Monsieur Pierre Alexandre Proto-histoire du groupe beti-bulu-fang : essai de sy

Monsieur Pierre Alexandre Proto-histoire du groupe beti-bulu-fang : essai de synthèse provisoire In: Cahiers d'études africaines. Vol. 5 N°20. 1965. pp. 503-560. Citer ce document / Cite this document : Alexandre Pierre. Proto-histoire du groupe beti-bulu-fang : essai de synthèse provisoire. In: Cahiers d'études africaines. Vol. 5 N°20. 1965. pp. 503-560. http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cea_0008-0055_1965_num_5_20_3049 PIERRE ALEXANDRE Proto-histoire du groupe beti-bulu-fang essai de synthèse provisoire* INTRODUCTION Cadre et données des problèmes Peu après 1840 des traitants gabonais rapportèrent aux comptoirs de Estuaire la nouvelle de arrivée dans arrière-pays des avant- gardes une tribu inconnue venue du ur mystérieux du continent les Mpangwe Dans la décennie qui suivit la réputation des envahis seurs devenus dans la bouche des Européens les Pahouins ou Pamue1 allait croître sinon embellir au point ils devaient devenir avec les Dahoméens les Ashanti les Zulu et surtout les féroces Nyam- nyam est-à-dire les Zande en qui on voyait ailleurs leurs cousins) une des rares populations africaines connues du grand public européen et américain Sur la foi des traitants mpongwè une réputation de terreur les précédait ces géants rouges supérieurement armés un courage et une férocité redoutables dévoraient leurs prisonniers de guerre mâles au lieu de les garder ou de les vendre comme esclaves et se répartissant les femmes et les enfants capturés les naturalisaient en quelque sorte pour en grossir leurs bandes formidables. Le premier explorateur qui prit contact avec eux en 1856 après échec de la mission Pigeard-Deschamps de 1846 était peu qualifié pour rétablir les faits leurs dimensions exactes Paul Belloni Du Chaillu un cas Cet article est un chapitre un ouvrage collectif paraître aux Presses de Université Fédérale de Yaoundé ouvrage entrepris sur initiative et avec appui moral et matériel de Eteki Mboumboua ministre de ducation Nationale de la R.F.C La structure de la langue mpongwè exige le préfixe *mu classe devant les ethniques et ne permet ni fricative initiale du radical ni radicaux fermés tandis que la nasale vélaire devient occlusive dorsalisée entre voyelles où fan mpa ig qui donne en fran ais pahouin et en espagnol pamue 504 PIERRE ALEXANDRE typique de fracture du patronyme) commer ant et chasseur américano- marseillais était en effet quoique observateur exact et précis affligé une vision journalistique du monde en avance un siècle sur son temps Bien il se soit parfaitement rendu compte que les descrip tions sanglantes rapportées par les Mpongwè avaient été largement exagérées dans le but de détourner les traders européens de la Côte entrer directement en contact avec les nouveaux venus il choisit le pittoresque se discréditant ainsi largement auprès des explorateurs qui le suivirent mais contribuant aussi perpétuer 1870 et même plus tard une image des Fan qui fait encore plus de tort leur réputation la sienne Après cette sensationnelle entrée en scène il fallut attendre la fin du siècle partir de 1885 et plus encore de la pénétration alle mande dans intérieur du Cameroun pour se faire une idée exacte de ampleur du phénomène On constata alors que les Far propre ment dits ne représentaient une fraction un vaste groupe de popu lations avan ant vers la mer suivant un axe nord-est-sud-ouest et occupant le Cameroun méridional la Guinée espagnole et le Gabon sur une distance dépassant mille kilomètres du nord au sud et six cents ouest en est Toutes ces populations étaient en marche une allure moyenne on peut estimer nous le verrons quelque dix kilomètres par an sans intervention européenne il est permis de se demander si cette marche se serait arrêtée une fois la côte atlantique atteinte ou si au contraire infléchissant vers le sud-est le long de océan elle aurait pas abouti occupation complète de actuel Gabon et même une partie du Congo Quoi il en soit de cette hypothèse nous sommes hui en présence un ensemble une vingtaine de tribus assez fortement homogènes sur les plans culturel et linguis tique et représentant peu près un million âmes réparties sur envi ron un demi-million de kilomètres carrés avec des densités kilomé triques qui dépassent soixante dans le Nord pour tomber deux ou même moins dans le Sud-Est est le groupe le plus important parmi les Bantu du Nord-Ouest est aussi un des plus étudiés sinon un des plus connus Afrique au point de vue ethnologique et sociologique mais en dépit une littérature assez abondante1 il reste encore bien des problèmes éclaircir son sujet Sur le plan historique nous avons grâce des documents euro péens des données assez exactes sur aboutissement de la vaste migration qui conduit ces populations leur habitat actuel Mais un certain nombre de points restent étudier sans que ailleurs nous puissions être certains il soit possible parvenir autrement 196 livres et articles cités dans la bibliographie du Groupe dit Pahouin qui est très loin être complète PROTO-HISTOIRE BETI-B LU-FANG 505 que sous la forme hypothèses ou conjectures plus ou moins invéri fiables Les principaux de ces points sont les suivants Donnés le point et la date aboutissement de la migration quels en sont les date et point de départ La question se pose deux niveaux en ce sens il lieu de interroger tout abord sur les origines proches de ces populations puis sur leurs origines lointaines Notons en passant que est sur ce dernier aspect le moins aisé vérifier que les premiers auteurs se sont le plus étendus En liaison avec ce que nous pouvons savoir ou reconstituer de histoire des envahisseurs il convient de rechercher ce que nous pouvons savoir de celle des peuples envahis et abord établir il se peut leur identité précise soit ils aient disparu soit ils aient seulement été eux-mêmes déplacés par la poussée Beti-Bulu-Fan La même démarche est entreprendre en ce qui concerne tous les peuples voisins dont certains ont dû faire mouvement derrière ceux dont nous traitons principalement ici Cette recherche se fondera sur des documents de divers ordres en donnant au mot document un sens assez large On aura recours en effet ethnologie comparative en prenant en compte ce que nous savons de la culture matérielle du système de parenté de organisa tion politique des mythes et de la religion des populations en cause la linguistique comparative en recherchant les relations génétiques et apparentements probables des langues usitées dans la région étudiée Aux traditions historiques et para-historiques notamment aux généalogies commentées et aux récits et textes divers ordre didactique ou juridico-politique1 Les sources documentaires seront de deux types Indirect sources bibliographiques comprenant notamment les récits des premiers explorateurs ainsi que certains rapports admi nistratifs Direct enregistrements écrits ou sonores faits sur le terrain auprès informateurs appartenant aux ethnies en cause On peut ici considérer comme un type intermédiaire les documents publiés ou inédits rédigés par des érudits locaux rapportant les tradi tions de leur propre peuple soit dans leur langue soit dans une langue européenne Je crois devoir préciser dès maintenant que la présente étude ne doit être regardée que comme un essai Fondée sur des observations de terrain faites abord au cours de séjours administratifs étendant Les sources archéologiques manquent totalement le climat se prêtant ailleurs mal la conservation de la plupart des matériaux usuels Les rensei gnements anthropométriques ne sont pas assez abondants pour permettre une exploitation statistique moderne 506 PIERRE ALEXANDRE de 1946 1951 puis de deux courtes missions accomplies sous le patronage du ministre de ducation Nationale du Cameroun en 1962 et 1963 observations complétées par exploitation de la bibliographie accessible Paris cette étude est loin être complète et vise plutôt poser clairement les questions répondre avec certitude Son but principal est en dernière analyse inciter les chercheurs came rounais et gabonais puisque les populations pahouines sont étroitement apparentées de part et autre de la frontière inciter donc ces chercheurs rechercher pendant il en est temps encore des renseignements complémentaires auprès des derniers dépositaires qualinés de la tradition orale Comme dit un grand erudii africain S.E Ahmadou Hampate Ba ambassadeur du Mali Abidjan Un vieillard africain qui meurt est une bibliothèque qui brûle irrem pla ables trésors de savoir coutumier ont irrémédiablement disparu ces dernières années quand la mort saisi leurs détenteurs il est de la plus extrême urgence de sauver ce qui peut encore être en utilisant aussi bien la plume que le magnétophone Terminologie transcriptions utilise dans cet essai comme je ai fait dans ma monographie du Survey de Institut International Africain le terme de pahouin pour désigner ensemble culturel et linguistique constitué par les populations installées dans le courant du xixe siècle de la vallée de la Sanaga celle de Ogowè ai comme avant moi des spécialistes aussi eminents que Günther Tessmann et Idelette Dugast choisi ce terme cause même de son caractère impropre et artificiel autres auteurs lui ont préféré celui de ce Fang et plusieurs de mes amis camerounais ont suggéré celui de beti Je les ai rejetés tout bien considéré parce que ni un ni autre ne recouvre la totalité du groupe étudié ai en effet pressenti dès 1958 que ce groupe devait se diviser en trois sous-groupes pour lesquels je proposais les dénominations de fan bulu et uploads/Geographie/ 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