RAPPORT D’ETUDE N°3 Prospective Sahel Note de synthèse et résumé septembre 2017
RAPPORT D’ETUDE N°3 Prospective Sahel Note de synthèse et résumé septembre 2017 Observatoire géopolitique des enjeux des changements climatiques en termes de sécurité et de défense 2 Le ministère de la Défense fait régulièrement appel à des études externalisées auprès d’instituts de recherche privés, selon une approche géographique ou sectorielle, visant à compléter son expertise interne. Ces relations contractuelles s’inscrivent dans le développement de la démarche prospective de défense qui, comme le souligne le dernier Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, « doit pouvoir s’appuyer sur une réflexion stratégique indépendante, pluridisciplinaire, originale, intégrant la recherche universitaire comme celle des instituts spécialisés ». Une grande partie de ces études sont rendues publiques et mises à disposition sur le site du ministère de la Défense. Dans le cas d'une étude publiée de manière parcellaire, la Direction générale des relations internationales et de la stratégie peut être contactée pour plus d'informations. AVERTISSEMENT : Les propos énoncés dans les études et observatoires ne sauraient engager la responsabilité de la Direction générale des relations internationales et de la stratégie ou de l’organisme pilote de l’étude, pas plus qu’ils ne reflètent une prise de position officielle du ministère de la Défense. Observatoire géopolitique des enjeux des changements climatiques en termes de sécurité et de défense 3 Note de synthèse Les impacts sécuritaires du changement climatique dans la bande sahélo-saharienne Ce rapport d’étude a pour objectif de comprendre dans quelle mesure les facteurs climatiques et environnementaux sont susceptibles de contribuer, dans un futur proche (2030/2050), à l’émergence et/ou l’aggravation de tensions, de crises voire de conflits dans la bande sahélo-saharienne. Il étudie les capacités des acteurs politiques et des forces armées locales à faire face à ces impacts et à en tenir compte, insistant surtout sur l’insuffisance des moyens actuels et sur les enjeux de la coordination entre partenaires internationaux et acteurs locaux pour répondre durablement à la crise au Sahel. Une fois les difficultés identifiées, ce rapport suggère également quelques pistes de réflexion pouvant permettre une meilleure intégration des enjeux de développement, d’adaptation aux changements climatiques, de prévention du terrorisme et de résolution des conflits. Il poursuit enfin le travail de réflexion autour de l’élaboration de la typologie. Ce rapport se concentre spécifiquement sur les pays membres du G5 Sahel (Burkina Faso, Niger, Mali, Mauritanie, Tchad) puisque les pays du Maghreb et de la Corne de l’Afrique feront l’objet des rapports suivants (respectivement RE4 et RE5). Pour les besoins de l’étude, plusieurs entretiens avec des experts et des représentants des armées locales ont été réalisés, ce qui a permis d’enrichir le rapport d’éléments concernant les attentes de ces pays vis-à-vis de leurs partenaires internationaux, et de la France en particulier. Carte 1. Localisation géographique du Sahel Source : Heinrigs, 2015, p. 5. Observatoire géopolitique des enjeux des changements climatiques en termes de sécurité et de défense 4 Déjà en proie à des crises politiques, sociales et humanitaires profondes qui conduisent à des conflits armés s’éternisant, et à l’expansion régionale de groupes terroristes, la région du Sahel est de plus considérée par le GIEC comme l’une des plus exposées au monde aux changements climatiques. Terre déjà aride, le Sahel va connaître dans les années à venir une augmentation des températures supérieure à la moyenne mondiale (de +3 à +6°C à horizon 2100 selon les scénarios et les pays) et de fortes variations interannuelles des précipitations qui vont se traduire par davantage d’épisodes extrêmes de sécheresses et de pluies diluviennes. Ces fluctuations climatiques vont impacter la disponibilité des ressources naturelles et la poursuite des activités agricoles traditionnelles (agriculture, élevage, pêche), dont dépend plus de 80% de la population du Sahel. En raison du cumul des vulnérabilités socio- économiques et environnementales, et du rôle majeur joué par les ressources naturelles dans la préservation de la paix et de la sécurité, les changements climatiques vont donc très certainement renforcer les dynamiques conflictuelles, sécuritaires et migratoires en cours au Sahel. Quatre types de migrations vont notamment être impactés par les changements climatiques dans la région : les migrations de transhumance, les déplacements provoqués par des catastrophes (inondations et sécheresses), l’exode rural et les migrations vers l’Europe. Si dans certains cas, la migration est une solution face aux dégradations environnementales – le déplacement de population est parfois en dernier recours la meilleure stratégie d’adaptation –, elle peut être aussi un problème en raison des tensions, heurts et conflits que les mouvements de population peuvent occasionner. Si l’une des spécificités de la bande sahélo-saharienne est le niveau exceptionnellement élevé de migrations intra-régionales, il est toutefois fort probable qu’à l’avenir, l’Europe continue d’être une destination phare des migrants originaires de cette région, qui composent déjà la majorité des flux illégaux. En effet, s’il est difficile d’établir des relations directes entre les effets des changements climatiques et les migrations internationales, des relations indirectes peuvent néanmoins être établies : l’exode rural exacerbé par les dégradations environnementales et les impacts néfastes sur le secteur agricole va accentuer la pression sur l’offre de travail, les salaires, les logements ou encore les services de base, ce qui pourrait augmenter les motivations pour une migration vers l’Europe. Ces dernières sont par ailleurs renforcées par des représentations souvent erronées des opportunités et conditions d’accueil qu’offre le Vieux Continent. Si le rapport souligne la forte probabilité de voir les changements climatiques renforcer les vulnérabilités existantes au Sahel et alimenter ainsi, voire créer, des tensions susceptibles de dégénérer en crises ou heurts, il insiste d’autant plus sur le rôle néanmoins secondaire des facteurs climatiques par rapport à ceux d’ordre politique, économique ou encore démographique. Tous les exemples analysés dans le rapport montrent en effet que les changements climatiques exerceront une influence négative sur les conflits fonciers (delta du Niger, Tchad) et les désaccords portant sur la gestion des bassins fluviaux transfrontaliers (bassin du Niger, fleuve Sénégal), mais que ces derniers restent pour l’heure d’abord le résultat d’une action publique défaillante autour de la gestion des ressources naturelles, des mouvements migratoires, de l’arbitrage des conflits fonciers, et des projets de développement (construction de barrages par exemple). Les différents travaux cités dans le rapport soulignent la primauté des pressions et facteurs anthropiques sur les dégradations climatiques, mais ne permettent néanmoins pas de se prononcer sur l’ampleur du rôle des changements climatiques en tant qu’amplificateurs de risques à des horizons aussi lointains que 2050 ou 2100. Ces derniers viendront notamment s’ajouter à une croissance démographique problématique dans la région. Pour les seuls pays du G5 Sahel, la population devrait notamment passer de 66 millions en 2015 à 109 millions en 2030 et 166 millions en 2050 (sans compter les pays limitrophes comme le Nigéria, la Côte d’Ivoire ou le Sénégal dont le nombre d’habitants va également doubler d’ici 2050). Un constat similaire est dressé concernant les liens entre changements climatiques et expansion de groupes terroristes comme Boko Haram au Sahel. On observe en effet, dans la région du lac Tchad notamment, un cercle vicieux entre disparition des moyens de subsistance traditionnels, absence de nouvelles perspectives économiques, radicalisation et Observatoire géopolitique des enjeux des changements climatiques en termes de sécurité et de défense 5 terrorisme, que les dégradations environnementales peuvent aggraver. En d’autres termes, les changements climatiques contribuent au maintien plus qu’à la création de conditions favorables au déploiement des stratégies de groupes terroristes. Ces derniers profitent de la rupture du contrat social entre l’État – souvent absent ou défaillant – et les citoyens, et des tensions préexistantes entre communautés autour de l’utilisation des ressources naturelles, pour recruter et poursuivre leurs activités illégales et criminelles. Le rapport s’intéresse ensuite au degré de préparation des acteurs concernés par les impacts du changement climatique : politiques de lutte contre le changement climatique (INDC, plan d’adaptation notamment), systèmes d’alerte précoce pour faire face aux effets des variations climatiques sur l’agriculture ou les dynamiques pastorales, prise en compte dans les instances et partenariats régionaux, etc. L’étude des politiques et stratégies climatiques des Etats (contributions nationales à l’effort mondial de réduction des émissions, plan d’adaptation, etc.) promues par les acteurs publics révèle souvent un manque de suivi dans leur mise en œuvre effective malgré des engagements affichés en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. De plus, elles font souvent abstraction du contexte régional fortement dégradé sur le plan sécuritaire et peu propice au développement. Les systèmes d’alerte précoce ont été développés à la suite des sécheresses des années 1970 et 1980 et empêcher les famines. Soutenus par des programmes dédiés dès les années 2000 – par la CEDEAO, l’UE, etc. – souffrent dans l’ensemble de l’insuffisante visibilité et du déficit d’utilisation des données produites : les dispositifs existent, sont souvent anciens, produisent des analyses exploitant des données de qualité (images satellites) et effectuées par des personnels formés sans que les informations ne parviennent – pour différentes raisons politiques, culturelles ou logistiques – aux décideurs et aux bénéficiaires directs (agriculteurs et éleveurs). Sont ensuite évoqués le rôle des armées dans la gestion des catastrophes et les questions liées à l’expansion de cette fonction, notamment dans uploads/Geographie/ prospective-sahel-notes-de-synthese-et-resume.pdf
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- Publié le Jul 22, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
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