Le corps sensible et l’espace vécu : apprendre une architecture expérientielle.

Le corps sensible et l’espace vécu : apprendre une architecture expérientielle. Johan MARIN-MONTOYA Mémoire de Master 1 2018 I 2019 A r c h i t e c t u r e E n v i r o n n e m e n t & C u l t u r e s C o n s t r u c t i v e s E c o l e N a t i o n a l e S u p é r i e u r e d ’A r c h i t e c t u r e d e G r e n o b l e 1 | Le corps sensible et l’espace vécu : apprendre une architecture expérientielle. Directeur de Mémoire Stéphane Sadoux Johan MARIN-MONTOYA Mémoire de Master 1 2018 I 2019 A r c h i t e c t u r e E n v i r o n n e m e n t & C u l t u r e s C o n s t r u c t i v e s E c o l e N a t i o n a l e S u p é r i e u r e d ’A r c h i t e c t u r e d e G r e n o b l e 2 | Merci à Stephane Sadoux mon directeur de mémoire pour ses conseils et réflexions. Aussi Merci à tous qui ont ouvert son esprit à partager en peu de son être avec moi. Bien évidement à Aurore pour partager sa liberté d’esprit et sa présence. 3 | A mon habitat premier, mon premier Chez-moi, merci mère… Hildary Montoya. 4 | 5 | SOMMAIRE I. Introduction II. Etat de l’art Contexte a. « Un savoir existentielle » Merleau-Ponty b. « Un analphabétisme perceptif et le rationalisme de l’architecture » Hundertwasser c. « Toucher le monde » Juhani Pallasmaa III. le corps un point de départ a. La conscience présente : une attitude perceptive b. La nature perceptive du corps dans la création IV. L’espace comme expérience a. Le vécu et la conception de l’espace b. L’habiter, habité V. Expérimentation a. Susciter le questionnement b. Dessiner l’experience vecu c. Rencontres : Interviews Conclusions Bibliographie Annexes 6 11 13 15 17 19 21 25 28 29 32 34 36 39 40 47 50 52 6 | INTRODUCTION Comme nous le rappelle Saint-Exupéry, tout questionnement commence par un principe naturel de curiosité. Celui à l’origine de ce mémoire a débuté en se posant la question de la conception de l’espace en architecture, et de la manière de se penser soi-même dans l’acte d’habiter. Se préoccuper de la compréhension de notre façon d’habiter nous renvoie à la relation de l’être humain avec le monde. Et voilà pourquoi penser l’architecture est aussi se poser les questions fondamentales de l’existence : l’habiter, le Moi dans le monde et le Moi avec l’autre. L’intérêt de ce sujet se construit au fur et à mesure que l’architecture sort du cadre académique et s’ancre aussi dans la vie quotidienne. Face à l'acte d'habiter, les notions extraites des expériences vécues avec le monde apparaissent inconsciemment pour décrire notre perception de l'espace. La lumière, la couleur, les arômes, les sons, le froid, la chaleur et les textures transmettent des atmosphères différentes qui sont perçues par les récepteurs corporels. Ces expériences modèlent notre idée des qualités d'un lieu et donnent un sens à la condition d'habiter. À la quête d’une résonance avec le corps Les différentes manières dont nous apprenons les choses influencent notre perception du monde et, dans le domaine de l'architecture, les formations suivies vont avoir une incidence sur notre perception et la création des espaces. Aujourd’hui, l’approche de la conception de l’espace et de l’habiter est encore en grande partie dominée par une validation visuelle des formes ordonnées et adéquates pour appliquer l'architecture. Cette dernière jusqu’à nos jours est régie par la fonctionnalité et l'optimisation de l'espace, par la « systématisation et la mathématisation de la connaissance » (Perez-gomez, 1987). Une tendance qui répond plutôt à la production en masse et à la demande de l’industrie de la construction. En conséquence, à chaque fois, il y a une perte de diversité dans les réponses d'adaptation de l'homme à l‘environnement, un oubli des «Toutes les grandes personnes ont d'abord été des enfants. Mais peu d'entre elles s'en souviennent»Saint-exupery, Le petit prince. 7 | connaissances traditionnelles et des pratiques constructives propres d’une population. C'est pourquoi il semble essentiel aujourd'hui de valoriser les pratiques de formation en architecture où la conception de l’habiter accorde aussi une place centrale au savoir expérientiel. Le corps est pensé comme un « outil » sensible qui nous met en contact direct avec l'expérience de l'espace. « Le corps a une dimension : grâce au mouvement il polarise la réalité extérieure et devient notre instrument de signification, son expérience est donc «géo-métrique». L’extension de cette « géométrie de l’expérience » dont parle Husserl, au-delà de la spatialité du corps (et de celle de l’esprit), constitue le challenge de design architectural, de la création d’un ordre en résonance avec celui du corps » (Perez-gomez, A. 1987). C'est-à-dire qu’il faudrait donner plus d’attention à ce qui est humain pour faire de l'architecture, où l’habiter est appris comme une expérience sensible et dans lequel le corps reprend sa place comme instrument d'appréhension de l’existence. De cette façon, il est important de reconnaître que les questions relatives à l'espace ne concernent pas seulement la dimension physique, mais rendent également présente la dimension psychique des personnes. L’architecture manifeste l’acte créatif de l’homme dans une dimension matérielle mais aussi immatérielle. « Nous sommes des occupants de ce monde avec ses réalités physiques et mystères mentaux, nous ne sommes pas des observateurs depuis le dehors ou des théoriciens de ce monde » (Merleau-Ponty, 1960). Pourtant, comme le décrit l’architecte finlandais Juhani Pallasmaa sur la pratique de l’architecture : « un projet d’architecture n’est pas seulement le résultat d’un processus de résolution de problèmes, mais aussi une proposition métaphysique qui manifeste l'univers mental du créateur et sa compréhension du monde vital de l'homme » (Pallasmaa, J. 2012). Tels sont les réflexions qui amènent à un questionnement de base dont est ce que les applications didactiques dont le corps el l’espace sont appris pour l’expérience, peuvent 8 | induire une autre pratique de l’architecture qui laisse la place aux qualités essentiel de l’habiter? Une approche Particulière Ce mémoire se donne pour objectif de centrer l’attention sur la formation expérientielle en architecture et leurs didactiques qui peuvent menés aux pratiques professionnelle en consonance avec l’habiter de l’homme. Toutefois, l’objectif ici n’est pas d’analyser toutes les formes possibles de pédagogie ni leurs théories fondatrices, mais plutôt de mettre en valeur une approche particulière de la formation en architecture. C’est une approche explorant quelques applications didactiques menées dans la formation de l’ENSAG et qui peuvent être mises en relation avec un savoir expérientiel. Sur un petit échantillon d’acteurs : Etudiants, Enseignants et Diplômés, cette étude n’est pas une généralisation ou démonstration, mais plutôt un sondage diagnostique, vers une exploration d'autres formes méthodologiques dans l’apprentissage de l’architecte, qui peuvent conduire à une transformation significative du métier. Ainsi, l’hypothèse centrale de ce mémoire est qu’une formation à l’architecture par l’expérience sensible influence la pratique future, et plus particulièrement l’oriente vers une prépondérance de l’acte d’habiter. L’état de l’art en relation avec ce sujet fait appel à d’autres disciplines que l’architecture telles que l’anthropologie, la sociologie, l’art et la philosophie. En effet, les approches théoriques qui abordent le sujet du corps et de l’expérience comme apprentissage sont liées d’une part à la phénoménologie de Maurice Merleau- Ponty. Il affirme que l'individu accède aux choses telles qu'elles sont et y accède non pas par l'intelligence, mais plutôt par la sensibilité. Du côté de la création et de l’art se trouve une correspondance de ce thème avec les idées de Hundertwasser qui, à partir de sa propre recherche, développe l’idée de « cinq peaux ». Il s’agit d’une Chez Heidegger, dans « Bâtir, habiter, penser », l’habiter est la manière dont les mortels sont sur terre et c’est l’expérience quotidienne de l’homme. Lhomme est, pour autant qu’il habite. 9 | métaphore où le concept d’habiter part de la conscience de l’homme dans le monde et où le corps est l’habitat premier qui nous met en relation avec l’environnement. Plus récemment, ces approches théoriques de la phénoménologie, de l’art et de la question de la perception ont été réunies par l’architecte Juhani Pallasmaa dans Le regard des sens écrit en 2010 et dans La Main qui Pense : Pour une architecture sensible de 2013. Il s’agit ici d’une solide référence qui lie phénoménologie et architecture pour revendiquer le corps comme entité de cognition dans l’enseignement de l’architecture. A partir de cette base conceptuelle, la notion d’espace sera développée comme expérience indissociable du corps. L’homme est alors considéré, dans l’acte d’habiter, comme uploads/Geographie/ pour-une-architecture-experientielle.pdf

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