Mots clés: Massif central • Réseau urbain • Théorie de Christaller • Villes pet
Mots clés: Massif central • Réseau urbain • Théorie de Christaller • Villes petites et moyennes • Zone d'influence commerciale Ces dernières années, la théorie de Christaller est remise en cause par de nombreux chercheurs. Pourtant, elle s'applique encore fort bien aux espaces interstitiels. L'analyse classique du réseau urbain du Sud du Massif central et de celui des zones d'influence commerciale de chacun des centres tend à le prouver. Seule une légère adaptation s'est produite à la base du système; désormais, les villes vivent principalement de leur zone d'attraction de proximité. En 1933, Walter Christaller formule la théorie selon laquelle «des biens et services sont regroupés dans des lieux centraux en fonction de leur portée et de leur seuil d’apparition selon une hiérarchie emboîtée de niveaux de fonctions qui définit, à son tour, une hiérarchie des lieux centraux correspondant chacun à un niveau de polarisation (interaction entre un centre et sa zone d’influence)» (Mérenne-Schoumaker, 2003). Après avoir joui d’une profonde considération tout au long du XXe siècle, le modèle de Christaller a été fortement renié ces dernières décennies. Nombreux sont les griefs qu’on lui attribue (Santamaria, 1998; Jousseaume, 1999; Paulet, 2000; etc.): dimension hiérarchique trop prise en compte; échelons manquant parfois dans la réalité et multiplicité potentielle des échelons terminaux (cas de la Randstad Holland); théorie trop statique fonctionnant dans une logique territoriale fermée. De ce fait, beaucoup de chercheurs ne jurent aujourd’hui que par l’horizontalité. Pour eux, la théorie de Christaller, rentrant dans le cadre d’un système vertical, est largement désuète. Elle renvoie trop à un modèle «administratif-rural» aujourd’hui dépassé du fait de la dépopulation des campagnes, de la métropolisation et du progrès des transports. «La notion même de hiérarchisation des villes ne pouvait être que honnie, car porteuse de l’ordre ancien établi et contraire à l’idée d’égalitarisme communautaire» (Jamot, 2009, p. 247). Nous estimons pourtant que le modèle des lieux centraux reste un modèle explicatif des organisations territoriales observées sur le terrain et qu’il peut être utile à des fins d’aménagement. Pour le vérifier, nous prendrons comme terrain d’étude le Massif central méridional. Cet espace n’a certes rien de commun avec l’Allemagne du Sud, là où Christaller a testé sa théorie (une plaine homogène avec une population répartie uniformément et des facilités de circulation), mais le fait qu’il soit un espace interstitiel nous conforte dans notre choix. Les espaces interstitiels diffèrent de leur voisinage par leurs aspects physiques, économiques et sociaux. Ce sont des espaces en creux, de faible densité, en marge des grandes agglomérations et donc faiblement métropolisés. Ils sont « des espaces vierges de pays en zone de grand rural ou de haute montagne, demeurant isolés et très éloignés des dynamiques de développement local» (Legoux, 2005). Dans l’exemple du Massif central, nombre d’indicateurs traduisent une situation difficile: activités agricoles encore surreprésentées, suprématie des emplois peu qualifiés, infime proportion de ménages fortunés, sans parler d’une démographie aux indicateurs défavorables. Situés aux confins de zones organisées par les grandes métropoles, ces milieux souffriraient- ils également d’une organisation urbaine lacunaire? Bien au contraire, nous posons que ces marges interstitielles peuvent se concevoir selon un espace organisé par des lieux centraux assez modestes mais souvent actifs car hors des phénomènes de métropolisation. Nous n’aurions pas un désert urbain, mais un désert (vu les densités faibles) contrôlé par quelques villes. Pour rendre compte de l’armature urbaine du Sud du Massif central, nous ferons donc appel au modèle des lieux centraux. Pour ce faire, nous aurons une démarche hypothético- déductive en postulant l’existence d’un réseau urbain avec une hiérarchisation des centres (des bourgs [1] aux métropoles régionales) et des zones d’influence de taille distincte (traduction spatiale de la hiérarchisation). Après avoir vérifié la validité de cette hypothèse, nous comparerons la réalité avec le modèle théorique de Christaller afin d’observer le degré de correspondance et de confirmer ou d’infirmer la validité d’un tel modèle appliqué aux espaces interstitiels. Par ailleurs, la confrontation réalité/théorie va peut-être mettre en exergue certaines carences au niveau des paliers hiérarchiques; et c’est là qu’entrent en jeu les politiques d’aménagement afin de compléter les équipements qui viendraient à manquer dans un centre. Pour tester nos hypothèses de recherche, les cartes seront un outil d’investigation précieux car elles permettront de visualiser la réalité du terrain à différentes échelles (zones d’influence des villes moyennes, petites, etc.). Une grille urbaine complète Qui dit structuration de l’espace, dit pôle de centralité. Ces pôles de centralité peuvent se décrire comme l’accumulation, en des lieux précis, de commerces, services et emplois. Notre point de vue est donc très classique, reprenant les définitions et les méthodes régulièrement employées par les géographes depuis les années 1960 (Rochefort, 1957; Prost, 1965; López Trigal, 1982; Campesino Fernández, 1995). Préalablement, pour établir la grille urbaine du Sud du Massif central, nous avons croisé le classement démographique des 73 unités urbaines avec celui des équipements tertiaires (Nomenclature des activités françaises, NAF 60) de chacune des villes. Un classement quantitatif ne suffit cependant pas; certains équipements étant plus ou moins rares, il a fallu leur affecter des coefficients de pondération afin de les distinguer (encadré 1). Au final, le nombre de points indiciaires obtenus par chaque ville a été représenté graphiquement en nuage de points (les villes étant classées selon un ordre démographique). Et, par discrétisation visuelle, six niveaux urbains ont été déterminés. Le premier seuil correspond aux villes moyennes de niveau supérieur (tableau 1). Sans surprise, Albi et Alès sont les deux seules de l’espace d’étude, se partageant le Massif central dans ses parties les plus méridionales. Le Puy, par le nombre de points obtenus, aurait pu faire partie de ce groupe. Mais constatant que sa fonction touristique lui conforte une partie de son équipement tertiaire et à la vue du nombre de ses habitants, nous l’avons incluse dans les villes moyennes de niveau inférieur avec Rodez, Aurillac, Castres, Cahors et Aubenas. Ces dernières sont des préfectures et/ou villes industrielles, équipées et aux multiples activités. Dans ce groupe, Cahors et Aubenas peuvent seules apparaître comme des anomalies, puisque n’atteignant pas le seuil d’habitants escompté. Or, le nombre et la qualité de leurs équipements tertiaires ont fait la différence, justifiant leur présence dans ce groupe. Au sein du Massif central, hormis Rodez, les villes moyennes occupent plutôt une position périphérique (fig. 1). Un autre constat s’impose: les villes moyennes supérieures se retrouvent au sud, dans l’environnement de Toulouse et de Montpellier, tandis que les villes moyennes inférieures sont au nord, du côté de Clermont-Ferrand. Est-ce à dire que ce niveau est en relation avec la taille des métropoles et des densités locales? Malgré tout, il faut reconnaître une distribution plutôt complète sur l’espace de ces villes moyennes, laissant de côté le relief marqué. 1. La hiérarchisation des centres urbains du Massif Central méridional Ces huit villes moyennes structurent l’espace, escortées de trois villes intermédiaires (plus de 20 000 habitants) au poids économique trop faible par rapport au leur (moins de 2 000 équipements et moins de 5 000 points-qualité) et beaucoup trop fort par rapport aux niveaux inférieurs (plus de 1 300 équipements et plus de 3 400 points). Aubenas et Millau se localisent dans des secteurs creux où fait défaut la ville moyenne; elles sont ainsi des villes moyennes «avortées». Quant à Mazamet, elle s’est surimposée au réseau urbain existant du fait de son industrie; en l’occurrence, elles ne devrait former avec Castres, théoriquement, qu’une seule agglomération. Grâce aux villes intermédiaires, secondant les villes moyennes, nous avons là un espace desservi d’une manière plutôt homogène. Sous le commandement de ces villes moyennes et intermédiaires prennent place les petites villes, parmi lesquelles se distinguent 11 villes de niveau supérieur (plus de 9 000 habitants et plus de 600 équipements). Ce groupe est très représentatif de petits centres bien portants, principalement tertiaires (commerce, tourisme), mais également industriels. Le semis des petites villes supérieures est non homogène sur le territoire. Les petites villes supérieures sont une spécificité de l’ouest, au contact Massif central/Aquitaine, le long de l’A20; à l’est, en revanche, nous remarquons une certaine carence. Certaines sont là parce qu’elles ont le statut de préfecture (Mende ou Privas) ou parce qu’elles comblent l’espace laissé par les villes moyennes. En bas de la hiérarchie, on compte 51 petites villes. Il faut cependant séparer les petites villes inférieures (PVI) de niveau 1 de celles de niveau 2. La première catégorie compte entre 4 500 et 9 000 habitants, entre 300 et 600 équipements et entre 750 et 1 500 points-qualité. Monistrol-sur-Loire et La Grand-Combe, deux villes industrielles, avec pourtant quelque 10 000 habitants, n’auraient pas dû appartenir à ce groupe. Mais du fait de la moindre qualité de leur appareil commercial, elles s’y insèrent logiquement. Pour finir, les PVI de niveau 2 se caractérisent par une faible masse démographique et économique. Le semis remarquable de petites villes de base à travers le Sud du Massif central renvoie sans conteste à la géographie classique d’André Fel et Guy Bouet (1983) et Pierre Estienne (1963). Tout le territoire est desservi: plaines, plateaux bas et élevés. De petites uploads/Geographie/ mots-cles.pdf
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- Publié le Nov 26, 2021
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