VIE DE NAPOLÉON BUONAPARTE, EMPEREUR DES FRANÇAIS; PRÉCÉDÉE D'UN TABLEAU PRÉLIM

VIE DE NAPOLÉON BUONAPARTE, EMPEREUR DES FRANÇAIS; PRÉCÉDÉE D'UN TABLEAU PRÉLIMINAIRE DE LA RÉVOLUTION FRANCAISE; PAR SIR WALTER SCOTT. 1 TOME SECOND. PARIS TREUTTEL ET WÙRTZ, RUE DE BOURBON, N" 17. CHARLES GOSSELIN, RUE Sr-GERMAIN-DES-PRÉS, ? 9. -STRASBOURG TREUTTEL ET WURTZ, RUE DES SERRURIERS. l8~7. VIE DE NAPOLEON BUONAPARTE CHAPITRE PREMIER. TABLEAU DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE. Le to août. Le tocsin sonné de bonne heure. –.Les Suisses de la garde et les restes du parti royaliste se rendent aux Tuileries. Assassinat de Mandat. Faiblesse de Louis et énergie de la Reine. Les Ministres du Roi, à la barre de l'Assemblée, déclarent le danger de la Famille royale et demandent qu'une députation soit envoyée au Palais. L'Assemblée passe à l'ordre du jour. Combat aux Tuileries. Les Suisses reçoivent l'ordre de se rendre au- près du Roi. Plusieurs sont tués et dispersés. -Presque tous sont massacrés avant la fin du jour.–La Famille royale passe la nuit au Couvent. des Feuillans. DEPUISl'insurrection du 20 juin, qui avait fait voir jusqu'à quel point il était à la merci de ses ennemis, le Roi avait presque renoncé à toute idée de salut ou de fuite. Henri IV eût demandé ses armes;: Louis demanda son confesseur. « Je n'ai plus rien à faire-sur la terre dit-il ;,je dois diriger toutes mes pensées vers le ciel. ))On fit VtEDEN~p.BuoN.Tome.a. i VM DE NAFOUEON BUONAPARTÈ. 2 quelques efforts inutiles pour gagner les chefs des Jacobins; ils prirent l'argent, et continuè- rent, comme on devait s'y attendre, leurs hos- tilités. Lamotion pour la déchéance du Roi n'é- tait, encore que faiblement appuyée dans la Convention son, sort dépendait .de la crise qu'on attendait. Enfin le fatal 10 août arriva, jour que les. Girondins et leurs antagonistes, avaient Ëxé pour la lutte dé cisive. Le. Roi, instruit de leurs projets, avait rap- pelé en toute hâte, des casernes de Courbevoie, mille gardes suisses, sur.la fidélité desquels il comptait. L'excellente discipline et la fermeté de ces braves montagnards, auraient pu rap- peler la description faite par les historiens de l'entrée de leurs prédécesseurs à Paris,, dans des circonstances semblables, la veille des Bar- Imitée ainsi de l'historien Davila par le poëte dra- matique Lee « N'avez-vous pas'entendu ? Le roi de- vançant le jour, areçu ses gardes dans la ville; les Suisses sont entrés gaiement au son de leurs fifres la populace apathiqùe les contemplait saisie d'étonnement, puis elle est rentrée dans ses boutiques et a laissé le passage libre. Ce morceau est extrait par fauteur du 7)Me de 6'H;je( scène3 du 4' acte ). Cette tragédie politique fut faite en communauté par Lee et Dryden. Sir Walter Scott cite dans son édition des œuvres de Dryden le passage même de Davila Un hora Mnan~t giorno ~M/tro~ot~t)ye/ <&f/n~m'< ~uMMf, ~e. livré IX. (~<&.) )" CHAPITRE!. 3 1 ricades sous le réègne de Henri II. Mais l'inquiétude du moment ne permettait pas de songer au passé. Lé 10août, debonneheure, le tocsin répandit l'alarme dans la ville de Paris c'était l'annonce que l'insurrection dont on était menacé depuis long-temps, venait enfin d'éclater. Dans plu- sieurs quartiers, les Constitutionnels repoussè- rent ceux qui venaient donner ce terrible si- gnal mais les Jacobins, bien prépares, triom- phèrent partout, et firent bientôt retentir ce son lugubre dans toutes les parties de là capitale. Les deux partis, en l'entendant,' disposèrent leurs forces pour l'attaque et la défense, cette journée étant regardéepar chacun d'eux comme décisive. Les Suisses prirent les armes ,etoccupérent les postes en dedans et en dehors du palais. Environ quatre cents grenadiers de la Ëdèle section des Filles-Saint-Thomas renforcés par plusieurs de celle des Petits-.Pères, qui inspi- raient également une juste conËancë, furent placés dans l'intérieur, pour contribuer avec les Suissesà sa déEense~. Les restes du parti roya- liste, non.découragés par les évéùemens du 28 février de Fannée précédente s'étaient rendus Où, dans une circonstance semblable, ils avaient été insu)tes par )a garde nationate. ~o~'ez tome i, page ~y~. VIE DE NAPOLÉON BTJONAPARTE. 4 aux Tuileries en entendant le premier son du tocsin. Ils pouvaient, avec les personnes atta- chées au service de la famille royale, former environ quatre cents personnes. Rien ne prouve mieux combien la cour était peu pré- parée à la résistance, que le manque de fusils pt debayonnettes pour armer les volontaires, et celui de munitions, excepté ce que les Suisses et les grenadiers de la garde nationale avaient dans leurs gibernes. La vue seule de cette.pe- tite troupe était plus faite pour inspirer le dé- couragement. que la confiance. Ce'fut au cri chevaleresque de « -Laissez entrer la noblesse de "France )) qu'elle dé61a devant la famille royale.\ Hélas! au lieu de ces milliers de no- .bles don\. on voyait jadis briller les épées au- tour de leui Roi, dansde semblables crises, il ne paraissait ici ~ue de vieux militaires distingués, mais dont les années avaient dompté, sinon le courage, du moihsla vigueur; des adolescens, à peine sortis de FeRfance, et des personnes at- tachées à des emplois civils, dont quelques unes telles que Lamoignon de Malesherbes tiraient leur épée pour la première fois. Il y avait dans leurs armes autant de-bigarrure que dans leur extérieur. Des épées, des sabres, des pistolets, tels étaient leurs moyens, de défense contre des ennemis armés de fusils et de canons; CHAPITRE l t 5 ils n'en étaient pas moins pleins d'ardeur. Ce fut en yain que la reine, presque en larmes, con- jura des hommes de quatre-vingts ans, et au- delà, de renoncer ;à une lutte tellement au- dessus de leurs forces. Ces vétérans sentaient que l'heure fatale était venue; et, hors d'état ,de combattre ils réclamaient le privilège de mourir en faisant leur, devoir. Marie-Antoinette montra le courage le plus magnanime. (( Son air majestueux, dit. Pelle- tier, sa lèvre autrichienne et_son nez aquilin lui donnaient un air de dignité, dont on népeut avoir une idée que quand on l'a vue dans ce moment critique. )) Si elle .eût pu inspirer au Roi une partie de son active énergie peut-être eût-il, même dans ce dernier moment, arraché la victoire aux révolutionnaires mais, capable de supporter ses malheurs en saint, il était hors d'état de les envisager et de les combattre en héros; toutes ses forces étaient paralysées par son horreur pour l'enusion du sang. ,it Déjàles cris des ennemis se faisaient entendre e dans l'éloignement, lorsque les, légions de la garde nationale, traînant leurs canons, entrèrent successivement dans lé jardin des Tuileries. Parmi les citoyens armés, quelques uns, sur- tout les artilleurs, étaient ennemis du Roi Ï d'autres étaient bien disposés pour lui le plus VIE DE NAPOLEON BUONAPARTE. 6 grandnombre était indécis. Mandat', leur com- mandant, lui était entièrement dévoué. Les~ dispositions qu'il avait prises étaient propres à découragerles~ rebelles, et à donner de la con- fiance aux bien intentionnés, lorsqu'il fut appelé a la commune pour y recevoir des ordres, et s'y rendit, comptant sun l'appui des Constitu- tionnels, qui en disaient encore partie. Mais il se trouva ainsi entièrement au pouvoir des Jacobins. Mandat fut arrêté et envoyé à l'Ab- baye il n'y arriva pas, et fut tué d'un coup de pistolet à la porte de 1'Hôtel-de-Ville :.sa mort fut une .perte incalculable pour le parti royaliste.. Dans l'intervalle, oh avait laissé échapper un avantage signalé. Pétbion~ maire de Paris, du parti de Brissot fut reconnu parmi les gardes nationaux. Les Royalistes se saisirent de lui et l'emmenèrent au château, où l'on ~pro- posa .de garder, comme otage, ce magistrat populaire. A cette nouvelle, ses amis firent à l'Assemblée la motion qu'il fût traduit à !? barre, pour y rendre compte de l'état de la capitale. L'Assemblée envôyajmmessagerpour demander qu'il comparut, et Louis eut la fai- blesse de le laisser sortir. Les mouveinens des assaillans étaient loin d'être aussi prompts et aussi rapides qu'ils l'a- CHAPITRE I. 7 vaient été dans d'autres occasions, où ils ne s'at- tendaient pas à une forte résistance. Santerre, brasseur très connu, qui, par sa fortune consi- dérable et en afîéctant beaucoup d'enthousiasme populaire, était parvenu au commandement de la force armée des faubourgs, avait aussi peu d'énergie~au physique qu'au moral. et ne convenait nullement au rôle désespéré qu'il était appelé à jouer. Westermann, zélé répu- blicain, soldat habile et courageux, vint hâter sa marche', en lui apprenant quejes fédérés. de Marseille~et de Brest étaient en bataille sur le Carrousel, attendant les gens armés de piques des faubourgs Saint-Antoine et Saint-Marceau. Santerre résistait; Westermann lui mit l'épée sur la gorgée et ce citoyen commandant, cédant à la terreur la plus immédiate, mit ses bandes en mouvement. Leur nombre était immense; mais l'attaque devait être principalement sou- tenue par les fédérés de Marseille, de Brest et autres, auxquels on avait eu soin de donner des armes et des munitions. On s'était égale- ment assuré des' gendarmes, quoiqu'ils figu- rassent du côté du Roi.Les Marseillais et lesBre- tons furent mis à la tête deslongues colonnes des gens des faubourgs, de mêmeque le tranchant d'une hache est armé d'acier, tandis que le dos est garni d'un. métal uploads/Geographie/ sir-walter-scott-vie-de-napoleon-buonaparte-2-a.pdf

  • 19
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager