1 Thème 3 : dynamiques géographiques des grandes aires continentales Question 3
1 Thème 3 : dynamiques géographiques des grandes aires continentales Question 3 : l’Asie du Sud et de l’Est : les enjeux de la croissance Cours 1. Mumbai : modernité, inégalités L’Asie du Sud et de l’Est (ce qui exclut donc l’Asie centrale et la partie orientale de la Russie) concentre la majeure partie de la population mondiale avec plus de 3,5 milliards d’habitants. • L’Asie est le continent qui compte aujourd’hui le plus de personnes très pauvres (280 millions de personnes en Asie de l’Est et 570 millions en Asie du Sud vivent avec moins de 1,25 $ par jour) • Mais c’est la partie du monde qui connaît actuellement la plus forte croissance économique, cette croissance, initialement centrée sur l’Asie de l’Est (croissance chinoise liée aux réformes de Deng Xiaoping au début des années 1980), s’étant également diffusée à la partie méridionale du continent (réformes économiques libérales de M. Rao et M. Singh en 1991) • Si la croissance n’a pas permis la disparition de la grande pauvreté, une réduction spectaculaire de celle-ci est observée : o en Asie de l’Est, passant de 3/4 de la population en 1981 à 15 % aujourd’hui, o et en Asie du Sud (passant de 60 % à 36 % sur la même période) Il n’en reste pas moins une pauvreté de masse (en Asie du Sud, les très pauvres sont aussi nombreux en valeur absolue qu’en 1980) qui nous amène à nous interroger sur les liens existants entre population, croissance économique et développement dans cet espace. Problématiques : En quoi le cas de Mumbai est-il révélateur à la fois du dynamisme économique de l’Asie du Sud et de l’Est et des profondes inégalités qui affectent cet espace ? Comment les dynamiques de la mondialisation et de la croissance transforment-elles la ville de Mumbai, entre modernité et inégalités ? Contextualisation : La ville en Asie du Sud s’inscrit dans un contexte paradoxal : o le phénomène urbain y est parmi les plus anciens de la planète (plus de 3000 ans), mais on se situe pourtant dans une des régions les moins urbanisées du monde : le taux d’urbanisation de l’Inde est de 32% en 2011. o Cette société peu urbanisée, compte pourtant 400 millions de citadins, et l’Inde des villes dépasse la population totale des Etats-Unis. La population urbaine indienne se classe au 2ème rang mondial. o Minoritaires sur le plan démographique, les villes jouent cependant un rôle décisif dans l’économie nationale : en Inde, elles abritent moins de 1/3 de la population totale mais contribuent aux 3/4 du PIB. o L’urbanisation en Inde au cours des 50 dernières années s’est accompagnée d’un mouvement de métropolisation, alors que les petites villes ont tendance à stagner dans la plupart des régions. En 1951, l’Inde comptait 5 agglomérations 2 urbaines de plus d’un million habitants, représentant 19 % de la population urbaine totale ; en 2005, 40 agglomérations de plus d’un million habitants abritent 40 % de la population urbaine. En 2005, sur les 20 mégapoles mondiales (plus de 10 millions d’habitants), 3 étaient situées en Inde : Mumbai, Delhi et Kolkata qui ont plus de 15 millions d’hab, Madras-Chennai, Bangalore, Hyderabad ont toutes plus de 6 millions d’habitants. o Mumbai, la métropole la plus peuplée du pays, ancien grands comptoir de création coloniale comme Kolkata et Chennai a bénéficié d’une situation géographique favorable et s’est développée de manière spectaculaire jusqu’à dépasser 21 millions d’habitants, dont au moins 6 millions vivent dans des bidonvilles. I. Mumbai, une métropole « moderne » en pleine mutation A. Une métropole industrielle en restructuration 1. Les origines de la ville et de sa prospérité Mumbai a d’abord été un ensemble de sept ilots, occupés par des pécheurs et des plantations. Sa situation, au bord de la mer d’Oman, tournée vers l’Afrique et l’Europe, en a fait la « Porte de l’Inde » pour les Portugais (aux XVIe et XVIIe siècles « bom bahia » = bonne baie) puis pour les Britanniques ( 1947), sous le nom de Bombay qu’elle a conservé jusqu’en 1996, avant de prendre la nom marathi de Mumbai. Des travaux de drainage et d'assainissement, menés pendant plus de deux siècles, ont abouti à la formation de deux îles, reliées entre elles : l’ile de Bombay proprement dite au sud (jusqu’à la latitude de Mahim bay) et l’ile de Salsette au nord. Ces deux iles isolent, entre elles et la côte du continent, un vaste plan d'eau, abrité de la mousson, Thane Creek (carte 1 p. 324) La façade de l'île regardant vers le continent se prêtait à l'aménagement d'un port abrité des tempêtes de l'océan Indien, assez agité pendant la mousson. Les Britanniques en ont fait la capitale industrielle du pays et sa croissance a été rapide depuis le XIXe siècle : o 1853 : construction du premier chemin de fer d’Asie, entre la ville et celle de Thane, à une cinquantaine de kilomètres vers le nord. Aujourd’hui encore l’ancienne gare Victoria et son architecture néo gothique témoignent de héritage britannique. o première filature de coton dans le centre de la ville à la même date. Filatures, ateliers de tissage et banques apparurent alors dans l'agglomération, dont l'activité fut stimulée par la guerre de Sécession aux Etats-Unis, qui fit monter rapidement les prix du coton. o en 1869, l’ouverture du canal de Suez qui facilite l’arrivée des bateaux à vapeur suscite l’expansion des docks. La prospérité s’est donc construite depuis 1850 autour de l’industrie textile et du commerce, mis en place par les Anglais et diverses communautés indiennes (parsis, musulmans, membres des castes commerçantes issus du Gujarat)et Bombay est devenue la capitale économique du pays dans les années 1920. 3 Carte 3b p. 325 pour l’aire d’influence : Mumbai domine l’économie de l’Etat du Maharashtra (l’Etat dans lequel elle est située) et de toute la moitié ouest de l’Inde. C’est un des moteurs de l’économie du pays, avec les villes du Sud comme Bangalore, spécialisées dans l’industrie informatique. 2. Les activités industrielles et commerciales aujourd’hui : • son activité industrielle représente 25 % de celle du pays ; plus de 40 % de ses actifs sont employés dans l'industrie (55% dans les services). Carte 3a p. 325 pour la diversité : diversité des activités : chimie, mécanique (machines et véhicules), électricité, agroalimentaire (pêcheries). Un centre atomique a été construit au nord, à Trombay. A proximité de l’aéroport se trouve une zone franche spécialisée dans l’électronique et la taille des pierres précieuses. L’activité industrielle et artisanale, est aussi intense dans les bidonvilles : elle est fondée en partie sur le traitement des matériaux de récupération, (fabrication de pots et ustensiles en cuivre ou en laiton, travail du bois, petits ateliers qui produisent des machines-outils et des pièces détachées). Le bidonville de Dharavi est une zone industrielle à part entière dont le chiffre d’affaire annuel est évalué à 400 millions d’Euros. Une étude récente estime que Dharavi compte 5000 unités industrielles dont 20% dans le textile, 20% dans la poterie, 15% dans le recyclage et la ferraille, 10% dans l’industrie du cuir, 10% dans la broderie. On y trouve en outre une centaine de restaurants et plusieurs milliers de boutiques. • Mumbai, un important carrefour o portuaire (40 % du commerce maritime indien) ; Les principaux produits d'importation sont les produits chimiques et métallurgiques, le matériel de transport, le sucre et le bois de construction. Le port exporte du charbon et certains minerais, du coton, du cuir et de la laine, des produits agro-alimentaires - céréales, huile, thé -. o ferroviaire : réseau de banlieue, réseau notional désservant tout le pays. o aéroportuaire : 1er aéroport de l’Inde devant Delhi, de nombreuses liaisons vers l’Europe, le Moyen-Orient, l’Asie du Sud-Est, l’Afrique de l’Est et les Etats-Unis. Mumbai est la porte d’entrée de l’Inde et c’est ici que sont perçus 60 % des taxes douanières du pays. B. une ville mondialisée Mumbai, « porte des Indes » est la capitale économique de l’Union indienne ; elle est devenue la « vitrine » de la modernité de l’Inde par laquelle le pays affirme son statut de puissance émergente. 1. Une concentration de services rares unique en Inde o Carte 1 p. 324 : la ville concentre de nombreuses activités tertiaires et une capacité décisionnelle unique en Inde grâce à la présence des sièges sociaux des plus grandes entreprises indiennes et accueille de nombreuses firmes étrangères. o 70 % des transactions de capitaux de l'économie indienne y sont réalisées : Mumbai compte parmi les 10 plus importantes plates-formes financières mondiales par l'importance des flux ; elle abrite la Banque de réserve indienne, la Bourse de Mumbai, la Bourse nationale d'Inde. 4 o Mumbai est l’un des principaux pôles d’enseignement supérieur et de recherche en Asie du Sud-Est : institut Tata pour la recherche fondamentale, centre de recherche atomique différents instituts de recherche sur les technologies de l’information, écoles de commerce, d’architecture, et l’université de Mumbai fondée en 1857. o Capitale du divertissement, la ville abrite la plupart des uploads/Geographie/ terml-g15-t3-q3-c1-mumbai-francois-paillat.pdf
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- Publié le Jui 15, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
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