LE POMMIER Une culture de terroir en zones d’altitude Introduction La pomme (Ma
LE POMMIER Une culture de terroir en zones d’altitude Introduction La pomme (Malus domestica) est un fruit largement cultivé en zones tempérées avec une concentration dans l’hémisphère nord, entre les latitudes 30° et 60°. Elle a comme origine l’Asie de l’Ouest et serait issue à partir d’hybridations entre plusieurs espèces incluant Malus sylvestris, M. Baccata et M. Borkh. Bien que le nombre d’espèces reportées pour le pommier est élevé (25), la majorité des pommiers en culture dérive de l’espèce Malus pumila et on compte actuellement plus de 7.000 cultivars. Bien qu’il existe une diversité génétique assez importante, les vergers commerciaux sont conduits avec un nombre restreint de variétés dont les plus importantes sur le plan commercial ont été identifiées à partir de semis de hasard comme Golden Delicious ou issues de mutation. Importance de la culture Au Maroc, le pommier occupe une superficie d’environ 26.700 ha et se place au 2ème rang des rosacées après l’amandier. Ce secteur fournit une production de 372.500 t de fruits, soit un rendement moyen de 14 t/ha. Les premiers vergers commerciaux ont été crées en zones de montagne où les conditions climatiques sont favorables au développement et à la fructification de l’espèce. Sa culture a ensuite été étendue à d’autres zones moins propices, par simple transposition des modèles de culture. Les statistiques du ministère de l’agriculture font état de l’existence du pommier même en régions à faibles altitudes (Gharb, Rabat-Salé, Souss Massa, khémisset..). Cependant, les plus importantes zones de production sont localisées en zones de hautes et moyennes altitudes du haut et du moyen Atlas (Khénifra, Elhajeb, Sefrou, Ifrane, Midelt, Meknès..) avec certains pôles de concentration. Cette répartition donne au secteur un poids important dans l’économie du pays par la création d’emploi (2 millions de journées de travail) et en générant une valeur commerciale de l’ordre de 1,5 milliard de dirhams. Contraintes climatiques Si la culture du pommier a connu une évolution très rapide durant la décennie 1982-1992, où les superficies ont triplé pour passer de 8.800 ha à 27.000 ha, actuellement elle connaît une certaine stagnation des superficies à cause de plusieurs contraintes. Celles d’ordre climatique, où les disponibilités en froid accusent une tendance nette à la diminution, freinent son extension au profit d’autres espèces moins exigeantes en froid et en eau. Des alternances de périodes de hautes températures durant l’hiver gênent la dormance des bourgeons et perturbent leur différenciation florale. La réduction des ressources en eau, liée à la sécheresse, à la baisse d’enneigement, et à la sur-utilisation du pompage, a poussé certains arboriculteurs à adopter d’autres cultures alternatives comme celle de l’amandier et de l’olivier. Si les zones de montagne réunissent des conditions favorables à la culture, elles restent cependant menacées par la grêle qui peut survenir en période de grossissement des fruits (Mai-avril) et même en été. Les dégâts qu’elle peut occasionner sont importants sur bois et la production qui peut être complètement détruite. La protection par le biais de filets para-grêles est le moyen de lutte le plus efficace à l’échelle parcellaire mais elle reste onéreuse. La lutte contre ce fléau naturel doit passer par l’organisation de la profession. La rentabilité de la culture impose la production des fruits de qualité avec un rendement moyen qui dépasse les 25 t/ha. Ces conditions sont réunies dans certains terroirs de culture comme celui d’Aït Ayach, d’Immouzer, de Dayt Aoua, de Tigrigra, d’Asni ... Par ailleurs, elles ne peuvent être satisfaites que dans certaines régions de culture où l’eau et le froid ne constituent pas de facteur limitant et en utilisant un matériel végétal (variété et porte-greffes) performant et adapté. Comportement et choix du matériel végétal Variétés Le matériel végétal en culture est constitué exclusivement de variétés étrangères et la gamme n’a cessé d’évoluer en gardant comme variété de base Golden Delicious (GD) et ses pollinisatrices Starking Delicious (SD) et Starkimson (SK). Malgré que GD soit exigeante en froid (1000 heures), elle possède une certaine souplesse d’adaptation lui permettant d’être cultivée dans différentes situations avec cependant d’inégales performances. La nécessité de répondre à des préoccupations d’étalement du calendrier de production, de qualité ou d’introduction de variétés moins exigeantes en froid et adaptées aux conditions climatiques a conduit l’INRA a entreprendre une série d’expérimentations relatives à l’évaluation du matériel végétal (34 variétés et 5 porte-greffes), à la caractérisation de la dormance (déroulement et intensité), aux modes de fructification et à la caractérisation pomologique. Les variétés et les porte-greffes ont été introduits de différents pays et les essais ont été installés au niveau des Domaines Expérimentaux de l’INRA d’Ain Taoujdate (hiver relativement doux) et de Laânaceur (climat de montagne) afin de proposer des variétés pour chaque milieu. Des observations complémentaires ont été effectuées dans des vergers privés sur les variétés déjà en culture afin de mieux comprendre leur réaction aux milieux et identifier des critères d’adaptation pouvant servir comme indicateurs dans le diagnostic du comportement du matériel végétal. Dans les zones de moyenne altitude (500-800 m), des différences importantes de comportement existent entre les variétés et sont à mettre en relation avec leurs origines génétique et écologique. La chute des feuilles, indicateur d’une entrée en dormance, se fait tardivement et d’une manière étalée. Ce comportement est lié au rythme de croissance et à la chronologie de l’apparition des feuilles. Chez la variété Anna, la reprise d’activité après récolte donne lieu à des feuilles d’âges physiologiquement jeunes dont la sénescence est tardive. La cinétique de leur chute suit un gradient allant du vieux bois aux parties jeunes dont les bourgeons entrent en dormance plus tardivement. L’époque du débourrement est liée aux besoins en froid des variétés. Sur un même génotype, la reprise de l’activité végétative se produit en premier lieu sur les spurs et les bourgeons terminaux des rameaux. Ces bourgeons seraient moins exigeants en froid que les bourgeons latéraux. Le débourrement avancé des bourgeons terminaux traduit le phénomène d’inhibition corrélative et conduit à l’installation de la dominance apicale. Celle-ci favorise la formation des pousses vigoureuses plutôt que le développement des spurs qui constituent le support potentiel de production. Ce schéma d’évolution caractérise les variétés mal adaptées dont les arbres sont dégarnis et généralement moins ramifiés. La répartition des organes de production montre que les dards et les brindilles constituent le support préférentiel de fructification pour toutes les variétés. Les bourses ne sont produites en proportions élevées que sur le bois âgé de 3 ans, les lambourdes sont les moins fréquentes quelque soit l’âge du bois. En revanche, les brindilles sont assez fréquentes aussi bien sur le bois âgé de 2 ans que sur celui de 3 ans et constituent le second support de fructification. Ces éléments donnent une idée sur le comportement typique du pommier en zone de moyenne altitude; où le froid reste insuffisant pour satisfaire les exigences de l’espèce. La quantification des organes de production pour chaque variété est donc un élément permettant de juger ses possibilités de fructification. Une déficience en spurs serait donc liée à une mauvaise adaptation variétale aux conditions du milieu. Dans une région où il y a une déficience en froid, le déroulement des stades phénologiques est aussi affecté chez les variétés mal adaptées. La dormance des bourgeons des cultivars de base GD et SD, est peu profonde et difficile à surmonter. La charge en coursonnes est déficiente et le déroulement des stades phénologiques est perturbé. La dominance apicale est très marquée et le débourrement des bourgeons latéraux est retardé et hétérogène. L’évolution de ces bourgeons peut même être erratique pour ne donner que des pousses végétatives, contrairement à ce qui se fait habituellement, et l’indice de floraison est très faible. Cette anomalie de développement peut conduire à une baisse considérable des rendements et traduit la forte sensibilité de cette espèce d’origine tempérée aux changements climatiques, notamment durant l’époque d’induction et de différenciation florale. La production qui en découle est de moindre qualité et sa durée de conservation est également réduite. La nécessité de cultiver le pommier en dehors des zones où le climat est favorable, impose le choix de variétés précoces moins exigeantes en froid pouvant s’accommoder au milieu comme Anna et Dorset Golden. Ces variétés lèvent leur dormance sous l’effet de 200 à 300 heures de froid (T°<7.2°C). Leur floraison débute à partir de la 2ème décade de février et peut s’étaler jusqu’à mi-mars. Leur pollinisation peut être assurée par la variété Ein Shiemer. Anna arrive à maturité à partir de la 1ère semaine de juillet. Le fruit est de calibre moyen (80 à 120 g) avec une couleur généralement striée ou rouge sur fond vert-clair d’importance variable. La maturité de Dorset Golden est tardive d’environ 10 jours avec un fruit qui ressemble à celui de GD et dont la couleur est vert-jaunâtre. Le fruit peut être conservé 4 à 6 semaines lorsque les prix pratiqués sur le marché sont faibles. Dans les zones de transition vers la montagne, les variétés semi-précoces Ozarkgold et Royal Gala sont parfaitement adaptées et leur maturité arrive pour combler un vide dans le calendrier de production. Elles donnent respectivement uploads/Geographie/ pommier-par-dr-ahmed-oukabli.pdf
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- Publié le Oct 11, 2022
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