Tome IV Na 2 1975 P Structures de 1 ’espace L’Espace Géographique, no 2,1975, 8
Tome IV Na 2 1975 P Structures de 1 ’espace L’Espace Géographique, no 2,1975, 81-92. Doin, 8, place de t’Odéon, Puris-VIe. PAYSAGES, ÉCOLOGIE MODÈLES SYSTÈMES THÉORIE DE LA GÉOGR. ENVIRONNEMEh’T PAYSAGE ECOLOGY ENVIRONMENT L A N D S C m M O D - SYSTEMS THEORY OF GEOGR. I ÉCOSYS TÈMES, ENVIRONNEMENT : une approche géographique Jean - Fraiiqois RICHARD Office de la Recherche Scientifique et Technique Outre-Mer, Centre d’Adiopodoumé (Côte-d’Ivoire) RESUME. - Essai de définition d’une approche géographique spécifique comparée aux analyses de l’kcosystème et de l’ehvironnement. Le paysage est la traduction spatiale, plus ou moins signifiante, d’un système socio-culturel (économique, poli- tique . . . ) et d’un système naturel (hydrique, énergétique ...). Etudier un paysage c’est construire une structure spatiale emboîtée correspondant, ou non, à une hiérarchie des systèmes précédents. Eh retour, l’espace détermine en partie, au même titre que. l’histoire, ces systèmes. L’analyse spatiale utilise la théorie de l’information. I ABSTRACT. - Landscape, ecosystems and environment : a geographical approach. An attempt at defining a specific comparative approach to the analysis of the ecosystem and of environment. Landscape is the more or less significant spatial translation of a socio-cultural system (economic, political ...) and o f a natural system (hydric, energetic...). To study a landscape is to build up a n interlacking spatial structure corresponding or not to a hierarchy o f preceding systems. In exchange, space determines a part of these systems, just as history does. Spatial analysis makes use o f information theory. On peut s’interkoger sur la distinction et la valeur des termes paysage, écosystème et environnement. Les notions qu’ils recouvrent sont-elles réeuement différentes ? Les recherches qu’ils supposent sont- elles réservées aux pays riches et industrialisés ? La géographie n’est pas étrangkre à la formation de ces concepts, mais conserve-t-eile un intérêt spécifique alors que se multiplient les études écologiques et pluridisciplinaires ? La géographie a toujours prétendu être la science de la totalité de l’épiderme terrestre. Une première géographie s’est perdue dans un déterminisme physi- que ou socio-économique trop rigide; elle survit dans des compilations démesurées et inutiles. Mais elle contenait l’idée d’une écologie humaine et celle d’une définition de l’espace. L’éclatement en sciences spécialisées, de la géomorphologie à la géopolitique, est marqué par l’intérêt pour les \processus, et pour la dimensibn historique des phénomènes actuels. Pro- cédant du particulier au général, ces approches sec- torielles appellent des études pluridisciplinaires, mais d’essence diachronique. I1 existe pourtant une autre démarche. ElJle est théorique et déductive : elle part du paradoxe épis- témologique discontinu-continu. Elle est globale et expérimentale : son centre d’intérêt est le jeu de la déduction-induction, au point de rencontre de ce que nous pouvons (ou voulons) concevoir de l a réa- lité, et de la réalité elle-même. Cette méthode d’étude et de comparaison des totalités est nouvelle. Elle provient des sciences humaines, de la logique et de la technologie. Structuralisme, théorie des ensembles, théorie de l’information, théorie des systèmes géné- raux, etc., sont confondus dans modèle^, à la fois concept et méthode, Cet article décrit quelques-uns de ces modèles en insistant sur leur dimension , spatiale. J.F. Richard 82 4 ‘I. ECOSYSTÈME ET SYSTÈME GÉOGRAPHI- QUE. L’écosystème est l’ensemble des liens fonctionnels entre les éléments naturels -inertes et vivants. Ces relations se produisent sous o l a forme de chaîne ou de cycle. La première catégorie est celle des chaînes trophiques : les substances physiques ou organiques alimentent les végétaux qui alimentent les animaux herbivores qui alimentent les animaux carnivores, etc., les micro-organismes décomposeurs intervenant à tous les maillons. La seconde catégorie est l’expres- siaon de ces chaînes en termes d’énergie : les végé- taux sont transformateurs et accumulateurs d’energie, d’origine solaire notamment, et les animaux sont consommateurs (et transformateurs) d’énergie. La typologie des écosystèmes est basée sur la mesure des flux et des transferts d’énergie à chaque niveau. Les écosystèmes naturels sont plus ou moins stables et équilibrés. Mais il y a peu d’écosystèmes fermés, sans rapport avec l’écosystème voisin. C’est surtout l’apparition d’une action humaine finalisée qui est responsable d’écosystèmes à productivité très variable, à bilan énergétique positif ou négatif (Delpoux, 1972) (fig. 1). RA .INFALL 1,784 4 ,900 Cette conception fonctionnelle de l’écosystème est facilement généralisable à la géographie (Stoddart, 1965). Une application immédiate est une formulation nouvelle des mécanismes naturels. La géomorpholo- gie de Davis, par exemple, peut être identifiée à une analyse en système fermé (Curry, 1964). Les systèmes morphogénétiques de la géomorphologie dynamique sont des systèmes ouverts, en équilibre lorsque les différentes formes d’énergie (érosion-accumulation) se compensent. Les ruptures d’équilibre comportent des effets de rétroaction : morphogenèse accélérée à la suite de la dégradation d‘une couverture végétale, etc. (Tricart, 1973). Une seconde application est la définition du système naturel. Le paysage des géographes soviétiques est l’intégration des, transferts de masse ou d’énergie entre l’ensemble des composants du complexe naturel (Vogt, 1973). A l’énergie fournie par le soleil et la matière, il faut ajouter l’énergie de gravitation (pe- santeur). Les forces résultantes, potentielles ou expri- mees, sont nombreuses (Tricart, 1972). Le géosystème de Bertrand (1968, 1969) les regroupe en trois sous- ensembles : (a) le support écologique (substrat géo- logique, relief, climat...), (b) l’exploitation biologique (communautés végétales et animales) et (c) l’action anthropique, qui aménage et utilise les trames (a) et (b). Ce découpage est le premier moment de l’analyse pratique d’un système local. Mais, dans l’espace, un de ces systèmes peut se subdiviser en I CONSUMERS I l I w 1- k CATTLE SOLD O , HIDES O. 02 -4 ” HUMAN I Vl CORPS BIOMASS BIOMASS MINES, ETC. 0.08 40,100 , I y- - - CARTS, PLOWS, HOES, ETC. 0.01 NB: The values of biomass, inside the rectangles, are in Kcal m-2, and the values of energy flow in Kcal m-2 year -1. FIG. 1 . - Un exemple d’écomjstème hzcmanisé : flux d’énergie et biomasse dans l’écosystème agropastoral traditionnel de la région CUNENE en Angola. Source : CRUZ DA CARVALHO ET V ~ A DA SILVA, 1973. hn L 1 ” Paysages, écosystènzes, environnement sous-systèmes à relations internes particulièrement fortes et se distinguer des systèmes envisonnants qui agissent sur lui par relations externes (Armand, 1969). En se référant à la théorie des systèmes généraux reprise par Berry (1971, p. 136-140)’ on peut alors proposer la définition suivante de l’espace géogra- phique : un espace géogsaphique est un ensemble d’aires élémentaires, d’attributs élémentaires de ces aires, d’interrelations parmi ces aires (organisation spatiale), d’interrelations parmi ces attributs (sys- teme géographique) et d’interdépendances entre ces attributs et ces aires. Ce dernier sous-ensemble, mar- quant la contingence entre espace et système, est le principe de l’analyse géographique : définir les systèmes qui régissent l’organisation de l’espace (Doll- fus, 1971 ; CNRS, 1972). On retrouve la théorie régio- nale de Brunet (1972) oÙ les Cléments du système sont des quantités d‘énergie mesurables : ressources locales, investissements en capital, forces de travail, information. Une région réflète l’état d’un système. La dynamique et les disparités régionales résultent d‘échanges d’énergie à bilan variable : mégapoles urbaines et industrialisées ou noyaux individuaolisés, isolats ou secteurs margina u x . . . Doi-el et Reynaud (1971), Bertrand (1972 a) et Brunet (1973) donnent de premiers exemples d‘analyse d’espaces variés selon ces principes (fig. 2). II. MILIEU ÉCOLOGIQUE ET ENVIRONNE- MENT. L’écologie est l’étude du comportement des indi- vidus (écologie éthologique ou éthologie) et l’étude du miflieu dans lequel vivent ces individus (écologie mésologique ou mésologie) . Le milieu écologique des naturalistes est donc l’ensemble des éléments agissant et réagissant sur l’animal ou le végétal. Contraire- ment à ,la construction de l’écosystème pour-soi, la mésologie établit la < quantité d’énergie et de matiè- res premières apportées par le milieu extérieur (...) au contact de l’organisme, et mises ainsi à sa dispo- sition > > (Lemée, 1967, p. 70). Une fois décrits ‘les rythmes endogènes fondamentaux (sexuels, généti- ques, etc.), l’analyse des facteurs exogènes complète l’explication du mode de vie, des mœurs, du dyna- misme et des cycles de l’individu. A un autre niveau, la synécologie étudie les .variations de la struc- ture spatiale et temporelle des populations (asso- ciations) (1). Les éléments du milieu sont de nature variée (énergétique, hydrique, chimique, mécanique et biotique), mais évaluer leur influence relative ne pose guère que des problèmes techniques. De plus (1) Nous nous inspirons ici des travaux de D. DUVIARD, Laboratoire d’Entomologie Agricole du Centre ORSTOM d‘lldiopodomé. 83 en plus, les botanistes décrivent et classent le3 communautés végétales en intégrant le milieu où elles ont été observées. Ils définissent des groupe- ments écoiogiques, des profils (préférences) écolo- giques, etc., plus significatifs que les simples relevés de sociologie floristique. Une analyse spatiale, souvent plus élaborée qu’en géographie, est le support de ces définitions (Rey, 1960 ; Gounot, 1969 ; et div. trav. du CEPE : Godron et COL, 1964; Godron et al., 1968; Poissonet, 1968; Godron et Poissonet, 1972; Long, 1974). I1 est tentant d’appliquer cette analyse écologique en sciences humaines. L’ouvrage de Max. Soi-re (réédité en 1971) reprend tout son sens problémati- que quand uploads/Geographie/ paysages-temes-environnement-ecosys-une-approche-geographique.pdf
Documents similaires
-
19
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Dec 18, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
- Taille du fichier 1.2641MB