mémoire Les cahiers d’Afrique du Nord Plurielle Le bassin de Mustapha, à Alger
mémoire Les cahiers d’Afrique du Nord Plurielle Le bassin de Mustapha, à Alger en 1945, huile de Jean de la Hogue N°68 - Juin 2012 1 Retour Sommaire Sommaire Editorial 3 Jeanine de la Hogue Les chemins de mémoire La Méditerranée, magie du souvenir 7 Fernand Braudel Écrivain public Le rendezvous des Pêcheurs 18 Jean Brune Des mots pour le dire De Bizerte la Forte à Bizerte, l’escale aux belles ! 23 Annie KriegerKrynicki Le passé composé Le sang du corail 29 Annie KriegerKrynicki Écrivain public La pêche aux éponges 34 Myriam Harry Des travaux et des jours La construction du port de Casablanca 36 MarieClaire Micouleau Ils ont beaucoup écrit Nouvelles aventures d’Ulysse 42 Homère Brèves 51 Repères bibliographiques 54 Biographie Jacques Augarde 59 Odette Goinard Pataouète Mare Nostrum 60 Jean Monneret Mémoire d’Afrique du Nord Réalisation : Jean-Claude Krynicki et Geoffroy Desvignes Les articles signés et opinions émises dans la revue n'engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Copyright : toute reproduction même partielle, des textes et documents parus dans le présent numéro est soumise à l'autorisation préalable de la rédaction et de l'auteur. Une contribution volontaire de 10 euros par an est souhaitée des lecteurs intéressés par nos publications. Mémoire d’Afrique du Nord 119 rue de l’Ouest 75014 Paris 2 Retour Sommaire Editorial Jeanine de la Hogue Homme libre, toujours tu chériras la mer C’est Baudelaire qui parlait ainsi de la mer. Nous avons tous connu les mers qui bordent l’Afrique du Nord mais s’il est un homme qui est incontournable, lorsqu’on évoque la Méditerranée c’est Fernand Braudel. Nous avions eu la chance de le rencontrer et de parler avec lui de cette mer que nous chérissions comme lui. Nous avions, à l’époque, publié un texte de lui et, en hommage à sa mémoire, nous sommes heureux de le retrouver ici. Ce numéro est consacré à la mer et la diversité des sujets abordés n’a cessé de nous surprendre. T out le monde le sait, il n'y a qu'une mer, la nôtre. Celle qui est là, toujours présente, disponible pour les barques des pêcheurs, pour les enfants des plages, pour les plongeons à l'heure chaude. T oujours là, les nuits d'été, avec toutes les étincelles qu'allume la lune et qu'on aime suivre des yeux, au gré des vagues lentes jusqu'au vertige. Cette densité qu'a la mer des nuits d'été. L'océan, bien sûr, est un mot superbe qui roule sur la langue quand on le prononce. Un désert d'eau, étrangement semblable à l'autre, celui du sable. Des vagues, lentes et lourdes comme des dunes. Mais il est souvent absent, très loin, inaccessible ! Dans le port, les bateaux sont inclinés, malades d'une ivresse sans nom, du regret de cet océan qui ne cesse d'aller et de venir, de se dérober. Quand les bateaux se redressent, portés par l'eau qui monte dans le port, l'océan est là qui les attend et les emporte. Et demain, il fuira de nouveau, prévisible et redoutable. La mer, la nôtre, ne cesse de nous surprendre. Elle se rebiffe aussi, lasse d'être libre et calme comme un lac. Les bruits fracassants d'une mer en colère, qui cogne contre la coque du bateau comme si elle avait peur qu'on l'oublie. Notre mer mémoire c’est celle qui garde notre enfance, notre histoire de toujours et de jamais plus. 3 Retour Sommaire Alger : Monument des marins, Halbout Elégance de la voilure, aquarelle de Francisque Noally 4 Retour Sommaire Tempête dans le port d’Alger en 1931 Le Nivernais de la SGCM Le Sidi Aïssa Le Campana Au temps des longues traversées, une corvette 5 Retour Sommaire Bateau de la CNP Le Timgad par grosse mer Le Biskra Goélette au mouillage corvette de charge le Sphinx Une flotte de vaisseaux, en attente 6 Retour Sommaire Les chemins de mémoire La Méditerranée, magie du souvenir Fernand Braudel Né à Lunéville, en 1902, pratiquement avec le siècle, ce Lorrain, après ses études secondaires, cherche assez vite à échapper à l'autorité de son père qui voudrait le pousser vers la médecine. L'enseignement le tente plus mais il n'y a pas de poste pour lui à Bar-le-Duc. Il a tout juste vingt et un ans. On lui propose alors un poste en Algérie, à Constantine au Lycée Laveran. En 1924, il est envoyé à Alger comme professeur de rhétorique supérieure au grand lycée Bugeaud. Il y restera jusqu'en 1932 avec une interruption en 1925 et 1926 pour aller faire son service militaire en Allemagne. Comment devient-on Fernand Braudel, le patron de cette « nouvelle histoire» à laquelle il a su assurer une audience internationale sans précédent ? Le jeune Lorrain, agrégé dès 1923, n'avait même pas une vocation d'historien. Il lui fallut d'abord apprendre à regarder la France de loin : dix années en Algérie, trois au Brésil. Il y a gagné l'intuition de ce qu'on appellera, après 1955, le « tiers monde ». La découverte des Annales de Lucien Febvre et Marc Bloch, des explorations neuves dans les archives, le conduiront en vingt ans (dont cinq de captivité, après juin 1940) à une thèse révolutionnaire. Délaissant Philippe II et les chancelleries (son sujet initial), il va écrire l'histoire de la Méditerranée comme espace, avec ses dynamiques sociales et économiques. Elle devient, grâce à lui, un personnage historique inoubliable. 7 Retour Sommaire Après guerre, écarté par la Sorbonne. Braudel fait de la VIème section de l’École pratique des Hautes Études la plus grande institution des sciences humaines, dans l’hostilité d'une université qui ne voit pas venir 1968. Sa biographie conduit alors à l'histoire, jamais tentée jusqu'ici, du triomphe de la « nouvelle histoire », au cœur de la rénovation des sciences de l'homme. On y trouvera ses débats avec tous les grands historiens, mais aussi avec Claude Lévi-Strauss, Georges Dumézil ou Michel Foucault. Elle s'achève par le récit de l'élaboration des deux chefs-d’œuvre: Civilisation matérielle, économie et capitalisme, et L'Identité de la France, qui s'ouvrent sur le XXIème siècle. Pour la première fois, en ce mois d'octobre 1923, il va donc descendre dans le Midi, en recevoir déjà les horizons inconnus et, pour la première fois aussi, voir la mer. Il retrouve en 1981 son enthousiasme d'alors dans une lettre à Bringuier. « C'était pour moi une telle surprise! Je ne connaissais pas la mer, je vois la Méditerranée, avoue que c'est un présent des dieux ! Imagine quelqu'un comme moi qui descend pour la première fois la vallée du Rhône, qui s'arrête à Marseille, qui s'embarque sur un bateau et s'aperçoit avec plaisir qu'il a le pied marin — c'est déjà ça — et voit brusquement arriver Alger à l’horizon. {...) Alger était la plus belle ville de France après Paris, et même une ville très différente, avec, je dirais, la beauté des rues, la beauté extraordinaire des femmes. (...).II y avait la chaleur, il y avait le vin, des poissons, tout ce que tu veux. Pour moi, j'ai commencé à vivre... » Le port et la citadelle d’Alger 1830 par Jungman 8 Retour Sommaire L ’amirauté d’Alger, huile de Maurice Bouviolle Sur le plan personnel, le sentiment de renaissance s'applique aussi à sa vie privée. En septembre 1932, il épouse une jeune femme Paule Pradel qui avait été son élève en hypokhâgne et dont le père était colon à Tiaret dans l'Oranie. « Richesse, consolation, talisman, c'est un visage qu'emplit un merveilleux sourire ». Comme il le dit dans une page de son journal, c'est pour lui une expérience sentimentale et intellectuelle bien accordée à la Mer Intérieure qui l'occupe tant à cette époque. Il collectionne les sensations et photographie les images de la mémoire historique des archives — La vie de Braudel est si riche, si remplie, que quelques pages ne sauraient suffire. On ne peut qu'en donner une idée et susciter une recherche plus approfondie en donnant une bibliographie. Gardons en tête cet éblouissement au sens fort. Avouons qu'il y avait de quoi parce qu'Alger, découverte de la mer, est en effet un spectacle 9 Retour Sommaire inoubliable, surtout sous la lumière dorée de la fin de l'été, dans la tiédeur douce de l'air. Mais alors notre jeune professeur n'a aucun élément de comparaison. Il est simplement « transporté ». Cependant, on peut comprendre le choc qu'il reçoit, débarquant dans Alger. Et cet éblouissement n'est pas seulement celui d'un touriste. Le jeune professeur, qui va rejoindre son premier poste, ne saurait échapper à sa formation, et s'il a des yeux tout neufs, il observe aussi ces horizons, ce climat, inconnus, en géographe et en historien, et il n'est déjà plus exactement un novice en ces deux disciplines. Il dira d'emblée, dans sa préface à la première édition de La Méditerranée: Je pense que la mer, telle qu'on peut la voir et l'aimer, reste le plus grand document qui soit sur sa vie passée. Si je n'ai retenu que cette leçon de l'enseignement des géographes qui furent mes maîtres en Sorbonne, je l'ai retenue avec une obstination qui donne son sens à toute mon entreprise. Qu'est-ce que la Méditerranée uploads/Geographie/ memoire 5 .pdf
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- Publié le Jui 10, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
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