Apprendre à aimer Présupposé: aimer ne va pas de soi. Il ne suffit pas de se la

Apprendre à aimer Présupposé: aimer ne va pas de soi. Il ne suffit pas de se laisser aller à l’élan du sentiment pour aimer parce que aimer pourrait être pensé, interprété comme une attirance aussi aveugle que non-maîtrisable dont on ne saurait pas anticiper les effets, c’est pourquoi aimer requiert un apprentissage si on entend par là: un art de se conduire selon un ensemble de règles qui permet une éducation de l’aimé qui permettrait d’exercer cette faculté. Suffit-il d’aimer pour aimer ? Aimer n’est pas quelque chose d’immédiat, de spontané et ≠ une donnée immédiate de la conscience Bergson parce qu’il faut entrer dans un processus d’éducation pour humaniser son désir de façon à le transformer en amour. Parce qu’il existe chez tout Homme un reste de sauvagerie archaïque, apprendre à aimer = mise en forme nécessaire du désir capable de transformer l’impulsion immédiate en quelque chose de plus humain par des techniques et des règles sociales. Si il faut apprendre à aimer c’est parce que l’amour peut être confondue avec l’agréable (perspective esthétique). Nécessite un travail sur les sensations que l’on peut comprendre dans la perspective du goût. nous sommes tout à fait capable de comprendre que l’Homme de goût est celui qui a appris les bonnes choses ≠ intellectuelles = capacité de discernement par la pratique. Éviter de laisser le goût au seul hasard de la rencontre, apprendre à aimer en matière de goût. Processus soumis au temps, à l’effort. Apprendre = tout ce travail de culture qui nous éloigne d’une représentation première qui voudrait que le goût soit naturel. Il est plus difficile pourtant de comprendre cette nécessité lorsque l’on passe aux relations humaines parce que dans l’amour (eros) on cultive bp plus le caractère spontané de l’amour, tant nous tenons à l’idée selon laquelle l’amour est une rencontre, un événement. Apprendre à aimer ce serait faire disparaître « sa magie » ou « ce charme qui n’obéit à aucune loi si ce n’est celle de son propre bonheur » pourtant apprendre = fixer des règles. Et pourtant pour que l’amour ne soit pas limité au choc mystérieux de la 1er rencontre, ne faut-il pas là aussi un certain savoir : renoncer à certains désirs… Passons-nous peut être notre vie à apprendre ce qu’aimer veut dire parce que le cœur s’égare parce que le cœur ne sait pas ce qu’il veut, il est tentant de penser qu’il a lui aussi besoin d’une éducation, pour le rendre plus méprisable. Si l’amour doit s’apprendre n’est-ce pas parce que la plupart du tps on n’aime mal, de façon trop superficielle. Attachement à l’autre, suppose un certain nombre de règles pour le conduire de manière plus juste. La difficulté, c’est que cette perspective fait de l’amour une affaire de volonté, quelque chose qui se cultive, se commande, se maîtrise or est-ce le cas ? On apprend jamais tout court, on apprend en intégrant un système de valeur, on apprend toujours à se conduire = canaliser le goût pour le normaliser. Apprendre = éduquer à un système qui oblige le goût à assimiler des règles, ces règles orientent notre façon d’aimer pour qu’elles correspondent aux attentes du goût = on socialise le goût. Freud, 3 essaies sur la théorie sexuelle, il rappelle que le 1er acte d’éducation qui s’impose à l’enfant c’est apprendre à sentir = se détacher du caractère polymorphique du goût. Apprendre à aimer évoque ce processus que le sociologue Norbet Elias a évoqué dans La dynamique de l’Occident, à travers le thème de civilité. toutes les perspectives manger, dormir relèvent de la bonne conduite ou du savoir-vivre  adapter l’individu à la société. Si nous évoquons l’amour entre 2 personnes: quelles limites séparent le souhaitable du convenable ? Le sentiment amoureux a été la plupart du temps inféodé à un ordre de valeur jugé estimable pour reproduire l’amour conjugal. Michel Foucault, l’homosexualité, la volonté de savoir, ne pose aucun pb dans la Grèce antique tandis que les sociétés européennes ont mep une traque des homosexualités = lien entre savoir et pouvoir. On apprend pour assujettir, mettre en discours (apprendre = favoriser certaines formes et éliminer les autres pratiques) le sexe. Tristan et Yseult: amour toujours canalisé par la société mais tjs un côté révolutionnaire dans l’amour, il y a tjs quelque chose qui ne s’apprend pas. Cette perspective de tjs enfermer l’amour dans une culture déterminée, obéit toujours à une compétence sociale car elle ne prend pas en compte une autre dimension du verbe apprendre (≠ technique, esthétique, politique) mais morale. Parce que nous sommes tjs susceptible de confondre l’élan généreux et désintéressé avec l’expression de l’amour propre qu’il faut apprendre à aimer. L’essentiel n’est pas d’aimer mais de bien aimer. Liaisons dangereuses celui qui croît tout maîtriser, il découvre un nouveau savoir : il tombe vraiment amoureux. Fin tragique de Valmont, on apprend jamais à aimer qui est l’impossibilité de connaître. plutôt que d’apprendre à aimer ne faudrait-il pas apprendre de l’aimé quelque chose. Diotime : « la sagesse du non-savoir ». 1 I° Hume, La norme du goût : on ne s’improvise pas pour aimer. Le cuisinier éduque sa perception comme le musicien. Apprendre à aimer c’est éveiller le goût à ce qu’il mérite d’être apprécier. éduquer : ex ducere  nous conduit en dehors de la nature pour nous faire rentrer dans le système de la culture. Nature est grossière, elle manque de nuances, elle est sans doute ce qui nous rattache à toutes nos inclinations animales, ce que Kant appelle « la discipline », pour élever à plus de complexité. Aristote : si il faut apprendre à aimer c’est parce que le goût comme les sentiments sont des facultés, De l’âme. Une faculté, a besoin d’être exercée pour pouvoir s’accomplir, elle a besoin d’être fortifiée par l’exercice. Ce n’est pas parce que nous avons l’aptitude à aimer que nous l’exerçons correctement, cultiver au mieux ses dispositions. Descartes rappelle dans Discours sur la méthode, en tt Homme il y a une faculté naturelle qu’il appelle « la raison » mais, il ne suffit de l’avoir en soi présente, il faut l’exercer correctement. Essentielle n’est pas de l’avoir mais de la mettre en œuvre. Perfectionner notre approche sensitive du monde, c’est dans l’apprentissage que nous aimons le monde car enrichi le regard que nous avons sur les choses. L’art est là pour nous aider à aimer, il peut nous initier à une sensibilité nouvelle en perfectionnant la vision que nous avons: « qui a vraiment vu la grisaille bleuté des brouillards de Londres avant que Turner et Whistler ne les peignent » Oscar Wilde + Art cultive notre regard et nous permet d’apprécier (Amour de Swan, Proust). Bourdieu: goût façonné depuis l’enfance par cet « Habitus » (façon de voir le monde intériorisée et apprise et qui est devenu une 2nd nature pousse l’indiv à aimer et à détester certaine chose), dépend du rang social. le goût fait tjs partie d’un processus de civilisation. I°2) Or ce qui a été vu pour le goût peut-il s’appliquer aux relations entre 2 personnes (forcément hasardeux). Un simple regard sur l’Histoire nous apprend qu’il existe en littérature des genres de l’aimer, des façons d’aimer qui ont modelé nos rapports à l’autre. on n’aime pas de la même manière quand on vit son amour sur le registre romanesque que tragique. les affects s’apprennent. Art d’aimer, d’Ovide, puisque aimer chez Ovide se présente lui-même comme un automédon et il compare l’amour à un enfant sauvage qu’il prétend avoir su dompter par son apprentissage « bien que sauvage est rebelle Éros est un enfant malléable est facile à guider ». Art d’aimer = guide de séduction, dans lequel Ovide prétend enseigner le langage de l’amour : savoir si on doit prendre l’amour au sérieux, comment juger les amours interdits… Ovide prodigue un certain nombre de conseils, de techniques qui sont pensés comme des moyens pour parvenir à ses fins, amour = un jeu dont il s’agit d’accepter les règles. Il y a des lieux, des moments pour aimer. Il faut savoir promettre, insister, pleurer voire jouer des mots à x2 sens. Il faut savoir bien parler, séduire en utilisant un certain type de discours. Donc amour civilisé qui comporte des règles et s’adressent à un certain type de société. Amour courtois, s’adresse aux gens de la cour, « Fin amor » repose sur une conception très idéalisée des rapports amoureux, art où l’on exhibe les règles du bonne usage de l’amour : donner à la dame une place prépondérante, amant de rang inférieur et soumis. Conquête amoureuse doit être parsemée d’obstacles dont la plus classique et l’éloignement. Dame élue est toujours mariée et le mari un obstacle, amour charnel est la récompense absolu, se vie d’attentes et de frustrations = sublimation du désir. Tristan et Yseult : antipode de l’amour courtois, il ne peut plus être question de l’apprentissage d’un certain nombre de lois sociales, qui visent à réguler le désir, passion folle qui n’a pas d’autre issue que la mort. Amour uploads/Geographie/ apprendre-a-aimer 1 .pdf

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