NOVALIS Œuvres complètes ...l Les fragments ÉDITION ÉTABLIE TRADUITE ET PRÉSENT
NOVALIS Œuvres complètes ...l Les fragments ÉDITION ÉTABLIE TRADUITE ET PRÉSENTÉE PAR ARMEL GUERNE GALLIMARD Tow droits de traduction, de reproduction et d'adaptation riservés pour tous les pays, y compris l'U.R.S.S. © Éditions Gallimard, 1975, pour la traduction française. 1 Cahiers d'études philosophiques Remarquès et annotations 1795-t796 (Kant, Fichte, etc.) INTRODUCTION Il est encore au bord, lotlgeant sa plage, les pieds nus, dans le clapo- tement de ses études, sur cette frange incertaine que bordent des coquillages, de lourdes algues et l'écume légère, laissant la marque de ses pas dans le sable lissé, virginal, qui n'est déjà plus du tout de la terre et qui n'est pour- tant pas tout à fait de la mer, bien que gorgé de sel et d'eau. Mais le vent a déjà son goût de sel du grand large. De grosses vaCUf!.S, par moments, allongent leurs conquêtes en bou~versant les niveaux ; et des lames de fond, ptJTfois, accourent puissamment dans la masse liquide et viennent écraser de tout leur poids chargé d'immensités abyssales le ressac des idées, se bas- culant sur lui de toute la hauteur de leur force impré<vue. Bonne école pour nous, que ce premier voyage anticipant sur le grand voyage et ses navigations périlleuses. CtJT Novalis n'est pas un géographe de la pensée comme le sont ceux qu'on dit aujourd'hui des philosophes ; il est poète et il fait le voyage en personne. Il ne manipule pas des idées du bout des doigts, impuné1nent ; il goûte chaque mot, le tourne et le retourne sur sa langue ; il se goûte lui-meme ; il scrute son langage et sa personne, tire sur leurs racines, risque sa vie et sa pensée, nourrit l'une de l'autre, et toujours il avance. S'il découvre une perspective nouvelle, il s'y engage et va voir lui-meme ce qu'il y trouve. Quand il en parle ou s'il la chante, c'est après. ~a._.Yligiou1im.PtM.P]'I# .. ti:M.éthiJpJ.e .. qJÙJ~ litt~at.~re :_c~m~ !'!71 nom l'indi~, elle est_ u~e '!.U#!.Ie del'êt!f!., un a.~flU d()nt il faut qzt'il ~C!it f!!tlÙt],ent so.li~ parçe lfll:'~l f':Y suspend tk ... tout SJ)n. poids terrestre, h~mairt, à son tJ.me #/e'IUÙ!!lt : le 'JI4#lorl d'~ chg,~ Sf!n! défar/.t qui retient, dans t!lut ce qui tombe, ce qui, pourtan~, ne respire waiment tJU:' avec l'éternité et ne vit que dans l'infini: ce ligame!Z~ eS!m1..M. d'~ 'Dé.œssitl fatale, sur lequel' on s~aëhrirne ailee-~ ~r:.~e:J.qzcesée .à .mesme..~ s'4fJœlœ le. temps, PtJTce que l' 'hjnilme d'aujourd'hui rêve de_ s' t!J' défait~ 4.~ ~~ r:~~ -~~~ liste qui tourne viie-~u"i:a.~c~éifii:u,-~-"parc_e qu'il ((sent)) à trav_ers ~spores re Œuvres de Novalis d~~ne.A.~~ dont il voudrojt _s~ f!ét()'lUner, qu'il ne pourra jamais bâtir ni seulement fonder la liberté dont il pqrle tçnt, avant de s' ltre emprisonné lui- même et d'avoir bouché défin#i'Qement .kz terrible fenêtre où réellement elle vit et cQmmence, la liberté qui ne peut pas être d'ici. Novalis, étudiant, s' enthouszasme de la philosophie et des jeunes mo.îtres qui lcfo)u »déjà la pensée romantique. Ses cahiers sont pleins de dissertations, d'analyses, de discussions amoureuses de Fichte, d'aperçus critiques aussi. Ii va au fond, tout au fond des choses, - et non par jeu intellet:tuel, mais passionnément, sans nul dilettantisme: déjà son œuvre s'impatiente; il perf·ectionne ses moyens, se plaint parfois de ses défauts ou ce qu'il juge comme tels, cette z'nstabilité du caractère, cette fluidité si peu faite pour habiter les épaisseurs pesantes de la langue allemande, si bien faite, au demeurant, pour épouser le rythme tout résonna1zt de co"espondances, la musique sympho- tzisante de l'âme novalisienne, mt"roir unique par la pureté extraordinaire de sa transparence qui lui ouvre des horizons d'une ampleur presque miracu- lerJ.Se, lui dontte des profondeurs où s'efface l'espace et s'engloutit le temps. C'est à nous de savoir, ici ou là, prlter aux choses qui s'y passent le temps au moins et le secret aussi de notre intime silence, dont elles ont besoin en nous pour y éclore et répandre leurs fruits. Jl '!M s'agit pas 4~ ~~~~ qui sont faites pour les cerv~~x; il s'agit de pensks .qui sœt faites. jJQ.UT .notre sang. !LJm__aJ~tJ..ecu.Ltk...11.0tu.plus pr..ofimde_ ~xp_~~· Il s'agit d'une école étrange où tout doucement, sans jamais apprendre à rien savoir, on apprend tout, comme si l'on avait soudain fait la rencontre, dans un rêve, de son vrai moz": celui qu'on ne savait pas être jusque-là, celui dont on ne savait pas qu'on n'était que k mauvais double. Tous les problèmes e:x:istetLt encore, et dans les mêmes termes, posés tle la même façon; mais ce ne sont plus jamais les mêmes, ni la mJme réponse -satisfaisante celle-là- q_tœ désormais nous leur donnons. J. CAHIERS D'ÉTUDES PHILOSOPHIQUES (1795-1796) I. Le cheminement du passé se fait d'un pas doux et grandiose; un voile sacré le cache au non-initié. Mais celui dont l'âme a été engendrée et formée par le destin hors du tendre ruissellement de la source : dans son miroir magique, ille contemple et en voit la divine beauté. 2. On ne peut être puni qu'autant qu'on a été enseigné, et vice versa. (A son travail répond mon engagement;- à mon travail, son engage- ment.) Mot - acte - signe - chose - image - être. 3· II nous faut éclairer l'absolu en partant du relatif, et le relatif partant de l'absolu (cf. Pollens, 1). 4· C'est d'un fait que doit partir et commencer toute explication. S· Il faut que la moralité soit l'étoile de notre existence, si elle est pour nous ce qu'elle doit, et ce qu'elle veut être. C'est l'idéal de l'itre que doivent porter son premier commencement et sa fin dernière. Une réalisatWn infinie de l'être, telle serait la vocation du moi, et sa destination. Son aspiration aurait à être toujours plus. Du «je suis », descend de plus en plus bas le cycle du mal, s'élève de plus en plus haut le cycle du bien. La philosophie suprême est l'éthique; aussi est-il que toute philosophie commence à partir de «je suis » ....... 6. Adam et Ève. Ce qui fut accompli par une révolution doit être invalidé par une révolution. 1· Chez l'homme c'est la raison, chez la femme le sentiment qui priment, donnant le ton. (Positifs l'un et l'autre.) La moralité de la femme est fondée dans le sentiment - de même que celle de l'homme l'est dans la raison. 12 Œuvres de Ncn,~alis Sur la différente manière qui caractérise la conversation et les dis- tractions de l'un et de l'autre sexe. (L'homme peut désirer sensuellement sous forme raisonnable; la femme désirer le raisonnable sous forme sensuelle.) Ce qui pour l'homme est secondaire, est essentiel pour la femme. 8. Le plus grand de tous les biens, c'est la force de l'imagination. 9· C'est ainsi parce qu'il faut que cela soit ainsi; il faut que cela soit ainsi parce que c'est ainsi. ro. Différenciation de l'indifférenciable. (Discernement de ce qui ne saurait être discriminé.) II. Les hommes sont le plus naturellement aptes à converser agréable- .. ment avec les femm~s, et les femmes le mieux faites pour l'agrément des hommes. 12. Une œuvre esthétique doit ètre absolument dominée et modifiée par l'idée de l'ensemble. Même dans les ouvrages les plus fantaisistes, les livres les plus capricieux. \Vieland, Richter et la plupart des écrivains comiques sont très souvent défaillants à ce point de vue. Effarant, ce qu'il peut énormément y avoir d'ennuyeux et de superflu dans leurs œuvres, de choses qui ne sont véritablement et proprement que « hors d'œuvres». Il est rare que le plan et la répartition générale soient esthé- tiques. Ils n'ont d'esthétique ou de comique que le caprice, mais ils n'ont ni le sens, ni l'esprit du comique esthétique. (Unité de la diversité.) 13. Sur la nature du mot. Chaque mot a son sens propre, ses significa- tions annexes, ses faux-sens, ses significations purement arbitraires. L'étymologie est diverse : génétique, pragmatique- (comment il fau- drait en faire usage). I 4· Les hommes se transforment en face des extrêmes et ne sont que ce qu'ils peuvent être selon leur entourage et en face des objets et des êtres familiers- d'où l'inconstance des caractères et surtout le caractère relatif. x 5. Bonheur et malheur - négatif et positif chacun. x6. Le point n'est p:1s pensable autrement que mobile. 17. Le défaut à cause duquel je n'avance pas, ne tiendrait-il pas plus ou moins à ce que je ne puis pas embrasser suffisamment un tout, bien comprendre un ensemble et m'y tenir fermement ? Cahiers d'études philosophiques 13 18. Un livre peut avoir des intérêts très divers, et les axes auteur desquels il tourne peuvent être l'auteur, le lecteur, tel sujet, telle aventure, sa simple et individuelle existence propre. 19. Différence entre l'exposé oral et l'écrit. -Interchanger les diverses sphères est une nécessité pour la représentation parfaite : il faut rendre spirituellement le sensible, sensiblement le spirituel. f Le discours exige, comme le chant de la poésie, un tout autre texte que l'écrit. Un discours tient le milieu entre la musique et l'écriture. Une science de la déclamation a priori. / Sur ce qui est à séparer uploads/Geographie/ novalis-oeuvres-comple-tes-ii-les-fragments.pdf
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- Publié le Jui 06, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
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