Retranscription Date : novembre 2019 I – Marie-Frédérique Lemieux-Simard M - Mi

Retranscription Date : novembre 2019 I – Marie-Frédérique Lemieux-Simard M - Michelle Makoko 00:00 I - Ça serait vraiment bien si vous pouviez me résumer votre rôle ici; c'que vous faites... M - Moi je suis l'intervenante sociale ici à l’AFIO. Ça fait sept ans que je suis déjà ici comme intervenante. Mais avant ça, j'étais intervenante de milieu; je faisais des visites à domiciles pour des personnes immigrantes nouvellement arrivées ici. 00:33 I - Puis est-ce que vous pouvez nous parler des défis que vous rencontrez au quotidien, dans l'accueil? M - Ça va faire tout une journée ça! Y'en a beaucoup, beaucoup. Parce que faut d'abord savoir que les personnes qui arrivent ici viennent de milieu un peu diversifié. Donc, c'est difficile pour ces personnes-là c'est difficile de venir et d'arriver et de s'adapter facilement à la réalité de la société d'accueil ici. Beaucoup de défis... on va d'abord commencer par la langue. Y'a des femmes ou des personnes qui arrivent qui n'ont jamais parlé français dans leur pays d'origine. Alors arriver ici, vu que le système est complètement différent comparativement par rapport à là où les personnes viennent. Arriver ici sans la langue, sans la connaissance de la société, sans des ressources qui sont adaptés à cette personne-là. Ces personnes se sentent très très isolées et sont perdues. La langue constitue un défi de taille. S’ajoute à cela la culture, le système, la connaissance de la société I - Donc, ça c'est un gros défi; la langue. M - Et puis la paperasse administrative. Les gens sont pas habitués à ça. On arrive ici, faut lire, faut écrire, faut répondre, faut utiliser l'Internet. Tout ça, les gens sont souvent perdus. Moi je vous donne juste un petit exemple. Il y a des personnes, des réfugiés qui arrivent, qui ont vécu dans des camps de réfugiés, qui n'ont pas été scolarisés même dans leur langue maternelle, qui se retrouvent ici à qui on demande par exemple d'inscrire le nom de l'enfant sur la liste d'attente centralisée de la place 05. Mettez-vous à la place de la personne. Même si bien sûr, on dit que la Le concept d’être actif et réactif aux tâches administratives lorsqu’on arrive comme migrant ou réfugié représente un défi énorme pour ces personnes. « Selon moi, je trouve que le système n'est pas adapté aux personnes immigrantes, surtout celles qui font face à personne est en francisation. Mais tu arrives en francisation, on te dit: «Il faut lire, faut écrire, faut répondre, faut appeler...» Les personnes ne se retrouvent pas. Selon moi, je trouve que le système n'est pas adapté aux personnes immigrantes, surtout celles qui font face à la barrière linguistique. Même les personnes qui arrivent comme travailleurs qualifiés, qui ont été sélectionnées... Des fois je me demande comment ils ont fait pour faire les demandes pour arriver ici comme travailleurs qualifiés. Des simples formulaires à compléter, il y a des personnes qui ont de la difficulté. Vraiment de la difficulté. Donc moi je peux dire que c'est des défis de tous les jours que je vois ici. Et ça continue. la barrière linguistique. Même les personnes qui arrivent comme travailleurs qualifiés, qui ont été sélectionnées. » 03:21 I - Et est-ce que l’AFIO agit en tant que... vous aidez ces personnes-là à remplir des demandes, des choses comme ça... est-ce que c'est des actions que vous pouvez poser justement pour alléger un peu la lourdeur administrative? M - Oui, nous on est vraiment là pour soutien de base. Parce que quand je regarde dans l'équipe ici, on est multi-langues. Moi-même je parle cinq langues. Ma collègue parle trois, l'autre parle trois, l'autre parle... donc, au moins on arrive un peu à soutenir les personnes par rapport à notre connaissance ici. Et dans les cas où personne ne parle la langue de la personne, la femme qui demande de l'aide ici, on est obligé de chercher parmi nos bénévoles parmi nos bénévoles qui peuvent comprendre la langue pour mieux comprendre les besoins de la personne avant de pouvoir continuer à l'aider. Donc, c'est vraiment un grand défi pour nous ici. Et moi je m'imagine, nous en tant qu'immigrante, l'avantage est qu'on est à cheval; moi je suis vraiment à cheval et c'est un grand avantage pour moi. Je viens de quelque part, je suis très bien intégrée ici et je me retrouve un peu au milieu. Je peux comprendre les personnes qui arrivent et je peux comprendre la société d'accueil pour pouvoir ramener les personnes qui arrivent vers leur pleine intégration. Mais imagine maintenant les personnes qui n'ont jamais vécu... moi je sais que je suis là. Donc vous êtes ici, par exemple: vous. Vous, vous mettez à ma place pour aider la personne qui arrive nouvellement. Je suis sûre que vous seriez choquée. Le fait que les intervenants viennent de différents milieu, puissant parler plusiers langues et arrivent à comprendre le processus d’arrivée et la lourdeur administrative derrière tout ça, aide les nouveaux arrivants à trouver un équilibre plus rapidement, selon Mme. Makoko. I - Probablement! [rire] Comme je n'ai pas passé au travers, mais oui tout à fait. M - Parce qu'il y a des choses que des personnes vont vous confier. Tu te dis: «Ok... là je comprends... lorsque j'ai encore mon oeil en arrière.» Comment je peux ramener cela pour que la société d'accueil puisse comprendre. Donc c'est là personnellement que je me trouve. 05:29 I - Puis, de quelle façon cet outil là linguistique, au delà de la francisation... comment selon vous, ce défi-là pourrait être allégé. Comment on peut arriver... M - Moi je crois que la société d'accueil doit mieux se préparer. Comme on dit, il y a toujours cette phrase-là que j'aime pas: que les immigrants s'adaptent pas. Moi, une fois, j'ai dû faire un petit test, je faisais des présentations de service de l’AFIO au Centre Vision-Avenir. Il y a juste une étudiant qui dit: «Mais les immigrants, ils exagèrent, ils veulent pas s'adapter!» J'ai dit: «Ok. Pour répondre à ta question, moi je te demanderais de prendre ton stylo et un bout de papier. Écris-moi ton prénom comme d'habitude.» La personne écrit son prénom. J'ai dit: «OK. Dépose-ton stylo, change de main. Prends avec la main droite si vous êtes gaucher, prenez avec la main gauche si vous êtes droitier.» La personne change. J'ai dit: «Écris ton prénom, comme tu avais écrit avant.» Elle écrit. J'ai dit: «Ok. Compare les deux écritures.» Puis, sans rien dire, elle dit: «Ah ouin! C'est différent!» J'ai dit: «Ok! Mets-toi à la place de la personne immigrante. Elle est habituée à écrire avec sa main gauche. Dans sa culture, elle est habituée... ?... et puis on change de milieu, on change de situation et on demande à la personne de s'adapter.» Ça doit prendre du temps. C'est pas à la seconde, que vous désirez que la personne change, qu'elle va changer. C'est un grand processus. Et de deux, vous comprenez même pas pourquoi cette personne se retrouve ici. Il y a quelque part, un peu de parcours migratoire de la personne. Vous savez pas d'où viennent ces personnes et pourquoi elles viennent ici. Parce que si on l'savait, je crois que toute la population se mettrait à la place pour essayer d'adapter un peu l'accueil de ses personnes-là. Mais tant qu'on se met pas à la place de ces personnes-là, ce sera difficile de pouvoir comprendre pourquoi ces personnes-là ne s'adaptent pas, pourquoi ces personnes-là viennent ici et comment ces personnes-là arrivent chez nous, ici. C'est très difficile. Faire des tests avec la société d’accueil en temps reel pour leur démontrer à quel point c’est difficile de s’adapter à quelque chose de nouveau... Se « mettre à la place » pour mieux comprendre le parcours migratoire de la personne arrivée, mieux comprendre les défis et les raisons d’un tel changement dans leur vie. 08:10 I - Donc, une sensibilisation est vraiment nécessaire? M - Oui, très important et l'adaptation aussi des services pour ces personnes-là. Moi je prends l'exemple ici, y'a des fois personnes entrent et disent: «Ah! Ici je me sens bien.» C'est juste l'accueil qui est différent. Tu arrives par exemple, ça c'est juste un exemple, au CLSC: «Ahhh, tu dois appeler [cris]*.» La personne n'est pas habituée à ça; elle se sent choquée. Vous vous allez aussi vous sentir choquée, «mais pourquoi les personnes ne comprennent pas?» Mais vous comprenez pas d'où elles viennent! La manière dont on « accueille » aurait un impact immense sur la manière dont les personnes peuvent s’adapter et mieux comprendre ce qu’on leur demande. I - Les gens n'ont pas accès à l'historique des autres... M - Souvent ils vont dire: «Non, ils sont là juste pour prendre de l'aide sociale. Ils sont là pour faire ceci...» Ça aussi, moi personnellement ça me choque. Parce que moi je suis arrivée volontairement. Vraiment volontairement, parce que c'est le Canada qui nous a attiré. «Venez, vous allez recevoir ceci, venez, uploads/Geographie/ michelle-makoko-f.pdf

  • 36
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager