieure la plus visible, la coquille si l’on veut, d’une société largement remodelée au XVIe siècle, en particulier dans ses structures religieuses et même agraires. 2 11 Arrêtons là les exemples, en notant aussi les limites du Gobierno del Perú comme témoignage et source historique. Matienzo a un but essentiellement pratique, qui est d’informer le roi en vue de mieux administrer, de conserver et développer la vice-royauté. Il n’y a donc pas lieu de s’étonner qu’il ne manifeste point de curiosité excessive pour les anciennes civilisations indigènes, à l’égard desquelles il poursuit une politique d’assimilation en cherchant à les hispaniser. Enfin, son souci de ne pas donner d’arguments aux Las Casiens (tenus encore par les encomenderos et colons comme l’ennemi numéro un) explique peut-être qu’il n’ait pas insisté sur le phénomène essentiel que représente la diminution de la population indigène, tout en donnant d’ailleurs des chiffres intéressants sur cette population, pour l’époque où il écrit. Mais cette récession démographique est fort mal connue et il n’est pas impossible que, dans toute son ampleur, elle ne soit un peu plus tardive au Pérou. 12 Il n’en reste pas moins que le Gobierno del Perú offre un grand intérêt à beaucoup d’égards, comme le montre bien Lohmann Villena, et pas seulement, certes, dans le domaine de l’ethnohistoire sur lequel nous venons d’insister. Ainsi, Juan de Matienzo n’occupe-t-il pas encore, on nous le dit, la place qui lui revient dans l’historiographie hispano-américaine. La cause en est sans doute dans l’impression si hâtive, sous le titre de son œuvre essentielle, d’une sorte de long « digest » rédigé (pour qui ?) tantôt en style télégraphique, tantôt en longues phrases reproduites sans la ponctuation moderne, peu compréhensibles parfois, avec beaucoup de lectures défectueuses, surtout des mots quechuas. 13 La présente publication s’imposait donc. Nous la devons à la compétence de Guillermo Lohmann Villena, dont l’étude préliminaire a été traduite par B. Lavallé et Mme Jean Piel, à l’intérêt qu’a bien voulu y prendre Marcel Bataillon et à la générosité de la Direction générale des Affaires Culturelles et Techniques du Quai d’Orsay, qui en a assumé les frais. Qu’en ce quatrième centenaire de uploads/Geographie/ matienzo-1567-gobierno-del-peru-ifea-3104.pdf
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- Publié le Jul 16, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
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