Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France Sur les routes d'Asie

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France Sur les routes d'Asie Deschamps, Gaston (1861-1931). Sur les routes d'Asie. 1894. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF. Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : - La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. - La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. 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SUR LES ROUTES D'ASIE A LA MEME LIBRAIRIE DU MEME AUTEUR La Grèce d'aujourd'hui, 1 volume in-18 Jésus, broché. ... . 3 50 Ouvrage couronnépar l'Académie française. Les livres et la vie. 1 volume in-18 jésus, broché. (Sous presse).... ... . ........... . . . . . . 350 Goulommiers. — Imp. PAUL BRODARD. SUR LES ROUTES D'ASIE PARIS ARMAND COLIN ET Cie, ÉDITEURS Libraires de la Société des Gens de lettres 5, RUE DE MÉZIÈRES , 5. 1894 Tous droits réservés. A MES COMPAGNONS. DE VOYAGES A MES CAMARADES DE L'ÉCOLE D'ATHÈNES AUX OFFICIERS DE L'ESCADRE DU LEVANT QUI FURENT MES HÔTES JE DÉDIE CES PAGES OU ILS RETROUVERONT LE SOUVENIR DE PLUSIEURS ANNÉES INOUBLIABLES LE TÉMOIGNAGE D'UNE AMITIÉ FIDÈLE ET LE REGRET DES VISIONS ÉVANOUIES G. D. SUR LES ROUTES D'ASIE CHAPITRE PREMIER Du Pirée à Chio. — Une nuit dans l'Archipel. — Querelles et formalités. — Histoire de Strabon, d'un douanier et d'un mufti. — Le chef-lieu d'une île turque. — Un grand seigneur byzantin. Lentement, avec un bruit d'hélice lourde et des bouffées haletantes de famée noire, la Séléné dérape de son mouillage, dans le port du Pirée* Comme tous les paquebots du Lloyd, qui descen- dent de Trieste et qui vont, d'escale en escale, le long, de la côte albanaise -, malgré les rafales méchantes de la mer Adriatique, ce paquebot a des formes larges et une allure pesante. La ligne courbe du Pirée, les maisons blanches, aveu- glantes sous le soleil d'été, la forêt compliquée SUR LES ROUTES D'ASIE. 1 2 SUR LES ROUTES D'ASIE des mâts, la multitude bariolée des petites bar- ques amarrées au quai, s'éloignent. L"eau calme clapote doucement, et l'hélice fait bouillonner aux volutes des lames une traînée d'écume. Dès que nous avons dépassé les deux fanaux qui mar- quent l'entrée de la rade, et doublé le petit cap où une batterie inoffensive aligne deux ou trois canons qui ressemblent à des joujoux, la côte, nue sous le ciel torride, allonge, sur le bleu sombre de la mer, une bande rousse, brûlée et pelée. Les contours du Corydalle tremblent dans une chaleur radieuse, qui vibre et flamboie. Les montagnes s'abaissent en collines fauves, en ardents promontoires, que fouillent et creusent les eaux marines. Du côté de Salamine, qui découpe en pleine lumière ses cimes aiguës, la mer luit et étincelle, trop lumineuse et trop éblouissante, pour nos yeux accoutumés à des visions plus molles. La plage de Munychie et de Phalère est déserte; l'inhumaine splendeur du ciel a clos, comme des yeux accablés, les fenê- tres des maisons assoupies. Le grand triangle bleu du Pentélique ferme l'horizon; et, dans ce paysage d'azur et d'or, devant la haute pointe du Lycabète, sur le piédestal de l'Acropole, le Par- thénon apparaît nettement, avec son fronton blanc,; ses colonnes droites, ses formes précisés et limitées. D'ici, il paraît achevé, complet; on distingue à peine les ravages du temps et des DU PIREE A CHIO 3 hommes. Dans ce lointain, qui dérobe à nos yeux ses blessures et ses misères, il est royal et char- mant. Et, tout près de la masse informe de l'Hymette, coupée de ravines et de précipices, tachetée, par endroits, d'une maigre verdure, le temple divin, oeuvre du calcul et de la patience-, domine de sa grâce calme et robuste la ville neuve, qui éparpille ses terrasses sur. le déclin des pentes. Tandis que nous rangeons l'Attaque sèche et parfumée, le soleil descend à l'occident vermeil. Une rougeur épandue noie de pourpre rayonnante les pointes d'Égine. Les rayons obliques cares- sent de lueurs légères l'échiné rugueuse de Gaï- douronisi, petite île triste, dont les roches sont mangées lentement par le flot. Le ciel rose se nuance de teintes pâles, où agonise la magnifi- cence du soir, et le soleil ressemble à une énorme sphère de métal rougi au feu. L'ombre s'abat sur les vallées, estompe le profil des montagnes, bleuit leur surface, adoucit l'âpreté des lignes brusques. La couleur des eaux s'éteint et se ternit. La première étoile s'allume dans les trans- parences du ciel... Voilà Sunium. Sur la haute falaise, la blancheur du temple semble éclairer miraculeusementla nuit commençante. Placée en avant, bien en vue des bateaux qui venaient du large, la chapelle du dieu des eaux, asile des nau- fragés et recours des navigateurs, était l'avant- 4 SUR LES ROUTES D'ASIE courrière de l'Attique, et comme la messagère de l'Acropole. Dans l'incertitude du crépuscule, les colonnes et les frontons semblent complets et intacts, tels qu'ils apparaissaient aux patrons dé- barques, venus de la lointaine Phénicie ou des mouillages de l'Archipel... Au couchant, le disque enflammé disparaît, envahi par la noirceur. Il va si vite, qu'il semble tomber, s'engloutir, s'abîmer dans la nuit. Ici, la mort du soleil est rapide. Il n'y a presque pas de transition entre le jour éclatant et la nuit semée de feux. Maintenant, dans l'éther limpide, les petites étoiles, par myriades de myriades, scintillent. Un grand voilier passe près de nous, penché sur là vague. On dirait qu'il va nous frôler de ses ailes éployées. Le vent fait gémir ses vergues,; et, dé la poupe où remuent des silhouettes noires, un. bruit de voix indistinctes vient jusqu'à nous, coupé par le remous des houles et le rythme sourd de la machine. Cette rencontre nocturne d'un paquebot et d'un caïque évoque soudain des visions abolies, tout un. passé confus, plein de bizarres contrastes. On pense aux caboteurs des temps trè s anciens, aux traversées d'une île à l'autre, souvent arrêtées par les. vents contraires, parfois interminables, toutes pleines de fantômes, d'apparitions mystérieuses et de terreurs pani- ques. On voit le débarquement des matelots en UNE NUIT DANS L'ARCHIPEL. 5 détresse, échoués dans une terre inconnue, hos- tile, leurs premiers pas sur la grève déserte, en quête d'un visage humain, les feux de bois sec, allumés dans les rochers pour écarter les bêtes, puis les invocations désespérées aux grands féti- ches, Poséidon Secourable, Zeus Sauveur... Ou bien on rêve aux arrivées souriantes, dans les îles d'or, des galères peintes et des matelots . chanteurs, à la descente des montagnards, qui viennent à l'échelle, près des criques de marbre, pour interroger les hôtes envoyés par les dieux : « Êtes-vous des marchands? Êtes-vous.des pi- rates? Votre patrie est-elle loin d'ici? » Questions naïves et intéressées, que les insulaires des Cyclades adressent encore à l'étranger qui passe, lorsqu'il accoste, avec ses bagages, à la marine de Naxos ou de Tinos..Les Grecsn'ont pas changé. La plus vieille des races est devenue le plus jeune des peuples, sans que le fond du caractère national ait été modifié. Les vieux pilotes en bonnet rouge, qui sont assis, la pipe à la bouche, l'air rusé, patient et moqueur, à l'arrière de leurs caïques, sont superstitieux, bavards, ingénieux comme uploads/Geographie/ sur-les-routes-d-x27-asie-gaston-deschamps-1894.pdf

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